Annoncé par un documentaire de making of diffusé au cinéma en séance unique, le nouvel album de Nekfeu, Les Etoiles vagabondes, a été mis en ligne dans la foulée sur les plateformes de streaming. Deux semaines plus tard, le rappeur de la Trinité balançait un album complet de bonus, le bien nommé Expansion. Au total, 32 titres solides, ouverts sur les musiques et les problèmes du monde, mais aussi très introspectifs, voire psychanalytiques, dans lesquels le Niçois parle de son rapport conflictuel au succès, de ses supposées pannes d’inspiration ( tu parles !) et de ses problèmes de coeur. Des thèmes omniprésents dans le documentaire, où l’on voit Nekfeu et son crew faire face à ses doutes , en partant chercher des nouvelles idées à Tokyo, Los Angeles, La Nouvelle Orléans et, pour finir, sur l’île grecque d’où est originaire sa famille. L’occasion de ramener des sons différents (chorale gospel, orchestre à cordes japonais , rébétiko) et de faire des rencontres inspirantes (les migrants de Mytilène). Finalisé à Bruxelles, dans le studio de Damso, ce double album thérapeutique ne marque pas de rupture avec les deux précédents et devrait finir d’imposer Nekfeu en patron du rap français. Son duo inattendu avec Vanessa Paradis (« Dans l’Univers« ) pourrait aussi lui permettre de toucher un public encore plus large. On a hâte en tout cas d’écouter les nouveaux titres en live au festival Crossover dont le rappeur de la Trinité sera l’une des têtes d’affiche au mois d’août.
Nekfeu
Les étoiles vagabondes
(Polydor)
Un Hiver à Yanji
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Le Pitch
C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng (Liu Haoran) s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana (Zhou Dongyu), une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao (Chuxiao Qu), un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changbai…
Ce qu’on en pense
Découvert au Certain Regard à Cannes (où Anthony Chen avait reçu la Caméra d’or en 2013 pour son premier film Ilo Ilo), Un Hiver à Yanji est une romance qui assume ses influences : Jules & Jim de François Truffaut et le cinéma de Wong Kar Wai. On se laisse entrainer dans les paysages enneigés de la frontière sino-coréenne superbement photographiés et dans les jeux de l’amour et du hasard que pratiquent, sans avoir l’air d’y toucher, les trois protagonistes. Leur marivaudage fonctionne comme une allégorie des relations entre la Chine et la Corée.
Coup de chance
ça vient de sortir|
Par J.V
Le Pitch
Fanny (Lou de Laâge) et Jean (Melvil Poupaud) ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain (Niels Schneider), ancien camarade de lycée, elle est aussitôt chavirée. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus…
Ce qu’on en pense
Troisième film français pour Woody Allen, désormais tricard à Hollywood, qui décline avec Coup de chance le sempiternel triangle amoureux comme on s’acquitte d’une dette. L’oeuvre d’un cinéaste fatigué, en panne d’imagination et de punchlines, qui n’a fait qu’un passage discret par la Mostra de Venise et sort tout aussi discrètement dans les salles françaises. Lou de Laâge et Valérie Lemercier parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu, contrairement à leurs partenaires masculins, Melvil Poupaud et Niels Schneider, empêtrés dans des rôles d’hommes forcément toxiques. Le film justifie son titre par sa brièveté.
DogMan
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Le pitch
Elevé dans une cage avec des chiens par un père alcoolique et violent, Douglas (Caleb Landry Jones) a appris à leur parler et à s’en faire des alliés. Adulte, il se sert d’eux pour voler et le servir mais, déçu par les hommes, il sombre peu à peu dans une folie meurtrière…
Ce qu’on en pense
Même au fond du trou, ruiné et accusé d’agression sexuelle, Luc Besson refuse de s’avouer vaincu et continue à croire qu’il peut se mesurer à n’importe quel réalisateur d’Hollywood. Une ambition louable mais qui, hélas, a trouvé ses limites avec les échecs de Valerian et de ses plus récentes productions. En ligne de mire, cette fois, Todd Phillips et son Joker, dont DogMan (titre emprunté à Matteo Garrone) pourrait être la version « dog friendly » suédée. Primé à Cannes pour Nitram, Caleb Landry Jones livre une prestation habitée « à la Joaquin Phoenix », sans convaincre plus que son réalisateur. Il n’y a rien ici qu’on n’ait déjà vu en mieux ailleurs (notamment dans la série The Crowded Room à laquelle est emprunté le procédé qui consiste à raconter l’histoire en flashback à partir de l’ interrogatoire du héros par une psy de la police). bref, on aurait aimé pouvoir écrire que DogMan avait du chien, mais non : c’est juste du cabotinage.
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