Cinéma

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Ghosted

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Célibataire endurci,  Cole (Chris Evans) tombe instantanément amoureux de la mystérieuse Sadie (Ana de Armas) rencontrée sur le marché, où il vend les produits de la ferme de ses parents. Comme elle ne donne plus de ses nouvelles après leur première nuit d’amour, pourtant idyllique,  Cole décide de la rejoindre à Londres, où elle est partie pour le travail. A peine arrivé, il manque se faire assassiner et ne doit la vie sauve qu’à l’intervention armée de sa dulcinée, qui n’est pas la marchande d’art qu’il croyait…

Ce qu’on en pense 

Découverte dans le dernier James Bond (Mourir peut attendre) où elle volait une scène de bagarre  à Daniel Craig (un exploit!), Ana de Armas reprend plus ou moins son personnage d’espionne de charme aux talents cachés pour la baston,  dans cette comédie romantique d’action qui ne vaut guère que par sa présence. Mais comme le film ne se prend pas au sérieux et que le couple qu’elle forme avec Chris Evans fonctionne plutôt bien, ça se regarde gentiment sur AppleTV+…  et sur MyCanal puisque les programmes de la plateforme d’Apple y sont désormais disponibles gratuitement pour les abonnés.

Dancing Pina

Cinéma|

Par J.V

Le Pitch

Iphigénie en Tauride / Le Sacre du printemps… Au Semperoper en Allemagne et à l’École des Sables près de Dakar, de jeunes danseurs, guidés par d’anciens membres du Tanztheater de Pina Bausch, revisitent ses chorégraphies légendaires. Pour ces artistes, issus de la danse contemporaine, du hip hop ou du ballet classique, danser Pina, c’est questionner ses limites, ses désirs, et métamorphoser une œuvre tout en se laissant soi-même métamorphoser par elle…

Ce qu’on  en pense

La figure de Pina Bausch fascine les cinéastes. Après Wim Wenders qui lui a consacré un film en 3D (Pina en 2011) son compatriote Florian Heizen-Ziob évoque son héritage chorégraphique dans ce documentaire passionnant qui met en lumière l’universalité des œuvres de la chorégraphe Allemande disparue en 2009, via une succession de pièces exécutées par de jeunes danseurs africains et européens. Le rendu est superbe et séduira tous les amateurs de danse contemporaine.

Brighton 4th

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Khaki (Levan Tedaishvili), ancien champion de lutte géorgien part à New York, pour tenter d’aider son fils Soso (Giorgi Tabidze),  étudiant en médecine installé dans le quartier de Coney Island, qui file du mauvais coton…  

Ce qu’on  en pense

Rendu célèbre par le premier film de James Gray, le quartier de Little Odessa à New York est l’un des personnages principaux de ce beau film Georgien,  qui raconte le dernier combat d’un vieux champion de lutte de Tbilissi pour sauver son fils. Parti faire ses études de médecine à New York, le garçon a accumulé des dettes de jeu importantes auprès d’un caïd de sa communauté pour financer un mariage blanc qui lui permettrait d’obtenir sa carte verte. L’heure de solder sa dette à sonnée, mais il n’a évidemment pas le premier dollar pour le faire. Un scénario de polar new-yorkais que le réalisateur Georgien Levan Koguashvili détourne habilement pour en faire un drame familial, crépusculaire et solaire à la fois, dans lequel les comptes se règlent en un combat de lutte dérisoire sur la plage et où le désespoir se noie dans l’alcool et les chants folkloriques. Coney Island est admirablement filmée et chacun des personnages, même le plus insigne, est formidablement campé. Pépite cinéphile de la semaine.  

Murder Mystery 2

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Alors que leur agence peine à décoller, les détectives privés Nick (Adam Sandler) et Audrey Spitz (Jenifer Aniston) sont invités au mariage fastueux de leur ami Maharajah (Adeel Aktar). Mais la noce va tourner au désastre avec l’enlèvement du marié. Nick et Audrey suivront la piste des ravisseurs jusqu’à Paris… 

Ce qu’on en pense

Suite dispensable d’un premier opus déjà bien paresseux, Murder Mystery 2 ne se justifie guère que par le succès immérité de son prédécesseur sur Netflix et par son étonnant casting franco-américain : Mélanie Laurent en future mariée et Dany Boon en flic parisien vapoteur donnent la réplique aux vedettes US Adam Sandler et Jenifer Aniston. On pourrait aimer ce pastiche de whodunit si seulement a réalisation n’était pas aussi jemenfoutiste,  si le scénario présentait quelque intérêt et si les gags étaient drôles au lieu d’être systématiquement placés au dessous de la ceinture. Le plus grand mystère reste que les abonnés de la plateforme se précipitent pour voir cette fadaise…

Tetris

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

En 1988,  Henk Rogers (Taron Egerton),  modeste développeur de jeux vidéo américain installé au Japon,  tombe par hasard sur une version basique de Tetris dans un salon d’électronique. Persuadé que le jeu va cartonner,  il se rend en URSS pour rencontrer son créateur,  Alexey Pajitnov, et négocier les droits de distribution du jeu au Japon. Sans se douter dans quelle galère il s’engage… 

Ce qu’on en pense

L’histoire véritable du jeu Tetris est peut-être la plus étonnante de toutes celles qui ont inspiré des biopics de succès technologiques ces dernières années. Créé par un simple employé d’une société d’informatique de Moscou (Alexey Pajitnov), ce jeu de briques a été découvert au salon de Las Vegas par un développeur américain, Henk Rogers,  qui a immédiatement compris son potentiel et à tout misé sur sa commercialisation. Mais, alors qu’il avait réussi à convaincre Nintendo d’embarquer le jeu dans sa première console de jeu portative (la fameuse Game Boy), Henk Rogers a failli se faire doubler par le magnat des médias anglais Robert Maxwell,  avec lequel il s’était associé et qui avait réussi à corrompre les autorités soviétiques pour l’évincer. Heureusement pour Rogers,  le système soviétique s’est effondré juste à temps pour qu’il récupère les droits et signe le deal du siècle avec Nintendo qui vendra 500 millions d’exemplaires du jeu dans le monde entier. Le film qu’en à tire  Jon S. Baird pour la plateforme de streaming d’Apple est trés plaisant à regarder malgré sa longueur (2h00),  grâce à l’abattage de Taron Egerton dans le rôle principal, à la reconstitution soignée des années 80,  à un découpage qui emprunte au visuel retro du jeu, pixellisation de l’image comprise,  et a une partie Moscovite qui vire au film d’espionnage vintage. Mais on retient surtout l’histoire,  qui méritait vraiment d’être racontée et l’est de manière limpide, avec une touche d’humour bienvenue.  

Interview : Jeanne Herry

Cinéma|

Par Marie-Aimée Bonnefoy

Créée en 2014, la justice restaurative est encore peu connue en France. D’où vous est venue l’idée d’en faire votre second long-métrage  » Je verrai toujours vos visages » ?

Après PUPILLE, je cherchais un nouveau projet et j’ai entamé des recherches sur le milieu de la justice. J’ai toujours été passionnée par les faits divers, les procès, les grandes figures du banditisme, les ténors du barreau… Un jour, je suis tombée par hasard sur un podcast autour de la justice restaurative. J’ai été captivée : ce qui m’intéressait dans ce processus était précisément ce qui motivait mes recherches dans tous les domaines: la réparation.

De quelle façon, la justice restaurative répare t-elle?

En offrant à des personnes ayant été victimes d’agression et à ceux qui les ont commises la possibilité de se rencontrer, de se parler et de se réparer. Face-à-face, dans un groupe de paroles, les plaignants et les auteurs d’infraction vont pouvoir échanger leurs ressentis, leurs émotions et tisser un nouveau rapport où l’empathie peut parfois prendre le pas sur la peur.

Dans « Pupille », il était déjà question de réparation…

Oui, c’est à nouveau un film qui raconte le triomphe du collectif. Et le lien m’intéresse, c’est évident, quel qu’il soit. J’aime étudier comment il se tisse, se transfère, se délite ou se rompt. Et j’aime aussi explorer les bons sentiments. C’est complexe, les bons sentiments.

Vous êtes-vous beaucoup documentée ?

Dans PUPILLE comme dans ce film, j’éclaire un endroit du réel peu connu qui propose des outils porteurs d’espoir. Pour autant, je ne fais pas ces films pour parler de l’adoption ou de la justice restaurative. Ce ne sont pas des documentaires. Le fond me touche, mais c’est d’abord le cinéma qui m’importe. Ce sujet, je le choisis car je pressens que je vais pouvoir y planter des graines de romanesque et qu’il va m’offrir la possibilité de faire un bon film. Au cours de mes recherches, un des interlocuteurs que j’ai rencontré m’a dit : « L’objectif de la justice restaurative, c’est la libération des émotions par la parole ». C’est cette libération que j’ai voulu mettre en scène.

Avez-vous assisté à ces groupes de paroles entre victimes et agresseurs ?

Non. Ce serait contraire au principe de base de cette pratique qui invite les agresseurs à se raconter en toute liberté. Ils savent que le cadre dans lequel ils vont s’exprimer est sécurisé et que rien de ce qu’ils diront ne sera répété. Il arrive d’ailleurs que certains dévoilent des faits qu’ils n’ont jamais révélés. Les seules rencontres auxquelles j’ai assisté sont les formations. J’en ai suivi trois : la formation d’animateurs que font Fanny (Suliane Brahim) et Michel (Jean-Pierre Darroussin) dans le film – j’ai vraiment éprouvé de l’intérieur la première scène du film en jouant tour à tour des auteurs et des victimes face à des apprentis animateurs – ; celle de médiateur, la fonction qu’occupe Judith (Elodie Bouchez) ; et une troisième formation par Zoom au Québec. En fait, quand je prépare un film, je n’assiste à rien. J’additionne des récits de vie qui me permettent de comprendre très rigoureusement les «règles du jeu» et puis, après,  je rebondis sur ce qui m’inspire, je fusionne des témoignages, j’invente, je vais piocher dans ma propre vie… J’acquiers un étayage documentaire solide qui libère mon imaginaire.

Les personnes mises en présence dans « le cercle » comme se nomment  ces rencontres, ne sont pas choisies au hasard. On ne met pas n’importe quel auteur en face de n’importe quelle victime…

Le système de cette justice restaurative ne met pas de victimes en présence d’auteurs qui se diraient innocents de leurs actes. Ceux-ci doivent avoir une reconnaissance au moins partielle de leur culpabilité.  Et c’est parce qu’ils ont déjà cette reconnaissance que la confrontation avec les victimes peut potentiellement achever de les responsabiliser. De même, dans cette configuration, et contrairement à la médiation, les victimes ne rencontrent pas leurs propres agresseurs mais des gens qui ont commis le même type d’infraction.

Vous évoquez également la médiation Un autre dispositif ou il n’est plus question d’un cercle mais d’un face à face entre une victime et son véritable agresseur…

C’est en effet le cas de Chloé (Adèle Exarchopoulos) violée par son frère durant son enfance qui, apprenant que celui-çi est revenu vivre dans la même ville qu’elle , souhaite poser des règles pour qu’ils ne se croisent jamais…

Y a t il des échecs dans ces processus: le cercle comme la médiation ?

Dans la médiation, la plupart des cas ne vont pas jusqu’à la vraie rencontre mais ce qui compte, c’est le parcours. Les dossiers sont ouverts et le dialogue s’engage par le biais des entretiens avec les médiateurs même si l’auteur et la victime ne se rencontrent pas physiquement. Pour « Le cercle » en revanche, ces quinze heures de rencontres à raison de trois par semaine aboutissent parfois à ce les participants se prennent dans les bras !

Aviez-vous des films en tête pour réaliser le vôtre ?

Lorsque j’ai commencé à l’écrire, « En thérapie », la série d’Olivier Nakache et Éric Tolédano arrivait sur Arte. Elle m’a beaucoup plu et aussi rassuré : à ce stade, même si je ne le souhaitais pas, je me posais encore la question de mettre ou non en scène les agressions dont les victimes avaient fait l’objet. Devait-on voir Sabine (Miou-Miou) se faire voler son sac ? Son récit suffirait-il ? « En thérapie » m’a confortée dans ce que voulais faire. Les visages de la série étaient comme des paysages : on se faisait nous-mêmes nos propres images. On peut faire confiance aux mots et au jeu. Je me suis concentrée sur le plaisir et la perspective de voir mes acteurs jouer. 12 HOMMES EN COLÈRE, de Sidney Lumet, m’a aussi beaucoup inspirée.

Et les comédiens …

J’ai écrit pour certains dès le début : Miou-Miou, Elodie Bouchez, Gilles Lellouche, Leïla Bekhti (Nawell) Jean-Pierre Darroussin… Je n’étais pas sûre que le rôle intéresserait Gilles – après tout, son personnage n’arrive qu’à la cinquantième page-, je ne connaissais pas Leïla Bekhti. Pour moi, c’étaient des boussoles, c’était agréable d’avancer avec eux en tête. J’ai très vite pensé à Birane Ba pour le rôle d’Issa. Je l’avais trouvé très inspirant en travaillant avec lui sur un spectacle à la Comédie française. Alors qu’il y a peu de personnages jeunes dans mes films, Il m’a donné envie d’en imaginer un. Sont venusensuite Suliane Brahim avec qui j’avais travaillé aussi, Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah et Fred Testot. Tous ont un peu vécu ce film comme un challenge. Ils avaient beaucoup de textes (peu de scénarios en comportent autant), de longs monologues qui étaient de véritables petits morceaux de bravoure et qu’ils ont d’ailleurs vécu comme tels sur le tournage. La première à se lancer a été Leïla lors de la première réunion ; un monologue de neuf minutes. Chacun à leur tour, ils s’applaudissaient, se soutenaient. Si je vais chercher ces acteurs, c’est aussi parce que je sais qu’ils savent travailler un texte et qu’ils y prennent du plaisir. Je leur demande d’être très précis. je ne veux absolument pas d’improvisation !

Quel est le rôle des ces bénévoles interprétés par Anne Benoit et Pascal Sangla et qui vont sans doute provoquer des vocations…  ?

Ils font partie des membres de la communauté et interviennent peu pendant les débats. Mais ils écoutent, ils soutiennent, de manière inconditionnelle…Ce sont eux qui gèrent les pauses. Ils sont là pour accueillir, apporter un peu de convivialité. Et sans même s’en rendre compte, les auteurs et les victimes partagent un café, fument ensemble… Les membres de la communauté doivent faire en sorte que le lien continue de se tisser durant ces moments-là tout en empêchant les participants de revenir sur les discussions de fond  qui doivent rester dans le cercle. Leur rôle est de lancer des sujets de conversation anodins sur le temps, le ciel, la nouvelle zone piétonne ; du rien, quoi. Cela donne des moments légers comme ce dialogue autour de la chemise de Thomas qui n’a aucun intérêt.Quand je présente mon film dans les avant-premières, il y a souvent des bénévoles dans la salle !

Luther

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Hanté par un meurtre non résolu, John Luther (Idris Elba), brillant policier londonien en disgrâce, s’évade de prison pour traquer un sinistre tueur en série (Andy Serkis) qui utilise le darknet pour traquer ses victimes…

Ce qu’on en pense 

Après avoir fait les beaux soirs des amateurs de séries sur la BBC, Luther s’attaque au cinéma avec ce film signé Jamie Peyne et scénarisé par le créateur de la série, Neil Cross, qui pourrait avoir une ou plusieurs suites si le succès est au rendez-vous sur Netflix,  où il est disponible depuis le 10 mars. Bien plus opulent que la série ce Luther promet du grand spectacle aux fans et n’hésite pas à faire sortir son héros de Londres (après l’avoir tiré de prison) pour l’emmener jusqu’à un final enneigé en Norvège. On retrouve l’irremplaçable Idris Elba dans la peau du détective tourmenté, mais il a cette fois plus souvent l’occasion de faire appel à ses muscles qu’à ses neurones de mentaliste. Si, comme le veut l’adage, un bon thriller se juge à la qualité de son méchant, celui incarné par Andy Serkis (le Gollum du Seigneur des Anneaux) est un modèle du genre, qui n’est pas sans rappeler celui que jouait le regretté Philip Seymour Hoffman dans Mission Impossible 3. Et si vous voulez alerter vos enfants sur les dangers d’internet le film pourra faire plus que de longs discours. Bref,  Luther : Soleil déchu est un solide film d’action qui devrait ravir les amateurs du genre.

Oscars 2023 : Où voir les films

Cinéma|

Par Ph.D

La 95e cérémonie des Oscars s’est tenue le 12 mars au Théâtre Dolby de Los Angeles (USA).  La comédie fantastique Everything Everywhere All At Once a raflé les principales récompenses (meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure actrice…) ne laissant que des miettes à ses concurrents. Neuf fois nommé, A l’Ouest, rien de nouveau remporte l’Oscar du meilleur film étranger,  tandis que les favoris pour les prix d’interprétation Austin Butler (Elvis) et Cate Blanchett (Tar) cèdent leur place aux outsiders Michele Yeoh (EEAAO) et Brendan Fraser (The Whale). Netfix remporte cette année l’Oscar du meilleur film étranger pour A l’Ouest rien de nouveau et celui du meilleur film d’animation pour le Pinocchio de Guillermo del Toro (Netflix). Cliquez sur le titre des films pour lire la critique et savoir où ils sont visibles.

 

 

Christophe… Définitivement

Cinéma|

Par Ph.D 

Le pitch

Mars 2002, Christophe est de retour sur scène, à l’Olympia. La caméra, amoureuse, capte, fixe des mots, des sons, des couleurs, des instants. Christophe… définitivement est un film en suspension construit comme un concert idéal. Il défait la chronologie et nous transporte des scènes de l’Olympia à Versailles, des coulisses à l’appartement home-studio de Christophe,  où se mêlaient ses passions, ses fétiches, ses trésors accumulés au fil du temps et où naissaient ses chansons…

Ce qu’on en pense

Découvert à Cannes 2022, Christophe… Définitivement n’est pas un documentaire musical classique. Aucune intention biographique ou musicologique ici. C’est plutôt une évocation qu’un portrait, par deux vidéastes (Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia) versés dans le cinéma expérimental et l’art contemporain. Leur caméra suit l’artiste dans les répétitions de son spectacle à l’Olympia (le premier en près de 30 ans) à son appartement-studio-musée (où il recevait la nuit tel un vampire), sans commentaire, interview, ni voix off. On y découvre le chanteur populaire disparu en 2020, entre fébrilité, absences et attention maniaque aux détails.  Un film hors normes pour une personnalité qui l’était tout autant. 

BDE

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Bob, Max, Vinz et Romane, quatre potes, se sont rencontrés en école de commerce en 2001. À l’époque, ils dirigeaient le Bureau Des Étudiants (le BDE) et rêvaient de changer le monde. Mais, 20 ans plus tard, ils n’ont rien changé du tout et la vie les a même un peu séparés… Heureusement, quoiqu’il arrive, ils se retrouvent tous les ans pour un week-end régressif de fête, le week-end « BDE ». Cette année, direction le ski à Val Thorens dans le magnifique chalet que Bob (Michael Youn) a piqué à son beau-père (Gilbert Melki) sans lui dire. Mais, ironie du sort, en station, ils tombent sur les 150 étudiants enragés de leur ancienne école en plein Spring break. Entre duel de générations et fontaine de jouvence, anciens et nouveaux étudiants, vont partir dans une nuit de folie apocalyptique et mettre la station à feu et à sang…

Ce qu’on en pense

Michael Youn est de retour avec cette comédie potache qui louche sur le succès des Babysitting et autres Very Bad trucs. C’est moche, régressif et braillard comme il se doit et cela devrait plaire au public de la fameuse « Bande à Fifi ». Les autres ont plutôt intérêt à aller voir ailleurs s’ils veulent des gags originaux et des situations qu’ils n’ont pas déjà vues cinquante fois dans des films tout aussi ineptes…

César 2023 : Le Palmarès

Cinéma|

Par Ph.D

La 48e cérémonie des César s’est tenue le 24 février 2023 à l’Olympia. Tahar Rahim en était le président, tandis que la présentation était assurée, pour la première fois,  par plusieurs maîtres de cérémonie, dont Leïla Bekhti, Jérôme Commandeur, Jamel Debbouze, Emmanuelle Devos, Léa Drucker, Eye Haïdara, Alex Lutz, Raphaël Personnaz ou encore Ahmed Sylla. Malgré des prestations inégales, ce fut une réussite. Le réalisateur américain David Fincher a reçu un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, des mains de Brad Pitt qui avait fait la surprise de venir à Paris exprès pour le lui remettre.   Avec 6 récompenses (sur 10 nominations), le polar irrésolu de Dominik MollLa nuit du 12  est le grand vainqueur de l’édition.   Si les réalisatrices étaient les grandes absentes des nominations dans les catégories meilleur film et meilleure réalisation, elles se sont largement rattrapé dans les autres catégories et sur scène. Virginie Efira (meilleure actrice), notamment, n’a pas oublié de saluer  Alice Diop (Saint Omer), Rebecca Zlotowski (Les enfants des autres)  et  Alice Winocour (Revoir Paris) dans son discours.  Voici les lauréats des principales catégories (cliquez sur le titre pour lire la critique et voir la bande annonce) 

Meilleure actrice

Virginie Efira pour Revoir Paris

Meilleur acteur

Benoît Magimel dans Pacifiction

Meilleur scénario original

L’innocent de Louis Garrel

Meilleure adaptation

La Nuit du 12 de Dominik Moll

Meilleure réalisation

La nuit du 12 de Dominik Mohl

Meilleur premier film

Saint Omer d’Alice Diop

Meilleur film étranger

As Bestas de Rodrigo Sorogoyen

Meilleur film

La nuit du 12 de Dominik Moll

 

Interview: Guillaume Canet

Cinéma|

Par Marie Aimée Bonnefoy

Guillaume Canet s’est lancé : Il s’est approprié le duo Asterix et Obelix. A écrit pour ces irréductibles gaulois L’empire du milieu une histoire originale qui les embarque en Chine. S’est doté d’un budget colossal en convoquant tous ses potes du cinéma français. Il a donc pris tous les risque,  sans peur ni de succéder à Alain Chabat, ni de confier l’Obelix cher à Depardieu, à Gilles Lelouche. Ni même de se mettre dans la peau du petit Astérix… 

Pouvez vous nous raconter  la genèse de cette aventure ? 

Lorsque mon producteur Alain Attal m’a proposé le projet, je devais m’en tenir à la réalisation. Il est arrivé avec les 20 premières pages du script et j’ai tout de suite vu le film d’aventures dont je rêvais. Ensuite, j’ai écrit une dizaine de versions du scénario avec toujours un cahier des charges à respecter. En fait, je me voyais bien jouer César, un rôle moins important que Asterix. Mais Gilles, qui n’était pas encore pressenti pour incarner Obélix, a déclaré que jouer César face à Marion Cotillard en Cléopâtre faisait un peu redite du film « Rock’n’Roll ». J’ai alors pensé à Vincent Cassel et décrété que le fait de ne pas jouer dans le film était une bonne idée ! »

Pourtant vous interprétez Astérix !

Pour Obélix il fallait succéder à Depardieu qui a fait les quatre premiers films. Un gros morceau pour Gilles  qui a dû soulever de la fonte tous les jours avant le tournage et terriblement grossir! Pour Astérix, c’était sans doute plus facile puisque trois acteurs se sont succédé: Christian Clavier, Clovis Cornillac et Edouard Baer. Nous avons passé en revue un certain nombre de comédiens avant que Jérôme Seydoux, président de Pathé, me conseille d’ interpréter Asterix « le petit qui, comme toi, a toujours raison » j’ai dit oui parce que Gilles est aussi mon ami dans la vie.

Votre nouvel Astérix est une énorme production. Un budget annoncé de 65 millions d’euros. Le plus gros film français de ces dernières années…Avec en arrière plan l’ombre tutélaire de « Mission Cléopâtre » réalisé par Alain Chabat. Il ne fallait pas se planter . C’était stressant ?

De toute façon,  je suis stressé de nature. Et je suis blessé quand je prends des coups comme pour  Lui . Mais, lorsque je me lance dans un projet et encore plus de cette ampleur, je fonce. C’est impossible de faire marche arrière et de se poser trop de questions, si ce n’est de répondre à celles qui se posent au jour le jour. J’ai vu de nombreuses fois le film d’Alain, je n’ai absolument pas voulu l’imiter. Nous avons souhaité donner à Astérix & Obélix: L’Empire du Milieu  une patine moins cartoon. Plus sentimentale. Et nous adresser aussi aux jeunes enfants. L’aventure a duré quatre ans. En raison de l’épidémie de Covid, le tournage prévu en Chine, puis en Grèce et au Maroc, s’est finalement déroulé en Auvergne et à Brétigny-sur-Orge, où le village a été reconstitué…La costumière Madeline Fontaine a effectué un boulot remarquable; les costumes des 400 figurants chinois, par exemple, ont été teints dans des chaudrons avec des pigments anciens, découpés puis cousus à la main. Les grandes batailles, elles,se sont faites grâce au numérique… un travail colossal ! Mais j’y suis arrivé. J’espère que le public va venir dans les salles pour le voir ! »

Le film joue beaucoup sur les anachronismes et les clins d’œil à notre époque. Est-ce pour cela que vous avez convoqué tous les acteurs , humoristes et musiciens français du moment.. 

Pas qu’eux puisque j’ai fait appel aussi à Zlatan Ibrahimovic, l’ancien joueur de foot du PSG dans le rôle d’Antivirus ! Mais vous ne trouvez pas que chacun est bien à sa place ? Marion Cotillard (ndlr :irrésistible ) en Cléopâtre, bien sûr ! Mais aussi Jonathan Cohen, alias Graindemaïs, Jérôme Commandeur, un Abraracourcix, régulièrement recadré par Bonemine, jouée par Audrey Lamy. Angèle, José Garcia, Philippe Katerine (le barde Assurancetourix forcément ! ) Ramzy, Orelsan, Bigflo et Oli et même la musique de Matthieu Chedid, qui, après avoir travaillé avec moi sur  Ne le dis à personne , signe une fois encore une belle bande originale.

 

The Stranger

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Deux inconnus se rencontrent dans un avion. L’un va entraîner l’autre dans une vaste et puissante organisation criminelle, lui offrant ainsi la possibilité de se racheter après un passé violent et de prendre un nouveau départ… Ou pas.

Ce qu’on en pense

Présenté au Certain Regard (la section des films « difficiles ») à Cannes 2022 , The Stranger a atterri  sans crier gare en octobre sur Netflix,  où on ne l’a découvert que plusieurs semaines après. On le doit à l’acteur australien Thomas M.Wright,  qui passe à la réalisation avec ce  polar atmosphérique au rythme lent,  dont le noeud de l’intrigue n’est révélé que dans la dernière partie du film. Porté par le formidable duo d’acteurs formé par Joel Edgerton et Sean Harris, pareillement hirsutes et barbus, le film bénéficie d’une esthétique particulièrement léchée qui tranche avec l’atmosphère sombre et poisseuse qui s’en dégage. Dans le rôle du flic infiltré au bout du rouleau, Joel Edgerton est presqu’aussi inquiétant que « l’étranger » qu’il traite, joué par un  Sean Harris barbu aux yeux illuminés. Le bush australien fournit un cadre idéalement poussiereux et rougeoyant à l’intrigue, inspirée d’une histoire vraie (!).  A voir. 

A l’ouest, rien de nouveau

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Quatre amis d’un village allemand s’engagent avec entrain pour la Première Guerre mondiale. En première ligne, Paul (Felix Kammerer) et ses camarades voient l’euphorie initiale se muer en désespoir et en épouvante quand ils se retrouvent à défendre leurs vies au fond des tranchées…

Ce qu’on en pense

Passé un peu inaperçu à sa sortie en octobre sur Netflix, cette nouvelle adaptation allemande du roman d’Erich Maria Remarque, signée Edward Berger, pointe en tête des visionnages de films sur Netflix depuis sa sélection aux Oscars avec pas moins de 9 nominations : Meilleur film, meilleur film étranger, meilleure bande son, meilleur scénario adapté, meilleure photo, meilleurs décors… Ne manque que la Meilleure réalisation qui serait méritée. Un grand film de guerre, hyper réaliste et immersif, qui n’oublie pas de soigner ses personnages et leur psychologie. Le contexte actuel de guerre en Ukraine- souvent comparée à 14-18-, donne évidemment à cette dénonciation de l’absurdité du premier conflit mondial et de ses horreurs une résonnance particulière. La BO electro bruitiste donne, elle, une grande modernité à la réalisation. Oscar du meilleur film étranger.  

Interview : Brad Pitt

Cinéma|

Par Marie-Aimée Bonnefoy

Brad Pitt, très élégant en costume marron glacé, reçoit la presse dans une suite du Bristol à Paris pour le nouveau film de Damien Chazelle Babylon. Il est accessible, souriant. Heureux d’avoir produit cette reconstitution tonitruante du Hollywood décadent des années 1920 et interprété une star de cinéma en pleine déchéance…

D’après vous, l’univers de Babylon reflète-t -il la réalité de l’époque ?

« J’ai fait des recherches moi aussi. C’est vrai qu’à Los Angeles dans ces années-là, n’importe qui pouvait faire n’importe quoi. Il y avait une absence totale de règles. C’était la liberté dans tous ses excès. Généralement on a une image aseptisée du cinéma muet. Damien Chazelle montre que c’était tout le contraire. Sexe, alcool et drogues… Les acteurs se conduisaient de façon extrême sans retenue ni censure comme le prouve la longue scène d’orgie en ouverture. C’était destructeur sans doute, mais il y avait une énergie de folie.

Parlez-nous de votre personnage, Jack Conrad.

Quand on le découvre à l’écran, il est un acteur du muet au sommet de sa carrière, juste avant la transition vers le cinéma parlant. A ce stade il est passionné par son métier même s’il en est à son cinquième mariage… Les ennuis viendront plus tard  quand le cinéma fera la grande bascule ! C’est pourquoi, au cœur de « Babylon », il y a ce questionnement sur le déclin des stars de cinéma…Ce personnage est l’un des meilleurs rôles de ma carrière.

Les stars déclinent mais les films restent…Vu le nombre de films à votre actif et la pluie d’éloges que vous recevez, pensez vous laisser une trace dans l’histoire du septième art ?

Franchement je ne me pose pas la question ! Je savoure juste ma chance de faire partie du monde du cinéma et de pouvoir raconter des histoires, que ce soit sur Hollywood ou sur d’autres sujets. Pour citer le personnage de Manny (incarné par l’acteur Diego Calva) « je veux faire partie de quelque chose de plus grand que moi, de quelque chose qui a un vrai sens et qui va être éternel ». Moi,  je suis juste un passeur ».