Cannes 2024: Part 2

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Cannes 2024: Part 2

Par Philippe Dupuy

Il y a, cette année au Festival, un espace réservé aux films en réalité virtuelle, qui feront l’objet d’un palmares séparé. L’expérience, entre jeu vidéo et trip aux champignons hallucinogènes mexicains,  est assez étonnante et légèrement perturbante. Au point qu’on a cru s’être trompé de porte en assistant à la projection de Megalopolis, le nouveau film de Francis Ford Coppola, de retour en compétition  un demi siècle après Apocalypse Now et Conversation secrète. Comme son titre le laisse présager, Megalopolis est un  peplum retro futruriste totalement barré. On n’y a rien compris,  à part l’intention de départ : tracer un parallèle entre l’état de l’Amérique contemporaine et la chute de l’Empire romain. C’est long (2h18), verbeux (plus de citations que dans un film de JL Godard) , totalement dépourvu d’humour, d’une ambition démesurée et d’une naiveté confondante. Côté direction artitique, ça hésite entre Batman, Les Ailes du désir, Le Mécano de la Générale, Babylon et la pub Dior j’adore. Côté box office,  ce sera surement une catastrophe industrielle.  Mais c’est probablement le dernier geste fou d’un artiste qui a fait tapis (100 millions de budget autoproduit)  pour donner corps à une vision qu’il porte depuis plus de 40 ans. Cela mérite bien que l’on s’y ennuie un peu…

On n’en dira pas autant de Furiosa le nouveau Mad Max de George Miller  qui reproduit consciencieusement la recette du précédent. Tout le monde avait adoré Fury Road… Sauf nous ! Malgré plusieurs tentatives, on n’est jamais arrivé au bout.  Même motif, même punition pour Furiosa qui sera, n’en doutons pas, le blockbuster de l’été.  Dans le genre vociférant, on a largement préféré  City of Darkness, un film de baston (mais pas que) Hong Kongais de Soi Cheang,  présenté en séance de minuit. Là encore,  on a cru s’être trompé de porte avec le festival immersif : bienvenue dans les bas fonds de Kowloon,  où on trace sa route à la faucille et au marteau. Et bonjour la symbolique,  puisque l’action se passe au moment  de la rétrocession à la Chine… Les décors et les scènes de combats sont hallucinants. A côté de tout ça, évidemment, Diamant Brut, le premier film français en compétition fait figure de cousin de province génant.  Ou plutôt de cousine, puisqu’on y suit les efforts désespérés d’une cagole de Fréjus ( Malou Khebizi très convainquante dans le rôle) pour se faire enroler dans le prochain casting de l’Ile de la tentation ou d’une télé réalité du même acabit. Une sorte de « Rosetta djadja« ,  pathétique et totalement inintéressant (sauf d’un point de vue anthropologique), avec un festival de mauvais accents marseillais et de scènes mal jouées. Au Certain Regard,  Les Damnés, film italien de Roberto Minervini, nous refait le coup du Désert des tartares, transposé pendant la guerre de sécession, avec des soldats bleus qui marchent interminablement derrière un charriot,  dans les plaines désolées du far west,  en attendant de rencontrer l’Ennemi. A la fin, c’est le festivalier qui a l’impression d’être damné. 

 

By |mai 18th, 2024|Categories: Cinéma|0 Comments

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