Deuxième album des Liminanas pour le label Because, Shadow People renoue avec la veine Velveto-gainsbourienne du duo perpignanais. Marie et Lionel Liminana ont profité de leur notoriété internationale pour enrôler Anton Newcombe (de Brian Jonestown Massacre) et Peter Hook (de Joy Division) sur deux titres. Mais aussi Bertrand Belin et Emmanuelle Seigner, qui fait des infidélités à Ultra Orange pour venir chanter avec eux sur la chanson titre. Plus varié et pop que ces prédécesseurs, Shadow People (les gens de l’ombre) pourrait, ironiquement, permettre aux Liminanas d’en sortir (de l’ombre) et faire enfin connaître dans son pays d’origine ce groupe que le monde nous envie. On avait rencontré Marie et Lionel Liminanas en 2016 au Festival de Cannes, où ils étaient venus faire un set nocturne à la Villa Schweppes et ils nous avaient raconté la genèse du groupe. En 2009, Lionel, disquaire le jour et guitariste la nuit dans divers groupes locaux, enregistre seul, dans sa cave « Avec un Mac, une carte son à 200 euros», les deux premiers titres de ce qui allait devenir les Liminanas. Postées sur MySpace, les deux chansons attirent l’oreille de deux labels de Chicago, spécialisés dans le rock garage, Hozac et Trouble In Mind, qui en demandent d’autres pour presser un EP. Panique à bord : Marie, ex-organisatrice de concerts, rangée des décibels, est sommée de passer à la batterie, façon Meg White ou Moe Tucker, le temps de mettre en boite quelques chansons aux titres rigolos (« Je ne suis pas très drogue », « Votre côté yé-yé m’emmerde », « My Black Sabbath », « Mobylette »). S’en suivent huit ( 8 !) galettes américaines, des tas de concerts, mais toujours pas de maison de disques en France. Il a fallu l’entregent de l’ami et voisin catalan Pascal Comelade, avec lequel ils enregistrent un disque de guitare assez barré (Traité de guitarres triolectiques à l’usage des portugaises ensablées), pour que les Liminanas soient enfin signés chez Because. Pour fêter ça, le label presse en 2015 une anthologie qui regroupe tous les enregistrements «américains». En attendant les nouvelles chansons, qui ne tardent pas à arriver et font l’objet du premier vrai album des Liminanas : Malamore, paru en avril 2016. Un mélange réjouissant de rock sixties, de yé-yé, de Gainsbourg vintage, de garage et de punk, avec des clins d’œil à Ennio Morricone et aux musiques de films italiens. Un album que les Liminanas ont joué sur scène l’an dernier au Grimaldi Forum de Monaco, lors d’une mémorable Thursday Live Session. Ils se produisaient alors à six, avec un chanteur ou une chanteuse puisqu’aucun des deux fondateurs ne ressent le besoin d’occuper le devant de la scène.
The Liminanas
Shadow People
(Because)
Paul Auster: Baumgartner
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Par MAB
Un Hiver à Yanji
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Par Ph.D
Le Pitch
C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng (Liu Haoran) s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana (Zhou Dongyu), une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao (Chuxiao Qu), un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changbai…
Ce qu’on en pense
Découvert au Certain Regard à Cannes (où Anthony Chen avait reçu la Caméra d’or en 2013 pour son premier film Ilo Ilo), Un Hiver à Yanji est une romance qui assume ses influences : Jules & Jim de François Truffaut et le cinéma de Wong Kar Wai. On se laisse entrainer dans les paysages enneigés de la frontière sino-coréenne superbement photographiés et dans les jeux de l’amour et du hasard que pratiquent, sans avoir l’air d’y toucher, les trois protagonistes. Leur marivaudage fonctionne comme une allégorie des relations entre la Chine et la Corée.
Mes nuits sans Bardot
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Par MAB
C’est souvent cruel d’être un monstre sacré. Il suffit de se pencher sur « Mes nuits sans Bardot », la biographie romancée que nous propose Simonetta Greggio pour s’en convaincre. La narratrice, en effet, s’est installée dans une maison de Saint-Tropez à côté de « La Madrague », ou la star déchue – 90 ans en septembre prochain – vit recluse entourée de ses chiens. Elle lui écrit chaque jour de longues lettres qu’elle dépose ensuite sous un caillou sans espoir de retour. Le procédé est simple. L’auteure, aidée par l’autobiographie de BB, peut tout se permettre. Et c’est, d’ailleurs, ce qu’elle fait. Imaginant les pensées mortifères de la désormais vieille dame et établissant des correspondances entre la célebrissime actrice des années soixante-dix et sa propre vie de femme libre versée dans « la dolce vita ». Et l’on entend d’ici les réticences des lecteurs. Que peut-on apprendre de plus de BB que l’on ne sache déjà? Cette époque est révolue. Tous ses amants ont disparu. Les nouvelles générations ne la connaissent pas. Rares sont ceux qui continuent à voir les films dans lesquels elle a tourné ( La Vérité, Vie Privée, Le Mépris, Viva Maria...) Et puis, l’on sait les causes qu’elle a défendues ( Ridiculisée à l’époque, elle était pourtant à l’avant garde pour les bébés phoques !). Mais aussi ses partis pris extrémistes. Ce fils qu’elle n’a pas voulu élever. Les engagements politiques de son dernier mari dont d’ailleurs Simonetta ne parle pas… Oui, tout cela est vrai. Et pourtant revisiter la vie de cette étoile filante et replonger dans cette époque de folie créatrice est passionnant. Notre regard change sur cette rebelle, farouchement indépendante et autonome qui a payé souvent très cher sa beauté, sa célébrité et surtout sa stupéfiante modernité. Cette amoureuse au franc parler qui quittait dès qu’elle s’ennuyait. Celle qui après « Et Dieu créa la femme » fut autant insultée qu’idolâtrée. Qui dut vivre sa grossesse et son accouchement en enfer…Celle surtout qui, dégoutée par le milieu, quitta le cinéma à 38 ans. Bref, on ne sait trop comment Simonetta s’y est prise, mais elle a réussi à nous rendre cette insolente Brigitte aussi drôle et attachante pour ce qu’elle a été dans le passé, qu’inspirante pour les femmes d’aujourd hui.
Coup de chance
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Par J.V
Le Pitch
Fanny (Lou de Laâge) et Jean (Melvil Poupaud) ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain (Niels Schneider), ancien camarade de lycée, elle est aussitôt chavirée. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus…
Ce qu’on en pense
Troisième film français pour Woody Allen, désormais tricard à Hollywood, qui décline avec Coup de chance le sempiternel triangle amoureux comme on s’acquitte d’une dette. L’oeuvre d’un cinéaste fatigué, en panne d’imagination et de punchlines, qui n’a fait qu’un passage discret par la Mostra de Venise et sort tout aussi discrètement dans les salles françaises. Lou de Laâge et Valérie Lemercier parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu, contrairement à leurs partenaires masculins, Melvil Poupaud et Niels Schneider, empêtrés dans des rôles d’hommes forcément toxiques. Le film justifie son titre par sa brièveté.
DogMan
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Par Ph.D
Le pitch
Elevé dans une cage avec des chiens par un père alcoolique et violent, Douglas (Caleb Landry Jones) a appris à leur parler et à s’en faire des alliés. Adulte, il se sert d’eux pour voler et le servir mais, déçu par les hommes, il sombre peu à peu dans une folie meurtrière…
Ce qu’on en pense
Même au fond du trou, ruiné et accusé d’agression sexuelle, Luc Besson refuse de s’avouer vaincu et continue à croire qu’il peut se mesurer à n’importe quel réalisateur d’Hollywood. Une ambition louable mais qui, hélas, a trouvé ses limites avec les échecs de Valerian et de ses plus récentes productions. En ligne de mire, cette fois, Todd Phillips et son Joker, dont DogMan (titre emprunté à Matteo Garrone) pourrait être la version « dog friendly » suédée. Primé à Cannes pour Nitram, Caleb Landry Jones livre une prestation habitée « à la Joaquin Phoenix », sans convaincre plus que son réalisateur. Il n’y a rien ici qu’on n’ait déjà vu en mieux ailleurs (notamment dans la série The Crowded Room à laquelle est emprunté le procédé qui consiste à raconter l’histoire en flashback à partir de l’ interrogatoire du héros par une psy de la police). bref, on aurait aimé pouvoir écrire que DogMan avait du chien, mais non : c’est juste du cabotinage.
Milady
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Par J.V
Le Pitch
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… Dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France…
Ce qu’on en pense
Avec 3 millions de spectateurs, le premier volet des Trois mousquetaires version Martin Bourboulon, sorti au printemps, a connu à peu près le succès escompté. Voici donc la suite, tournée dans la foulée et plus particulièrement consacrée au personnage de Milady. Comme dans le premier film, hélas, le réalisateur a le plus grand mal à gérer la multiplicité des personnages et des péripéties. S’en suit un montage haché, qui multiplie les elipses au détriment de la bonne compréhension de l’intrigue et des motivations des personnages. Un comble pour une saga de déjà quatre heures. Les combats et les chevauchées sont toujours spectaculaires, mais l’émotion reste hors champs, même lors des retrouvailles attendues entre D’Artagnan et Constance lestées de force violons. En attendant un toujours hypothétique troisième épisode et malgré un casting pléthorique, Eva Green en Milady reste la meilleure (voire l’unique) raison d’aller voir cette suite.
Bâtiment 5
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Par J.V
Le pitch
Haby (Anta Diaw), jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Mené en catimini par Pierre Forges (Alexis Manenti), un jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l’immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.
Ce qu’on en pense
Après le choc des Misérables (Grand Prix de Cannes 2019), Ladj Ly calme le jeu avec ce drame social au sujet et au traitement moins polémiques, dans lequel les affrontements sont purement verbaux. Le film dénonce la spéculation immobilière et le mal logement dans les banlieues en faisant se confronter les points de vues de différents protagonistes, parmi lesquels le nouveau maire de Montvilliers (double fictif de Montfermeil) joué par l’excellent Alexis Manenti et une fille de la cité devenue militante incarnée par Anta Diaw, découverte dans Le Jeune Imam de Kim Chapiron. Intéressant mais sans plus, Bâtiment 5 souffre de quelques facilités scénaristiques, mais surtout de la comparaison avec Les Promesses, de Thomas Kruithof, où s’illustraient Isabelle Huppert et Rda Kateb sur un sujet trés similaire.
How To Have Sex
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Par Ph.D
Le pitch
Afin de célébrer la fin du lycée, Tara (Mia McKenna-Bruce), Skye (Lara Peake) et Em (Enva Lewis) s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne festive. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de compatriotes anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?
Ce qu’on en pense
Le Consentement, version Springbreakers. Prix Un Certain Regard à Cannes, le film de Molly Manning Walker pose à son tour la question et y répond : certes, un non n’est pas un oui, mais un oui n’est pas forcément un vrai oui, non plus. Question d’âge, de circonstances, d’histoire personnelle, de timing, de personnalité… Surtout la première fois. Tara (Mia McKenna Bruce, excellente ) l’apprendra à ses dépends, au cours de vacances gâchées en Crête. Entamé comme un énième Very Bad Trip ado et féminin (hurlements suraigus, beuveries, musique de club à donf, confidences sexy…) , HTHS vire au drame intime et passe du holyday movie au film d’auteur sans qu’on l’ait vu venir. Tou(te)s les ados devraient le voir. Les amateurs de bon cinéma aussi, qui retiendront le nom de la réalisatrice anglaise.
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