Blonde

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Blonde

Par Philippe Dupuy

Le pitch

De son enfance maltraitée par une mère folle,  à son ascension fulgurante et à ses histoires d’amour tragiques – de Norma Jeane à Marilyn–, la trajectoire foudroyée de Marilyn Monroe,  icône d’hollywood et symbole sexuel martyrisé.

Ce qu’on en pense

Ironie des temps : le jour où sort en salles la Palme d’or de Cannes 2022 ( l’anecdotique Sans Filtre), c’est encore Netflix qui fait l’évènement cinématographique avec un film présenté à la Mostra de Venise (qui,  contrairement à Cannes,  ne s’interdit pas de selectionner les films de plateformes). Blonde est l’oeuvre d’Andrew Dominik, auteur acclamé de L’assassinat de Jesse James et de Cogan, que sa passion pour Nick Cave (sur lequel il a réalisé deux documentaires) a éloigné du cinéma pendant dix ans. Pour son grand retour, le réalisateur néo-zelandais adapte le livre fleuve (1000 pages) éponyme,  à la fois biographique et romanesque,  de Joyce Carol Oates,  qui faisait entrer le lecteur dans la psychée troublée de Norma Jeane Baker, alias Marilyn Monroe. Pour ce faire,  Dominik utilise toutes les ressources du cinéma ( noir et blanc, couleur, formats,  genres, citations…) et accouche d’un de ces grands films-signatures ( Roma d’Alfonso Cuaron , Irishman de Martin Scorsese , Mank de David Fincher, Power of the Dog de Jane Campion) qui démarquent Netflix de la concurrence et en font une référence obligée pour les cinéphiles. On y suit, chronologiquement mais avec d’énormes ellipses,  la trajectoire foudroyée de Norma Jeane Baker/Marilyn Monroe,  de son enfance à sa mort prématurée mais prévisible. Découverte du dernier James Bond (Mourir peut attendre) , l’actrice cubaine Ana de Armas incarne l’icone hollywoodienne avec une telle intensité et une telle ressemblance qu’on voit mal comment l’Oscar pourrait lui échapper. Elle ne joue pas Marilyn, elle est Marilyn, jusque dans les extraits de ses principaux films reconstitués plan par plan.  Loin du récit hagiographique, le film est une descente aux enfers éprouvante de près de trois heures. Le destin brisé de Norma Jeane est raconté avec les moyens de la tragédie contemporaine et du film d’horreur.  On en sort secoué, mais convaincu d’avoir vu du grand cinéma.

By |septembre 28th, 2022|Categories: Cinéma|0 Comments

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