Par MAB
La romancière et cinéaste Christine Angot ne respecte jamais longtemps les consignes. Alors qu’elle a choisi pour la collection « Ma nuit au musée » une immersion nocturne à la Bourse de Commerce, la fondation parisienne de François Pinault, la voila qui introduit son ouvrage par le musée municipal de Chateauroux, lieu où elle a (mal) grandi. Pas étonnant ! Pourtant la commande des éditions Stock était précise. Il lui fallait comme d’autres auteurs avant elle, passer une nuit entière dans le musée de son choix et tirer un récit de cette aventure artistique. Christine n’est pas emballée. Elle se sent illégitime, comme d’habitude. Elle a peur toute seule. Mais c’est payė ( il est beaucoup question d’argent chez elle ) Alors elle demande à être accompagnée de sa fille, plus sensible à l’art qu’elle même. Et si elle choisit la Bourse de Commerce, c est que c’est de l’art contemporain, que les artistes sont vivants et que… c est près de chez elle . Pour autant pas question d’y passer toute la nuit. Au bout de quelques heures de divagations, Christine et Léonore s’échappent sous les yeux perplexes du gardien. La visite est bâclée et au fond tant mieux car La nuit sur commande n’a rien d’un indigeste catalogue de musée. Dans le récit oral vif et décousu qui la caractérise, Angot revient sans fard sur tout ce qui l’a détruit et construit: l’inceste commis par son père, bien entendu. Mais aussi ses amours, ses échecs et réussites littéraires; ses amitiés mondaines un peu fausses, comme celle de la plasticienne Sophie Calle ou de la libertine Catherine Millet; ses mauvais choix d émissions télévisées et la cruauté d’un collègue qu’elle ne nomme pas mais en qui on reconnaît le Yann Moix de « On n’est pas couché » . Bref. C’est peu de chose. Très autocentrė. Angot le dit elle-même. On admet qu’elle peut agacer. Et pourtant elle se lit facilement. C’est décapant et drôle et puis il y a cette relation formidable mère-fille. Enfin cela peut même donner envie de découvrir ou redécouvrir la fondation Pinault .
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