Par MAB
Une confession franche et sans appel. Depuis quatre ans, Ovidie, fait grève. Non pas celle des transports – quoique – mais celle du sexe. En reprenant en titre de son brûlot paru chez Julliard, un inoubliable vers de Stéphane Mallarmé, « La chair est triste, hélas », elle déclare ouvertement et « définitivement » la guerre à l’ hétérosexualité. Façon pour elle de se révolter contre « des millénaires de domination masculine et d’amants autocentrés » et de rejoindre avec talent et intelligence, la fureur antimasculine des temps présents. Elle est jeune pourtant: 41 ans. Mais celle qui aime la compagnie des chiens au point de leur organiser un festival de films à Cellefrouin, accumule dans son livre toutes les raisons qui l’ont amenée à haïr le mâle dominant : « j’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les égos fragiles . A toutes les fois où mon plaisir était optionnel … À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune... A cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles… sans doute par peur d’être abandonnées ». Son essai qu’elle définit comme « une série d’uppercut dans le vide » brise ainsi des millénaires de tabou. Publié dans une collection dirigée par Vanessa Springora, il ne va pas plaire à tout le monde. L’autrice et réalisatrice y est crue, directe, vindicative. Ce faisant, elle sème le trouble et ouvre une discussion utile, brillante et profonde qui ne laissera personne indifférent. Il faut le lire et reconnaître que, oui, beaucoup d’hommes sont égoïstes, goujats, infidèles. Oui, dans la sexualité, le corps de la femme est souvent malmené. Bien sûr qu’il faudrait que cela change. Mais c’est en train de se faire. En attendant on pourrait répondre à Ovidie et Mallarmé par ces vers du romantique Musset : « j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois, mais j’ai aimé ».
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