Kika
Par Ph.D
Le Pitch
Assistante sociale à Bruxelles, Kika (Manon Clavel) craque pour un réparateur de vélo du quartier, quitte le père de sa fille et s’installe avec son amant. Lorsque celui-ci décède prématurément d’un AVC, elle est enceinte de lui et se retrouve à la rue. Pour oublier son chagrin et se refaire financièrement, Kika devient travailleuse du sexe, tendance BDSM. Investie dans cette activité dont elle ignore à peu près tout, elle entame sa remontée vers la lumière…
Ce qu’on en pense
De travailleuse sociale à travailleuse du sexe, il n’y a qu’un pas, comme le remarque avec justesse une des prostituées du film. Sauf que le tapin rapporte nettement plus que le social ! C’est le rapide calcul que fait Kika, l’héroïne du premier long métrage de fiction d’Alexe Poukine. Pour se sortir de la panade financière où l’ont mis ses élans du coeur, elle abandonne l’open-space surpeuplé du centre social où elle travaillait, pour le nettement plus feutré donjon BDSM d’un hôtel de passe. Rien ne la prédestinait à jouer les dominatrices, mais elle s’y applique avec la même volonté que pour aider ses « bénéficiaires » à obtenir une aide de l’Etat. Elle apprendra, ce faisant, que les caresses sont parfois plus douloureuses que les coups de fouet, mais que l’empathie aide quand même bien à faire son deuil... Kika est un film vagabond, qui passe du social, à la comédie romantique, au mélo et au film de bordel, en deux élipses et un claquement de fouet. Venue du documentaire, la réalisatrice filme juste (mais beau) et déjoue tous les clichés des genres qu’elle visite avec la légèreté d’une libellule. En Belle de jour prolo sans la moindre once de perversité, Manon Clavel crève l’écran. Quelle (Ki)claque !
La Bonne étoile
Par Ph.D
Le pitch
France 1940, Jean Chevalin (Benoit Poelvoorde) et sa famille vivent dans la misère après que ce dernier a jugé bon de déserter. La situation n’est plus tenable. Convaincu que « certains » s’en sortent mieux, Chevalin a une brillante idée : se faire passer pour juifs afin de bénéficier de l’aide des passeurs pour accéder à la zone libre. De malentendus en révélations, il va entrainer sa famille dans ce grand périple qui déconstruira ses préjugés un à un…
Ce qu’on en pense
Pari risqué que celui tenté par Pascal Elbé pour son 4e long métrage en tant que réalisateur : celui de faire rire (et d’émouvoir) avec une comédie historique dont le héros veule, raciste et pitoyable, ne trouve rien de plus malin que de se faire passer pour juif en pleine seconde guerre mondiale… Pari à moitié gagné grâce à un casting attachant (Benoit Poelvoorde, Audrey Lamy, Zabou Breitman). Mais à moitié seulement car, au bout du compte, on continue à se demander si le jeu en valait la chandelle. Génant.
Les Aigles de la République
Par Ph.D
Le pitch
George Fahmy (Fares Fares) l’acteur le plus adulé d’Egypte, est contraint par les autorités du pays d’incarner le président Sissi dans un film à la gloire du leader. Il se retrouve ainsi plongé dans le cercle étroit du pouvoir. Comme un papillon de nuit attiré par la lumière, il entame une liaison avec Suzanne (Zineb Triki) la mystérieuse épouse du général qui supervise le film. Mauvaise idée !
Ce qu’on en pense
Avec Les Aigles de la République Tarik Saleh termine en beauté sa trilogie du Caire . L’histoire de cet acteur iconique du cinéma égyptien (Fares Fares, parfait) contraint de tourner le biopic du président-dictateur et embarqué malgré lui dans un complot politique, est d ‘autant plus effrayante qu’elle est on ne peut plus réaliste. Un thriller politique rigoureux avec lequel le réalisateur égyptien dénonce, une fois de plus, la dictature qui l’a exilé de son pays.
Six jours ce printemps-là
Par Ph.D
Le pitch
Malgré les difficultés, Sana (Eye Haïdara) tente d’offrir à ses jumeaux des vacances de printemps. Comme son projet tombe à l’eau, elle décide avec eux de séjourner sur la Côte d’Azur dans la villa luxueuse de son ex belle-famille. En cachette. Six jours de soleil qui marqueront la fin de l’insouciance…
Ce qu’on en pense
Malgré la présence au générique d’Emmanuelle Devos et Damien Bonnard, c’est bien Eye Haïdara qui porte le nouveau film de Joachim Lafosse. Devos et Bonnard n’y font que de courtes apparitions, alors qu’Haïdara est de tous les plans, dans le rôle de cette mère divorcée qui, pour offrir des vacances à ses enfants, en vient à squatter la résidence secondaire de ses ex-beaux parents dans le golfe de Saint Tropez. Inspiré par des souvenirs d’enfance très personnels, le réalisateur Belge met en scène un drame sensible sur le déclassement des parents isolés et les différences sociales.
Les Rêveurs
Par Ph.D
Le Pitch
Élisabeth (Isabelle Carré), comédienne, anime des ateliers d’écriture à l’hôpital Necker avec des adolescents en grande détresse psychologique. À leur contact, elle replonge dans sa propre histoire : son internement à 14 ans. Peu à peu, les souvenirs refont surface. Et avec eux, la découverte du théâtre, qui un jour l’a sauvée..
Ce qu’on en pense
Isabelle Carré adapte son propre roman autobiographique, traitant de son internement à l’âge de 14 ans et de la naissance de sa vocation de comédienne. Un film sensible et chaleureux, à l’image de sa réalisatrice, porté par une troupe de très jeunes comédiens particulièrement bien dirigés et soutenu par une BO rock de bon aloi (Oberkampf, Madness, Dexys Midnight Runners…).
Le Gang des Amazones
Par Ph.D
Le pitch
Au début des années 90, cinq jeunes femmes, amies d’enfance, ont braqué sept banques dans la région d’Avignon. La presse les a surnommées “Le Gang des Amazones”…
Ce qu’on en pense
En 1998, Solveig Anspach avait déjà consacré un documentaire (Que personne ne bouge ) au fameux « gang des amazones » : cinq jeunes nanas des cités qui avaient mis les banques de leur région en coupe réglée pour mettre un peu de beurre dans leurs épinards. Réalisatrice de comédies, Melissa Drigeard lui emboite le pas pour un polar social qui vire trop rapidement au film dossier. Heureusement, le casting des braqueuses (Izia Higelin en tête) apporte fraicheur et dynamisme à une réalisation qui, sans elles, en manquerait cruellement.
Frankenstein
Par Ph.D
Le pitch
Au 19e siècle, Victor Frankenstein (Oscar Isaac), un scientifique brillant mais égocentrique financé par un marchand d’armes (Christoph Waltz), donne vie à une créature monstrueuse (Jacob Elordi) reconstituée avec des morceaux de cadavres et réveillée par l’électricité produite par la foudre…
Ce qu’on en pense
Il y avait comme une évidence à voir Guillermo del Toro adapter le roman gothique de Mary Shelley, avec laquelle il partage nombre d’obsessions (les monstres, le rapport au père, la science sans conscience…). Le résultat est visuellement somptueux et plus fidèle au roman que la quarantaine d’adaptations précédentes. L’ambition du projet le destinait à l’évidence au grand écran, pourtant c’est sur Netflix que les abonnés pourront le voir (et les autres pas). Dommage ! L’image est superbe, le casting trés réussi. Malgré le maquillage et les effets spéciaux, Jacob Elordi parvient à donner beaucoup de chair et d’âme au fameux monstre. Plus sexy que Boris Karloff et fort comme un super-héros (avec un coté Surfer d’Argent), ses scènes avec Mia Goth (Elisabeth) sont parmi le plus réussies du film.
The Cord of Life
Par J.V
Le pitch
Dans les vastes steppes mongoles, un jeune musicien urbain, Arus, retourne dans sa terre natale pour accompagner sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Commence un voyage à deux, à la recherche d’un arbre mythique lié à la mémoire et à l’identité.
Ce qu’on en pense
Jeune réalisatrice mongole formée en France, Sixue Qiao signe un road movie familial plein de sensibilité, magnifié par la beauté des steppes et la musique traditionnelle omniprésente (le jeune héros est musicien urbain). Il est question d’amour filial, d’équilibre entre tradition et modernité, de transmission et d’acceptation. L’image est superbe.
Les Braises
Par J.V
Le pitch
Karine et Jimmy (Virgine Efira, Arieh Worthalter) forment un couple uni, toujours très amoureux après vingt ans de vie commune et deux enfants. Elle travaille dans une usine ; lui, chauffeur routier, s’acharne à faire grandir sa petite entreprise. Quand surgit le mouvement des Gilets Jaunes, Karine est emportée par la force du collectif, la colère, l’espoir d’un changement. Mais à mesure que son engagement grandit, l’équilibre du couple vacille.
Ce qu’on en pense
Un mélo sur les gilets jaunes avec Virginie Efira en ouvrière d’usine : sur le papier, on a un peu de mal à y croire. Thomas Kruithof (Les Promesses, La Mécanique de l’ombre) réussit pourtant à captiver et à émouvoir avec cette histoire d’émancipation féminine sur fond de mouvement social. La fin ouverte et l’absence de parti pris peuvent toutefois laisser un goût d’inachevé.
T’as pas changé
Par Ph.D
Le pitch
Suite au décès d’un de leurs anciens copains de classe, quatre anciens lycéens en perdition se retrouvent et font face à leur passé. La force du groupe suffira-t-elle à les remettre d’aplomb ?
Ce qu’on en pense
Après un premier essai prometteur en 2022 (Irréductible), Jerôme Commandeur revient à la réalisation avec ce « film de potes » au potentiel commercial plus évident. Avec un casting d’enfer (Laurent Lafitte, François Damiens, Vanessa Paradis, Olivia Côte...) et un scénario de retrouvailles qui joue à fond sur la nostalgie générationnelle (les années 90, en l’occurence), cette comédie tendre et loufoque devrait facilement trouver son public.
Deux Procureurs
Par Ph.D
Le pitch
Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. Contre toute attente, l’une d’entre elles arrive à destination, sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev (Aleksander Kuznetsov). Il se démène pour rencontrer le prisonnier, victime d’agents de la police secrète, la NKVD. Bolchévique chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement. Sa quête de justice le conduira jusqu’au bureau du procureur général à Moscou…
Ce qu’on en pense
De retour en compétition à Cannes en mai dernier, l’Ukrainien Sergei Loznitsa a pétrifié les festivaliers avec ce drame sur les purges staliniennes, brutal comme une porte de prison qui se referme. Du cinéma politique à l’os, qui pourrait rappeler les premiers films de Costa Gavras, L’Aveu en particulier. Magistral et glaçant.
Le Cinquième plan
Par Ph.D
Le pitch
Lors d’une projection à la cinémathèque, le cousin de Dominique Cabrera, Jean-Henri, se reconnaît dans La Jetée de Chris Marker. Il est là de dos, avec ses parents sur la terrasse d’Orly dans le cinquième plan du film. Aucun doute, il reconnaît ses oreilles décollées. Et si c’est lui, il est le héros du film, enfant... La réalisatrice est immédiatement happée par cette enquête intime et historique. Quelle était la probabilité pour que Marker et les Cabrera choisissent ce même dimanche de 1962 pour se rendre sur la jetée d’Orly ?
Ce qu’on en pense
Réalisé par Chris Marker en 1962, à partir de photos (à la manière des romans-photos en vogue à l’époque), La Jetée est considéré comme un des chefs d’oeuvre du cinéma français. L’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance. Enfant, le héros se rend souvent avec ses parents à Orly. Un jour, il assiste à un événement dramatique qui va le marquer, mais qu’il ne comprendra que plus tard. Un homme meurt sous les yeux d’une femme dont il gardera en mémoire les traits. Puis la 3e guerre mondiale survient qui détruit toute la surface de la Terre… « C’est comme d’être un personnage sur un vitrail de Notre Dame« s’émerveille le cinéphile Jean-Henri en se reconnaissant dans le 5e plan de La Jetée : la photo d’une famille (père, mère, petit garçon) de dos regardant les avions appuyés à la rambarde de la terrasse d’Orly, baptisée la jetée. Connue pour ses documentaires en liens avec l’histoire de l’Algérie française, sa cousine Dominique Cabrera ne pouvait que se passionner pour cette étrange coïncidence, rappelant l’arrivée de sa famille en France et la nostalgie de ses parents pour leur terre natale. Elle en a tiré un film plein de témoignages et d’images d’époque qui parlera tout particulièrement à ceux qui l’ont vécue.
L’Inconnu de la Grande Arche
Par Ph.D
Le pitch
1983, François Mitterrand décide de lancer un concours d’architecture international pour le projet phare de sa présidence : la Grande Arche de la Défense, dans l’axe du Louvre et de l’Arc de Triomphe ! A la surprise générale, Otto von Spreckelsen (Claes Bang), architecte danois inconnu, remporte le concours. Du jour au lendemain, cet homme de 53 ans qui n’a que quelques constructions à son actif, débarque à Paris, où il est propulsé à la tête d’un chantier pharaonique et politiquement sensible. Si l’architecte entend bien bâtir la Grande Arche telle qu’il l’a imaginée, ses idées vont très vite se heurter à la complexité du réel et aux aléas de la politique…
Ce qu’on en pense
Dans la lignée de The Brutalist en plus léger, Stéphane Demoustiers raconte l’édifiante histoire de la construction de la Grande Arche de la Défense, confiée par François Mitterrand à un architecte totalement inconnu et sans expérience. Le chantier a connu de nombreuses vicissitudes en raison de son intransigeance et des revirements politiques et économiques de l’époque. Plus que la réalisation, sans originalité particulière, c’est le casting et les dialogues qui font toute la réussite du film avec Claes Bang (découvert en conservateur de musée dans The Square) dans le rôle de l’architecte fou, Xavier Dolan parfait en conseiller de l’Elysée dépassé par les évènements et Swann Arlaud en architecte français rompu aux commande d’Etat, grâce auquel la construction pourra finalement être achevé. Michel Fau est aussi formidable en François Mitterrand: la visite du chantier par le président et sa suite est un grand moment comique!
Yoroï
Par J.V
Le Pitch
Après une dernière tournée éprouvante, Aurélien (Orelsan) décide de s’installer au Japon avec sa femme Nanako, enceinte de leur premier enfant. Alors que le jeune couple emménage dans une maison traditionnelle dans la campagne japonaise, Aurélien découvre dans un puits une armure ancestrale qui va réveiller d’étranges créatures, les Yokaïs.
Ce qu’on en pense
Décidément imprévisible, le rappeur Orelsan joue avec son propre personnage dans un manga délirant qu’il a écrit et qu’il interprête en armure de samouraï dans un maelström d’effets spéciaux. Sa passion pour la culture japonaise, dont il a tiré son nom de scène, trouve ici un exutoire qui séduira ses fans et les amateurs de burlesque fantastique.
Un Poète
Par Ph.D
Le pitch
Óscar Restrepo (Ubeimar Rios), poète en manque de reconnaissance, mène une existence solitaire marquée par les désillusions. Sa rencontre avec Yurlady (Rebeca Andrade), une adolescente d’un milieu populaire possédant un véritable talent d’écriture, va bouleverser le cours de sa vie. Il l’exhorte à se présenter à un concours national de poésie. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…
Ce qu’on en pense
Prix du jury Un Certain Regard à Cannes, ce film colombien en quatre partie oscille entre drame et comédie de manière assez originale. Tour à tour tendre, cruel, réaliste et burlesque, il dresse le portrait d’un anti-héros inadapté au monde moderne qui multiplie bévues et maladresses au point de se retrouver paria et abandonné de tous. Y compris de sa fille adolescente, à laquelle il fait honte, et de la jeune élève qu’il pense propulser au firmament de la poésie alors qu’elle ne rêve que de manucure… Simón Mesa Soto multiplie les ruptures de ton dans un montage cut très « Nouvelle vague « , pour un résultat au final assez épatant.
















