En procès avec son ancienne maison de disque, Stephan Eicher n’avait plus sorti d’albums de chansons originales depuis des années. Son cas enfin réglé, il s’est empressé de publier celles qu’il avait continué d’écrire avec (ou sans ) son complice habituel, l’écrivain Philippe Djian. Résultat, ce disque de «chansons sdf», sur lesquelles l’helvète underground s’est permis des expérimentations qu’il n’aurait peut-être pas osées dans l’optique d’un nouvel album. Certaines pourront dérouter, mais l’ensemble donne un disque inspiré et d’une grande richesse musicale. On mesure en l’écoutant combien il nous avait manqué et on a hâte de les écouter en live lors de la prochaine tournée qui s’arrêtera en novembre au théâtre Anthéa à Antibes.
Stephan Eicher
Homeless Songs
(14 titres Polydor)
Sortie : 20 septembre 2019
Ferrandez : Orients perdus
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Aves Les Orients perdus, l’azuréen Jacques Ferrandez renoue avec l’aventure historique dans un imposant diptyque, magnifiquement mis en couleurs à l’aquarelle, à la façon de ses Carnets d’Orient. C’est l’histoire romancée de Théodore Lascaris, un jeune Niçois issu d’une grande famille, descendant des empereurs de Byzance, qui quitte Nice envahie par l’armée révolutionnaire en 1792 et va connaître en Orient un destin extraordinaire. La biographie dessinée d’un jeune homme insouciant, peintre et musicien, qui rejoint en 1798 la campagne d’Égypte aux côtés de Napoléon Bonaparte et devint aventurier et espion. Un superbe travail de documentation et de mise en image, dont certaines planches sont exposées au musée Lascaris de Nice. A noter qu’une édition spéciale Nice de la BD, avec couverture alternative et cahier graphique inédit, est en vente au musée pendant la durée de l’exposition.
Mauvignier : La maison vide
ça vient de sortir|
Par MAB
La Maison vide de Laurent Mauvignier est un pavé. 743 pages, exactement. Comme est un pavé Kolkhoze d’Emmanuel Carrère. Les deux ouvrages, très proches l’un de l’autre par leur récit familial à la première personne, sont dans la petite liste du Goncourt et de ce fait, déjà en tête des ventes. Donc à lire, en principe. Si l’on a opté cette semaine pour La Maison Vide c’est que ce roman ambitieux a le charme de la pudeur et de la modestie. Là ou Kolkhoze, incontestablement brillant, est parfois assommant de références historiques et littéraires. Agaçant d’ « en même temps » entre admiration et haine pour sa famille. Evidemment, ce n’est pas par son originalité que La maison vide séduit tant . Il s’agit encore et encore, comme Kolkhoze et les autres, d’une saga familiale sur un siècle et demi. Mais c’est ainsi: même si Mauvignier affirme que cette demeure terrienne qu’il décrit dans les moindres détails n’existe que dans son esprit, elle parait parfaitement authentique au lecteur. Il y croit et reconnaît même entre les lignes la vie de ses propres aïeux . « C’est un livre écrit à hauteur d’enfant, né des récits que j’ai entendus quand j’étais petit » ou autrement dit, la vie lente et parfois violente d’une famille paysanne, attachée à ses terres, obligée aux devoirs et aux conventions de génération en génération. A l’origine de ce besoin d écrire, un père taiseux qui se donne la mort alors que Laurent n’avait que 16 ans et un piano abandonné dans une maison de famille. Suit, alors, une enquête sur la branche paternelle qui fait revivre trois générations de femmes. Avec comme figure centrale, l’arrière grand-mère, Marie-Ernestine, passionnée par la musique des compositeurs allemands. Tout est raconté en différentes couches, traversées par l’histoire intime et la grande histoire; la guerre de 14, notamment, et les femmes qui ont dû remplacer les hommes à la ferme. L’ écriture est souple, naturelle.
Fluide et rythmée. Le roman est long mais très accessible. Il pourrait être adapté en série. Attendons les prix…





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