Par Ph.D
C’est l’histoire d’un gamin de 21 ans, Inès Benazzouz alias Inoxtag, qui a tellement bien réussi comme streameur (de jeux vidéo d’abord, puis de lui même) qu’il avait besoin d’un nouveau défi. Ce sera l’Everest ! Difficile de viser plus haut quand on vit comme un geek dans la salle de bains de la maison parentale (par flemme de chercher un logement décent), qu’on se couche à pas d’heure les yeux explosés d’avoir monté trop de vidéos, qu’on se nourrit de n’importe quoi n’importe quand et qu’on n’a quasiment jamais fait de sport de sa jeune vie. Même en y mettant les moyens (financiers, qu’on imagine énormes), le défi avait tout d’une mission impossible, voire suicide. C’était compter sans la passion du jeune homme, sa tenacité et sa foi en la philosophie kaizen : progresser toujours, un pas après l’autre. En 6 mois d’entrainement intensif, le « no life » est devenu un alpiniste accompli capable de grimper les plus hauts sommets des alpes et un premier sommet himalayen, antichambre de l’Everest. Six mois encore et le voilà au pied de la plus haute montagne du monde, accompagné de l’équipe de tournage et d’un guide de haute montagne, Mathis Dumas, presqu’aussi jeune et passionné que lui, à peine plus expérimenté. Kaizen est aussi l’histoire d’une amitié , née dans la souffrance des ascensions successives. Le film est trop long (près de trois heures !), souvent complaisant, mais le montage est dynamique et les images sont superbes. Etonnament immersif, il donne une bonne idée de l’incroyable difficulté de pareille ascension et des dangers auxquels sont confrontés ceux qui s’y risquent. On apprend pourtant, interloqués, que le toit du monde est plus fréquenté qu’une rame de métro parisien aux heures de pointe et qu’il faut faire la queue pour y accéder, dans des conditions d’insécurité effarantes. On voit aussi les ravages de « l’himalayisme » , avec les monceaux de détritus laissés par les cordées dans les camps successifs et on a un léger aperçu de la dure condition des sherpas qui accompagnent les grimpeurs. Le but d’Inoxtag n’était pourtant pas de dénoncer les méfaits du surtourisme, ni d’inciter ses millions d’abonnés à se lancer, comme lui, à la conquête de l’Everest. Mais plus modestement de leur donner envie de lâcher leurs consoles et leurs écrans pour découvrir le vrai monde et se faire des amis. Louable intention ! 300 000 spectateurs se sont rués dans les salles qui ont projeté le film les 13 et 14 septembre et 20 millions d’internautes l’ont déjà visionné sur Youtube, où il est en accès libre. TF1 devrait le diffuser le 8 octobre après Koh Lanta. Regardez-le, il en vaut la peine.
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