Premier des grands guitaristes anglais (Jeff Beck, Jimmy Page, Rory Gallagher…) à émerger du blues boom britannique du début des années 60, Eric Clapton est aussi– et de loin- le plus célèbre. Sa participation à des groupes devenus mythiques (Yardbirds, Cream, Blind Faith, Derek and the Dominoes) et ses succès commerciaux en solo (461 Ocean Boulevard, Slowhand, Unplugged…) en ont fait, à 73 ans, une des icônes les plus vénérées du rock. Un véritable Dieu de la guitare, considéré comme tel depuis qu’une main anonyme avait graphé sur les murs de Londres « Clapton is God », alors qu’il venait à peine d’intégrer les Yardbirds. Très attendu, le documentaire que lui consacre l’américaine Lili Fini Zanuck raconte évidemment la geste artistique de ce virtuose autodidacte de la six cordes, au travers de témoignages de ses proches et de ses pairs, d’images d’archives et de performances rares, remontant sa fabuleuse carrière. Mais ce sont surtout les confidences de l’artiste lui-même qui font l’intérêt du film et lui donnent son caractère poignant et autobiographique.La vie, en effet, n’a pas épargné Clapton, abandonné par sa mère lors de son plus jeune âge, soumis à diverses addictions (drogue et alcool), malheureux en amour (parce qu’éperdument amoureux de la femme de son meilleur ami, le Beatle George Harrison) et père dévasté par la mort de son jeune fils Connor, défenestré d’une chambre d’hôtel. Face caméra, l’artiste évoque ces moments douloureux avec pudeur, mais sans chercher à cacher sa part d’ombre. Celle d’un homme dont la dévotion au blues aura constitué, toute sa vie, l’unique planche de salut.
Date de sortie en dvd
22 mai 2019
De Lili Fini Zanuck
Genre Documentaire
Nationalité Britannique
Durée 2h14
Bonus Aucun
(M6 Vidéo)
Schlesser : Les Yeux de Mona
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Par MAB
Au début tout est roman. Tout est écrit d’une façon très sentimentale: Mona, 10 ans, est atteinte d’une maladie qui risque de lui faire perdre la vue. Avant que cela n’arrive, son grand-père, veuf inconsolable, lui prodigue une thérapie plutôt singulière : il l’emmène tous les mercredi, dans les trois grands musées parisiens – d’abord le Louvre, puis Orsay et enfin Beaubourg – pour qu’elle observe longuement de ses propres yeux 52 chefs- d’œuvre, peinture, sculpture et photographie , depuis le 16 eme siècle jusqu’à aujourd’hui. Les dialogues, entre eux, sont un peu artificiels. Le ton de l’aïeul est très didactique. Mais petit à petit, le récit initiatique choisi par l’historien d’art Thomas Schlesser, fonctionne. On regarde les œuvres avec la fillette (elles sont d’ailleurs en couleurs à l’intérieur d’une jaquette qui se déplie ), on observe chaque détail à travers son regard et l’on écoute les commentaires éclairés qu’en fait son érudit et pédagogue de grand-père. Trois grandes parties, donc. Et autant de chapitres que d œuvres scrutées. Boticelli en ouverture et Soulages en final. :« Je souhaitais qu’il y ait une bonne alternance entre des artistes très iconiques comme Léonard de Vinci, Le Carravage, Courbet, Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat et d’autres beaucoup moins connus comme Julia Margaret Cameron,extraordinaire photographe du 19 eme siècle ou la plasticienne Hannah Hoch » précise Schlesser. Le résultat est franchement épatant. Comme un conte esthétique et philosophique qui fait du bien . Donnant avec simplicité et humilité une leçon de savoir voir les beautés du monde et donc de savoir vivre. À mettre entre toutes les mains et à lire et relire dans l’ordre et le désordre avant d’aller redécouvrir toutes ces œuvres.
Little Girl Blue
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Par Ph.D
Le pitch
À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter par le cinéma en rejouant sa vie…
Ce qu’on en pense
Comme Kaouther Ben Hania dans Les Filles d’Olfa, Mona Achache mélange fiction et documentaire dans ce film également présenté à Cannes. Ainsi Marion Cotillard, prend-t-elle devant la caméra, les traits et l’apparence de la mère de Mona, photographe et écrivaine à la vie tourmentée, dont le suicide est resté pour ses proches un mystère. En remontant le fil de sa vie et en reconstituant une époque, pourtant pas si lointaine, où les femmes n’avaient pas la voix au chapitre, sa fille – qui apparait également à l’écran-, cherche à comprendre son geste, mais n’oublie pas de s’interroger, en abime, sur le pouvoir du cinéma et sur le mêtier d’acteur. Le résultat est encore plus vertigineux que dans Les Filles d’Olfa, avec une Marion Cotillard au sommet de son art transformiste.
La Passion de Dodin Bouffant
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Par Ph.D
Le pitch
Eugénie (Juliette Binoche), cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin (Benoit Magimel). Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle…
Ce qu’on en pense
Repartie du Festival de Cannes avec le prix de la mise en scène et sélectionnée pour représenter la France à l’Oscar du film étranger, cette somptueuse adaptation du roman de Marcel Rouff, La Passion de Dodin Bouffant, se déguste comme un repas dans un restaurant étoilé. N’y allez pas le ventre vide : il n’est question que de manger ! Et beaucoup d’aimer aussi. Jadis en couple, Benoît Magimel et Juliette Binoche s’y retrouvent pour camper des passionnés de cuisine dont toute la vie tourne autour de la préparation de repas pantagruéliques. Tran Anh Hung (L’Odeur de la papaye verte) filme ces festins avec une telle gourmandise qu’on en salive sur son siège. Le jeu des acteurs a beau être trés théâtral, Magimel a une telle présence qu’il fait oublier les lourdeurs et l’esthétique un brin publicitaire de la réalisation. Le film brille par l’émotion qu’il procure et son approche formelle, lente mais ô combien appétissante.
Simple comme Sylvain
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Par Ph.D
Le pitch
Sophia (Magalie Lépine Blondeau) est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier (Francis William Rheaume) depuis 10 ans. Sylvain (Pierre Yves Cardinal) est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s’attirent, mais cela peut-il durer ?.
Ce qu’on en pense
A Cannes, où le nouveau film de Monia Chokri (Babysitter, La Femme de mon frère) était présenté en sélection officielle, on s’est demandé ce qu’il faisait là ? A part le côté « Woody Allen de la Belle province« , on n’a pas trouvé grand chose de consistant dans cette énième comédie sentimentale sur l’attirance des contraires. Comme le suggère le titre, Simple comme Sylvain doit sans doute se prendre au premier degré : comme une aimable romance au pays des caribous.
The Old Oak
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Par Ph.D
Le pitch
TJ Ballantyne (Dave Turner) est le propriétaire du Old Oak, un pub situé dans une petite bourgade du nord de l’Angleterre. Il y sert quotidiennement les mêmes habitués désœuvrés pour qui l’endroit est devenu le dernier lieu où se retrouver. L’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans le village. TJ va cependant se lier d’amitié avec Yara (Ebla Mari), une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines…
Ce qu’on en pense
Il n’existe, à notre connaissance, qu’une raison de se consoler de la misère dans laquelle l’Humanité continue de baigner après 3000 ans (et quelques) de « civilisation » : tant qu’il en aura la force, Ken Loach continuera à faire des films pour la dénoncer. A 87 ans, le doyen du cinéma anglais, qui avait pourtant annoncé sa retraite, revient avec une nouvelle charge féroce contre le capitalisme et ses corrolaires : le racisme et la xénophobie. C’est, en effet, à l’accueil des immigrés qu’il s’attaque cette fois. Il le fait avec la même frontalité que dans ses deux films précédents (Sorry, We Missed You sur l’Uberisation de la société et Moi, Daniel Blake sur les ravages du néo libéralisme). Pas de palme d’or cette années à Cannes, où The Old Oak était pourtant en compétition, mais une bonne claque de rappel aux festivaliers : même si certaines batailles semblent appartenir au passé et si une injustice sociale en remplace vite une autre, le combat pour la justice et la dignité doit continuer à être mené. Et tant pis si les personnages sont toujours aussi manichéens et si la claque est moins cinglante que dans le passé : le coeur y est !
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