Fort de sa précédente Mouture, Frontier Developments revient avec un jeu de gestion extrêmement complet, qui corrige les erreurs de son aîné pour proposer une expérience immersive. Mais attention…. comme le titre le suggère, le jeu s’adresse aux fans de management … Et uniquement à eux. L’idée est de faire entrer le gamer dans la peau d’un directeur d’écurie de Formule 1 et de lui faire gérer l’ensemble des paramètres liés à ce job, ô combien prestigieux. Problèmes budgétaires, caractères des pilotes, importance du staff, temps accordé au scouting, développement de nouvelles pièces et bien entendu préparation de chaque course sont à l’ordre du jour. Entretenir une bonne communication avec ses sportifs est également indispensable et mieux vaut donner les bonnes directives et savoir gérer les risques pour espérer monter sur le podium. Complet, avec l’ensemble des licences et des objectifs différents selon l’équipe que l’on prend en main, F1 Manager 2023 vaut autant par sa carrière que par ses scénarios à résoudre, inspirés de vraies situations. Un temps d’adaptation est, par contre, nécessaire pour maitriser toutes les subtilités de cette production parfois austère dans sa forme (mais cela vaut aussi pour Football Manager), qui ravira tous les Jean Todt virtuels !
F1 2023
(Frontier Developments)
Sortie
Août 2023
Amine Kessaci: Marseille…
ça vient de sortir|
Par MAB
Le récit, paru aux « Bruit du monde« , est un flot de paroles. Douleur et colère ont tenu la plume d’un lamento qui dit combien, Amine Kessaci, 22 ans, est en combat contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Ses mots sont d’abord adressés, post mortem, à Brahim, le frère aîné et aimé, enterré à Alger, après avoir été exécuté en 2020 dans le quartier Nord, brûlé dans une voiture : « Nous avons des comptes à régler, Brahim. Dis leur aux minots qui franchissent la porte du non retour, que le narcotrafic c’est le diable. Dis leur que tu étais vivant et que maintenant tu as rejoint l’armée des morts« . Amine sait que sa mère « n’a jamais lâché« . Que, malgré le danger, elle allait récupérer Brahim dans les points de deal. Préferant « qu’il lui en veuille, plutôt que de le perdre. » Qu’elle était en lutte elle aussi, comme toutes les mères courage des cités. Il sait aussi que son père, plus taiseux et plus honteux, a fait ce qu’il a pu. Il connaît la triste humilité des hommes.. Il sait aussi, le désespoir des profs face à ce décrochage scolaire qui mène à la consommation, puis à la vente de la drogue. « Il faudrait dresser des statues aux enseignants » écrit-il. C’est donc vers les pouvoirs publics que se tourne sa colère. Pour lui, ils sont au mieux indifférents. Au pire satisfaits que « l’ on parle de dealers plutôt que de chômage. De la violence des cités, plutôt que des coupes budgétaires. D’un ennemi intérieur, plutôt que de la faillite d’un modèle« . Son texte est puissant, engagé, motivé. A l’heure où il l’écrivait, Amine attendait le procès de ceux qui avaient tué son frère aîné. Il y racontait les résistances de celles et ceux qui chaque jour refusaient de baisser les bras. Devenu un symbole à Marseille, il créait « Conscience« , un parti politique qui ne renie ni son identité, ni son quartier. « Tant que la fierté nous habitera, nous vivrons.Tant que nous marcherons la tête haute, en rang serré rien ne pourra nous abattre« . Même pas la mort atroce de Mehdi, en 2025. Le petit frère adoré, assassiné pour avertissement après la parution du livre. Insondable tristesse pour Amine qui jamais n’abandonnera la lutte .Il le dit à visage découvert..Son immense courage mérite soutien et protection !
Ian Manook : Gangnam
ça vient de sortir|
Par MAB
Ce qui rend Gangnam de l’écrivain français Ian Manook (pseudo de Patrick Manoukian) si particulier, c’est sa façon d’utiliser le polar comme prétexte à une découverte de la Corée du Sud, partagée entre tradition et modernité. Dès les premières pages, le paysage est là : la pluie diluvienne qui tombe en rideau sur les ruelles étroites et moites ; les hommes en costume serré et les gamines en cosplay. Et plus loin, les néons clignotants, les parcs florissants et les croisements géants qui mènent à des tours d’une hauteur impressionnante. Les autres sens, bien entendu, se mêlent à la vue : le crépitement des échoppes à fritures sur les trottoirs, la foule bruyante et vite énervée, l’odeur pestilentielle du marché aux poissons; Voire le goût des plats savoureux nommés en coreen par l’auteur. Gangnam est un livre, bien sûr, mais son style est celui d’ un documentaire aussi réaliste que poétique. Lire l’ouvrage, c’est faire un voyage au pays du matin pas si calme, sans quitter son canapé. Une aubaine pour les écolos et les peu aventureux que l’intrigue qui suit, ne va pas encourager au déplacement ! Car Gangnam est surtout un polar: Dès son premier jour à Séoul, une touriste française est enlevée. Aussitôt, l’ex-policier mafieux surnommé Gangnam prend en charge le mari éploré et mène une enquête officieuse, aidé qu’il est par une jeune inspectrice nourrie aux dramas et mangas. Mais alors qu’ils tentent tous trois d’expliquer l’improbable kidnapping, le mystère s’épaissit davantage lorsque l’idole absolue de la K-pop se suicide en laissant une étrange lettre d’adieu. L’ex flic, se résout, alors, à demander l’aide du dragon de la mafia historique, déclenchant une véritable guerre des clans… Tout est donc là dans ce thriller ultra détaillé et documenté : la beauté des lieux et l’horreur à chaque coin de rue ; les coutumes ancestrales et l’avenir incertain d’une jeunesse acculturée, le désir de vivre et l’obsession de la mort, le respect des ancêtres et la violence parfois insoutenable de mafieux sans foi ni loi. C’est passionnant. Une incitation à découvrir les autres ouvrages de Manook.






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