Crock of Gold

//Crock of Gold

Crock of Gold

Par Ph.D

Contrairement à ce que pourrait laisser penser la consonance franglaise du titre, Crock of gold ne fait pas référence à aux dents en or que le chanteur édenté des Pogues, Shane MacGowan, auquel est consacré ce biopic,  s’est résolu à se faire implanter à la place du trou béant qu’il arbora toute sa carrière. « Crock of Gold« ,  c’est le coffre au trésor que Julien Temple, grand spécialiste de la bio rock (The Great Rock’n’roll Swindle, Absolute Beginners, Joe Strummer, The Ecstasy of Wilko Johnson… ) s’était fait fort de parvenir à ouvrir en interviewant le chanteur «Irascible, insoluble, exaspérant, fascinant, épouvantable, irritant, belliqueux, comateux, acariâtre, cadavérique, impossible, imparable » (sic). Un pari audacieux vu l’état du bonhomme. Au concert organisé en 2017 par Johnny Depp (qui a aussi produit le film) pour ses 60 ans, MacGowan  était arrivé un verre à la main (normal),  mais sur une chaise roulante. Sa santé ne s’est pas améliorée depuis : les interviews du film le montrent somnolant,  voire légèrement bavant, la tête penchée sur le côté, enfoncé dans sa chaise roulante, ne sortant de son semi coma éthylique que pour balancer une vacherie de poivrot pontuée d’un rire en forme de sifflement asthmatique. Il faut dire que l’ex-chanteur des Pogues n’a pas ménagé son organisme, ajoutant à un alcoolisme précoce (la Guinness quasiment au biberon ça laisse des séquelles) une addiction à l’héroïne et à diverses autres substances,  dont la colle. On s’étonne même qu’il soit encore vivant. Heureusement, Julien Temple prend soin de filmer plutôt ses interviewers (sa jeune femme, Johnny Depp, Bobbie Gillespie…) et sa sœur , voire un dictaphone sur lequel le chanteur a enregistré ses mémoires, pour raconter sa vie et sa carrière, entrecoupant ces séquences avec des images de concert, d’actualités irlandaises, d’anciennes interviews, de dessins animés (dont un génial de Ralph Steadman, le  fameux comparse d’Hunter Thompson) et une reconstitution en noir et blanc de sa jeunesse dans la campagne irlandaise. De quoi occuper deux bonnes heures d’un portrait-filmé, classiquement chronologique (enfance, débuts, succès, séparation des Pogues et déchéance), qui intéressera surtout les fans,  mais donnera peut-être aux autres l’envie de réécouter les  chansons de Shane MacGowan,  « sauveur » de la musique irlandaise et parolier inspiré.

By |juin 19th, 2021|Categories: Cinéma|0 Comments

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