Limbo
Par Ph.D
Le pitch
A Hong-Kong, un flic vétéran (Ka Tung Lam) et son jeune supérieur (Mason Lee) doivent faire équipe pour arrêter un tueur qui s’attaque aux femmes, laissant leur main coupée pour seule signature. Quand toutes leurs pistes s’essoufflent, ils décident d’utiliser une jeune délinquante (Yase Liu) comme appât…
Ce qu’on en pense
Grand Prix du festival Reims Polar, Limbo renoue avec la vista des grands thrillers Hong-Kongais. Filmant la fange avec virtuosité dans un noir et blanc hyper lêché, Soi Cheang (Dog Bite Dog, Le Roi singe) immerge le spectateur dans les bas-fonds humides d’un Hong-Kong transformé en décharge à ciel ouvert, pour une enquête policière balourde, émaillée de scènes de violences difficiles à soutenir. On a mal pour la malheureuse actrice (Yase Liu) qui joue la victime expiatoire de cette fable cruelle sur la culpabilité et le pardon. Un carton au générique devrait mentionner qu »aucune actrice n’a été réellement maltraitée sur le tournage » !
Peter Gabriel: i/o
Par Ph.D
On a failli attendre ! Plus de 20 ans se sont écoulés depuis la sortie du dernier recueil de chansons originales de Peter Gabriel (Up en 2002). Mais cela valait la peine de patienter. Les 12 titres de i/o comptent parmi les meilleurs jamais écrits par l’ex-chanteur de Genesis. L’album a quasiment la même fraîcheur et la même profondeur que son tout premier effort en… 1977 ! La voix, palpitante, est toujours là, à peine plus grave. Les compositions évoquent le passage du temps, le deuil, l’injustice, les racines du terrorisme dans un mélange de sons electro , de world music et d’auto-citations discrètes (« Here comes the flood « , » Sledgehammer « …). Les 12 chansons sont disponibles dans deux versions différentes : le Bright-Side Mix réalisé par Mark Stent et le Dark-Side Mix réalisé par Tchad Blake, deux mixeurs de renommée internationale. Le premier plus pop, le second plus sombre. Les deux s’écoutent à la suite et en boucle avec le même bonheur. L’album de l’hiver 2023/2024, sans le moindre doute.
Cat Power: Sings Dylan
Par Ph.D
Fervente adepte des albums de reprises, Cat Power s’est lancée cette fois dans un exercice particulièrement périlleux : reproduire en live l’intégralité d’un album de son idole Bob Dylan. Et pas n’importe lequel : le fameux Live 1966, pierre angulaire de la discographie live du maître, qui illustre pour l’Histoire son passage (à l’époque contesté) au rock électrique. La chanteuse avait donc réservé le Royal Albert Hall de Londres, où était censé avoir été enregistré le fameux bootleg du concert de Dylan (en fait, une captation du show de Manchester) pour y chanter, dans l’ordre du concert original, les 15 titres de l’album Live 1966 sorti en version officielle et intégrale il y a quelques années. Le résultat est superbe. Musicalement, la restitution est d’une fidélité absolue, harmonica et guitares carillonnnantes comprises. A la morgue dylanienne, Cat Power substitue seulement la douce chaleur de sa voix pour un hommage qui dépasse de loin le simple « tribute ».
Amore mio
Par Ph.D
Le pitch
Lola (Alysson Paradis) refuse d’assister à l’enterrement de l’homme qu’elle aime. Elle convainc Margaux (Elodie Bouchez), sa sœur, de les emmener, elle et son fils, loin de la cérémonie. Sur la route qui les mènera jusqu’en Sardaigne, elles découvrent les adultes qu’elles sont devenues et tentent de retrouver la complicité des enfants qu’elles étaient…
Ce qu’on en pense
Pour son premier film derrière la caméra, Guillaume Gouix a conçu un road movie au féminin qui se désintéresse des paysages pour n’ausculter que le coeur et l’âme de deux soeurs que le temps et la vie ont éloignés lune de l’autre. Filmé en format carré, au plus prés des visages et des corps, Amore Mio nous entraîne sur les pas de Lola (Alysson Paradis dans un premier premier rôle) , la plus jeune des deux soeurs qui vient de perdre l’amour de sa vie et le père de son enfant et qui, sur un coup de tête, décide de ne pas assister à son enterrement. Elle convainc sa soeur, qu’elle n’avait plus vue depuis des années et qui est quand même venue pour l’enterrement, de l’emmener dans le sud faire son deuil et oublier sa peine. Aussi sage et rangée que sa soeur est borderline, Margaux (Elodie Bouchez, attendrissante) accepte, pour se rapprocher de sa petite soeur perdue de vue. Leur voyage sera l’occasion de renouer des liens défaits et de retrouver leur complicité d’enfants. Juste et touchant, un premier film prometteur qui en appelle d’autres.
L’Ile rouge
Par J.V
Le Pitch
Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme…
Ce qu’on en pense
On s’étonne que le nouveau film de Robin Campillo, qui avait bouleversé la Croisette avec 120 battements par minute, sorte au lendemain du Festival de Cannes sans avoir eu l’honneur d’une sélection. L’Ile rouge aurait pourtant largement mérité d’y figurer, y compris en compétition. Sur le fond comme sur la forme, le film était taillé pour Cannes, avec un regard original sur une époque controversée, celle de la fin du colonialisme. En partie autobiographique (Robin Campillo a passé son enfance sur une base militaire à Madagascar), le récit embarque le spectateur sur des terrains inattendus mais toujours pertinents, servi par une interprétation sans faille (Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutierrez, Charlie Vauzelle…).
Sénanque : Croix de cendre
Par MAB
Nous sommes en 1367: alors que depuis deux décennies, la peste noire s’abat sur le monde, deux jeunes frères dominicains se rendent à Toulouse en quête du précieux parchemin que leur prieur attend pour y graver ses confessions. Voilà en trois lignes annoncées l’époque et le genre de Croix de cendre la vaste fresque historique d’Antoine Sénanque. Les temps sont obscurs. Le fanatisme religieux impose sa loi. Franciscains et Dominicains se haïssent. L’inquisition brûle tout ce qui de près ou de loin ressemble à de l’hérésie. Or le secret, que les deux moines innocents vont exhumer, est celui de maître Eckhart, prêcheur aux sermons si foudroyants et clairvoyants qu’ils pourraient mettre en péril, les fondements de l’Église. Bref, alors que la Réforme se profile, nos deux héros en habit de bure se dirigent tout droit dans un piège…Des bancs de la Sorbonne où l’on étudiait la théologie assis sur des bottes de paille, aux plaines d’Asie centrale ou la grande faucheuse semait famine et peste, Sénanque mêle les destins de figures historiques à des personnages de fiction et enroule ainsi brillamment petite et grande histoire. Il faut un peu de patience pour entrer dans son épopée dramatique et spirituelle, mais cela en vaut la peine. Sénanque est érudit. Il apprend beaucoup au lecteur sur tout ce qui concerne les études et conflits théologiques du Moyen Âge. Il a sérieusement travaillé la question. Il sait aussi construire une intrigue. Son roman est un véritable polar médiéval dans lequel quelques pages sont d’ailleurs insoutenables de détails macabres. Mais Sénanque est aussi un humaniste. Les paroles œcuméniques d’Eckhart et la fraternité que se manifestent les deux héros sont là pour le prouver. Elles peuvent réconforter un lecteur, inquiet de notre époque, elle aussi bien tourmentée.
Vers un avenir radieux
Par Ph.D
Le pitch
Giovanni (Nanni Moretti), cinéaste italien renommé, s’apprête à tourner son nouveau film. Mais entre son couple en crise, son producteur français (Mathieu Amalric) au bord de la faillite et sa fille qui le délaisse, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux….
Ce qu’on en pense
Bien que reparti bredouille, Nanni Moretti a offert à Cannes 2023 un de ses meilleurs moments avec cette hilarante comédie WoodyAllenienne dans laquelle il se moque de lui-même et de l’industrie cinématographique, sur un ton beaucoup moins austère que dans ses dernières réalisations. Trés réussi, le film réserve de grands moments destinés à devenir cultes, comme le meeting « What the Fuck » avec Netflix, la discussion sur le communisme avec un jeune assistant, où la longue scène de tournage d’un film ultra violent au cours de laquelle, pour « aider » le jeune réalisateur, Giovanni/Moretti appelle Martin Scorsese à la rescousse. Drôle, intelligent, piquant… Du grand Nanni Moretti !
Marcel, le coquillage
Par J.V
Le Pitch
Marcel est un adorable coquillage qui vit seul avec sa grand-mère Connie, depuis sa séparation avec le reste de leur communauté. Lorsqu’un réalisateur de documentaires (Dean Flesicher Camp) les découvre dans son Airbnb, la vidéo qu’il met en ligne devient virale et offre à Marcel un nouvel espoir de retrouver sa famille…
Ce qu’on en pense
Attention : pépite ! Nommé aux Oscars, Marcel, le coquillage (Avec ses chaussures) est sans conteste le meilleur film d’animation de l’année, jusqu’ici du moins. Un feu d’artifice d’inventivité comme même Pixar n’en produit plus beaucoup. Tourné comme un vrai-faux documentaire en stop-motion, il fait vite oublier son concept pour produire de l’émotion à foison. Tour à tour drôle, touchant, mélancolique, Marcel, le Coquillage fera fondre petit et grands. Même si vous n’êtes pas fou de films d’animation, ne manquez pas celui-ci.
Elémentaire
Par J.V
Le pitch
Dans la ville d’Element City, le feu, l’eau, la terre et l’air vivent dans la plus parfaite harmonie. C’est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d’esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l’âme. L’amitié qu’ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent…
Ce qu’on en pense
Présenté en clôture du Festival de Cannes, le nouveau film d’animation des studios Pixar allie des graphismes originaux à un message humaniste sur le métissage, l’immigration et la jeunesse. Comme de coutume chez Pixar, le film offre plusieurs niveaux de lecture et épate par son esthétique, sa faculté à créer des univers originaux et sa technique. On regrette cependant certaines lourdeurs inhabituelles dans le traitement des personnages, un humour trop discret et de longues plages de dialogues explicatifs qui risquent de perdre en route les plus jeunes spectateurs. Elémentaire ne nous a pas enflammé.
Un Talent en or massif
Par Ph.D
Le pitch
Nicolas Cage est maintenant un acteur endetté qui attend le grand rôle qui relancera sa carrière. Pour rembourser une partie de ses dettes, son agent lui propose de se rendre à l’anniversaire d’un dangereux milliardaire (Pedro Pascal) qui se révèle être son plus grand fan. Mais le séjour prend une tout autre tournure, lorsque la CIA le contacte, lui demandant d’enquêter sur les activités criminelles de son hôte. Nicolas Cage va devoir jouer le rôle de sa vie et prouver qu’il est à la hauteur de sa propre légende…
Ce qu’on en pense
Ressuscité artistiquement par l’excellent Pig, Nicolas Cage confirme son retour en grâce avec cette comédie de fan dans laquelle il joue son propre rôle d’acteur qui tournait jadis pour les plus grands ( Sailor et Lula, Volte-Face, A Tombeau ouvert , Snake Eyes , Leaving Las Vegas) et enchaine depuis des lustres les séries B indignes de son talent. Sans surpirse, Un Talent en or multiplie les références à la filmographie de l’acteur pour s’en amuser, sans aller jusqu’à la parodie lourdingue. Un équilibre réussi, qui fera le bonheur des ex-fans de Nick Cage et donnera peut-être envie aux autres de (re)découvrir ses meilleurs films.
38°5 quai des orfèvres
Par J.V
Le pitch
Panique quai des Orfèvres ! Un tueur en série, surnommé le Ver(s) Solitaire, sème des alexandrins sur des scènes de crime, causant terreur et confusion. Clarisse Sterling (Caroline Anglade), une jeune enquêtrice enthousiaste, se voit confier cette affaire sous la supervision du légendaire commissaire Keller (Didier Bourdon). Armée de 200 g de chouquettes et d’un bel ananas bien placé, Clarisse doit jongler entre les bras cassés de la brigade criminelle et des énigmes tordues pour démasquer l’assassin…
Ce qu’on en pense
Pas facile de relever le niveau de la comédie française grand public. Benjamin Lehrer s’y emploie avec ce premier film primé au festival de l’Alpe d’Huez qui tente de renouer avec l’humour des Nuls et du cultissime La Cité de la peur. C’est pourtant l’Inconnu Didier Bourdon qui tient le rôle principal, aux côtés de Caroline Anglade, dont le personnage dénommé Clarisse Sterling est une sorte de clone râté de la Clarice Starling du Silence des agneaux ! Un pastiche bon enfant, hyper référencé, qui n’évite pas certaines lourdeurs mais se regarde sans déplaisir. On avoue avoir bien ri.
Stars at Noon
Par Ph.D
Le pitch
Trish (Margaret Qualley), une jeune journaliste américaine en détresse bloquée sans passeport dans le Nicaragua d’aujourd’hui en pleine période électorale, rencontre dans un bar d’hôtel Daniel (Joe Alwyn) un voyageur anglais. Il lui semble être l’homme rêvé pour l’aider à fuir le pays. Elle réalise trop tard qu’au contraire, elle entre à ses côtés dans un monde encore plus trouble, plus dangereux…
Ce qu’on en pense
Grand Prix du Jury à Cannes 2022, le nouveau film de Claire Denis aura mis du temps à arriver en salles. Peut-être pour faire oublier les critiques peu amènes qui ont acccueilli sa projection cannoise ? Nous avions été parmi les rares (avec le jury de Vincent Lindon) à aimer et à défendre cette libre adaptation d’un roman de Denis Johnson qui offre à Margaret Qualley (fille d’Andie MacDowell aperçue en hippie auto-stoppeuse dans le dernier Tarantino), un premier grand rôle dramatique, dans ce qu’on pourrait présenter comme une sorte de Profession Reporter au féminin. Claire Denis, qui avait déjà magnifiquement filmé l’Afrique dans White Material, récidive avec l’Amérique du sud dans ce film qui est de la même veine caniculaire et sensuelle.
The Flash
Par J.V
Le pitch
Lorsque Barry / The Flash (Ezra Miller) se sert de ses super-pouvoirs pour remonter le temps afin de sauver sa mère (Maribel Verdu), l’espace-temps est bousculé et l’avenir modifié. Pris au piège d’une réalité où le général Zod (Michael Shannon) menace à nouveau d’anéantir la planète et où les super-héros ont disparu, Barry retrouve son double, sort de sa retraite un Batman méconnaissable (Michael Keaton) et tente de porter secours à Superman, incarcéré sans se douter qu’il tomberait sur un autre Kryptonien (Sasha Calle). Débute alors dans une course contre la montre pour protéger le monde dans lequel il est et retrouver le futur qu’il connaît…
Ce qu’on en pense
Retour vers le futur pour The Flash (Ezra Miller) qui, à l’instar du dernier Spiderman animé parcours le temps pour sauver les siens et l’humanité. L’occasion pour l’argentin Andy Muschietti ( Ca ) de multiplier les clins d’oeil aux films du DC Universe et de resortir de la naphtaline le Batman de Tim Burton, Michael Keaton. Malgré un final inutilement testostéroné, le film réussit où nombre de films de super-héros ont échoué en maintenant un bon équilibre entre action et humour. Bonne surprise.
Carmen
Par J.V
Le pitch
Carmen (Meillisa Barrera), une jeune mexicaine qui tente de traverser la frontière, tombe sur une patrouille américaine. Aidan (Päul mescal), jeune ex-marine lui sauve la vie en tuant l’un des siens. A jamais liés par cette nuit tragique et désormais poursuivis par les forces de l’ordre, ils font route ensemble vers la Cité des Anges. Ils trouveront refuge au cœur de la Sombra Poderosa , un club tenu par la tante de Carmen (Rossy de Palma) qui leur offrira un moment suspendu grâce à la musique et la danse….
Ce qu’on en pense
Adaptation très (trop ?) modernisée de l’opéra-comique de Georges Bizet, le premier film du danseur et chorégraphe Benjamin Millepied affiche de belles ambitions… hélas, vite effacées par une réalisation trés premier degré qui se perd dans les poncifs et oublie de développer la psychologie des personnages. Restent un beau couple de cinéma (Melissa Barrera et Paul Mescal), de belles chorégraphies et la sublime photo de Jörd Widmer, chef opérateur de Michaël Haneke et de Terrence Mallick.
Asteroid City
Par Ph.D
Le pitch
Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions. À quelques kilomètres de là, par-delà les collines, on aperçoit des champignons atomiques provoqués par des essais nucléaires…
Ce qu’on en pense
A Cannes, où le film était présenté en compétition, il a fallu un bus pour transporter le casting de l’hôtel jusqu’au Palais des Festivals ! Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Adrien Brody, Bryan Cranston, Tilda Swinton, Steve Carell et Willem Dafoe (entre autres) sont à l’affiche du nouveau film de Wes Anderson, petit chef d’oeuvre de miniaturisme et d’inventivité qui, sous la forme d’une vraie-fausse pièce de théâtre, raconte une rencontre du troisième type dans un décor des sixties en Arizona. On retrouve tout ce qu’on aime (ou pas) dans le cinéma d’Anderson, sous une forme plus légère et digeste que ses dernières réalisations (The French Dispatch, The Grand Budapest Hotel) qui pêchaient pas trop-plein. Asteroid City est sans doute son film le plus accessible depuis La Famille Tennenbaum. Idéal pour découvrir le cinéma de Wes Anderson ou renouer avec lui si on a décroché.