(Photo Dominique Jaussein)
Une jeune orpheline subit le harcèlement de sa belle-famille et s’en libère en épousant le prince le plus convoité du royaume… Tout le monde connaît l’histoire de Cendrillon. Peu de contes ont atteint un tel degré d’universalité tant la situation exposée nous semble familière et les émotions en jeu intemporelles. La grande qualité de l’adaptation de Thierry Malandain pour le ballet Nice Méditerranée est justement d’en proposer une lecture épurée sans rien perdre de cette universalité. Le chorégraphe utilise un vocabulaire classique dont la clarté et l’esthétique balaient le superflu pour nous laisser apprécier la psychologie des personnages. Cette sobriété, on la retrouve dans la scénographie, en un tableau, qui fuit la multiplication des décors et des accessoires, excepté un mur de chaussures à talons aiguilles qui tapissent l’arrière-scène et servent d’écrin à l’ensemble du ballet. Thierry Malandain s’est attaché à valoriser les contrastes pour mieux dépeindre cet univers où la beauté innocente de Cendrillon côtoie la laideur de sa belle- mère et de ses filles. Le chorégraphe a imaginé à travers ce dernier trio (interprété par des hommes) un concentré de ce que l’humanité a de plus sombre. Égocentrisme, humiliation, idiotie… le tout incarné par des corps malades qui assument la part effrayante du conte pour enfants. Quel contraste avec Cendrillon dont la beauté n’a d’égale que sa douceur et sa retenue ! Pendant tout le ballet elle apparaît comme une tâche de blanc posée sur une toile noire. Lors du fameux bal, sa simplicité et sa luminosité prennent toute leur force…
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