Par Ph. D
Le programme du Nice Jazz Festival 2024 a été dévoilé tardivement. C’est que beaucoup de choses ont été modifiées depuis la précédente édition, à commencer par le nom (contracté en Nice Jazz Fest) et la date. Le festival a, en effet eu lieu cette année du 20 au 23 août pour ne pas se télescoper avec les Jeux Olympiques et le Tour de France. La durée reste la même (4 soirées), mais l’espace est étendu entre la Place Masséna et le Théâtre de Verdure pour accueillir jusqu’à 12 000 spectateurs par soirée, avec une offre de restauration diversifiée (un vrai restaurant-guinguette a même été ouvert autour du kiosque à musique ) et une garderie d’enfants (quelle bonne idée !). Plus d’espace, bonne prog, bon son , bonne ambiance : l’ensemble nous a laissé une impression positive. Seul défaut de la nouvelle configuration (avec entrée par la Prom, près du théâtre de verdure) : l’espace de restauration entre la scène Massena et le théâtre de verdure est moins sympa qu’avant, on peut y manger et commander à boire mais pas s’assoir ! Pour dîner ou chiller entre deux sets, il faut aller jusqu’au « village », qui est assez éloigné de la scène principale. Autre point noir : l’espace presse, réduit à la portion congrue, est indigne d’un grand festival. Côté affiche, parmi les 24 artistes invités, on notait un net rajeunissement de la programmation vers les musiques urbaines et l’absence de variétés françaises. Un choix qui a sans doute pesé sur la fréquentation : seul Phoenix a rempli à ras bord le nouvel espace Massena. Retour sur la programmation jour par jour :
- Mardi 20 août : Dabeull – Nas – Louis Matute – The Sacred Souls – Isaiah Collier & the Choosen Few
- La première soirée du festival a tenu ses promesses. Une prog trés funk, marquée par les prestations des français de Dabeull et (surtout) de The Sacred Souls, qui ont enflammé le théâtre de verdure. Sur la même scène, Isaiah Collier, qui joue le visage couvert d’un étrange « masque de fer », a presque ressuscité Coltrane avec ses Choosen Fews. A Massena, le rappeur vétéran new-yorkais Nas, tête d’affiche de la soirée, a donné le minimum syndical (1h00 et basta) pour un set « old school », en trio chant- DJ- batterie, centré sur son premier album paru en… 1994. Mémorable (l’homme est une légende du rap), mais pas inoubliable.
- Mercredi 21 août : Jungle – Jordan Rakei – Omah Lay – Stella Cole – Alfredo Rodriguez – Kenny Garrett
- Jeudi 22 août : Julien Granel – Sampha – Phoenix – Arnaud Dolmen & Le Vitygroove – Theo Croker – Monty Alexander
- Trés attendu après sa prestation « Olympique », Phoenix avait sorti l’artillerie lourde pour la troisième soirée du festival. Gros son et grosse ambiance scène Massena avec un Thomas Mars survolté qui a fini dans la fosse, marchant sur la foule. Avant cela, Julien Granel avait transformé l’espace en dance floor de night-club et Sampha avait donné une prestation sympa. C’est au théâtre de verdure qu’on a entendu les choses les plus intéressantes. On a craqué pour Theo Croker et Monty Alexander en trio nous a régalé à l’ancienne avec son jeu de piano aérien.
- Vendredi 23 août : Rejjie Snow – Meute – Yamê – Kareen Guiock Thuram – Leon Phal – Jon Cleary
- Programmé sur la grande scène en première partie de soirée notre chouchou de l’édition, le rappeur irlandais Rejjie Snow se demandait un peu ce qu’il faisait là. Mais il kiffé le moment et régalé ses fans avec son rap nocturne et cool, avant que la fanfare techno de Meute ne mette l’espace Massena littéralement à genoux. Rap encore avec le franco-camerounais Yamé qui a mis du coeur à l’ouvrage pour la clôture du NJF 2024, mais n’a pas rameuté la grande foule comme l’ésperaient les organisateurs. Côté théâtre de verdure, Jon Cleary a joué les prolongations pour le plus grand plaisir du public avec son rhythm’n’blues du bayou louisianais. Avant lui, le Français Leon Phal avait fait découvrir toutes les facettes de son jazz moderne et élégant. Une découverte de plus à l’actif du Nice Jazz Fest.
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