Nice, de nos jours. Laura (Zita Hanrot), la trentaine, essaie de se reconstruire après une relation tumultueuse avec Joachim (Bastien Bouillon). Elle mène une vie en apparence tranquille, en élevant seule sa petite fille. Mais l’accident de Shirine (Alexia Chardard), la nouvelle compagne de Joachim, va faire ressurgir son passé. Les deux femmes, en proie à la violence du même homme, vont peu à peu se soutenir…
Ce qu’on en pense
La scénariste Nathalie Najempasse à la réalisation avec ce premier long métrage tourné à Nice, dans lequel deux femmes sont aux prises avec un (ex)compagnon, camé et violent. La première (Zita Henrot, toujours impeccable) essaie d’élever leur enfant à l’abri des violences de son père, la seconde (Alexia Chardard, une découverte), encore amoureuse, tente de s’en détacher sans y parvenir. Leurs parcours se rejoignent lorsque la première recueille la seconde après un épisode particulièrement violent. Sur le fond, le film traite avec justesse desviolences faites aux femmes et de la dépendance psychologique, sans trop charger le portrait de l’homme (Basten Bouillon, inquiétant), qui se bat lui-même avec ses addictions. La forme est naturaliste, le tournage ayant été effectué sur le vif sans demande de fermeture des endroits filmés. Nice a rarement été filmé de cette manière: à part quelques plans, on pourrait se croire en région parisienne ! Le résultat final est plutôt convaincant, grâce notamment à un trio d’acteurs très investi et à une B.O (signéeTal Zana) particulièrement réussie et bien utilisée.
Au début des années 80, Bruce Springsteen (Jeremy Allen White) , sur le point d’accéder au star system, lutte pour concilier les pressions du succès et les fantômes de son passé. Réfugié dans une petite maison de New Jersey, il enregistre en solo, sur un magnétophone quatre pistes, les chansons qui formeront Nebraska : un disque acoustique aussi brut qu’habité, peuplé d’âmes perdues à la recherche d’une raison de croire…
Ce qu’on en pense
Après Elton John (Rocket Man) et Bob Dylan (Un Parfait inconnu), Bruce Springsteen a l’insigne honneur d’un biopic de son vivant. Il n’y tenait pas tant que ça, mais Scott Cooper (Crazy Heart, Les Brasiers de la colère) a su le convaincre qu’en adaptant le livre de Warren Zane (Deliver Me From Nowhere), il saurait éviter les travers de la bio Wikipedia Hollywoodienne. Et c’est effectivement ce qu’il a fait, dans un style indé qui le démarque des biopics standards. En se concentrant sur l’année bascule au cours de laquelle Springsteen, entre dépression chronique et vertige de la célébrité, est retourné dans le New Jersey pour y enregistrer son unique album acoustique (le mythique Nebraska qui ressort ces jours ci en version Deluxe augmentée), le film réussit sa mission d’introspection springsteenienne. C’est le premier biopic de rockstar qui s’intéresse vraiment à la manière dont les chansons naissent, à la création d’un album et aux relations entre artiste, manager (Jeremy Strong, formidable en Jon Landau) et maison de disques. Jeremy Allen White ( découvert en cuisinier punk dans la formidable série The Bear) offre une incarnation habitée de celui qui allait devenir le Boss, mais n’était encore que le fils d’un père alcoolique et bipolaire dont l’image le hantait et qu’il devait affronter avant de prendre son envol définitif vers la starisation. L’acteur, qui ressemble effectivement assez au Springsteen des années 70 (sa période Al Pacino), a même poussé le souci d’identification jusqu’à réenregistrer les chansons qu’il interprête à l’écran, avec une voix assez proche de celle de Springsteen. On ne lui en demandait pas tant et on aurait aussi pu se passer des scènes de live dans lesquelles il singe la gestuelle du Boss. Mais pour le reste, le film est une réussite et mérite d’être vu même si on ne fait pas partie du fan club de Bruce Springsteen.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Josef Mengele (August Diehl), le médecin nazi du camp d’Auschwitz, parvient à s’enfuir en Amérique du Sud pour refaire sa vie dans la clandestinité. De Buenos Aires au Paraguay, en passant par le Brésil, celui qu’on a baptisé « L’Ange de la Mort » va organiser sa méthodique disparition pour échapper à toute forme de procès…
Ce qu’on en pense
Après Limonov, Kirill Serebrennikov n’a pas eu les honneurs de la compétition cette année à Cannes pour La Disparition de Josef Mengele. Cette adaptation étonnamment sobre du roman éponyme d’Olivier Guez aurait pourtant largement mérité d’y figurer. On y suit, de sa fuite en Argentine à sa mort au Brésil à la fin des années 70, la cavale du médecin-chef d’Auschwitz, confronté aux questions de son fils (Maximilian Meyer Bretschneider) , venu lui rendre visite dans sa planque miteuse de Sao Paulo à la fin de sa vie. Filmé en noir et blanc, sans fioritures mais en tension constante, le film peut se voir comme un prolongement intéressant à La Zone d’interêt.
Fatima (Nadia Melliti) 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une fac de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?
Ce qu’on en pense
Révélée comme actrice en 2007 par Abdellatif Kechiche (La Graine et le Mulet), Hafsia Herzi poursuit parallèlement une carrière de réalisatrice qui ferait presqu’oublier son immense talent de comédienne. Son troisième long-métrage a eu les honneurs de Cannes et prouve qu’elle fait partie des valeurs sures du jeune cinéma français. On y retrouve, en plus abouties, les qualités des deux premiers (Tu mérites un amour et Bonne mère). Avec un grand sens de la mise en scène et une sensibilité qui ne vire jamais au pathos, elle s’attache à l’éducation intellectuelle et sentimentale de son héroïne de 17 ans, incarnée par la révélation Nadia Melliti. Une héroïne qui lui ressemble comme une soeur jumelle, alors que son histoire est adaptée du roman autofictionnel de Fatima Daas.
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