Pour ce documentaire passionnant, Mathias Théry et Etienne Chaillou ont suivi Bastien , un jeune militant nordiste du Front National durant la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2017. D’apparence débonnaire et inoffensive, Bastien est tout acquis aux thèses frontistes, voire au delà (on apprendra, notamment, qu’il a fait le coup de poing avec les skins locaux). Quand débute la campagne présidentielle, il est l’assistant d’un autre jeune militant plus policé et éduqué. Au fil des mois, Bastien gravit les échelons, délaisse le streetwear pour le costume-cravate, côtoie le gratin frontiste, mais reste mal à l’aise avec la politique politicienne. Il ne s’en cache pas dans les interviews qui entrecoupent les scènes de campagne et dans lesquelles il découvre et commente devant la caméra les textes que les auteurs ont écrit sur lui. Le procédé permet d’intégrer sa voix à la réflexion que conduit le film sur son engagement. Et c’est édifiant !
Date de sortie en Dvd
25 août 2020
De Mathias Théry, Etienne Chaillou
Genre Documentaire
Nationalité Français
Durée 1h 37
Bonus aucun
(Arte)
Mum
ça vient de sortir|
Par Phil Inout
Le pitch
Cathy (Lesley Manville) tente de tourner la page après le décès de son mari. À travers une année entière où elle s’offre de nouveaux départs, elle va reconstruire sa vie entourée de sa famille et ses amis, parfois encombrants…
Ce qu’on en pense
Habituée des films de Mike Leigh (Another Year, Mr Turner… ), la délicieuse Lesley Manville est l’héroïne de cette série anglaise, qui fait curieusement écho à celle de Ricky Gervais, After Life. Une autre histoire de veuvage, vue cette fois du coté féminin. Cathy, son personnage est aussi douce et aimante que celui de Ricky Gervais est acide et misanthrope. Bien qu’affublée d’un entourage encombrant (un grand fils égoïste, une future belle fille quasi débile, des beaux parents acariâtres et vulgaires, un amoureux transi maladroit, un frère marié à une harpie…), jamais la brave Cathy ne se départit de son doux sourire, ni de sa bonne humeur. Elle n’est pas simplette, loin de là, mais elle a choisi d’aimer sa famille et ses amis, malgré leurs défauts, leurs gaffes et leurs réflexions désobligeantes et de continuer à vivre sa vie sans se soucier de ce qu’ils peuvent dire ou penser. Une leçon de vie qui s’administre en épisodes tragicomiques et attendrissants d’une vingtaine de minutes, si bien écrits et dialogués qu’ils sont comme la quintessence de la comédie familiale anglaise.
Camille Kouchner : La Familia Grande
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Par MAB
Il faut bien revenir sur le phénomène de société qu’est la sortie de « La Familia Grande » de Camille Kouchner. Car, ce récit dans lequel cette avocate de 45 ans, fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner dénonce – enfin- les abus sexuels commis par son beau père, sur son frère jumeau, dépasse toutes les prévisions du Seuil, son éditeur. Malgré l’énorme couverture médiatique qui en révélait déjà tout le contenu : c’est à dire, l’identité du beau-père, le juriste charismatique Olivier Duhamel ; celle de la mère, la politologue libertaire Evelyne Pisier , de la sœur de celle-ci, l’actrice Marie France qui a mis fin à ses jours en avril 2011 , la date et le lieu des faits : une belle demeure familiale de Sanary à la fin des années quatre-vingt, lorsque « Victor » avait 14 ans… les lecteurs se sont donc précipités. Et le tirage est passé le jour même de la sortie de 70 000 à 170 000. Légitime bien sûr, un tel « succès ». Quand la loi n’a pas agi. Quand il y a prescription, il faut, quand on a les outils pour le faire, que l’écrit brise l’omerta. Qu’un témoignage personnel, fut-il d’abord thérapeutique pour soi-même, soit lu par le plus grand nombre afin d’encourager les victimes – de tous milieux et de toute époque- à sortir de l’ombre à leur tour. Là dessus, on est tous bien d’accord . C’est ce qui s’est passé avec « Le Consentement » de Vanessa Springora. Et puis au-delà de l’inceste, « La familia Grande » décrit en détails – situations scabreuses, jeux libidineux, mots et gestes – une petite société de gens en vue qui se pensaient au-dessus de la vertu et des principes éducatifs. C’est sidérant de le découvrir et tant pis si le style ne suit pas toujours ! On dit pourtant Camille Kouchner extrêmement stressée par la vague provoquée par son livre. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont immédiatement révélé la véritable identité de son frère jumeau, la victime qui ne voulait pas apparaître publiquement. Des démissions, des renvois et procédures ont été activés. Un #MeToo de l’inceste s’est mis en place. Ce n’est peut-être pas tout à fait ce que Camille voulait, comme le prouvent les lignes consacrées à une mère dans le déni et malgré tout, très aimée. En tout cas, dans le sillage de cette affaire et de ce livre, des centaines de victimes témoignent sur Twitter. Preuve que la courageuse Camillou, comme on l’appelait dans cette famille, a bien fait.
Losing Alice
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Par Phil Inout
Le pitch
Réalisatrice à succès, mariée à David (Gal Toren) un acteur célèbre et mère de 3 jeunes enfants, Alice (Ayelet Zurer), 47 ans,est en panne d’inspiration lorsqu’elle rencontre Sophie (Lihi Kornowski), une jeune et séduisante scénariste qui vient d’écrire le scénario d’un thriller érotique que tout le monde s’arrache, à commencer par David qui y voit le rôle de sa vie. Un autre réalisateur a déjà été choisi pour le mettre en scène, mais il a disparu. Alice se positionne et devient littéralement obsédée par l’idée de réaliser le film…
Ce qu’on en pense
Sexe, rivalités féminines, affres de la création… Tels sont les ingrédients émoustillants de cette série israélienne, découverte à CanneSéries et diffusée par Apple TV+. Une nouvelle réussite de la production israélienne: après Our Boys, Fauda, Nehama, When Heroes Fly, Teheran, Hatufim, False Flag et Hostages (pour ne citer qu’elles), on n’en finit plus de louer le talent des réalisateurs et scénaristes de l’Etat hébreux. Sans parler des interprêtes ! La merveilleuse Ayelet Zurer (vue dans Hostages, Munich et Man of Steel) et la débutante Lili Kornowski (False Flag) forment le duo de charme de ce thriller erotico psychologique largement féminin, dont Apple TV+ distille, hélas, les épisodes au compte-gouttes. Une forme de torture mentale encore plus cruelle en temps de confinement.
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