Cannes 2022: Part 3

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Cannes 2022: Part 3

Par Philippe Dupuy

Comme l’an dernier, on a fini par fuir la Croisette surpeuplée pour assister aux séances décalées du Cinéum de La Bocca. On y voit les films avec un peu de retard sur l’agenda officiel,  mais avec la multiplication des séances qui éparpillent la critique façon puzzle aux quatre coins de Cannes,  plus personne, à part peut-être le jury, ne se soucie de savoir quel film est en compétition, ni quand. Et question accueil et confort, il n’y a pas photo…

On y a vu La Nuit du 12, le nouveau film de Dominik Moll (Seules les bêtes, Eden, Lemming, Harry un ami qui vous veut du bien) qui suit une équipe de la PJ  de Grenoble chargée d’enquêter sur le meurtre par immolation d’une jeune fille qui rentrait d’une soirée chez une copine. Tous ses anciens copains (et ils s’avèrent nombreux) pourraient être l’assassin et pourtant l’enquête piétine. De là à conclure que TOUS les hommes sont responsables de la mort de la malheureuse…  Un scénario de série policière mis en scène avec le mélange de tension et de décalage qui est la marque de fabrique de Dominik Moll. Chouette casting (Bouli Lanners entre autres), immersion réaliste dans une équipe d’enquête et final qui assume de frustrer le spectateur. On voudrait la saison 2, mais ce n’est pas prévu au programme. 

Avec 3000 ans à t’attendre, George-Mad Max– Miller renoue avec la veine « féérique » qui ne lui avait pas mal réussi au temps de Babe le cochon dans la ville (1998). Soit l’histoire d’une prof émérite (Tilda Swinton) qui,  lors d’un séjour en Turquie, libère un bon génie (Idris Elba) du flacon où un sort le retenait depuis des siècles et se voit proposer 3 voeux à exaucer. Mais elle est parfaitement heureuse et ne désire rien. En plus, le génie n’a pas vraiment eu la main heureuse avec ses précédents maîtres. Il lui faut pourtant la décider à demander ses faveurs s’il veut retrouver sa liberté… Elle va le prendre au mot. Sympa mais long et terriblement bavard, avec des effets speciaux envahissants. Dans le genre, on se demande si on n’a pas préféré Le Prince oublié de Michel Hazanavicius avec Omar Sy...

Palmé pour The Square, critique acerbe du monde de l’art contemporain, Ruben Ostlund tente la passe de deux avec Sans Filtre. Il s’y attaque, avec une férocité jouissive,  aux super riches et aux influenceurs,  via  une suite de sketches d’inégal intérêt. Le film culmine avec une longue séquence de dîner de gala qui tourne à la catastrophe. Comme celui de The Square mais, cette fois, ça se passe sur un yacht de croisière en pleine tempête. Estomacs sensibles s’abstenir ! La suite se déroule sur l’île où ont échoué les rescapés du naufrage et ne vaut pas tripette. La parabole est trop appuyée et la critique tombe un peu à plat dans le festin cannois,  où les influenceurs et les réseaux numériques ont désormais table ouverte.

Après le décevant Mandibules, Quentin Dupieux joue à fond la nostalgie télévisuelle avec Fumer fait tousser,  dans lequel une équipe de super héros en costumes Bioman  (Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Oulaya Amamra)  part en séminaire dans la forêt à la demande de leur mentor, Chef Didier (un clone raté de Alf, doublé par Alain Chabat ), qui trouve qu’ils doivent renforcer leur cohésion interne. Le séjour vire au concours d’histoires horrifiques et surréalistes (la plus drôle met en scène Blanche Gardin) . Jusqu’à ce que le maléfique Lézardin (Benoît Poelvoorde) décide d’anéantir la planète… Du Quentin Dupieux bien bien barré, comme on l’aime. Ou pas !

 

By |mai 22nd, 2022|Categories: Cinéma|0 Comments

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