La Maison vide de Laurent Mauvignier est un pavé. 743 pages, exactement. Comme est un pavé Kolkhoze d’Emmanuel Carrère. Les deux ouvrages, très proches l’un de l’autre par leur récit familial à la première personne, sont dans la petite liste du Goncourt et de ce fait, déjà en tête des ventes. Donc à lire, en principe. Si l’on a opté cette semaine pour La Maison Vide c’est que ce roman ambitieux a le charme de la pudeur et de la modestie. Là ou Kolkhoze, incontestablement brillant, est parfois assommant de références historiques et littéraires. Agaçant d’ « en même temps » entre admiration et haine pour sa famille. Evidemment, ce n’est pas par son originalité que La maison vide séduit tant . Il s’agit encore et encore, comme Kolkhoze et les autres, d’une saga familiale sur un siècle et demi. Mais c’est ainsi: même si Mauvignier affirme que cette demeure terrienne qu’il décrit dans les moindres détails n’existe que dans son esprit, elle parait parfaitement authentique au lecteur. Il y croit et reconnaît même entre les lignes la vie de ses propres aïeux . « C’est un livre écrit à hauteur d’enfant, né des récits que j’ai entendus quand j’étais petit » ou autrement dit, la vie lente et parfois violente d’une famille paysanne, attachée à ses terres, obligée aux devoirs et aux conventions de génération en génération. A l’origine de ce besoin d écrire, un père taiseux qui se donne la mort alors que Laurent n’avait que 16 ans et un piano abandonné dans une maison de famille. Suit, alors, une enquête sur la branche paternelle qui fait revivre trois générations de femmes. Avec comme figure centrale, l’arrière grand-mère, Marie-Ernestine, passionnée par la musique des compositeurs allemands. Tout est raconté en différentes couches, traversées par l’histoire intime et la grande histoire; la guerre de 14, notamment, et les femmes qui ont dû remplacer les hommes à la ferme. L’ écriture est souple, naturelle.
Fluide et rythmée. Le roman est long mais très accessible. Il pourrait être adapté en série. Attendons les prix…
Aves Les Orients perdus, l’azuréen Jacques Ferrandez renoue avec l’aventure historique dans un imposant diptyque, magnifiquement mis en couleurs à l’aquarelle, à la façon de ses Carnets d’Orient. C’est l’histoire romancée de Théodore Lascaris, un jeune Niçois issu d’une grande famille, descendant des empereurs de Byzance, qui quitte Nice envahie par l’armée révolutionnaire en 1792 et va connaître en Orient un destin extraordinaire. La biographie dessinée d’un jeune homme insouciant, peintre et musicien, qui rejoint en 1798 la campagne d’Égypte aux côtés de Napoléon Bonaparte et devint aventurier et espion. Un superbe travail de documentation et de mise en image, dont certaines planches sont exposées au musée Lascaris de Nice. A noter qu’une édition spéciale Nice de la BD, avec couverture alternative et cahier graphique inédit, est en vente au musée pendant la durée de l’exposition.
La Maison vide de Laurent Mauvignier est un pavé. 743 pages, exactement. Comme est un pavé Kolkhoze d’Emmanuel Carrère. Les deux ouvrages, très proches l’un de l’autre par leur récit familial à la première personne, sont dans la petite liste du Goncourt et de ce fait, déjà en tête des ventes. Donc à lire, en principe. Si l’on a opté cette semaine pour La Maison Vide c’est que ce roman ambitieux a le charme de la pudeur et de la modestie. Là ou Kolkhoze, incontestablement brillant, est parfois assommant de références historiques et littéraires. Agaçant d’ « en même temps » entre admiration et haine pour sa famille. Evidemment, ce n’est pas par son originalité que La maison vide séduit tant . Il s’agit encore et encore, comme Kolkhoze et les autres, d’une saga familiale sur un siècle et demi. Mais c’est ainsi: même si Mauvignier affirme que cette demeure terrienne qu’il décrit dans les moindres détails n’existe que dans son esprit, elle parait parfaitement authentique au lecteur. Il y croit et reconnaît même entre les lignes la vie de ses propres aïeux . « C’est un livre écrit à hauteur d’enfant, né des récits que j’ai entendus quand j’étais petit » ou autrement dit, la vie lente et parfois violente d’une famille paysanne, attachée à ses terres, obligée aux devoirs et aux conventions de génération en génération. A l’origine de ce besoin d écrire, un père taiseux qui se donne la mort alors que Laurent n’avait que 16 ans et un piano abandonné dans une maison de famille. Suit, alors, une enquête sur la branche paternelle qui fait revivre trois générations de femmes. Avec comme figure centrale, l’arrière grand-mère, Marie-Ernestine, passionnée par la musique des compositeurs allemands. Tout est raconté en différentes couches, traversées par l’histoire intime et la grande histoire; la guerre de 14, notamment, et les femmes qui ont dû remplacer les hommes à la ferme. L’ écriture est souple, naturelle.
Fluide et rythmée. Le roman est long mais très accessible. Il pourrait être adapté en série. Attendons les prix…
2021 a beau avoir été l’année du 50e anniversaire de l’exil des Rolling Stone sur la Côte d’Azur, on ne s’attendait pas à voir sortir, coup sur coup, trois bouquins documentant leur séjour à Villefranche sur Mer durant l’été 1971. Après Les Rolling Stones et Nellcotede Benoît Jarry et Florence Viard et La Villa de Dominique Tarlé, est paru cette année là The Curious Chronicles of Villa Nellcote. Un beau livre signé Geir Hornes, un fan danois des Rolling Stones qui a passé presque dix ans de sa vie à compiler tout ce qu’il pouvait trouver sur la Villa et ses divers occupants, avant, pendant et après le fameux été durant lequel les Stones y enregistrèrent leur chef d’oeuvre : Exile On Main Street. Le résultat de cette quête homérique n’est pas, comme on pouvait le craindre, un fourre-tout plus ou moins exhaustif de fan à l’usage d’autres fans, mais un vrai beau livre, bien écrit, incroyablement documenté, superbement illustré et imprimé avec art sur papier épais et sous couverture cartonnée rigide. Geir Hornes y raconte l’histoire de la fameuse Villa, des origines à nos jours, avec cartes, photos, dessins d’architectes, gravures anciennes, dessins et aquarelles. Les photos de Dominique Tarlé illustrent, évidemment, les chapitres consacrés aux Stones, avec les témoignages de quelques-uns de ceux qui ont vécu à leurs côtés cet été de folie. Un pavé de plus de 400 pages et d’1,5 kg tiré à 1000 exemplaires seulement et aujourd’hui épuisé. Chance insigne pour les fans francophones des Stones, une nouvelle édition, augmentée de 60 pages et traduite en français, est enfin disponible. On peut se la procurer à la Galerie de l’Instant à Paris et par correspondance iciPensez-y pour vos cadeaux de fin d’année…
Mai 1998, une femme de 25 ans court à perdre la vie. Elle est poursuivie, en voiture par son compagnon. Juin 2000, une seconde, âgée de trente deux ans, tente elle aussi ,d’échapper à son mari. Mai 2021, une troisième – son nom ne peut être oublié- essaie désespérément, de se soustraire à son ex époux. Sur les trois, une seule survivra: Nathacha Appanah, l’auteure de « La nuit au cœur ». Un témoignage poignant sur ce qu’elle a subi: six ans d’emprise, d’injures et de claques des l’âge de dix-sept ans, par un homme plus agé. Mais surtout ce qu’ont subi Emma, sa cousine mauricienne, renversée et abandonnée dans un fossé et Chahinez Daoud, traquée à mort et brûlée vive à Merignac par l’homme, sorti de prison , dont elle avait divorcé. Rappelez-vous la violence de ce féminicide. Une barbarie qui bouleversa et bouleverse encore la France entière. Dans son récit inclassable, entre mémoire et enquête, Nathacha Appanah fait donc des ponts entre les trois destins. Le sien et celui des deux autres. Elle choisit de ne pas parler des bourreaux, si ce n’est pour évoquer leur féroce jalousie. Elle ne les nomme que par leurs initiales . Et s interroge : « Qu’est ce qui fait que l’amour soit remplacé par le poison? ». Sur le fil, entre force et humilité, elle s’interroge sur son comportement passé et scrute l’insupportable énigme du féminicide conjugal. Son œuvre est bouleversante. Pas facile à lire, on en convient. Mais, elle éclaire peut être, sans juger, le phénomène de l’emprise. Ainsi cette Nuit au cœur, au delà de ces trois femmes, rappelle à nous, toutes celles qui la subissent . Un livre utile qui montre aussi que la justice n’a pas toujours prévu le danger. Coup de coeur de la rentrée littéraire.
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