ça vient de sortir

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Sisu

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Par Ph.D

Le pitch

Finlande, 1944. Dans la nature sauvage et hostile de la Laponie, alors occupée par les nazis, un ancien soldat (Jorma Tommila) découvre un gisement d’or. Prêt à tout pour sauver son précieux butin, il ne reculera devant rien, quitte à devoir assassiner jusqu’au dernier SS qui se trouverait sur son chemin…

Ce qu’on en pense

Emule Finlandais de Quentin Tarantino, Jamalri Helander (Big Game, Père Noël Origines, Zéro deux) signe avec Sisu (adéquatement sous-titré « de l’or et du sang » ) une série B grindhouse totalement jubilatoire, dans laquelle le héros increvable (Jorma Tommila en Rambo nordique) zigouille du nazi à la chaîne… et à la pioche !  Les amateurs de films de guerre (de gore?) sont à la fête avec ce mélange délirant de western spaghetti, de Rambo et de John Wick. Même convertis en euros-Macron,  Sisu c’est pas cher payé pour un fun-trip pareil !

Triste Tigre

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Par MAB

« Il n’y a jamais de happy-end pour quelqu’un qui a été abusé dans son enfance » affirme Neige Sinno. « Bien sûr » ajoute t-elle « dès qu’on peut parler du traumatisme c’est que l’on est déjà un peu sauvé … car tant qu’on est en enfer on n’écrit pas. On est juste occupé à être dans l’enfer ». C’est donc, bien tard, à 44 ans, emportée par la déferlante #Metoo et les textes des pionnières (elle en cite quelques-unes ) qu’elle se met à écrire à son tour. Non seulement pour relater sans ménager le lecteur, ce qu’elle a vécu de 7 à 14 ans. Mais aussi pour plonger dans la tête de son bourreau de beau-père et tenter d’expliquer son acte. Son témoignage est terrible. D’une puissance rarement lue. A la fois confession intime nourrie de références littéraires, conversation avec le lecteur qu’elle interroge régulièrement sur ce qu’il pense, analyse de tous les points de vue y compris celui de sa mère et des jurés. Et, au final, enquête sur un acte isolé qui touche à l’universel. Lisez-le. Il est bien plus dense et intelligent que ce que l’on peut en ecrire ici. Une claque dont vous entendrez parler au moment des prix littéraires!  Tout commence comme un sombre « Petit chaperon rouge ». Dans les années 90, une famille recomposée vit en marge au cœur des Alpes. La fille aînée s’appelle Neige. Un prénom de blancheur et d’innocence que l’état civil aura du mal à accepter. Or cette fillette sera régulièrement violée par un « triste tigre ». Le récit est froid. Clinique. Sans Pathos. D’une sincérité glaçante. Il dit tout dans les moindres détails fussent- ils les plus « sordides, désolée » : Le contexte familial déstructuré, les lieux isolés, la vie de bohème,la façon de faire… Puis, en 2000, la plainte déposée par la mère et la fille condamnant l’homme à neuf ans de réclusion. Mais Neige ne s’arrête pas là. Elle dit aussi comment son instinct, sa cérébralité et la littérature l’ont plus ou moins sauvée. Précisant tout de même qu’ aucun oubli, ni pardon n’est possible. « Parce que ce n’est pas fini. Tant qu’un enfant sur terre vivra cela, ce ne sera jamais fini, pour aucun d’entre nous »

Misanthrope

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Par J.V

Le Pitch

Eleanor (Shailene Woodley), une jeune enquêtrice au lourd passé, est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin (Ralph Ineson), l’enquête piétine. Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l’affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l’esprit de ce tueur si singulier…

Ce qu’on en pense

Réalisateur du génial film à sketchs Les nouveaux sauvages, Damian Szifron revient avec – surprise !-  un pur thriller à la Seven, dans lequel Shailene Woodley , révélation de Divergente,  trouve un premier rôle à sa mesure. Virtuose, la première scène d’attentat laisse espérer beaucoup d’une réalisation qui, hélas, ne tient pas toutes ses promesses, en termes d’originalité et de noirceur. Tel quel, ce Misanthrope séduira néanmoins les amateurs de polars par son scénario à tiroirs, sa réalisation efficace et son casting, au sein duquel on retrouve avec plaisir l’impeccable Ben Mendelsohn (Lost River, Cogan, Ready Player One).

The Crew Motorfest

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Par Cédric Coppola

Rayon jeux de courses, certains comme Forza Motorsport ou Gran Turismo optent pour le réalisme. D’autres, comme Forza Horizon privilégient le fun, voire le tuning comme c’est le cas avec la série des Need For Speed… Plutôt que de choisir son camp, Ubisoft joue la carte de la diversité en proposant des courses de différents styles. Un concept rodé lors de deux épisodes sympathiques et qui fait son retour dans ce volet, Motorfest festif à souhait ! Aux commandes, les développeurs lyonnais de Ivory Towers invitent les gamers à venir en découdre sur une île hawaïenne. Un terrain de jeu d’envergure (comptez une heure pour traverser la map) et aux décors variés. Au cours d’une carrière découpée en « Playlist », on passe d’un 4×4 à une F1, d’un bateau à un avion, d’une moto à un quad… Au total plus de 611 véhicules sont disponibles. Certes, on n’évite pas des modèles similaires et le gameplay arcade est pensé pour être accessible, avec une prise en main rapide, mais le concept défoule et a le mérite de se renouveler constamment le long de la progression de son Crew, et ce que l’on joue en solo ou dans le mode online, au cœur de l’expérience. Techniquement réussi ce trip coloré, à défaut de révolutionner le genre, dépayse et fait encore flotter un parfum d’été dans la grisaille actuelle. (Disponible sur PS5, PS4, Xbox One, Xbox Series, PC)

Ninja Turtles: Schredder’s Revenge DLC

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Par Cédric Coppola

Les fans se souviennent certainement de l’opus Turtles in time sur Super Nintendo. Sorti en 1991, est la meilleure adaptation vidéoludique de la franchise. Sans le copier, les développeurs français de Dotemu s’en étaient inspirés pour livrer l’an dernier Shredder’s Revenge. Au programme, 16 niveaux dans des décors 2D embellis par un rendu pixelart coloré du plus bel effet. Mieux, le jeu est une référence totalement assumée au dessin animé culte des années 1980, au point que les doubleurs originaux assurent à nouveaux les voix de Raphaël, Donatello, Léonardo et Michelangelo. Le cast des personnages jouables est complété par la journaliste April O’Neil, maître Shredder et le mystérieux Casey Jones. Pour info, ce dernier se débloque en finissant le mode histoire. Bien entendu, chaque personnage a ses propres statistiques (vitesse, portée, force). Le gameplay reste cependant similaire, avec un bouton pour frapper et enchaîner les combos, un petit dash, un saut et un coup spécial. Simple mais aussi assez profond pour s’amuser puisqu’on peut charger ses frappes et réaliser des choppes au contact de l’ennemi avant de le balancer sur l’écran ! On loue aussi les interactions avec le décor, à commencer par l’utilisation des pièges disséminés ici et là. Avec ses trois niveaux de difficultés, son humour omniprésent et ses nombreux clins d’oeils, Shredder’s revenge s’impose comme un défouloir de qualité. Seuls bémols : peu de bonus et de modes de jeux. Pour réparer ce manque et donner un second souffle à l’ensemble, Dotemu enrichit la proposition avec un DLC baptisé Dimension Shellshock. Celui propose d’incarner deux nouveaux personnages, dont un lapin et surtout ajoute un mode « survie ». Il est alors question d’affronter des vagues d’ennemis en récoltant des cristaux. Une fois l’objectif atteint, on récupère des bonus provisoires, on change de décor et la difficulté augmente, jusqu’à ce que mort s’en suive. Une variante pas indispensable mais sympathique pour les fans qui ont déjà fait le tour de l’aventure principale. Cowabunga ! (Dotemu)

 

 

Maria Pourchet: Western

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Par MAB

Faut- il  lire Western   ?  La question se pose,  en effet . Maria Pourchet, jeune quadragénaire sociologue de formation, étant  la romancière du moment. Celle qui parle aux médias et celle dont tout  le monde parle. Celle aussi  qui , comme Neige Sinno   (  Triste Tigre ) sa contemporaine et sa sœur en pertinence et intelligence, se retrouve dans les listes de presque tous les prix. Oui, il faut lire  Western  si l’on veut se pencher, une fois encore,  sur notre époque, vulnérable parce que libre et réciproquement. Rien à voir avec un western , d’ailleurs. Même si la protagoniste part dans la pampa française. Et même si l’autrice justifie plus ou moins malicieusement et artificiellement  son titre en fin de chaque chapitre. Le lire aussi, si l’on est adepte d’une écriture ultra contemporaine, crue, spontanée, qui alterne au galop drôlerie , émotion, violence et propos sociologiques. Pour autant, l’histoire n’est pas d’une originalité folle. Elle fait se réunir deux personnages qui n’avaient aucune raison de se rencontrer : D’un côté, Aurore, mère célibataire à Paris, qui enchaîne les rendez-vous avec ses supérieurs hiérarchiques, la directrice d’école, des amants foireux…jusqu’au jour où elle craque, renonce à tout y compris à la chair et part se réfugier avec son fils dans la maison de sa mère défunte sur un Causse du Lot. De l’autre, Alexis Zagner,  comédien célèbre, interprète de Dom Juan – la « gueule du siècle »  selon les journaux –  qui  décide, lui de fuir un scandale sexuel  dû à son désir dévastateur pour une très jeune apprentie comédienne. L’homme, poursuivi par un procès, tape une nuit, à la porte de la jeune femme en lui déclarant « Je suis désolé Aurore la maison est à moi ». Point de départ d’ une histoire frénétique de passion et de désir dont les manifestations occuperont beaucoup de pages. Une de ces relations  toxiques  qui interrogent l’attachement  à un sale type qui « saute tout ce qui passe », les femmes comme les hommes. Sont-ce de l’emprise ou de l’amour,  ces excès des sens et des cœurs?  Et n’ est- il pas difficile , aujourd’hui,  de réinventer le langage amoureux? À vous d’en juger si vous décidez de lire cet ouvrage un peu trop long pour un tel sujet . Mais  prenant et juste par sa modernité.

Rolling Stones : Hackney Diamonds

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Par Ph.D

Venant de rockeurs octogénaires, il faut d’abord saluer la vitalité, l’enthousiasme et l’énergie dont déborde Hackney Diamonds, énième opus des Rolling Stones et leur premier de chansons originales depuis 18 ans. On ne peut, hélas, pas en dire autant de l’inspiration du duo Mick Jagger-Keith Richards,  toujours pas revenue depuis 40 ans. A peine deux  chansons dignes de ce nom (« Dreamy Skies » et « Sweet Sounds of Heaven  » ) sur les 12 que compte le nouvel album et aucune, évidemment,  qui puisse se comparer à leurs classiques. Pour le reste les Glimmer Twins (Jagger-Richards pour les intimes) auraient aussi bien fait de demander à ChatGPT de leur composer « un album qui ressemble à un mélange de Dirty Works  (du Stones de fond de tiroir surproduit) et d’un album solo de Mick Jagger (aucune unité)« .  A la première écoute, on s’amuse à deviner sur quels titres jouent Elton John (« Live By the Sword  »  et sa partie de piano endiablée) , Stevie Wonder (pas trouvé) et Paul McCartney ( « Bite My Head Off  » un punk-rock parodique du premier album des Clash sur lequel le bassiste des Beatles enfonce la pédale fuzz). Pour Lady Gaga on sait déjà : elle manque perdre un poumon sur « Sweet Sounds of Heaven « .  A la deuxième écoute… Quelle deuxième écoute ? On est déjà passé à autre chose.

Jeanne du Barry

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Par Ph.D

Le pitch

Jeanne Vaubernier (Maïwenn), fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry (Melvil Poupaud) , qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu (Pierre Richard). Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV (Johnny Depp) et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour…

Ce qu’on en pense

Portrait enluminé d’une transfuge de classe, Jeanne du Barry doit autant à Barry Lindon (autre transfuge au destin tragique) qu’à Marie-Antoinette. La composition de Johnny Depp en Louis XV hisse le nouveau film de Maïwenn très au dessus de la moyenne de la production francophone. Le pari de casting était risqué et le tournage n’a visiblement pas été idillyque,  mais le jeu en valait la chandelle. Même avec un accent bizarre et des patates dans la bouche, Depp crêve l’écran. Sans lui,  Jeanne du Barry aurait été un bon film romantico-historique.  Sa seule présence en fait un grand film. C’est la magie des vraies stars. A ses côtés, Maïwenn, qui s’est réservé le rôle titre et s’en régale, ne démérite pas, loin de là. Idem pour Benjamin Lavernhe en majordome-coach de bonnes manières, Melvil Poupaud en mari proxénète et Pierre Richard en médecin du roi entremetteur. On a, certes,  du mal à reconnaître la patte de Maïwenn dans cette somptueuse reconstitution historique, mais la réalisatrice réussit des plans magnifiques (dans les jardins de Versailles, notamment) et, après un début laborieux,  l’équilibre en drame , comédie et petite histoire de la grande histoire est quasi parfait. En ouverture du Festival de Cannes, c’était Versailles !

Barbéris: Une façon d’aimer

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Par MAB

Le nouveau roman de Dominique Barbéris s’intitule  Une façon d’aimer . Beau titre pour une histoire simple, déroulée avec finesse . A l’image de la discrète Madeleine, beauté timide et mélancolique de la province d’après-guerre. Le récit de sa vie est fait par sa nièce, quelque temps après la mort de sa tante. La narratrice ne sait pas tout. Elle appuie ses dires sur des paroles rapportées par sa propre mère, la sœur de Madeleine, par Sophie, sa fille. Mais aussi sur de vieilles photos et même sur des chansons de Guy Béart que, dans ces années-là, tout le monde fredonnait. Madeleine quitte, donc, sa Bretagne natale pour suivre au Cameroun, un mari épousé tardivement et sans amour . Nous sommes en 1958. Il fera là-bas le commerce du bois. Alors que la décolonisation est en marche et que la révolte gronde, elle se trouve plongée au cœur d’une vie de petits blancs, d’expatriés, de femmes oisives et affranchies, dont elle ne saisit pas tous les codes. Or, à Douala, lors d’un bal à la Délégation, elle est courtisée par un habitué de ces soirées: un administrateur colonial à la vie d’aventurier. C’est un homme à femmes. Mais Madeleine qui « ressemble à Michèle Morgan » est farouche. Il y aura entre eux une façon d’aimer comme il en existe parfois : Des regards furtifs, des promenades silencieuses, du désir inavoué… Une relation banale, au fond, mais surveillée par toute une communauté qui s’ennuie et s’angoisse face à un monde qui s’enfuit. Ce roman doux et pas si léger qu’il en a l’air, qui laisse la violence en creux pour ne garder que les frustrations lancinantes de cette époque-là,  a reçu le Grand Prix du roman de l’Académie Française. 

Daniel Fohr: La Vague qui vient

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Par MAB

Le personnage-narrateur  de La vague qui vient  a l’âme à la dérive. Sa nouvelle BD, l’œuvre de science fiction sur laquelle il travaille depuis des années,  est un naufrage éditorial. Le quinquagénaire est à sec «  essoré par la vie », forcé de quitter son appartement parisien pour rejoindre cette île entre le ciel et l’eau  (Brehat? ) oû lui reste une vieille bicoque de famille. « Les artistes, prétend -il pompeusement, affectionnent les refuges insulaires » Et de nous citer, pour se rassurer, Gauguin aux Marquises, Hemingway à Cuba, Pissaro à Saint Thomas; Neruda à Chiloé… Avant d’ajouter, auto-dérision oblige  : « De quoi tenir tout un dîner » ! Bref,  le voila dans un refuge transformé en cachette. Un poste avancé pour  se livrer à la radiographie bien souvent hilarante d’une communauté prise au piège de son isolement. Et, accessoirement, de répondre à la demande de la mairie en peignant une grande fresque dans la salle des fêtes, censée rendre justice à la vie de l’île et à ses habitants… A l’heure des gloires littéraires couronnées de prix, Daniel Fohr est encore un inconnu pour nombre d’entre nous. Et pourtant La vague qui vient    (Quel titre d’actualité ! ) est son sixième roman. Un récit inclassable, qui multiplie  les intrigues picaresques, utilise en permanence l’ironie et le second degré dans de mémorables punchlines et offre une savoureuse galerie de portraits, notamment celui mémorable d’une fantomatique artiste déchue, recluse dans son château.  Car, qu’ils soient « natifs en bottes et habits de grosse toile » «  résidents secondaires, pour qui le barbecue est le propre de l’homme »  ou « touristes avec gourde, casquettes, sacs a dos et bananes »,  le regard faussement naïf et décalé de notre naufragé sur tous ces néo Robinson est un pur régal. Tout comme d’ailleurs les descriptions de la belle nature environnante. Lisez-le  aujourd’hui. C’est un souffle d’air frais loin des tourments continentaux.

Chien de la casse

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Par J.V

Le Pitch

Dog (Anthony Bajon) et Mirales (Raphaël Quenard) sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l’arrivée au village d’une jeune fille, Elsa (Galatea Bellugi), avec qui Dog va vivre une histoire d’amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place…

Ce qu’on  en pense

Jean-Baptiste Durand signe avec Chien de la casse un premier film sensible et réaliste qui vaut autant pour  l’épatant  duo d’acteurs formé par Anthony Bajon et Raphaël Quenard que par la peinture de la vie dans les banlieues rurales (en l’occurence Montpeyroux près du Pouget, d’où est originaire le réalisateur). Le scénario a la bonne idée de ne pas tomber dans le sempiternel trio amoureux,  mais de se concentrer plutôt sur l’évolution des rapports des deux garçons, modifiés par l’arrivée du personnage féminin. Le film rappellera des souvenirs à tous ceux qui ont vécu leur adolescence dans un village. 

Infinity Strash : Dragon Quest

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Par Cédric Coppola

Véritable série culte du J-RPG (jeux de rôle japonais) Dragon Quest s’essaie souvent à des spin-off qui peuvent lorgner vers le Muso ou le jeu de construction. Le cas de Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai est assez particulier puisqu’il s’agit d’un jeu inspiré d’un manga lui-même librement inspiré des jeux originaux ! Autant dire que la boucle est bouclée. Le point fort de cette variante est l’histoire épique de Dai (ou Fly pour les nostalgiques du Club Dorothée), jeune homme élevé par des gentils monstres avant d’être promis à un avenir hors du commun lorsque les forces maléfiques menacent de s’emparer du monde. Un récit essentiellement raconté par des images fixes issues de l’animé. Dommage… on aurait aimé davantage de séquences en mouvements… Tout le symbole d’un jeu trop statique et répétitif dans ses mécaniques pour convaincre…. Ainsi, on ne parcourt pas d’immenses contrées. Non, on se contente d’enchaîner les combats contre des créatures et des boss. Le gameplay manque aussi de profondeur, de combos et on a le sentiment de faire et refaire toujours les mêmes actions. Seule la présence du sanctuaire, où l’on descend dans des profondeurs façon rogue-lite pour gagner quelques capacités apporte un chouia de diversité à ce titre essentiellement conçu pour les fans de la franchise. (Disponible sur Nintendo Switch, PS4/ PS5, Xbox Series, PC)

 

 

Rolling Stones : Angry

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Par Philippe DUPUY

Après une campagne de teasing éclair sur le Net, les Rolling Stones avaient convoqué la presse le 6 septembre  à Hackney au Nord de Londres, pour une conférence de presse qui s’est réduite à une parodie de late show,  avec Jimmy Fallon en intervieweur unique et énamouré (il imite très bien Jagger) . Motif de la sauterie, retransmise en direct sur la chaîne Youtube du groupe, le lancement du  single « Angry », premier extrait de l’album Hackney Diamonds à paraitre le 20 octobre. Leur premier disque de chansons originales depuis l’oubliable A Bigger Bang, paru il y a près de 20 ans.  Produit par Andrew Watt (Iggy Pop, Post Malone, Ozzy Osbourne…), comme le reste de l’album apparemment, « Angry » est rock binaire,  basé sur un riff antédiluvien et une syncope de batterie pachydermique,  avec un gros son FM et un solo de guitare sur 3 notes.  Rien de particulièrement remarquable, sinon que c’est sans doute leur meilleur single depuis « Start me Up »  en … 1981!  Sympa pour se donner la pêche le matin en partant travailler, la chanson vaut surtout par l’interprétation post #MeToo que l’on peut faire de ses paroles. On peut, en effet,  y lire la complainte d’un boomer  (« I’m in a desperate state« ),  qui s’est mal comporté avec les femmes durant sa vie d’homme et fait face aux reproches  (« Don’t be angry with me« ),  traîne sa mauvaise réputation comme un boulet  (« Voices keep echoing calling out my name « )  et craint l’assignation à comparaître  (« The wolf’s at the door with the teeth and the claws »),  mais qui ne s’excuse pas (« I Never Caused You No Pain », « Don’t have to be ashamed »), coupe les ponts  (« Please just forget about me/Cancel out my name/Please never write to me« ) et se barre au Brésil avec une provision de Viagra (« I’m still taking the pills and I’m off to Brazil« ),  en faisant mine de se demander pourquoi on lui en veut tellement (« Ah, why you angry with me? Why you angry?« ). Venant d’un groupe pour lequel le concept de « groupies » a été inventé et dont la discographie est pavée de chansons  sexistes  (« Under my thumb », « Brown Sugar », « Stray Cat Blues« , « Parachute Woman« , « Some Girls« …),  cela ressemble, au mieux,  à un aveu de mauvaise conscience,  au pire (voir le clip ultra vulgos de la chanson) a de la provocation.  Du pur Rolling Stones, en somme ! 

Eric Reinhardt : Sarah…

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Par MAB

Voici résumée la formidable mise en abyme tricotée par Eric Reinhardt et annoncée dès le titre de son nouvel ouvrage : Sarah a confié l’histoire pathétique d’un moment de sa vie, à un écrivain qu’elle admire afin qu’il en fasse un roman. L’écrivain se met donc à l’œuvre sous nos yeux de lecteurs; prénomme son héroïne Suzanne, et interpelle régulièrement Sarah en quête de précisions, de contestations ou de modifications sur les pages qu’il est en train d’écrire. Le livre avance ainsi sur trois niveaux : le récit de Sarah, la narration de Reinhardt et ses digressions d’auteur et d’artiste cultivé. Le roman est puissant, porté par une écriture passant très aisément d’un registre à l’autre, pour un récit somme toute assez contemporain et qui une fois encore chez Reinhardt  (« L’amour et les Forêts » porté à l’écran  par Valérie Donzelli, c’etait lui )  se penche sur les femmes violentées par un mari pervers. En effet, Sarah dite Suzanne ne se sentant  plus aimée comme autrefois par un mari qui la délaisse et l’escroque,  payera trés cher sa décision de quitter un temps le domicile conjugal. Des pages denses et prenantes. Des épisodes complètement insolites voire délirants. Une héroïne parfois exaspérante de naïveté et de masochisme. Et, au bout du compte,  un thriller psychologique d’une sensibilité et d’une intelligence  bouleversantes. Le coup de coeur de cette rentrée.

Laurent Binet : Perspective(s)

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Par MAB

Nous sommes chez les Médicis, à Florence au XVI e siècle. Quelques hauts personnages d’Italie et de France échangent des lettres à propos d’une affaire qui les préoccupe beaucoup : la mort suspecte de Pontormo, un vieil artiste maniériste qui peignait depuis dix ans des fresques dans La Chapelle San Lorenzo. Son corps a été découvert, poignardé, auprès d’un tableau obscène pour l’époque, où la tête de Venus a été remplacée par celle de Maria de Médicis, la fille du duc et de la duchesse de Florence. Un fait divers artistique, politique et religieux qui va mettre à jour toutes les intrigues de ces années traversées par de nombreuses batailles, alliances et mésalliances entre royaumes, principautés et états pontificaux… Laurent Binet (Goncourt du premier roman pour   HHH ) démarre,  comme Laclos et ses Liaisons dangereuses,  par un recueil de lettres miraculeusement conservées et retrouvées dont l’auteur prétend n’être que le traducteur. Tout ce que l’époque connaît de notoriétés s’exprime dans ces missives: Les Médicis, Michel-Ange, Céllini, Vasari, Bronzino , des nostalgiques de Savonarole et même quelques agitateurs du peuple… (Binet a la bonne idée de nous dire qui est qui en préambule ). Papistes ou pas, bonnes sœurs ou laïcs, tous ont de bonnes raisons d’avoir trucidé le vieux peintre acariâtre. Un étonnant jeu de Cluedo historique dont la résolution va bien vous surprendre.