Par MAB
Huit ans après Petit Pays, son premier roman au succès foudroyant que l’on sait, Gael Faye qui vit désormais à Kigali, revient sur le terrible génocide Rwandais. « Aucun des deux n’est autobiographique« , précise t-il. « Et le deuxième n’est pas la suite du premier« . Pour autant, son écriture n’a pas changé. Même simplicité dans le vocabulaire, toujours très précis. Même modestie dans l’approche des faits passés et présents. Même délicatesse pour explorer la mémoire meurtrie de son pays d’adoption. De ce fait, comme Petit Pays, Jacaranda peut être lu dès l’adolescence. D’ailleurs, Milan, le narrateur, a 12 ans quand s’ouvre le récit. Son père est français et sa mère Tutsi. En ce mois de juillet 1994, alors que le génocide prend fin, ils vivent à Versailles. C’est, donc, à la télévision que le garçon découvre des images de mort et d’exode. Interrogée, sa mère, qui parle en kinyarwanda au téléphone, refuse catégoriquement de lui parler de sa terre lointaine. D’années en années, à l’occasion de plusieurs déplacements au Rwanda, Milan va alors mener son enquête et lever les mensonges et les non-dits. Là- bas, il s’adapte à de frustes conditions de vie. Retrouve Claude, l’enfant recueilli à Versailles. Se lie d’amitié avec Sartre qui, en son « Palais » egayé de musique et de fêtes, loge tous les orphelins des rues. Découvre la famille maternelle et de discussions de plus en plus franches, fait émerger des vérités effroyables… C’est ainsi que de révélations en révélations – Ni les pères Blancs, ni les scientifiques belges, ni la France ne sont épargnés – Gael Faye racontera le Rwanda des années cinquante jusqu’au confinement de 2020. Au delà d’une volonté didactique, son message est clair: à l’heure de la réconciliation, ne pas oublier et raconter, ce n’est pas appeler à la vengeance.
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