Par MAB
Jérôme Ferrari est de retour, pour le meilleur. Douze ans après « Le Sermon sur la chute de Rome » qui lui valut le Goncourt et six ans après « A son image » (dont l’adaptation au cinéma par Thierry de Perreti sortira le 4 septembre ), Il s’impose en cette rentrée littéraire avec « Nord Sentinelle ». Un roman aussi singulier que les précédents et qui porte lui aussi un regard aiguisé sur la Corse d’aujourd’hui, même si il n’en n’est jamais fait mention. Les temporalités , les genres et les registres y sont variés. C ‘est la marque de fabrique de Ferrari. Il s agit même d’une succession de mini contes ou la noirceur – et parfois le surnaturel – le dispute au grotesque. Mais il est bien question, pourtant, d’une tragédie banale et absurde, comme il en arrive dans ce territoire farouche. Un soir d’août, sur le port d’une station balnéaire non définie, le fils d’une famille de notables, Alexandre Romani, vingt-trois ans, poignarde Alban Genevey, un étudiant en médecine qui vient chaque été dans la région. Ce drame, et le fait dérisoire qui l’a provoqué, c’est Philippe, un ami de la famille Romani qui le raconte. Son récit est éclaté, noir, caustique et souvent drôle. Outre qu’il souligne avec pessimisme une certaine forme de médiocrité et de cupidité collectives, il pointe également du doigt, les méfaits du tourisme de masse. « Nul besoin de prophétie pour savoir que le premier voyageur apporte toujours avec lui d’innombrables calamités » fait dire, Jérôme Ferrari, à son narrateur. D ailleurs si le titre du roman « Nord Sentinelle » fait allusion à cette île du golfe du Bengale qui se défend farouchement des intrus, son sous titre est « Contes de l’indigène et du voyageur » Lisez- le, il est surprenant.
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