Beigbeder : Confessions

//Beigbeder : Confessions

Beigbeder : Confessions

Par MAB

Il a tout : une enfance à Neuilly, des diplômes, du talent, la célébrité et l’argent. Depuis quelque temps, il a aussi l’amour et la bague au doigt. Et pourtant ce pauvre Frédéric revendique le droit d’être, lui aussi, une « victime ». Il faut oser par les temps qui courent ! Oui, Beigbeder l’écrit et le prouve dans ses « Confessions » : « Longtemps j’ai cru que la vie était une fête ; passé la cinquantaine, elle est un interminable lendemain de cuite ». Le pauvre ! Malin, il prend d’ailleurs soin de préciser à ses détracteurs : « Passez votre chemin si vous cherchez ici autre chose qu’un homme qui tente de se comprendre ». Donc, si vous êtes agacé par cet enfant gâté mal dans sa peau, ne lisez pas cet essai. En revanche si cet écrivain – car c’en est un- vous touche par sa façon Rousseauiste de se donner à voir sans fard. Si vous êtes sensible à son autodérision, si vous comprenez son narcissisme et son complexe supériorité- infériorité… Alors n’hésitez pas à découvrir les dernières jérémiades et provocations de ce « jeune con devenu un vieux con ». En tête des cinq chapitres: « un attentat à la peinture fraîche», un matin de 2018 sur la façade de sa maison basque. Le fils de pub a signé une pétition contre la pénalisation des clients de prostituées. Il le paie par des graffiti haineux le traitant de « violeur » et de « salaud ». Un choc psychique qui lui aurait provoqué amaigrissement et diabète. Ensuite, ce sont ses adieux à la coke dont il a abusé : «Le bromure des têtes à claques qui rend bavard mais impuissant ». Des lignes utiles, elles ! Puis changement de registre avec sa retraite spirituelle – brève, il est vrai- dans le monastère de Lagrasse auprès d’hommes agenouillés qui l’aident à tenir debout. C’est drôle et inspirant. Avant un séjour désopilant (mais que faisait-il là?) dans un régiment de Fréjus qui lui permettra de gloser à l’aise de la colonisation, la décolonisation et l’humanitaire… Enfin, vient son omniprésent, torturant voire effrayant désir de toutes les femmes. Des pulsions incontrôlables que seuls le mariage et le véritable amour ont permis de contenir ! Des « vérités » trop personnelles qui partent dans tous les sens ? Des clichés conservateurs qui enfoncent des portes ouvertes ? Et puis pourquoi démolir Annie Ernaux…Mais c’est parfois lumineux et il n’oblige personne à lui donner l’absolution.

By |mai 10th, 2023|Categories: ça vient de sortir|0 Comments

About the Author:

Leave A Comment

six + cinq =