Cinéma

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Antigang : La Relève

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Par Ph.D

Le pitch

Ancienne légende de la brigade Antigang connue pour ses méthodes musclées et peu conventionnelles, Niels Cartier (Alban Lenoir), a quitté la police à la suite d’une intervention qui a mal tourné et conduit au décès de sa femme. Quand le gang de braqueurs responsable de sa mort réapparait huit ans plus tard, Niels ne laisse personne se mettre en travers de son chemin pour obtenir vengeance. Quitte à devoir former malgré lui un duo explosif avec sa fille de 14 ans (Cassiopée Mayance) , au tempérament bien trempé…

Ce qu’on en pense

Après Netflix (AKA, Balle perdue…), Disney + succombe à son tour à la vogue des « Alban Lenoir movies » : des films d’action portés par l’acteur en passe de devenir le Vin Diesel du cinéma français. Au menu : bastons, poursuites en voiture et humour beauf. Comme son titre l’indique, Antigang : La Relève est une suite du film de Benjamin Rocher sorti en 2015 et porté par Jean Reno. Alban Lenoir y incarnait un personnage secondaire. Il passe cette fois au statut de héros, tandis que Jean Reno est relégué au second rang. Disney oblige, le scénario appuie sur la touche « humour » plutôt que  « règlements de comptes sanglants » et ajoute un personnage enfantin pour plaire aux ados et pré-ados abonnés à la plateforme par leurs parents. Le résultat est affligeant : ni drôle, ni palpitant, le film se traine lamentablement.

Agent Stone

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Par Ph.D 

Le pitch

Une équipe du MI6 en mission en Italie rencontre de grandes difficultés pour capturer un marchand d’armes. Heureusement, l’agent Rachel Stone (Gal Gadot),  dont la spécialité est en principe le hacking,  montre qu’elle est aussi à l’aise avec ses poings qu’avec ses doigts sur le clavier d’un ordinateur…  

Ce qu’on en pense

Il se confirme que c’est sur la plateformes de streaming qu’il faut désormais chercher le blockbuster de l’été. Avec Agent Stone Netflix se taille, comme d’habitude,  la part du lion. Au départ, on croit à un sous-Mission Impossible et puis de rebondissements en rebondissements, on se trouve embarqué dans un James Bond féminin,  avec Gal Gadot (Wonder Woman) dans le rôle de l’agent spéciale- trés spéciale, des incursions en Italie, en Islande et au Sénégal, des poursuites et des bastons qui dépotent et des personnages (pour la plupart féminins) qu’on aura plaisir à retrouver dans d’autres aventures. Une réussite.

Medellin

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Par Ph.D

Le pitch

Pablito (Brahim Bouhlel) est un jeune Youtubeur, fasciné par Pablo Escobar. Il décide de réaliser son rêve en partant à Medellin sur les traces du baron de la drogue. Quelques jours plus tard, c’est par une vidéo postée sur ses réseaux sociaux, que le monde découvre que Pablito a été enlevé par de dangereux narcos, qui exigent une énorme rançon pour le libérer.  » Plata o Plomo !  » . Mais ce que les Narcos ignorent c’est que Pablito a un grand frère (Ramzy Bedia) et que ce grand frère a un plan aussi simple que totalement insensé : monter une équipe, faire une descente en Colombie pour affronter les hommes du cartel et ramener son petit frère sain et sauf.

Ce qu’on en pense

Un Franck Gastambide pour l’été sur Prime Video. Humour, action,  romance, exotisme… La recette est bien rodée et fonctionne encore. Du moins dans la première partie du film, la seconde est plus laborieuse. Le personnage de Pablito (Brahim Bouhlel en sosie d’Escobar) est sous-utilisé au profit d’une romance insipide entre Gastambide et une fliquette locale et le scénario patine. Mais les scènes d’action fonctionnent, le duo  Ramzy/Gastambide accroche, la Colombie n’est pas mal filmée et on s’amuse bien dans l’ensemble.

Une Zone à défendre

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Par Ph.D

Le pitch

Greg (François Civil) , officier de la DGSI, est envoyé sous une fausse identité pour infiltrer une ZAD. Il y rencontre Myriam (Lyna Khoudri) , une militante écologiste. 18 mois plus tard, Greg retourne sur place pour une mission officielle, il retrouve Myriam et découvre qu’elle a un bébé. Déchiré entre son ambition professionnelle et un amour naissant, Greg doit faire un choix, qui peut tout changer. Car le temps presse, bientôt tout disparaîtra…

Ce qu’on en pense

Première production française pour Disney +,  le nouveau film de Romain Cogitore (Gouttes d’or, L’Autre continent) ne vas pas relever le niveau général des réalisations francophones pour plateformes. Romance sur fond de militantisme écolo, Une Zone à défendre aligne péniblement tous les clichés sur les méchants flics et les vilains politiciens  opposés aux gentils zadistes. Au milieu, François Civil et Lyna Khoudri (révélation de Papicha) font de leur mieux pour faire croire à leur amour impossible,  entre deux leçons de militantisme ou de real politik assénées avec force par des seconds rôles réduits à cette seule fonction. On s’achemine ainsi vers un final hyper prévisible qui ne laisse pas grand chose à défendre.

Cash

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Par Ph.D

Le pitch

À Chartres, les Breuil, à la tête d’un important groupe de parfums, règnent sur la ville de père en fils. Toujours à Chartres, mais à des années-lumière de ce monde de luxe, Daniel Sauveur (Raphaël Quenard) ne supporte plus la richesse insolente des Breuil et vit de petites combines. Quand le micro business qu’il a monté avec Scania (Igor Gotesman), son copain d’enfance,  est sabordé par le groupe, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger. Il se débrouille alors pour être embauché dans l’usine familiale et convainc ses collègues de dérober une partie du stock. Avec toujours le même objectif : faire tomber la plus puissante dynastie de la ville…

Ce qu’on en pense

Révélé au printemps dans l’excellent Chien de la casse, Raphael Quenard confirme dans cette comédie noire produite par Netflix qu’il est un des acteurs les plus intéressants de sa génération. Il faut dire que le rôle de petit arnaqueur de province aux dents longues que lui confie Jérémie Rozan  (La Révolution sur Canal+) lui va à merveille. Et qu’avec Igor Gotesman, Agathe « Titane » Rousselle, Youssek Hajdi, Grégoire Colin et Nina Meurice à ses côtés, il est plutôt bien entouré.  Bien écrit , avec une intrigue solide et des dialogues hilarants,  bien joué et bien réalisé, Cash est au niveau des meilleures comédies anglophones du genre. Un mélange improbable d’Audiard et de Guy Ritchie. Le film de l’été sur Netflix.  

 

 

 

The Covenant

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Par Ph.D

Le pitch

Lors de sa dernière mission en Afghanistan, le sergent John Kinley (Jake Gyllenhaal)  fait équipe avec l’interprète Ahmed (Dar Salim) pour arpenter la région. Lorsque leur unité tombe dans une embuscade au cours d’une patrouille, Kinley et Ahmed sont les seuls survivants. Alors que des combattants ennemis les poursuivent, Ahmed risque sa vie pour transporter Kinley, blessé, en sécurité. De retour sur le sol américain, Kinley apprend qu’Ahmed et sa famille n’ont pas obtenu la possibilité d’entrer aux Etats-Unis comme promis. Déterminé à protéger son ami et à rembourser sa dette, Kinley retourne dans la zone de guerre pour récupérer Ahmed et les siens…

Ce qu’on en pense

Guy Ritchie continue d’inonder les plateformes de films de commande sans grand intérêt , ni originalité mais réalisés avec soin avec des castings prestigieux.  Jake Gyllenhaal est la vedette de cet honnête film de guerre qui s’attaque à l’ingratitude de l’armée US,  qui a laissé derrière elle, en évacuant l’Afghanistan, des dizaines de collaborateurs locaux, auxquel on avait promis l’asile et qui se sont retrouvés seuls face aux  talibans. Un peu longuet dans sa partie « survival »,  The Covenant offre, dans la première, une immersion assez réaliste auprès des troupes US avant la débâcle. Dar Salim, qui joue l’interprête laissé pour compte,  est excellent face à un Jake Gyllenhaal peu inspiré.

Tyler Rake 2

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Le pitch

Après avoir miraculeusement survécu aux événements du premier volet, le mercenaire australien des forces spéciales Tyler Rake (Chris Hemsworth ) est de retour pour une nouvelle mission suicide : extraire de prison une famille martyrisée par un impitoyable gangster géorgien…

Ce qu’on en pense 

Carton absolu du premier confinement sur Netflix, Tyler Rake est en passe de devenir le blockbuster d’été récurrent de Netflix. Toujours réalisé par l’ancien cascadeur (Sam Hargave) et produit par les frères Russo, Tyler Rake 2 reprend fidèlement les codes du numéro 1  : l’ex-mercenaire miraculé du 1er volet est embauché pour une nouvelle mission d’extraction (d’où le titre original) : celle de sa belle soeur , retenue avec ses enfants dans une prison georgienne où son mari, un caïd de la mafia locale, purge sa peine. Où vont-ils chercher des intrigues pareilles ? Malgré tout,  la séquence de traversée de la cour de prison envahie par des centaines de taulards en pleine mutinerie constitue l’un des morceaux de bravoure de TR2. Au bout d’une heure, cependant, on se demande à combien de déraillements de trains, de crashes d’hélicotères, de tonneaux en voiture, de rafales de kalashnikov à bout portant, de coups de couteau et de tirs de lance roquette, un homme peut survivre ? Une infinité, apparemment, s’il s’appelle Tyler Rake (Chris Hemsworth, toujours impeccable en mercenaire au coeur brisé). Beaucoup moins, sans doute, pour un spectateur lambda dans son canapé. Mais le spectacle de la douce Golshifteh Farahani, maravant de ses petits poings des colosses georgiens de 200 kilos pour les finir au couteau vaut à lui seul de survivre à tout le reste.

Opération Fortune

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

L’agent spécial Orson Fortune (Jason Statham) et son équipe recrutent l’une des plus grandes stars de cinéma pour les aider dans une mission d’infiltration lorsque la vente d’une nouvelle technologie d’arme mortelle menace de perturber l’ordre mondial…

Ce qu’on en pense

Un Guy Ritchie inédit, en streaming, avec Jason Statham , Hugh Grant et Josh Harnett ? Forcément, ça se regarde (Sur Prime Vidéo). Et on n’est pas déçu. Certes, Ritchie (The Gentlemen) ne se foule pas à la réalisation,  mais d’un autre côté ça évite une débauche d’effets, pas toujours spéciaux. Le scénario recycle pas mal de déjà vu (James Bond, Mission Impossible, toussa…) ,  mais on aime l’idée d’embaucher un acteur (Josh Hartnett en simili Tom Cruise) pour une mission d’espionnage falabraque. C’est rythmé et trés second degré. Pour un visionnage de week-end en famille, ça fait largement la balle.

The Mother

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Pour échapper à des malfrats qui la recherchent pour l’éliminer, une ex-agente des services secrets  (Jennifer Lopez) est contrainte d’abandonner son bébé et de partir se cacher au fin fond de l’Alaska. Douze ans plus tard, elle doit sortir de sa cachette pour retrouver sa fille que ses poursuivants ont enlevée…

Ce qu’on en pense

Cette série B d’espionnage vaut d’abord pour son casting (Jennifer Lopez, Gael Garcia Bernal, Omari Hardwick) et se laisse regarder pour les paysages enneigés d’Alaska où se réfugie l’héroïne pour échapper à d’anciens partenaires qui la recherchent pour l’éliminer (air connu). Après une première partie d’action pure plutôt bâclée, le scénario met l’accent sur les rapports mère-fille et le traumatisme de l’abandon. Le film devient alors un peu plus intéressant, , avec même une découverte : Lucy Paez dans le rôle de la gamine.  Sinon, cette production Netflix s’adresse avant tout aux fans de J.Lo,  qui y est trés à son avantage en tireuse d’élite dure au mal. 

Cannes 2023: Part 4

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Par Philippe Dupuy

La vitalité et la créativité de Marco Bellocchio n’en finissent pas d’épater sur la Croisette. L’an dernier, le réalisateur octogénaire y présentait un série politique sur Aldo Moro. Cette année, c’est un grand film historique. Rapito (L’Enlèvement) conte l’histoire véridique d’un enfant juif de Bologne, arraché à ses parents par l’église catholique,  au prétexte qu’il avait été baptisé en secret par sa nourrice et qu’il devait donc recevoir une éducation catholique. Pris sous son aile par le Pape Pie IX en personne, le garçon ne sera jamais récupéré par sa famille,  mais son cas contribuera à faire tomber le régime religieux. Bellocchio en tire une fresque historique d’une grande ambition formelle, mais un peu pesante. L’ambition est aussi ce qui caractérise le nouveau film  de Tran Anh Hung qui,  après L’Odeur de la papaye verte,  livre une somptueuse adaptation du roman de Marcel Rouff, La Passion de Dodin Bouffant. N’y allez pas le ventre vide : il n’est question que de manger !  Benoît Magimel et Juliette Binoche y campent un couple du 19e siècle passionnés de cuisine au point que toute leur vie tourne autour de la préparation de repas pantagruéliques. Tran Anh Hung filme ces festins avec une telle gourmandise qu’on en salive sur son siège. Le jeu des acteurs a beau être trés théâtral, Magimel a une telle présence qu’un prix d’interprétation n’est pas exclu. Plus léger, le nouveau Nanni Moretti, Vers un avenir radieux a conquis les festivalier par son humour meta sur le cinéma. Il y incarne un réalisateur obsessionnel qui lui ressemble beaucoup. Le film, lui, ressemble a du Woody Allen doublé en italien. On y a passé le meilleur moment de l’édition. Le plus mauvais fut sans doute la projection du film de Catherine Breillat, L’été dernier, titre d’une originalité confondante qui est censé annoncer l’histoire d’amour « underage » entre une avocate (Lea Drucker) et son beau-fils de 17 ans. On n’y croit, évidemment,  à aucun moment et on a de la peine pour la malheureuse Lea Drucker contrainte à des scènes d’amour et de sexe ridicules. Heureusement, le bien nommé Perfect Days de Wim Wenders nous a lavé les yeux et les oreilles de cette horreur avec la même efficacité que son héros nettoie les toilettes de Tokyo. Une ode à la vie simple (et aux cassettes audio vintage) qui nous a rappelé Paterson et les premiers films de Jim Jarmusch.  En BO : Lou Reed, Van Morrison, Patti Smith, Nina Simone… Le bonheur , quoi ! Restait au vétéran Ken Loach la charge de réveiller nos conciences assoupies par trop de champagne et de paillettes. The Old Oak s’y emploie avec l’efficacité et le manichéisme habituels du réalisateur anglais. Une bonne claque avant de remettre le smoking et le noeud pap’ dans la naphtaline et de se dire « A  l’année prochaine »…

 

Cannes 2023: Part 3

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Entre deux averses et un bad buzz de Thierry Fremaux,  pris à partie par un policier municipal qui ne l’avait pas reconnu (la vidéo de l’incident a été visionnée 3 millions de fois sur les réseaux sociaux), on a pu voir  deux documentaires dans lesquels des acteurs rejouent des scènes vécues. Le premier, Little Girl Blue, signé Mona Achache, met en scène Marion Cotillard dans le rôle de la mère de la réalisatrice, photographe et écrivaine à la vie dissolue. La réalisation est léchée, mais on peine à s’y intéresser. Dans le second, Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Ania présenté en compétition, la réalisatrice raconte l’histoire d’une mére Tunisienne qui a vu deux de ses filles partir pour le jihad et a été obligé de faire interner les deux autres pour les empêcher de faire la même chose. Olfa intervient à l’image, mais une actrice la double dans les scènes avec ses deux filles radicalisées, également jouées par de jeunes actrices. Le procédé est intéressant, mais on s’y perd un peu. Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet a mis dans le mille. La réalisatrice de Victoria et Sibyl se retrouve en tête des pronostics pour la Palme avec ce film de procès qui met en scène Sandra Huller (décidément l’actrice de l’édition) dans le rôle d’une femme accusée du meurtre de son mari. L’homme a été découvert sans vie au pied de leur chalet proche de Grenoble. Suicide ou homicide ? Comme la justice est aveugle, c’est leur fils également aveugle qui fera pencher la balance…  Malgré la qualité de la réalisation, on ne partage pas l’unanimisme de la critique. Le film est trop long et les scènes de procès  sont tout sauf crédibles. Reste la perfrmance de Sandra Huller,  grande favorite pour le prix d’interprétation. Place ensuite au film historique avec Firebrand (Le Jeu de la reine en VF) de Karim Aïnouz dans lequel Jude Law méconnaissable campe un effrayant roi d’Angleterre, émule de Barbe Bleue. Alicia Vikander lui donne la réplique dans un trés beau rôle de femme violentée qui, malgré tout,  tient tête à son bourreau jusqu’au bout. La réalisation est trés puissante et on en sort secoué.  Avec Club Zéro, Jessica Hausner signe un pamphlet sur la manipulation d’adolescents par leur prof de nutrition (jouée par Mia Wasikowska). L’esthétique, entre Wes Anderson et Yorgos Lanthimos, est le point fort du film qui, pour le reste,  peine à convaincre. Avec Asteroid City,  Wes Anderson signe un nouveau chef d’oeuvre de miniaturisme à gros casting (Tom Hanks, Scarlett Johansson, Margot Robbie, Steve Carell, Edward Norton, Adrien Brody, Jason Schwartzman, Bryan Cranston, Jeff Goldblum…). Tellement gros, qu’il a fallu affréter un bus pour amener toutes l’équipe à la montée des marches ! On a adoré cette vraie-fausse pièce de théâtre qui raconte une rencontre du troisième type dans un décor des sixties en Arizona.   

 

Cannes 2023: Part 2

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Après Johnny Depp et Harrison Ford, place à Leonardo DiCaprio et Robert de Niro. La présentation (hors compétition) du nouveau film-fleuve de Martin Scorsese, Killers of The Flower Moon,  a fait l’évènement. Le duo tient ses promesses et le film est excellent, même si pas évident à digérer dans le contexte festivalier, vue sa longueur (3h26). On l’appréciera mieux à sa sortie en salles et sur AppleTV/Canal+. Comme on le pressentait, Zone of Interest de Jonathan Glazer a été le premier choc de la compétition (et à ce jour le seul). Superbe adaptation du roman de feu Martin Amis (qui n’a pas eu le temps de s’en réjouir), le film se passe presque tout entier dans la maison du commandant d’Auschwitz. Une vie de famille presque normale, n’était un fond sonore constitué du ronflement continu des fours, de cris, d’ordres hurlés, d’aboiement de chiens et de coups de feu. Derrière les hauts murs du jardin, on voit la fumée monter d’une énorme cheminée. Un environnement que la grand-mère des enfants,  en visite dans la famille, aura du mal à supporter. Mais pas leur mère (jouée par l’épatante Sandra Huller, en lice pour le prix d’interprétation) toute fière de sa jolie maison et des avantages liés à la position de son mari : dans les lots de vêtements qui lui arrivent du camp, il y a parfois un manteau de vison… Moins ébouriffante que celle d’Under the Skin (du même réalisateur), la mise en scène de Zone of Interest est aussi glaçante que son sujet. Le film est immédiatement devenu le favori de la critique pour la Palme d’or.  Celle de plomb a, par contre, été décernée à la quasi unanimité à Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire : une plongée en apnée dans la misère sociale la plus glauque avec deux ambulanciers new-yorkais joués par Tye Sheridan et Sean Penn. On ne sait ce qui est le plus insupportable dans ce film : le voyeurisme gore de la réalisation ou le surjeu forcené de Penn. Après ça les 3h30 du nouveau Nuri Bilge Ceylan ont passé crème. Le héros aigri des Herbes sèches n’est pourtant pas le plus aimable du monde (instit dans une école de sa campagne natale, il ne cesse de se plaindre de sa condition sans rien faire pour en changer). On a pourtant préféré sa compagnie à celle des deux duettistes de Black Flies. Par contre, on n’ira pas passer l’hiver en Anatolie !  Dans May December, Todd Haynes dissèque la vie d’un couple qui, 20 ans plus tôt a fait scandale : elle (jouée par Julianne Moore) avait 35 ans et lui 14. Cela ne les a pas empêché de se marier et de faire des enfants qui, lorsque le film commence, vont entrer en fac. Leur histoire est si singulière qu’un film va en être tiré. L’actrice principale (Natalie Portman) vient passer quelques jours dans la famille en Georgie pour s’imprêgner de son personnage. Elle ne va pas tarder à voir les failles d’un bonheur de façade.   Un beau mélo à la réalisation soignée, bien dans la manière du réalisateur de Carol.

 

Cannes 2023: Part 1

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Le 76e  Festival de Cannes s’est ouvert avec la Palme d’or (d’honneur) remise à Michael Douglas par Catherine Deneuve au cours d’une cérémonie d’ouverture sobre et classieuse, présentée par Chiara Mastroianni. Montré hors compétition (dommage !),  le nouveau film de Maïwenn, Jeanne Du Barry,  était ensuite projeté dans l’auditorium Lumière et toutes les salles de France puisqu’il sortait simultanément. On a beaucoup aimé le film,  dont l’idée géniale est d’avoir confié le rôle de Louis XV à Johnny Depp. Même empaté, perruqué et avec des patates dans la bouche, Depp transcende par sa présence ce qui n’aurait été sans lui qu’une bon film historique français. Après cela, le premier film en compétition, Monster d’Hirokazu  Kore-eda, nous a laissé un peu mitigés. Le réalisateur japonais renoue avec l’atmosphère étrange de ses premiers films,  mais perd le spectateur avec deux intrigues racontées successivement de trois points de vue différents: l’histoire d’un professeur accusé de harcèlement scolaire par deux gamins et celle de ces deux garçons,  dont on ne sait s’ils sont intimes ou rivaux. C’est long et répétitif, mais beaucoup moins que Jeunesse (Le Printemps) documentaire chinois de Wang Bing qui propose une immersion de 3h30 avec les jeunes ouvriers des ateliers de confection  de la banlieue de Shangaï. Un portrait de la jeunesse chinoise des classes laborieuses, en même temps qu’une dénonciation des conditions de travail et de vie dans ces ateliers, qui, en plus d’être interminable,  manque trop d’explications et de contextualisation pour être édifiant. Aucune histoire, aucun personnage n’émerge vraiment de cette plongée en apnée dans cette ville-usine digne des Temps Modernes de Chaplin. Reste le prodige d’une caméra qui a su se faire totalement oublier des protagonistes pour les filmer à bout portant. La projection d’Indiana Jones 5 et la palme d’or d’honneur « surprise » remise à Harrison Ford a occulté le reste de l’actualité cannoise. Heureusement, le film de James Mangold est plutôt bon, plein de références aux autres épisodes, d’action et d’humour. Le héros chapeauté  y prend un sérieux coup de jeune, grace à la palette graphique et à Phoebe- « Fleabag » – Waller Bridge,  qui campe une Indy Girl épatante. 

 

Cannes 2023: Le programme

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Comme on le pressentait à l’annonce des premiers noms, c’est une 76e édition du Festival de Cannes à gros casting qu’ont présenté Thierry Frémaux et la nouvelle présidente, Iris Knobloch. A l’affiche : Almodovar, Scorsese, Wim Wenders, Kore-eda Hirokazu, Jonathan Glazer, Nuri Bilge Ceylan, Takeshi Kitano, Todd Haynes, Ken Loach, Wes Anderson, Aki Kaurismaki, Nanni Moretti, Marco Bellocchio… Du lourd ! Et du féminin, avec pas moins de six réalisatrices en sélection (un record)  dont cinq Françaises : Catherine Breillat, Catherine Corsini, Justine Triet, Katell Quilévéré  et Maïwenn (qui fera l’ouverture hors compétition avec Jeanne du Barry). Ne manquent finalement à l’appel que les réprouvés Woody Allen et Roman Polanski, écartés de la sélection. Une sélection trés italienne et américaine,  qui assurera de belles montées de marches avec, entre autres, Johnny Depp, Leonardo DiCaprio, The Weeknd, Robert de Niro et Harrison Ford auquel un hommage sera rendu. Michael Douglas recevra, pour sa part, une Palme d’or d’honneur.  Le jury, composé de Maryam Touzani (réalisatrice), Denis Menochet (acteur), Rungano Nyoni (scénariste), Brie Larson (actrice), Paul Dano (acteur), Atiq Rahimi (écrivain) , Damian Szifron (réalisateur) et Julia Ducournau (réalisatrice)  sera présidé par le réalisateur deux fois palmé Ruben Ostlund (Sans Filtre, The Square) et siégera sur la Croisette du 16 au 27 mai pour décerner son palmarès. Alors que sa mère, Catherine Deneuve fait l’affiche du Festival, c’est Chiara Mastroianni qui animera les soirées d’ouverture et de cloture retransmises en direct sur France 2.

 

AKA

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Adam Franco (Alban Lenoir) est un agent infiltré, effectuant le sale boulot partout où il est nécessaire. Sa nouvelle mission, intégrer une organisation mafieuse en France pour déjouer un attentat terroriste imminent dans la capitale…

Ce qu’on en pense

Désormais abonné aux rôles de gros bras dans les séries B d’action de Netflix, Alban Lenoir prend son destin en main en produisant et en co-réalisant ce nouvel opus, aussi violent et rythmé que les précédents (Balle perdue 1 et 2). On y retrouve Eric Cantona en parrain à l’accent marseillais de bon aloi et Thibault de Montalembert en grand flic véreux (on ne spoile pas : il le porte sur la figure). Le scénario ne brille pas par son originalité (merci Jason Bourne !),  mais la réalisation ne laisse aucun temps mort au spectateur pour y réfléchir. Après avoir abattu sans discernement (et plus ou moins sauvagement) une bonne centaine de voyous et de malheureux flics lancés à ses trousses, le héros sauve une enfant et gagne sa rédemption… Et le droit de revenir pour un AKA 2,  puisque le film cartonne déjà dans tous les pays où Netflix le distribue.