Août 1970: enferrés dans un procès inique après la soi disant exhibition de Jim Morrison en concert à Miami, les Doors acceptent de jouer au Festival de l’île de Wight pour fuir les États-Unis. L’ambiance n’est pas au top quand le groupe monte sur scène à 2 heures du matin. Grossi, barbu et déprimé, Morrison s’apprête à annoncer aux autres qu’il quitte le groupe pour s’exiler à Paris (et y mourir). Sur scène, il n’est déjà plus que l’ombre du Lizard King. Immobile, il se contente de chanter les yeux fermés, déjà comme ailleurs. Derrière lui, les Doors mettent la gomme pour essayer de le faire réagir mais rien n’y fait. Morrison quitte la scène comme il y est monté: sans un mot pour le public. Sur le coup, la prestation déçoit. Surtout comparée à celle des Who qui leur succèdent et mettent le feu avec l’opéra rock Tommy. Mais presqu’un demi siècle plus tard, on redécouvre le film du concert et force est de constater qu’il est excellent. Le groupe joue le feu, le son est bon, l’image est nette et Jim chante formidablement bien. Bien que mal éclairé (un spot rouge pour tout light show!), ce live à l’Île de Wight n’a qu’un défaut: il est trop court.
The Doors
Live at The Isle Of Wight
(Eagle Vision)
Lost in Cannes
ça vient de sortir|
Par MAB
Alors que la sélection du 78e Festival de Cannes vient d’être annoncée, le réalisateur, scénariste et écrivain Santiago Amigorena raconte les moments contrastés passés, depuis 1985, dans ce lieu d’illusions. Paraphrasant Proust jusque dans son style travaillé, il a intitulé ce troisième volume autobiographique « Le Festival de Cannes ou le temps perdu ». Une façon pour lui de raconter sa vie par le prisme grossissant et déformant de cette foire aux vanités. Rien d’original dans ce qu’il relate. Mais pour le lecteur, le plaisir d’entrer, à la fois de l’autre coté du miroir et dans l’intimité d’un faux « privilégié » un brin narcissique et passablement amer. D’abord, pour le parfait inconnu qu’il fut, les attentes interminables pour obtenir le carton d’une projection. Les hôtels miteux et les stratagèmes pour s’incruster dans les fêtes. Puis pour le co-scénariste débutant du « Péril Jeune » de Cédric Klapisch, les contacts en hausse. Les dîners qui se proposent. Le smoking pour les marches. Ensuite, l’évocation, pour le coup, très impudiques et larmoyantes des actrices aimées, supportées et desaimées: deux enfants avec Julie Gayet et deux ans de relation glamour avec la présidente du jury de cette 78 eme édition, Juliette Binoche. Au fil des lignes, Cannes devient alors autre chose qu’un lieu de cinéma mais celui des féroces mondanités. Surtout de tout ce que l’on se construit soi-même pour s’élever, souffrir et se tromper de vie. « Lorsque l’on atteint son but, la triste réalité de ce que l’on convoitait, s’offre à nous dans tout son terne éclat » conclut Santiago. Seul l’âge et l’écriture, permettent alors de se rendre compte de son erreur. Plus intéressant au final que l’on ne pensait en ouvrant l’ouvrage.
The Zemblas
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Par Ph.D
The Deneuves
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Par Ph.D
Un nom qui claque et la musique qui va avec : The Deneuves ( Alex Ornon chant guitare, Pierre Pizana batterie, Alexandre Labrouve guitare, Arthur Grivel basse) a investi la scène niçoise avec une classe et une assurance qui pourraient leur valoir une belle carrière. Annoncé par une série de singles remarqués, leur premier album est dans les bacs : dix titres sous influence Libertines/Babyshambles/Strokes/Jam qu’on écoute en boucle sans se lasser. Un superbe production du label niçois de Christian Rinaudo Beaucoup de Coups, avec des guitares qui sonnent, une rythmique et des vocaux bien en place, une bonne alternance de titres rapides et de balades à la Pete Doherty (The Quiet Freedom of Self Defeat), des textes soignés d’Alex Ornon, de l’harmonica et même des violons (Lie Khem et Mano Ugo sur The Pier). Le résultat est à la hauteur des grandes espérances suscitées par les premiers simples et les concerts du groupe. Les Deneuves sont probablement ce qui est arrivé de mieux au rock français depuis Last Train. N’attendez pas la Sainte Catherine pour les découvrir !
Joue-la comme Godard
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Par Ph.D
Première parution d’un nouvel éditeur Niçois, Les Livres de la Promenade, Joue-la comme Godard est une commande faite au chroniqueur et écrivain Laurent Sagalovitsch : raconter la dernière édition du tournoi de Roland Garros comme aurait pu le faire Jean-Luc Godard (grand amateur de tennis devant l’Eternel), s’il avait concrétisé son idée de suivre un joueur au hasard dans son parcours sur le plus célèbre des tournois de terre battue. D’où le titre de l’ouvrage, emprunté à celui d’une comédie sur le football qui connut un certain succès au début du millénaire (Joue-la comme Beckham). Ex- joueur classé lui-même et toujours plus ou moins passionné de tennis, Sagalovitsch est donc retourné à Roland Garros, où il n’avait plus mis les pieds depuis des lustres, pour suivre le tournoi en se tenant à la ligne de conduite fixée par JLG : au hasard Balthazar ! Cela donne un texte plein d’humour, plus centré sur le tennis que sur le cinéma, et plus accessible que la plupart des films de Godard. A lire en attendant le prochain Roland Garros.
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