Ça vient de sortir

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Le Successeur

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Par J.V

Le pitch

Heureux et accompli, Ellias (Marc-André Grondin) devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de haute couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père…

Ce qu’on en pense

Après le succès de  Jusqu’à la garde , film sur les violences conjugales couronné de cinq  César en 2018, Xavier Legrand revient avec, cette fois,  un pur film de genre. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne déçoit pas ! Ce polar sur la paternité toxique et l’impossibilité d’échapper à ses racines, adapté d’un roman d’Alexandre Postel (L’Ascendant 2015),   va vous retourner la tête , avec un scénario à rebondissements et une réalisation virtuose. Le Québecquois Marc-André Grondin (C.R.A.Z.Y,  Le Premier jour du reste de ta vie) est impressionnant dans le rôle titre. Premier choc français de l’année. 

Les Rois de la piste

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Par Ph.D

Le pitch

Rachel (Fanny Ardant), sorte de Ma Dalton, a élevé ses fils Sam (Mathieu Kassovitz) et Jérémie (Nicolas Duvauchelle) , et son petit-fils, Nathan (Ben Attal), dans le culte de l’arnaque. De plans foireux en petits larcins, cette sympathique famille de bras cassés court toujours après le gros coup. Chance ou fatalité, lors d’un cambriolage, ils volent sans en connaitre sa valeur, une toile de Tamara de Lempicka. Céleste (Laetitia Doesch), une détective rusée et charmeuse, et Gauthier (Michel Vuillermoz), son fidèle acolyte, se lancent à leur poursuite…

Ce qu’on en pense

Plutôt versé dans le drame (Tout nous sépare, Les yeux de sa mère…), Thierry Klifa signe avec Les Rois de la piste sa première comédie avec, toujours, un gros casting : Fanny Ardant en mère maquerelle de ses deux fils, un crétin (Mathieu Kassovitz) et un inverti (Nicolas Duvauchelle) et de son petit fils (Ben Attal),  qui réalisent sans le vouloir le cambriolage du siècle. A leurs trousses, une fine équipe de détectives composée  de Laetitia Doesch et Michel Vuillermoz. Dans le genre picaresque/comédie noire à l’anglaise, le film se défend,  même s’il a des airs de déjà (beaucoup) vu. Le casting est son meilleur argument.

Daaaaaali !

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Par J.V

Le pitch

Une journaliste française (Anaïs Demoustier) rencontre Salvador Dalí (Gilles Lellouche, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Didier Flamand) à plusieurs reprises pour un projet de documentaire…

Ce qu’on en pense

Il ne fallait, évidemment, pas attendre de Quentin Dupieux un classique biopic de Salvador Dali. Alors que son dernier film Yannick, sorti au mois d’août, est en lice pour les César, Daaaaaali ! permet au prolifique réalisateur de rendre hommage au célèbre peintre espagnol et au mouvement surréaliste qui l’a, à l’évidence, beaucoup inspiré. À la manière de Todd Haynes dans  I’m Not There,  vrai-faux biopic de Bob Dylan, Dupieux utilise plusieurs acteurs pour incarner le peintre,  avec moustache postiche et accent volontairement exagéré. Sans surprise Edouard Baer et Jonathan Cohen excellent à ce jeu,  alors que Gilles Lellouche et Pio Marmaï ont plus de mal à entrer dans les délires du réalisateur. En résulte un film décapant et d’une totale liberté,  que les fans de Quentin Dupieux dégusteront, tel un carré de chocolat Lanvin, en pensant que son cinéma est toujours aussi « fffffffou !« .

 

Dune 2

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Par J.V

Le pitch

Paul Atreides (Timothée Chalamet) s’unit à Chani (Zendaya) et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers…

Ce qu’on en pense

Tournée en décors naturels et nettement plus musclée que le premier volet, cette deuxième partie de l’adaptation du roman de Franck Herbert par Denis Villeneuve séduit par son ampleur épique autant que par ses enjeux politiques et philosophiques  qui renvoient à l’époque actuelle. Timothée Chalamet y opère une transformation épatante dans son personnage comme dans son jeu d’acteur. La magnifiscence des décors et les scènes d’action attendues,  comme le premier « chevauchage de ver » par Paul,  contribuent à faire complètement oublier la durée du film (2h45) et font de Dune 2 une expérience cinématographique de haut vol.

 

Vivants

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Par J.V

Le pitch

Gabrielle (Alice Isaaz), 30 ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent (Roschdy Zem), leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer

Ce qu’on en pense

Venue du documentaire, Alix Delaporte (Angèle et Tony) livre un film assez réaliste sur le journalisme d’investigation confronté au bouleversement de l’univers des média et à la crise du journalisme traditionnel confronté aux chaines du web et aux réseaux sociaux. Le charme du film tient en grande partie à son casting  dans lequel se retrouvent Roschdy Zem, Alice Isaaz, Vincent Elbaz, Pascale Arbillot, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet et Grégoire Leprince-Ringuet. La partie romance n’est pas terrible, mais on en sort vivants.

Tiffany McDaniel : Du Côté Sauvage

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Par MAB

C’est un pavé pour l’été. 707 pages, pas une de moins. Rien d’un roman solaire pour autant. Le récit est même crépusculaire. Parfois d’une grande violence, malgré son indéniable poésie et les petits dessins et planches qui accompagnent le texte. S’il est l’objet de notre recommandation, c’est  parce que,  dans la lignée de « Betty« , le précédent ouvrage de l’américaine Tiffany McDaniel, Du Côté Sauvage est lui aussi un choc littéraire. Il est parmi ceux qui nous restent en tête de cette année écoulée, avant l’avalanche de sorties des prochains mois. L’histoire est celle de rousses et inséparables  jumelles. Nourries des récits de leur grand-mère, elles ont l’imagination si fertile qu’elles fuient leur quotidien sordide, leur mère droguée et prostituée et « l’araignée » qui vient pour leur mère avant de les rejoindre dans leur lit, en s’inventant un univers lumineux. Pourtant , elles ne peuvent échapper aux fantômes de leur passé familial. Devenue adulte, Arc, l’une des deux, lutte toujours avec ses souvenirs et ses addictions lorsque l’on découvre le corps d’une femme noyée dans la rivière. Un cadavre qui sera suivi de beaucoup d’autres. Alors que ses amies disparaissent autour d’elle, Arc doit bien admettre qu’elle ne peut, malgré la promesse faite, protéger sa sœur  « du côté sauvage » de leur existence… Tiffany McDaniel, également poète et plasticienne, nourrit son écriture envoûtante des collines et forêts de l’Ohio qui l’ont vu naître.  Elle y installe des personnages d’une grande force, toujours puisés dans la réalité. Alors que Betty était un hommage à sa mère. Du Côté Sauvage  est, lui, inspiré d’un « true crime«  : la disparition entre 2014 et 2015 de six femmes à Chilicothe,  dont deux manquent toujours à l’appel. Des meurtres non élucidés. La mort de ces femmes, droguées et prostituées ayant laissé la communauté dans la plus totale indifférence. Pour autant, que ces lignes ne vous découragent pas de découvrir cette pépite. Roman social et conte cruel d’une grande noirceur certes, mais surtout d’une grande beauté.

Une Vie

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Par J.V

Le pitch

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, Nicholas Winton (Anthony Hopkins / Johnny Flynn), un banquier londonien, met tout en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration…

Ce qu’on en pense

L’histoire vraie du « Schindler anglais«  qui sauva près de 700 enfants en organisant des convois entre la Tchécoslovaquie et l’Angleterre,  à la barbe des nazis. Retourné à l’anonymat après la guerre, n’ayant jamais véritablement réalisé la valeur de son geste, Nicholas Winton n’a connu la célébrité qu’en 1988, lorsque son histoire fut racontée par une émission de télévision. Tout le monde se souvient de la scène dans laquelle,  assistant à l’émission de la BBC dans une salle pleine,  il est filmé découvrant que le public était essentiellement constitué d’ enfants qu’il avait sauvés, devenus adultes grâce à lui. Oscarisé pour The Father, Anthony Hopkins trouve,  à 86 ans, un nouveau rôle à la hauteur de son génie dramatique.  Derrière la caméra, le réalisateur de séries James Hawes (Snowpiercer, Slow Horses, Penny Dreadful) alterne le bon (la guerre et les années de reconnaissance) et le plus dispensable (la jeunesse du héros en flashback),  avec une facheuse tendance à surligner les intentions,  alors que la force de l’histoire se suffisait à elle-même.

Bob Marley : One Love

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Par J.V

Le pitch

1976. Alors qu’il s’apprête à donner un concert dans le but de célébrer la paix, Bob Marley (Kingsley Ben Adir) est menacé puis victime d’une tentative d’assassinat. Réfugié en Angleterre, il compose alors l’album Exodus qui va marquer l’histoire du reggae…

Ce qu’on en pense

Réalisé par Reinaldo Marcus Green (La Méthode Williams), ce biopic très attendu de Bob Marley se concentre sur la période charnière de l’enregistrement d’Exodus,  alors que le chanteur rasta était exilé à Londres pour échapper aux tueurs qui cherchaient à l’abattre dans sa Jamaique natale, où son aura politique commençait à sérieusement déranger. Trés classique (voire scolaire) dans sa forme et plutôt aseptisé sur le fond (c’est Rita et Ziggy qui produisent avec Brad Pitt), le film vaut surtout pour sa BO, avec des chansons emblématiques intelligemment insérées dans la narration, et pour la prestation habitée de Kingsley Ben-Adir (aperçu dans Barbie).Lashana Lynch,  qui joue Rita,  est très bien aussi. Au final, One Love donne surtout envie de revoir le formidable documentaire de Kevin McDonald sorti en 2012. Ça tombe bien, le film est dispo en streaming gratuit sur le site d’Arte avec un concert des Wailers en Allemagne (Rockpalast 1980).

La Bête

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Par J.V

Le pitch

Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s’en débarrasser, Gabrielle (Léa Seydoux) doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis (George MacKay), son grand amour. Mais une peur l’envahit, le pressentiment qu’une catastrophe se prépare…

Ce qu’on en pense

Quelques mois après Patrick Chiha, Bertrand Bonello adapte à son tour le roman d’Henry James La Bête dans la jungleLéa Seydoux et George Mc Kay remplacent Anaïs Demoustier et Tom Mercier dans le rôle des amoureux au bord de la catastrophe et alors que Chiha enfermait ses deux héros dans une boite de nuit, Bonello n’hésite pas à leur faire prendre l’air. Devant la caméra du Niçois, le drame Durassien devient un trip Lynchéen qui emprunte trois temporalités (1910, 2014 et 2044).  Reparti bredouille de la Mostra de Venise, où il était présenté en avant première,  le film de Bonello intrigue par de constantes prises de risque et mélange les influences avec une grande maitrise formelle. 

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Le Barman du Ritz

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Par MAB

Comment Philippe Collin, historien et homme de radio, allait-il utiliser toutes les informations collectées autour du fameux Grand Hôtel du Ritz? Ferait-il un récit historique? Un documentaire audio? Ou bien un roman -son premier- en introduisant de l’intrigue, du suspense et même une histoire d’amour dans ce lieu très fréquenté du Paris de l’occupation? Va pour un roman et c’est le bon choix. D’autant que l’authentique personnage de Frank Meier se prête parfaitement au genre. Comme le titre l’indique, nous sommes, donc, en huis clos, à l’intérieur du palace de la Place Vendôme. Et même derrière son bar clinquant, ou depuis vingt ans, un as des cocktails, désaltère et enivre une clientèle de luxe. Quand s’ouvre le récit, en juin quarante, cet homme a 55 ans. Juif polonais ayant combattu pour la France en 14, il est le narrateur de sa propre histoire et avoue son inquiétude à l’entrée des allemands dans Paris. Mais alors que le couvre-feu est partout de rigueur, le Ritz, lui a le droit de servir les riches de toute provenance. Les nazis et les officiers de la Wehrmacht y viennent donc trinquer avec l’élite parisienne: Jean Cocteau, Gabrielle Chanel, Sacha Guitry, Arletty…Le lieu devient alors un modèle réduit de la France occupée. Un poste d’observation privilégié pour le barman qui tend l’oreille aux intrigues, secrets enfouis, amours impossibles, alliances et trahisons qui se diluent dans les bulles de champagne.D’abord spectateur muet, Frank deviendra par la force des choses, acteur de son destin et de celui de quelques autres.  Une atmosphère trouble de collaboration et délation flotte donc dans ces salons que hantent aussi quelques espions et résistants célèbres. La plume de Philippe Collin la restitue avec une grande précision historique. À travers le destin de cet homme, à qui il rend hommage, il nous plonge dans une époque où nombreux étaient ceux qui devaient lutter constamment entre la peur et le courage. C ‘est brillant.

Stars en guerre

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Par MAB

Est-il indécent de participer au cirque Cannois alors qu’ailleurs tout est chaos? C ‘est la question qui parcourt les réseaux sociaux à l’ouverture de cette nouvelle édition du festival du film. La réponse n’est pas si simple. Car tout n’est pas que futilité sur la Croisette. Loin de là. Exceptées les inévitables montées des marches qui enchantent les photographes, le monde nous saute même si douloureusement aux yeux  dans les témoignages et sur les écrans que les cérémonies en deviennent des tribunes  Celle de mardi soir le prouve.  Est-ce l’époque qui veut cela ? En a-t-il toujours été ainsi?  Comment, par exemple,  les comédiens des années trente ont ils traversé la seconde guerre mondiale ? Quelle a été leur attitude pendant l’occupation? Voici quelques réponses édifiantes données  par  l’historien de cinéma Philippe Durant, même si les noms qui vont suivre ne parleront plus à grand monde. En France, Bernard Blier est fait prisonnier mais s’évade de son Stalag. Jean Gabin, lui, rejoint la marine alors que Jean Marais intègre la 2e DB. En Italie, Lino Ventura fuit le fascisme et monte à Paris alors que l’inoubliable Pierre Dac rejoint de Gaulle et donne de la voix à radio Londres. Mais les femmes aussi agissent. Notamment Marlène Dietrich, qui fournit  de précieux renseignements aux services d’espionnage.. Bien entendu, tous les artistes ne sont pas aussi engagés:  Maurice Chevalier, Fernandel , Guitry, pour ne nommer qu’eux,  poursuivent leurs activités et mènent la grande vie . Danielle Darrieux monte dans « le train de la honte » pour Berlin. Et pendant qu’Arletty tombe amoureuse d’un officier nazi, l’allemand Horst Tappert- futur inspecteur Derrick – devient lui, soldat SS . Bref  la liste de qui à fait quoi pendant ces années de plomb est  longue. L’ouvrage  illustré de Philippe Durant est très documenté. Organisé en 33 chapitres d’une grande clarté, Il pourra captiver ceux qui s’intéressent  non seulement à la grande histoire, mais aussi  aux agissements des « célébrités « face aux tragédies du monde.

 

Edouard Louis : Monique s’évade

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Par MAB

Monique appelle Édouard Louis un soir, en larmes. La voilà de nouveau sous l’emprise d’un homme qui boit, l’insulte et lui mène la vie impossible. La liberté a un prix et elle n’a pas un sou. « Je sais ce que l’on va faire » lui répond son fils, désormais écrivain reconnu. « Tu vas prendre quelques vêtements dans un sac et tu vas partir immédiatement. Tu vas aller chez moi ». Mais Monique, pour récupérer ses papiers, veut attendre que l’homme qui continue de hurler, s’endorme. Elle partira demain. « Tu veux que je reste avec toi au téléphone ? Je peux rester en ligne toute la nuit si tu veux. » lui propose alors Edouard, en résidence d’écriture en Grèce. « S’il me voit parler avec toi, il va s’énerver encore plus » s’affole cette femme soumise à la misère et à la violence qu’elle engendre. Monique s’évade a la vitalité folle de son titre.  Ce n’est ni un roman. Ni une autobiographie. Juste la narration des actes et des mots qu’un fils offre à sa mère pour qu’elle reconstruise sa vie. Comme dans le jeu vidéo qu’il aimait enfant, ou il fallait créer un personnage, c’est à distance, avec son compte en banque alimenté par ses succès littéraires, son téléphone, son ordinateur et des commandes sur le net, qu’il organise le sauvetage. Dans une touchante et étonnante inversion des rôles, il remet sa mère au monde et lui permet de vivre pour la première fois sans dépendre d’un compagnon. Ce fils l’avait blessée avec son premier livre,  En finir  avec Eddy Bellegueule , c’est avec une grande simplicité, mais aussi avec une certaine solennité, qu’il lui construit un refuge réparateur et fait d’elle une héroïne littéraire. « Mesdames et messieurs, merci de faire un triomphe à la mère de l’auteur, Monique » clame le metteur en scène  à Hambourg où se joue le spectacle inspiré de Combats et métamorphoses d’une femme  un des ouvrages d’Edouard.

Paul Auster:  Baumgartner

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Par MAB

« Pour faire ce que tu fais, il te faut marcher…  Écrire commence dans le corps… Tu t’assieds à ton bureau pour noter les mots, mais dans ta tête tu es encore en train de marcher » Désormais, celui qui se parlait souvent à lui-même, ne marchera plus. Pire, il n’écrira plus. Lui dont «  La trilogie New-Yorkaise » est imprimée dans l’identité de toute une génération. Lui que certains auraient bien vu prix Nobel: Paul Auster, le plus francophile des écrivains américains s’est éteint mardi 30 avril à Brooklyn. Après deux dernières années ponctuées de drames (décès de sa petite fille,  puis de son fils Daniel), un cancer l’a emporté à 77 ans. « Sans moi l’avenir se débrouillera très bien » fait-il dire à Baumgartner, son double dans le dernier ouvrage traduit chez Actes Sud. L’avenir se débrouillera d’autant plus qu’Auster laisse une œuvre considérable: plus de trente romans, des scénarios, deux films. Et, en guise d’achèvement ce « Baumgartner ». Paru en 2023, ce roman n’est peut être pas son meilleur. Mais Auster, malade, savait que ce serait « le dernier ». Cela donne à cette bio-fiction, le ton crépusculaire d’un bilan de vie. D’autant que cet écrivain de la mémoire s’y montre plus que jamais hanté par la solitude, la douleur et le deuil. Lire ce long monologue d’un narrateur, cloitré dans sa maison de la banlieue de New-York et hanté par la disparition par noyade de la femme aimée, n’est donc pas toujours facile. L’écriture introspective et labyrinthique est celle d’une élégie qui tente de chasser les blessures de l’existence en convoquant les souvenirs heureux. Mais l’adieu plein de tendresse à la vie, la confiance en l’amour et en l’humanité en font, aujourd hui, un testament particulièrement émouvant. RIP.

Un Hiver à Yanji

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Par Ph.D

Le Pitch

C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng (Liu Haoran) s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana (Zhou Dongyu), une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao (Chuxiao Qu), un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changbai…

Ce qu’on en pense

Découvert au Certain Regard à Cannes  (où Anthony Chen avait reçu la Caméra d’or en 2013 pour son premier film  Ilo Ilo),  Un Hiver à Yanji  est une romance qui assume ses influences :  Jules & Jim de François Truffaut et le cinéma de Wong Kar Wai. On se laisse entrainer dans les paysages enneigés de la frontière sino-coréenne superbement photographiés et dans les jeux de l’amour et du hasard que pratiquent, sans avoir l’air d’y toucher,  les trois protagonistes. Leur marivaudage fonctionne comme une allégorie des  relations entre la Chine et la Corée.

Mes nuits sans Bardot 

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Par MAB

C’est souvent cruel d’être un monstre sacré. Il suffit de se pencher sur « Mes nuits sans Bardot », la biographie romancée que nous propose Simonetta Greggio pour s’en convaincre. La narratrice, en effet, s’est installée dans une maison de Saint-Tropez à côté de « La Madrague », ou la star déchue – 90 ans en septembre prochain – vit recluse entourée de ses chiens. Elle lui écrit chaque jour de longues lettres qu’elle dépose ensuite sous un caillou sans espoir de retour. Le procédé est simple. L’auteure, aidée par l’autobiographie de BB, peut tout se permettre. Et c’est, d’ailleurs, ce qu’elle fait. Imaginant les pensées mortifères de la désormais vieille dame et établissant des correspondances entre la célebrissime actrice des années soixante-dix et sa propre vie de femme libre versée dans « la dolce vita ». Et l’on entend d’ici les réticences des lecteurs. Que peut-on apprendre de plus de BB que l’on ne sache déjà? Cette époque est révolue. Tous ses amants ont disparu. Les nouvelles générations ne la connaissent pas. Rares sont ceux qui continuent à voir les films dans lesquels elle a tourné ( La Vérité, Vie Privée, Le Mépris,  Viva Maria...) Et puis, l’on sait les causes qu’elle a défendues ( Ridiculisée à l’époque, elle était pourtant à l’avant garde pour les bébés phoques !). Mais aussi ses partis pris extrémistes. Ce fils qu’elle n’a pas voulu élever. Les engagements politiques de son dernier mari dont d’ailleurs Simonetta ne parle pas… Oui, tout cela est vrai. Et pourtant revisiter la vie de cette étoile filante et replonger dans cette époque de folie créatrice est passionnant. Notre regard change sur cette rebelle, farouchement indépendante et autonome qui a payé souvent très cher sa beauté, sa célébrité et surtout sa stupéfiante modernité. Cette amoureuse au franc parler qui quittait dès qu’elle s’ennuyait. Celle qui après « Et Dieu créa la femme » fut autant insultée qu’idolâtrée. Qui dut vivre sa grossesse et son accouchement en enfer…Celle surtout qui, dégoutée par le milieu, quitta le cinéma à 38 ans. Bref,  on ne sait trop comment Simonetta s’y est prise,  mais elle a réussi à nous rendre cette insolente Brigitte aussi drôle et attachante pour ce qu’elle a été dans le passé, qu’inspirante pour les femmes d’aujourd hui.