Par MAB
Ils sont trois personnages principaux à correspondre via les réseaux sociaux: Oscar, 43 ans, écrivain féru de rap, longtemps ignoré et désormais célèbre. Rebecca, actrice flamboyante qui eut son heure de gloire avant d’être rattrapée par l’âge et Zoé jeune attachée de presse de trente ans, surfant sur la vague #metoo. Les liens peu amènes qui les unissent sont complexes. Or, leurs échanges au départ très agressifs deviennent de plus en plus pacifiés et argumentés. Ils permettent d’aborder avec une relative humanité, tout ce qui a bouleversé la société contemporaine. A travers les lignes de Zoé, blogueuse féministe radicale, il sera question de harcèlement. Avec celles de Rebecca seront développés les thèmes de la célébrité et du vieillissement. Quant à Oscar, dépendant de la drogue et inscrit aux narcotiques anonymes, il s’interrogera sur le sens à donner à sa vie, tentera de définir ce qu’est la masculinité et cette séduction trop pressante, dont l’accuse Zoé. Mais dès lors que ces blessés de la vie, passent de l’injure à la bienveillance, ils se sauveront les uns, les autres. Despentes prouvant ainsi que les interactions sociales, fussent elles toxiques, permettent d’éviter l’enfermement et la rumination.. Cher Connard est donc le nouvel ouvrage de la romancière très attendue de Baise moi et de la trilogie des Vernon Subutex. Dans ce roman épistolaire ultra contemporain, l’écriture est nerveuse, radicale, dopée à l’air du temps et à l’expérience de l’auteure. Exceptées quelques longueurs – notamment quand Despentes s’attarde sur la dépendance de ses personnages à la drogue – le récit est fort . A l’instar de ceux de Houellebecq , il permet de faire le point sur la France d’aujourd hui et pousse à la réflexion voire au débat. Un des livres importants de cette rentrée littéraire.
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