Cannes 2024: Part 6

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Cannes 2024: Part 6

Par Philippe Dupuy

Il a fallu attendre le dernier jour pour que la compétition prenne un peu de « substance »,  avec l’entrée en lice de Michel Hazanavicius  (La plus précieuse des marchandises) et, surtout, de l’iranien Mohammad Rasoulov avec La Graine du figuier sacré. Le premier est une adaptation animée du conte éponyme de Jean-Claude Grumberg sur la Shoah. L’histoire d’un bébé laissé sur les rails par son père au moment de monter dans le train de déportation et recueilli par une famille de bucherons. Dans le conte, la Shoah n’est jamais nommée. Dans le film, à la direction artistique très vintage, les camps sont montrés. L’option divise, mais le résultat est probant. L’émotion, si souvent absente des films en compétition, est au rendez-vous. Arrivé d’Iran quasiment à pied (il s’est enfui après avoir été condamné à 8 ans de prison et à la flagellation), Mohammed Rasoulov a frappé un grand coup avec La Graine du figuier sacré , qui mélange documentaire et fiction autour du mouvement Femmes Vie Liberté. Le film met en scène la famille d’un juge dont les filles défendent le mouvement alors qu’il est lui -même commis à condamner ses partisans. Avec ce drame familial poignant et d’une actualité brulante, le réalisateur d’Un Homme intègre et de Le Diable n’existe pas s’impose, au finish, comme le meilleur prétendant à la Palme d’or.

Avant cela,  on aurait plutôt parié sur la réalisatrice indienne Payal Kapadia dont le premier film, All We Imagine As Light , est une petite merveille de sensibilité. L’histoire de trois femmes de trois générations différentes qui travaillent dans le même hôpital de Bombay et doivent composer avec la pauvreté, le mal logement et la dureté de la condition féminine en Inde. Un pays que la réalisatrice filme admirablement. L’actrice principale, Kani Kusruti,  mériterait un prix d’interprétation mais les candidates sont nombreuses. Dans cette sélection décidément très francophile, Gilles Lellouche avait réuni le casting le plus avantageux. A part Pierre Niney (qui avait un blockbuster « Qualité France » à tourner avec  Le Comte de Monte Cristo),  tout ce qui compte dans le jeune cinéma français est à l’affiche de L’Amour Ouf. A commencer par Adèle Exarchopoulos et François Civil qui forment le couple maudit de cette vaste fresque amoureuse de 2h20,  surchargée comme une mini série de TF1. Succès public prévisible en salles, mais sélection risquée en compétition : le film obtient la plus basse note au palmarès de la presse internationale. N’est pas Jacques Audiard qui veut.  Heureusement, la master class de George Lucas a mobilisé la critique festivalière et l’a empéchée de s’acharner sur le film. Le père de Star Wars recevra une palme d’honneur lors de la cérémonie de cloture, où Emilia Perez reste notre favori.

 

 

By |mai 25th, 2024|Categories: Cinéma|0 Comments

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