Houellebecq : Anéantir 

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Houellebecq : Anéantir 

Par MAB

Pas de hasard dans les choix des prénoms et patronymes: Si les personnages principaux de tous les romans de Michel Houellebecq se nomment Paul, cette fois son nom de famille est  Raison. Il a 47 ans, l’âge de la crise de milieu de vie, et mène une existence terne et mécanique de haut fonctionnaire. Son épouse, énarque comme lui – qu’il croise désormais sans un mot ni un geste dans leur grand appartement parisien – a pour prénom Prudence. Quant au ministre du budget, le patron de Raison, il s’agit de Bruno Juge. Bruno comme Le Maire et Juge sans doute parce que le romancier en fait une belle personne, travailleur acharné et vrai démocrate. Évidemment, autour de ces personnages, en évolueront beaucoup d’autres : le père de Paul, par exemple, foudroyé dès les premières pages, par un AVC. Sa sœur, la pieuse Cécile et ses jolies et chastes filles, Les enfants à problèmes de Bruno. Et Madeleine , la formidable « aidante » du père de Paul… Ajoutons que nous sommes en 2026 Au début d’une campagne présidentielle, ravagée par des cyberattaques et minée par les animateurs de téléréalité…. Et alors ? Chez Houellebecq du nouveau ? Pas vraiment. Mais c’est sans doute ce qui plaira à ses fans. Toujours ce style neutre et fluide. Toujours ce souci du détail dans l’observation de ses concitoyens . Plus que jamais le besoin de mettre la France sous nos yeux à la manière de Jérôme Fourquet mais façon romanesque. Citant minutieusement les us et coutumes des grands de ce monde et des miséreux; pointant du doigt l’augmentation des inégalités, la mort lente des petites villes et la disparition de la classe moyenne. D’ailleurs, on s’ennuierait presque à retrouver tous ses procédés narratifs, ses descriptions minutieuses, ses digressions sociologiques et philosophiques. Mais Michel sait y faire : En amont, il garde son mystère, intrigue par le titre et incite à le lire par cette édition cartonnée sous blister. Pendant la lecture, il retient en permanence notre envie de laisser tomber son pavé, nous séduit autant qu’il nous irrite, nous fait rire. Et au final, termine par des moments encourageants et apaisants sur la vie, la mort et l’amour retrouvé. En somme, identique à lui-même en un tout petit peu moins sombre. 

By |janvier 21st, 2022|Categories: ça vient de sortir|0 Comments

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