Il ne faut quand même pas s’attendre à un miracle: Chuck Berry avait 90 ans, il a connu son pic créatif il y a soixante ans et n’avait plus rien enregistré depuis 40 ans. En plus il est mort ! On se doute que pour sortir ces dix chansons posthumes, il a fallu faire les fonds de fonds de tiroir et bidouiller à tout va sur les guitares et les voix. Les dernières fois qu’on l’a vu jouer en concert, Papy Chuck avait le plus grand mal à faire les deux à la fois… Malgré tout, qu’on se le dise, ce disque est bon. Et même excellent ! Toutes les chansons tiennent la route. Les rocks (« Wonderful Woman », « Big Boys » , « Lady B Goode »…) emballent comme au bon vieux temps , les blues (« You go to my head », « Eyes of a man », « Darlin » ) sont chantés avec sérieux et les ballades (« 3/4 Times (Enchilladas) », « Jamaica Moon ») chaloupent gentiment. Les guitares sonnent (on s’en fout si c’est pas lui qui joue: ça y ressemble) , le piano bastringue est là en soutien et les prises de voix sont plus que correctes. Ca fait déjà un skeud sympa à s’offrir (en vinyle, évidemment). Mais, en plus, il y a une vraie pépite : « Dutchman » , un talkin blues dans lequel Chuck convoque Dylan et John Lee Hooker pour raconter l’histoire du vrai Johnny B Goode. Carrément ! Finalement, il faut toujours croire aux miracles.
Chuck Berry
Chuck
(Decca)
Paul Auster: Baumgartner
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Par MAB
Un Hiver à Yanji
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Par Ph.D
Le Pitch
C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng (Liu Haoran) s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana (Zhou Dongyu), une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao (Chuxiao Qu), un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changbai…
Ce qu’on en pense
Découvert au Certain Regard à Cannes (où Anthony Chen avait reçu la Caméra d’or en 2013 pour son premier film Ilo Ilo), Un Hiver à Yanji est une romance qui assume ses influences : Jules & Jim de François Truffaut et le cinéma de Wong Kar Wai. On se laisse entrainer dans les paysages enneigés de la frontière sino-coréenne superbement photographiés et dans les jeux de l’amour et du hasard que pratiquent, sans avoir l’air d’y toucher, les trois protagonistes. Leur marivaudage fonctionne comme une allégorie des relations entre la Chine et la Corée.
Mes nuits sans Bardot
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Par MAB
C’est souvent cruel d’être un monstre sacré. Il suffit de se pencher sur « Mes nuits sans Bardot », la biographie romancée que nous propose Simonetta Greggio pour s’en convaincre. La narratrice, en effet, s’est installée dans une maison de Saint-Tropez à côté de « La Madrague », ou la star déchue – 90 ans en septembre prochain – vit recluse entourée de ses chiens. Elle lui écrit chaque jour de longues lettres qu’elle dépose ensuite sous un caillou sans espoir de retour. Le procédé est simple. L’auteure, aidée par l’autobiographie de BB, peut tout se permettre. Et c’est, d’ailleurs, ce qu’elle fait. Imaginant les pensées mortifères de la désormais vieille dame et établissant des correspondances entre la célebrissime actrice des années soixante-dix et sa propre vie de femme libre versée dans « la dolce vita ». Et l’on entend d’ici les réticences des lecteurs. Que peut-on apprendre de plus de BB que l’on ne sache déjà? Cette époque est révolue. Tous ses amants ont disparu. Les nouvelles générations ne la connaissent pas. Rares sont ceux qui continuent à voir les films dans lesquels elle a tourné ( La Vérité, Vie Privée, Le Mépris, Viva Maria...) Et puis, l’on sait les causes qu’elle a défendues ( Ridiculisée à l’époque, elle était pourtant à l’avant garde pour les bébés phoques !). Mais aussi ses partis pris extrémistes. Ce fils qu’elle n’a pas voulu élever. Les engagements politiques de son dernier mari dont d’ailleurs Simonetta ne parle pas… Oui, tout cela est vrai. Et pourtant revisiter la vie de cette étoile filante et replonger dans cette époque de folie créatrice est passionnant. Notre regard change sur cette rebelle, farouchement indépendante et autonome qui a payé souvent très cher sa beauté, sa célébrité et surtout sa stupéfiante modernité. Cette amoureuse au franc parler qui quittait dès qu’elle s’ennuyait. Celle qui après « Et Dieu créa la femme » fut autant insultée qu’idolâtrée. Qui dut vivre sa grossesse et son accouchement en enfer…Celle surtout qui, dégoutée par le milieu, quitta le cinéma à 38 ans. Bref, on ne sait trop comment Simonetta s’y est prise, mais elle a réussi à nous rendre cette insolente Brigitte aussi drôle et attachante pour ce qu’elle a été dans le passé, qu’inspirante pour les femmes d’aujourd hui.
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