Par MAB
C’est une sortie littéraire qui rejoint une actualité sensible et l’insoluble débat sur la fin de vie assistée. Une œuvre dont on hésitait à parler tant il faut- en ces temps troublés – distraire plutôt que plomber. Et pourtant, si « Le dernier soir » est un témoignage qui dérange, tout y est vrai, tout y est contestable et donc tout y est nécessaire. Incroyablement fort et mémorable. L’histoire de Jacqueline Jencquel , 77 ans – appelée Sylvie dans l’ouvrage- qui a choisi de mourir et qui dit longuement pourquoi. Un acte militant et politique selon elle , pour refuser radicalement la déchéance, l’emprisonnement du grand âge et le sort ignoble réservé aux vieux dans les ehpad. Malgré l’absence, chez elle, de maladie incurable, elle a mis fin à ses jours le 22 Mars 2022 en demandant au journaliste Thomas Misrachi de l’assister jusqu’à son dernier souffle. Puis de faire ensuite le récit précis de tous les gestes et de toutes les paroles qu’ils ont échangés jusqu’au bout de cette longue soirée. Une bombe pour lui, il le sait. Il risque des poursuites judiciaires. Il l’écrit dans ce livre. Mais lui même, 51 ans, grand reporter à TF1, n’ a-t-il pas décidé de se donner la mort à 75 ans? Jacqueline Jencquel lui a donc laissé cette lettre ouverte : « Je ne veux convaincre personne de faire ce que j’ai fait. Chacun doit choisir. Chacun doit se faire son idée. Ce que je veux c’est que tout le monde puisse décider librement. Chacun doit pouvoir partir dignement pour lui-même et pour ses proches … » Le message est passé. Elle est décédée rapidement. courageusement avec peur mais sans douleur ( son ami près d’elle. Alcool. Sédatifs puissants… ) et presque sans larmes. On reste abasourdi par sa détermination ! Abasourdi aussi par la façon presque sereine dont tout s’est déroulé dans ce huis clos. Ses fils savaient bien qu’un jour viendrait où elle ferait ce qu’elle affirmait depuis longtemps. C’était son ultime liberté. Quant à Misrachi, il se dit prêt à affronter le débat.
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