Ça vient de sortir

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Interview : Dany Brillant

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«On a pris un peu du King et on a rajouté du swing/La guitare de BB King sur la voix de Dean Martin/Bill Haley et ses Comets chantent avec Tony Benett». Pas besoin de se décarcasser pour présenter le nouvel album de Dany Brillant: tout est dit dans la chanson titre, «Rock and Swing». Du rock, du swing, une pochette rétro kitsch et emballez c’est pesé! Après des années de ventes en demi-teinte, le crooner de ces dames décroche à nouveau la timbale, comme au bon vieux temps de «Suzette» et de «Saint-Germain».Un retour en grâce dont on a parlé avec l’intéressé à l’occasion de son concert au Cannet La Palestre samedi 12 janvier.

Cet album, c’est un peu un retour aux sources, non?
Clairement, oui. C’est avec le swing que je me suis fait connaître.Après, j’ai mis ça de côté pour aller vers la salsa et la chanson italienne. J’ai fait des albums un peu bizarres (rires). J’avais l’impression de m’être un peu perdu.Commercialement, je me suis pris une droite.Le public n’a pas suivi.Donc, pour cet album, je suis revenu à mes fondamentaux et je m’aperçois que c’est là que je suis le mieux.

Comment expliquez-vous le succès immédiat qu’il a rencontré?
C’est une musique pour les temps de crise.Le swing, c’est ce qu’on dansait pendant la grande dépression et la guerre.Après les attentats de Paris et de Nice, je me suis demandé qu’est-ce qui pouvait redonner un peu de joie et d’espoir à ce pays et je me suis rappelé que la musique qui donne ça, c’est le swing.

Comment avez-vous travaillé ces chansons qui sonnent comme des classiques?
Comme j’avais déjà fait un disque de swing il y a 25 ans, je ne voulais pas faire la même chose.Je cherchais un concept et j’ai eu l’idée d’essayer de mélanger le rock et le swing.J’ai commencé les chansons à Paris, mais pour les enregistrer je voulais avoir ce son de guitares électriques très spécifique des années 50 et les cœurs gospel qui vont avec. Comme je n’étais encore jamais allé en pèlerinage à Memphis, ni à Nashville, c’était le moment ou jamais.C’est vraiment la source de cette musique.C’est là qu’Elvis a osé mélanger la musique blanche et la musique noire. Il y flotte encore le parfum des années 50 et du rock’n’roll.

Johnny et Eddy Mitchell s’y sont aussi ressourcés…
Oui, j’ai beaucoup pensé à eux.Surtout à Johnny, qui est l’équivalent d’Elvis pour les Français. C’est lui qui a imposé le rock dans notre pays.Ses obsèques, c’était un truc de fou.J’avais les larmes aux yeux, j’étais réellement bouleversé. Johnny, c’est plus que des chansons: c’est notre mémoire.Et comme il n’a jamais rien fait comme personne, il fait encore parler de lui après sa mort…

Les chansons plus lentes pourraient être des reprises d’Aznavour ou d’Alain Barrière…
C’est ma culture musicale. Plus jeune, je n’écoutais que ça. J’ai passé des années dans les cabarets de Saint-Germain, ça a bercé mon adolescence.On entend forcément mes influences dans mes chansons.On est des passeurs.Cette musique n’existe presque plus, on ne l’entend plus à la radio. Il faut la défendre pour ne pas qu’elle disparaisse complètement. Comme j’en suis un peu l’héritier, j’ai décidé de la défendre. A fond dans le vintage!

A quoi ressemblent les concerts?
La tournée sera 50 % rock 50 % swing, avec des cuivres et de la guitare électrique. Je vais mélanger ces deux styles sur scène, car le mélange est détonnant. J’ai des musiciens qui jouent dans l’esprit des années 50.On sera une dizaine sur scène dans les grandes salles et en formation plus réduite dans les petites. Avec un décor très technicolor, comme dans une comédie musicale.J’en ai d’ailleurs écrit une que j’aimerais bien monter un jour, en prolongement de l’album et de la tournée. En attendant, je me réjouis de venir jouer l’album sur la Côte. Regis Ceccarelli, qui l’a réalisé est Niçois et j’aime beaucoup cette ville. Ce serait formidable de jouer l’été prochain au Nice Jazz Festival. Nice, c’est un peu la patrie française du swing !

David Bowie : Glastonbury 2000

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On se méfie toujours un peu des lives posthumes,  dont le seul intérêt est souvent d’engraisser les ayants droits de l’artiste disparu . A tel point qu’on a mis longtemps à écouter ce concert de David Bowie enregistré en 2000  au festival de Glastonbury.  Bowie en était la tête d’affiche et si l’on en croit les organisateurs du festival (qui a pourtant vu défiler le gratin du rock et de la pop anglaise) ce fut « le meilleur concert jamais donné au festival… et peut-être le meilleur concert de tous les festivals« . A l’écoute,  force est de reconnaître que tout y est : Bowie a rarement mieux chanté en live,  le groupe est d’une incroyable musicalité, le son est parfait  et le répertoire balaie toute la carrière du Thin White Duke, de « The Man Who Sold The World » à « I’m Afraid of Americans« . En grande forme (il n’était pas encore malade) et très en cheveux sur les images du concert, le chanteur est d’une classe absolue et balaie effectivement toute concurrence. Le coffret 2CD/1 DVD est rigoureusement indispensable à tout amateur de Bowie et de rock qui se respecte. Quelle claque ! 

Interview: JL Murat

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Au bout du fil, la voix est toujours traînante et légèrement embrumée.Mais on le sent rempli d’une énergie nouvelle. Après quelques albums peu aimables, Jean-Louis Murat vient de publier l’un de ses plus beaux disques. Avec Il Francese, le chanteur Auvergnat fait la somme de ses expérimentations sonores, de ses talents mélodiques, de sa verve poétique et de son instinct voyageur.Il y convoque les fantômes d’un aïeul fantasmé, Joachim Murat, maréchal d’empire sacré Roi de Naples (que ses sujets surnommaient «Il francese») et celui de Silvana Mangano dont la voix illumine la chanson qui porte son prénom. On retrouve avec bonheur le chanteur à la plume élégante des années fastes. Il y a 30 ans, ce disque-là aurait ravi ses nombreux fans et ce serait vendu par palettes entières. Aujourd’hui, il se noiera probablement dans le torrent de nouveautés des nouveaux robinets à musique que sont les plateformes de streaming. Mais Murat n’en a cure: «Je ne m’attends pas à des miracles de toute façon» assure-t-il, en se réjouissant de repartir en tournée jouer ses chansons «à l’ancienne». Comme le baladin qu’à 66 ans il continue d’être…

Alors que nombre de chanteurs s’interrogent sur la nécessité de faire des disques qui ne se vendront pas, vous continuez à produire un disque par an. Pourquoi?
Vaille que vaille, j’essaie de ne pas me laisser décourager. C’est ma façon à moi de résister à la crise du disque.C’est trop tard de toute façon pour se poser des questions. Dans les années 90, on était dirigés par des imbéciles qui n’ont pas vu venir le danger de la numérisation. Aujourd’hui les artistes doivent faire avec. Si on tire un trait sur toute ambition parce que les conditions sont défavorables, on va pas aller loin…

Après les expérimentations sonores de Travaux sur la N89, on retrouve un Murat plus classique sur Il Francese
J’écris mes chansons toujours de la même manière, à l’ancienne , en piano- voix.Après, on rajoute des couches electro plus ou moins importantes avec Denis Clavaizolle. Il se trouve juste que j’avais des chansons plus structurées cette fois.Mais on a quand même énormément bossé dessus. Faire joujou avec les ordis, on croit que c’est plus rapide mais c’est juste l’inverse: on y passe un temps fou. Mais pour la tournée, on efface tout: ce sera à l’ancienne, en trio, avec des instruments de musique et aucune machine.

Pourquoi ce titre et ces références italiennes?
Elles ne sont pas nouvelles.Je m’en suis beaucoup servi déjà.J’aime bien jouer avec l’homonymie de Joachim Murat, le roi de Naples que ses sujets appelaient «Il Francese».Mais surtout, j’adore cette ville.Je voudrais y habiter.Et Silvana Mangano, sa voix me bouleverse tout simplement…

Dans «Achtung», la première chanson, vous parlez de la Bête et des boucheries qui pourraient rouvrir. Ce n’est pas de l’anti-germanisme primaire ? 

Je trouvais que c’était une bonne entrée en matière (rires). Les temps sont instables et il y a déjà des boucheries ouvertes ici et là.Mais non, ce n’est pas un commentaire politique anti-allemand. Ni pro U2 d’ailleurs! (Achtung Baby est le titre d’un album de U2. N.D.L.R)

Que vient faire Marguerite de Valois dans la chanson qui porte son nom?
C’est la reine des Auvergnats. Elle n’est pas née dans la région, mais y a habité assez longtemps pour qu’on l’ait adoptée.J’ai souvent parlé de la reine Margot dans mes chansons.Ici, dans la campagne, tout le monde aime bien la reine Margot.

La mort aussi semble s’être invitée dans l’album.Vous y faites souvent référence, pourquoi?
J’ai perdu un ami très proche, Christophe Pi, pendant l’enregistrement. On faisait de la musique ensemble depuis 30 ans, C’était un excellent musicien et l’album lui est dédié.L’ombre de la mort a plané sur l’enregistrement, il est empreint de son souvenir.

«Je me souviens», c’est une référence à Peirec?
Ah non, pas du tout alors! Heureusement qu’on peut encore se souvenir sans passer par lui. D’ailleurs , on ne se souvient pas des mêmes choses. Il était plus citadin que moi. Il y a des trucs dans le bouquin, je ne comprends même pas qu’on puisse s’en souvenir…

Ah ça y est, on attaque les vacheries?
Je ne me lève pas le matin en me disant je vais dire du mal de tel ou tel, mais je préfère les fights à ce silence de monastère où personne ne veut dire du mal de personne alors que tout le monde se déteste dans ce milieu à la con. Là, il y a Manset qui sort son disque en même temps que moi.Et ben, il fait des disques tellement nuls depuis tellement longtemps que je n’ai pas envie de me retrouver dans le même panier à la caisse du supermarché, Voilà, c’est dit! Ce n’est pas méchant, c’est un constat. Il est là depuis 68, il pourrait dégager quand même…

On pourrait dire la même chose de vous, non?
Oui, mais moi je n’ai pas l’impression de rabâcher. Il faut prendre des risques de temps en temps.Pas toujours jouer sur son petit fonds de commerce…

Il y a des gens dont vous pourriez dire du bien, pour changer un peu?
Oui, Rachid Taha tiens.Ca, c’est une vraie perte! Sinon, n’importe quel disque de blues des années 30-40 enregistré avec un micro me paraît toujours infiniment supérieur à ce qui sort aujourd’hui. Je ne suis pas certain qu’il y ait du progrès en art, mais en ce qui concerne la musique populaire, je suis tout à fait sûr du contraire!

Bruce Springsteen : On Broadway

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En attendant l’album de nouvelles chansons annoncé pour 2019 (enfin !), Bruce Springsteen publie la BO de sa résidence au Walter Kerr Theatre de New York (Broadway),   où il aura passé toute l’année 2018 à raconter sa vie en jouant ses plus célèbres chansons, à la guitare ou au piano. Une sorte de version live de son autobiographie parue en 2017  (Born to Run chez Albin Michel) en  double CD.  Malgré toute l’admiration qu’on a pour Springsteen, force est de prévenir que la chose est à réserver aux fans purs et durs… et surtout,  parfaitement bilingues ! Vue la longueur des discours du Boss qui introduisent les chansons,  l’écoute est plutôt ennuyeuse. La différence de volume sonore entre les parties parlées et chantées oblige à ajuster le son sans arrêt  et,  sans l’image, difficile de se passionner pour ces versions acoustiques de chansons archi-connues. Bref, on conseillera d’économiser ses précieux euros pour s’offrir l’abonnement à Netflix qui permettra de regarder le film du concert avec les sous titres. En attendant le DVD,  qui finira forcément par sortir un jour...

 

 

Interview: Dick Rivers

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Pour fêter ses 55 ans de carrière, Dick Rivers a compilé son «best of» sur un triple CD et a repris la route des concerts pour une tournée « rock’n’roll à donf' ». Elle passera par le théâtre  Lino Ventura  à Nice samedi  15 décembre. L’occasion de jeter avec  un coup d’œil dans le rétro avec le rocker qui n’a jamais oublié ses origines niçoises, ni caché son attachement à la Côte d’Azur…

En 1961, vous avez 15 ans, vous habitez Nice et vous devenez une idole du rock. Comment cela se pouvait-il ?
Mon premier 45 tours est sorti le jour de mon 15e anniversaire, le 24 avril 1961. Je suis passé directement du vélo à la Cadillac! (rires). Il fallait un certain culot pour se pointer, mais le public n’attendait que ça.

Vos premières chansons sont des reprises de rocks américains. Comment connaissiez-vous cette musique qui ne passait nulle part à l’époque?
La marine américaine était encore stationnée à Villefranche et les matelots amenaient tout de chez eux: leur bouffe, leur musique, leur civilisation. Pendant leurs permissions, certains jouaient au Vieux Colombier à Juan les Pins dans un groupe qui s’appelait Rocky Roberts & the Airdales. Ils avaient beaucoup d ‘avance, musicalement. Le mec le plus rock à l’époque en France c’était Gilbert Bécaud…

On est étonné de la qualité du son et de la musique sur vos premiers 45 tours. Ça sonnait presque aussi bien que les originaux…
En France, on ne connaissait rien au rock mais on avait de très bons studios d’enregistrement. Comme on était passionnés, on copiait nos maîtres avec tout notre cœur. J’ai appris l’anglais avec les marins américains et mes copains, qui allaient devenir les Chats Sauvages, ont appris à jouer en écoutant les disques et RTL la nuit. Il fallait avoir de l’oreille, mais c’est ça l’amour de la musique.

Entre Johnny, Eddy et vous, ce devait être la course pour dénicher la meilleure reprise avant les autres ?
Oui, mais c’était surtout le boulot des directeurs artistiques. Il y avait un grand décalage entre la sortie aux USA et l’arrivée en France, ça laissait du temps pour faire l’adaptation. La chance qu’on avait, c’est que ceux qui achetaient nos disques ne connaissaient pas les originaux. Et ça a duré jusqu’aux années 70! Quand John Denver a joué la première fois à l’Olympia, tout le monde a cru qu’il reprenait ma chanson («Faire un pont») en anglais!

On ne se souvenait pas de vos reprises des Beatles et des Kinks. Les rockeurs américains n’étaient donc pas vos seuls modèles?
Ils avaient de bonnes chansons, alors on les reprenait, mais je n’avais pas pour eux la même dévotion que pour Elvis. Aujourd’hui,  ils font partie de mes groupes préférés, mais à l’époque c’étaient juste des p’tits mecs comme nous. J’étais plus impressionné par leur son que par leur personnalité.

Il y a aussi cette version étonnante de «C’est extra» de Léo Ferré…
J’avais enregistré cette version pour l’anniversaire de sa mort et elle était restée inédite. Je trouve ça bien de l’avoir mis là. Mon truc c’est le rock, mais j’ai toujours respecté les autres chanteurs. En plus il était de Monaco et moi de Nice, ça nous rapprochait…

On s’aperçoit en regardant les dates de vos succès que vous avez traversé les décennies quasiment sans éclipse…
Oui, j’ai eu la chance d’avoir 3 ou 4 succès par décennie. Ça m’a permis de rester toujours présent. J’ai même fait une double carrière au Canada où d’autres chansons ont mieux marché qu’ici. Au bout du compte, je suis plutôt fier du parcours. Il n’y a pas trop de trucs honteux (rires)

Et vous continuez à chercher LA bonne chanson?
Oui toujours: c’est mon Graal. Je n’ai jamais écrit une chanson de ma vie, je ne suis qu’un vulgaire interprète, un éternel débutant…

Louis Bertignac : Origines

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Victime du syndrome The Voice , Louis Bertignac y va de son album de reprises. Au programme : les chansons qui ont bercé son « adulescence »:  du Bob Dylan , du Who, des Stones, du Rod Stewart, du JJ Cale, du Police,  du George Harrison… en versions françaises !  A ce stade, on craint le pire  : Johnny, Hugues Aufrey et Francis Cabrel (entre autres) se sont déjà prêtés à ce type d’hommages gênants.  Sauf, qu’ avec Bertignac, ça passe. Certes,  les traductions sont souvent limites  (« Coquine » pour « Cocaine« ), mais on a l’habitude d’entendre Louis chanter des textes naïfs. Après tout, « Cendrillon« , c’était pas du Rimbaud ni du Leonard Cohen…  Ici, les arrangements sont remarquablement fidèles aux originaux et les parties de guitare sont très chouettes, en rythmique comme en solo. Cela suffit pour qu’on trouve l’exercice au final plutôt sympathique. En concert, ce sera sûrement très sympa.

Michel Polnareff : Enfin !

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Plusieurs fois annoncé, toujours repoussé le nouvel album de Michel Polnareff est (Enfin !) sorti .Et – surprise! – on y retrouve Polnareff au sommet de sa flamboyance et de son inspiration la plus échevelée. Composé de 11 plages, l’album s’ouvre et se referme sur des instrumentaux épiquesPhantom» et «Agua Caliente»), comme à l’époque de Polnareff’s (1971). Ils donnent la couleur musicale: résolument baroque !  Trois titres sont déjà connus des fans: «Ophélie Flagrant des lits», «L’Homme en rouge» et «Sumi». Les deux premiers ont été entièrement ré-orchestrés et sonnent beaucoup mieux qu’en version originale.«Sumi»,   avec son récitatif à la Gainsbourg,  est un des sommets de l’albumGrandis pas», l’une des deux chansons que Polna consacre à son jeune fils, Louka, est un piano-voix classique sur lequel on retrouve avec bonheur la voix du chanteur, sans filtres, ni effets. Elle n’a jamais mieux sonné !  Dans «Longtime» (peut-être la meilleure chanson du disque), Polna se moque de ses pannes d’inspiration. Dans «Terre Happy», il  fait parler la Terre pour délivrer un message écologique simpliste. Côté musique, c’est plus Le Roi des fourmis, c’est Le Roi lion!  «Dans ta playlist» est une des 3 ou 4 chansons au format classique de l’album. Polna y taquine gentiment ObispoSi j’existe, c’est d’être dans ta playlist»).  À l’arrivée, Enfin! est l’album qu’on n’espérait plus de Michel Polnareff: original, inspiré, décomplexé, musical, d’un culot monstre.  Il fournirait la matière d’un super spectacle et peut-être est-ce pour cela qu’il a été conçu.  Pour le coup, on espère une tournée !

Bashung : En amont

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Neuf ans après sa disparition, sort enfin un album posthume d’Alain Bashung. Contrairement à d’autres (suivez notre regard…),  on ne pourra pas reprocher à ses ayant droits d’avoir cherché à exploiter son décès pour faire tourner leur Petite entreprise. Chloe Mons, la dernière compagne du chanteur et Edith Fambuena, qui avait travaillé sur Fantaisie Militaire (son chef d’oeuvre),  ont attendu le temps qu’il fallait pour être certaines de ne pas trahir la postérité de BashungFambuena s’est immergée dans les enregistrements  inutilisés du dernier album de Bashung,  Bleu Pétrole, pour en extraire ces 11 chansons,  dont le chanteur avait enregistré les maquettes en guitare-voix. Elle s’est contentée de refaire les parties de guitare et d’y ajouter un habillement sonore assez léger. Un choix parfaitement honnête et, surtout,  payant : l’album est magnifique !  On songe aux American Recordings de Johnny Cash, au  Nebraska de Bruce Springsteen,  aux premiers Leonard Cohen, à certains enregistrement d’Alan Vega… C’est de ce calibre. Signées Daniel Darc, Dominique A, Joseph D’Anvers, Arman Méliès, Raphaël ou Mickael Furnon, auxquels il les avait commandées par peur de manquer, ces chansons sonnent comme du pur Bashung. Est-ce le bonheur de réentendre sa voix, qui nous fait penser qu’on tient -là un de ses meilleurs disques ?  On n’a pas fini, en tout cas, de l’écouter en boucle.

Son Pays c’est Johnny

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Déjà à l’oeuvre sur De L’Amour, Maxim Nucci , alias Yodélice, a coécrit, réalisé et finalisé l’album posthume  du Taulier, Mon Pays c’est L’Amour. Lors de la conférence de presse de présentation du disque, il a longuement évoqué le making of du disque. Extraits choisis

Comme un live : « L’enregistrement s’est étalé sur un an. Johnny avait envie de refaire une tournée des stades. Il ne pensait qu’à ses fans. Les concerts c’était son carburant.  Il fallait donc des chansons avec des arrangements plus épiques que pour « De l’Amour« , qui était plus épuré. On a conçu l’album comme une setlist de concert, avec un interlude musical au milieu. Cette composition d’Yvan Cassar devait aller à la fin de « J’en parlerai au Diable » mais je trouvais qu’on s’éloignait trop de la version qu’avait chantée Johnny. J’ai pris sur moi de la couper et de l’insérer au milieu de l’album, comme un point de bascule »

Peu de prises: « Il n’y a eu aucun travail sur la voix de Johnny qui était incroyable pendant ces séances, comme rajeunie. Quand il passait derrière le micro, quel que soit son état d’esprit du moment, il avait la faculté de se connecter au sol et de tout donner.  Il faisait très peu de prises, entre 2 et 5, et souvent on a gardé la première. « Pardonne moi » , « Enfant du siècle » et « Je ne suis qu’un homme » ont été les premières enregistrées en mars. Les 7 autres, il les a chantées fin septembre début octobre. Sur la quarantaine de chansons qu’on lui avait proposées, Johnny en avait retenu 22 mais il n’en a chanté que dix. Tout ce qu’il a  chanté est sur l’album. Il n’y a pas eu d’autres prises. Il n’y a pas d’inédits de ces séances, ni de celles de De L’Amour d’ailleurs« .

Un disque normal: « Même si on savait qu’il était malade,  à aucun moment, je n’ai pensé en l’enregistrant que ce disque sortirait après la mort de Johnny.  On a travaillé comme pour n’importe quel autre album de Johnny. Il avait déjà eu des ennuis de santé et s’en était toujours sorti. J’étais plus perturbé que lui quand son cancer a été annoncé alors que nous venions de commencer à travailler sur l’album. Il nous a beaucoup préservé, ne s’est jamais plaint de rien. Jusqu’au bout il a été grand classe et élégant. C’est une grande fierté d’avoir pu travailler avec lui« .

Finir l’album : « Après sa mort on a eu encore 2 jours d’enregistrement avec Yarol Poupaud car Johnny voulait qu’on rajoute des guitares sur certains titres. Ensuite on est passé au mixage qui a duré une semaine. C’était très dur sans lui et même épouvantable.  Je n’aurais jamais cru vivre quelque chose d’aussi difficile en faisant de la musique« .

Le titre : « Quand on a fini « Made in Rock’n’Roll« , j’étais persuadé que ce serait le titre de l’album et celui de la tournée. Je voyais déjà les tee shirts qu’on pourrait faire… Mais Johnny a dit non. Il trouvait ça trop commercial. Il m’a sorti un truc du genre : « Tu m’as pris pour un vendeur de tee shirts ou quoi?« . Dans ce cas là on n’insistait pas. « Mon pays c’est l’amour » était une de ses chansons préférées de l’album. Il nous poussait pour qu’on en trouve d’autres dans ce style vintage. Du coup, parmi les 150 propositions de titre de pour le disque c’est celui-là qui a été retenu »

 

 

Hallyday: Mon Pays c’est l’amour

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Mis en place à 800 000 exemplaires et déjà certifié disque de platine avec plus de 100000 précommandes, c’est l’événement discographique de l’année. L’album posthume de Johnny Hallyday est là. Et il est très bon ! Peut-être pas le meilleur disque de Johnny (De L’Amour garde notre préférence), mais un de ses plus réussis. Réalisé par Maxim Nucci (alias Yodélice), comme le précédent, il se situe musicalement  dans la même lignée,  mais  avec plus d’emphase,  car Johnny voulait des chansons à jouer dans les stades. La voix (incroyablement préservée, voire régénérée) et les guitares sont très en avant. Bien que ses concepteurs réfutent le terme, la tonalité générale est plutôt crépusculaire.  Plusieurs titres retiennent  l’attention: le premier « J’en parlerai au Diable« , un rock très réussi dont le texte est inspiré  d’une chanson de Ray Wylie Hubbard (« Conversation With The Devil ») et le dernier « Je ne suis qu’un homme« , une power ballade très puissante sont des hits en puissance. Mais on leur préfère  « Mon Pays c’est l’amour »  et « Made in Rock’n’roll » deux rockabillys superbement exécutés dans la lignée des « Rocks les plus terribles« . « Back in LA » dont le texte est signé Miossec et  « Un Enfant du siècle » un rock très accrocheur en forme de bilan générationnel, font aussi la balle. Un album de pur Hallyday, qui ravira les fans et leur fera verser des larmes. Seul petit bémol: des textes remplis de clichés éculés et d’un niveau général plutôt faible.

Mylène Farmer : Désobéissance

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Pas de bol pour Chris(tine&theQueens)  !  Mylène is back. Après une série d’albums décevants, Désobéissance marque le retour aux affaires de la Farmer. Et ça risque de faire mal puisqu’une tournée est annoncée dans la foulée. La rouquine, 57 ans aux fraises mais toujours gironde,  a semble-t-il retrouvé l’inspiration et le goût de faire. Les 12 chansons de l’album sont toutes intéressantes, surprenantes (c’est quoi cette voix!), voire tubesques. Il y a du Mylène pur jus (« Désobéissance », « Sentimentale« ), de l’électro  (merci Feder !), de la pop (merci LP!), des trucs zarbis (« Au Lecteur« ), des couplets chelous (« Histoires de fesses« ) … Zéro déchet. C’est du Mylène écolo-équitable !  Et cette photo de pochette (signée Mondino comme à la grande époque) ! Ses fans vont vouloir l’encadrer au dessus leur lit,  c’est sûr. Bref, ça sent le roussi (si, si!) pour celles qui auraient bien aimé récupérer sa fan base gay : la reine de la french pop  est de retour.

Fred Nevché: Valdevaqueros

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On l’avait laissé sur la route avec Rétroviseur, un album en forme de road movie…On retrouve le Marseillais Fred Nevché sur «L’Océan», croisant au large de l’Andalousie pour Valdequeros, son quatrième album. Avec Johnny en passager clandestin !  Dans «Moi je rêve de Johnny souvent»,  Nevché raconte ce rêve «étrange et récurrent» dans lequel il traverse la France en voiture avec Johnny.  Le clip (voir plus bas) est un des 13 qui accompagnent les chansons de l’album et forment une  histoire. Il y est question de voyages, d’Andalousie (« Valdevaqueros ») , de recherche d’identité, de politique aussi, entre les lignes…  Musicalement, Valdevaqueros reprend les choses où les avait laissées son prédécesseur: sur «L’Autoroute».   Un premier titre en spoken word electro qui donne la tonalité de l’album enregistré au studio Paradis à Marseille avec Simon Henner et Martin Mey. Les influences de Sébastien Tellier et Flavien Berger , voire de Jacques BrelJe ne te quitte pas»)  s’y font sentir.  Un album rêveur poétique et voyageur, léger comme une brise d’automne sur la plage de Valdevaqueros. Son meilleur à ce jour. 

Christine & the Queens: Chris

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Méfions-nous de la tentation de brûler ce que l’on a adoré. Avec son nouveau look camionneur, son nom de scène raccourci (Chris), ses déclarations à l’emporte pièce sur sa sexualité et ses origines sociales, ses imitations de Michael Jackson et sa propension à utiliser Logic Pro pour trouver des mélodies sans se fatiguer, Christine Queens a tendu quelques bâtons pour se faire battre. On s’attend à ce qu’elle essuie une volée de bois vert, façon Christine Angot,  avec ce deuxième album maousse costaud (23 titres !),  annoncé comme la 8e merveille du monde de la musique et peut-être trop longtemps attendu. En 2014,  Héloïse Letessier avait pourtant chamboulé la scène pop française avec son premier album, Chaleur Humaine, et ses chansons electro minimalistes,  bricolées sur ordi, aux textes gentiment barrés. Quatre ans,  plusieurs victoires de la musique et une reconnaissance internationale plus tard, l’effet de surprise/séduction est passé et on s’étonne de ne plus écouter Christine Queens avec le même plaisir. L’a-t-on trop entendue? La formule serait-elle déjà usée? Il y a pourtant de bonnes chansons dans ce deuxième album, comme « La marcheuse » ,  » Machin-chose« , « Bruce est dans le brouillard » ou les singles « Damn, dis moi » et « 5 Dollars« …  Mais la production clinquante les fait sonner comme du Christine & the Queens sous stéroïdes. Rien qu’on ait vraiment envie d’écouter en boucle, ni qu’on ait spécialement hâte de découvrir en live.  Trop synthétique, Chris manque de ce qui faisait le charme de son prédécesseur : la « chaleur humaine« .

Joann Sfar: Modèle Vivant

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Par M.A.B

Modèle Vivant   est un essai ou plutôt une compilation  de petits récits . Comme une succession de réflexions drôles, absurdes et graves, sur notre époque, menée à la première personne par Joann Sfar, lui-même. Tout part du jour ou la direction de l’école des beaux arts où il enseigne le dessin depuis deux ans  demande à l’auteur du «Chat du rabbin » de régler le problème du harcèlement sexuel dans l’ établissement « Rien que ça !  » pense t il.   « il faut écrire un manifeste » a même dit Françoise Nyssen aux élèves . « A quoi cela va-t-il servir ? »   a répondu l’ un d’eux . « Ce sera déjà ça » a rétorqué la ministre avant de faire demi tour.  L’auteur niçois dubitatif, s’est alors interrogé beaucoup plus largement sur notre époque de représentation et le sort réservé aux  modèles vivants : ceux qui posent dans les ateliers de dessin, exposés aux regards jamais neutres jamais objectifs des apprentis dessinateurs   mais aussi tous ceux qui sont photographiés, utilisés, croqués et trahis d une façon ou d’une autre  : acteurs , mannequins, figurants … Selon Sfar, lassés d’être humiliés ces modèles sont en train de se révolter, de vous arracher le pinceau des mains et de vous dire – voir aussi les selfies – je vais le faire moi – même mon portrait ! Bref, Sfar livre ici des réflexions décousues et brouillonnes certes,  mais vives, incisives et décapantes sur la pensée unique, sur les problématiques artistiques et sociales contemporaines, sur les relations hommes femmes et sur le besoin de respect de tout un chacun. C´est lumineux, par moment.

Paul McCartney : Egypt Station

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Au fil du temps,  Paul McCartney a acquis un statut de génie chaleureux et sympathique qui en fait une sorte de grand père idéal. De sorte que ses disques sont attendus par tout le monde comme les nouvelles d’un ami très cher ou d’un oncle d’Amérique adoré. Même lorsqu’ils sont tout juste moyens, on les écoute avec plaisir et mansuétude.  Qu’en est-il du dernier en date, Egypt Station ? Annoncé par trois singles accrocheurs, il est fidèle à l’image qu’on s’en faisait par avance. C’est un album de pop guilleret et coloré. Outre les 3 singles (« Come On To Me », « I Don’t Know » « Fuh You« ), plusieurs titres accrochent dès la première écoute comme « Happy With You« , ode acoustique au bonheur conjugal, « Who Cares » un rock qu’aurait pu signer Pete Townshend,   le très  Lennonien « People Want Peace », l’étonnant « Caesar Rock » (qu’on croirait chanté par Roger Daltrey), le mélancolique « Despite Repeated Warnings » ou la suite finale « Hunted You Down/Naked/C-Link » propulsée par un gros riff de guitare fuzz. En négatif, on note un trop plein de ballades acoustiques  molles et la voix de Paul, qui a encore baissé d’un ton.  Egypt Station n’est certainement pas le successeur espéré de Chaos and Creation in the Backyard, dernier  chef d’oeuvre en date de l’ex-Beatles. Mais  il nous fera de l’usage pour repeindre en pastel  les grises journées d’automne et d’hiver…