The Pale Blue Eye
Par Ph.D
Le pitch
Un commissaire à la retraite (Christian Bale) est recruté pour résoudre discrètement un meurtre atroce à West Point. Un brillant cadet de l’Académie militaire appelé Edgar Allan Poe (Harry Melling) va l’y aider…
Ce qu’on en pense
Troisième collaboration du duo Christian Bale / Scott Cooper après Les Brasiers de la Colère et Hostiles, The Pale Blue Eyes sort sur Netflix et déçoit. Le début laisse pourtant espérer un bon thriller gothique, mais on déchante vite. Le scénario et la réalisation patinent pendant deux heures dans une reconstitution d’époque empesée, pour déboucher sur un twist final expédié en 5 minutes comme une séquence post-générique. Entre temps, on s’est copieusement ennuyé.
Top Films 2022
Par Philippe DUPUY
Malgré quelques pics de fréquentation notables (Top Gun 2, Avatar 2), la désaffection du public français pour les salles de cinéma s’est poursuivie en 2022. Il y a pourtant moins de films de plateformes dans notre top ciné de l’année. Signe que peut-être le problème ne vient pas (que) de là. Pour la première fois depuis sa création en 1945, aucun film français ne figure dans le top 10 du box-office national, entièrement squatté par les productions US, Avatar, Top Gun 2 et Marvel en tête. Certains y voient le signe du déclin de la production française. C’est surtout le nivellement des goûts du public qu’on déplore : tous les classés sont des productions US et tous sont des suites (voire des suites de suites) ou des franchises. Gavés de Stars Wars et de films de super-héros, les spectateurs n’ont plus le goût de la découverte cinéphile et les salles de cinéma se transforment peu à peu en attractions foraines. Confert le succès d’Avatar 2 qui, sorti en décembre et malgré sa durée rédhibitoire (3h30), figure déjà en tête du top devant Top Gun : Maverick. Malgré cette conjoncture, le cinéma francophone n’a pas à rougir de sa production : 2022 a été un bon cru cinéphile avec d’excellents films comme Close, La Nuit du 12, Revoir Paris et bien d’autres. Idem pour le cinéma non-US qui reste majoritaire dans notre Top 10 annuel. Voici nos 10 films préférés de 2022 (cliquez sur le titre pour lire la critique). Presque tous sont disponibles en VOD, DVD ou en streaming. Donnez-leur une deuxième chance, vous ne le regretterez pas.
1) Sundown de Michel Franco (Mexique)
2) Eo de Jerzy Skolimowski (Pologne)
3) Rimini de Ulrich Seidl (Autriche)
4) Armageddon Time de James Gray (USA)
5) Blonde de Andrew Dominik (USA- Netflix)
6) Leïla et ses frères de Saeed Roustaee (Iran)
7) Everything, Everywhere… de Daniel Scheinert et Daniel Kwan (USA)
8) Close de Lukas Dhont (Belgique)
9) Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson (USA)
10) Spencer de Pablo Larrain (Chili-Prime Video)
Glass Onion
Par Ph.D
Le pitch
Différentes personnalités reçoivent une invitation du milliardaire des technologies Miles Bron (Edward Norton) pour se rendre sur son île privée en Grèce et participer à une murder party. Tous se connaissent, sauf le détective vedette Benoit Blanc (Daniel Craig). A-t-il été invité par erreur ou bien ses compétences vont-elles être requises par un vrai crime ?
Ce qu’on en pense
Même les plus grands succès du cinéma cédent désormais aux sirènes du streaming. Ce n’est sans doute pas une bonne nouvelle pour les salles mais, alors qu’A Couteaux tirés y avait fait un carton, sa suite est réservée aux abonnés de Netflix. La plateforme a mis, il est vrai, plus de 400 millions de dollars sur la table pour produire le nouveau film du surdoué Ryan Johnson. Une offre aussi difficile à refuser que celle du milliardaire techno Miles Bron (Edward Norton en simili Elon Musk) au désormais célèbre détective Benoit Blanc (Daniel Craig en Hercule Poirot 2.0) : enquêter sur son pseudo meurtre, mis en scène au cours d’une murder party sur son ile privée grecque en compagnie de célébrités du showbiz, de la techno et de la politique (Kate Hudson, Janelle Monae, Kathryn Hahn, Madelyn Cline, Leslie Odom Jr...). Evidemment, cela finira par un crime énigmatique à résoudre, car le soleil ne réussit décidément pas aux richs and famous (voir Sans Filtre ou la saison 2 de The White Lotus ). Le spectateur lui, s’amusera fort de ce whodunit ? (qui l’a fait) au casting doré sur tranches (Hugh Grant y fait même une apparition surprise qui interroge sur les moeurs du détective) dont l’action se déroule dans une immense villa de milliardaire surmontée d’un dome de verre en forme d’onion (pour justifier le titre emprunté aux Beatles) et au centre de laquelle trône La Joconde (oui, la vraie !). Aussi drôle et réussi que son prédécesseur, Glass Onion a déjà plusieurs successeurs annoncés sur Netflix. Daniel Craig ne sera pas resté longtemps en deuil de James Bond.
Kiberlain au Parfum
Par M.A.B
Sandrine Kiberlain interprète une dessinatrice de bandes dessinées aussi farfelue qu’impulsive dans Le Parfum vert. Une comédie policière drôlement stylisée, signée Nicolas Pariser, dont l’actrice fait consciencieusement la promotion…
D’où vient, selon vous, le petit plaisir que l’on éprouve avec ce film ?
Sans doute, du sourire que l’on a du début à la fin. En ce moment, c’est un besoin ! Je pense , que l’on y retrouve l’élan et la légèreté des films de fête de notre enfance. C’est un amusement. Comme un jeu de Cluedo dans lequel la comédie se mêle à l’intrigue. Je suis un peu le colonel moutarde. Un peu Tintin. Un peu Sherlock Holmes…
Cela vient aussi de votre duo antinomique avec Vincent Lacoste…
Cette association est une idée de Nicolas Pariser. Mais elle ne m’a pas parue farfelue.Vincent, dans un rôle d’inquiet qu’il est dans la réalité et moi, la personne plus terre à terre que je semble être. Notre gaucherie à tous les deux a nourri l’imaginaire du réalisateur. Elle était propice à une ambiance décalée de bande dessinée.
Il y a cette histoire d’amour entre vous, malgré la différence d’âge…
Elle vous étonne ? Pourtant, je ne fais pas d’âge (rires ) !! Plus sérieusement, il n’y a pas d’état civil au cinéma. En tout cas, il n a jamais été question de cela avec Nicolas. On peut m’imaginer comme la fiancée de Vincent Lacoste, Vincent Macaigne ou.. Vincent Lindon ! Tous les Vincent, en somme ! (rires) Vieillir n’est pas une angoisse pour l’instant et je ne fais rien pour effacer le temps. Mais cela peut venir.
Les deux personnages sont juifs ashkénazes. La question juive et celle de l’antisémitisme décomplexé revient souvent dans leur conversation.
Oui, mais un peu comme une caricature de Woody Allen. Je n’ai jamais compris l’antisémitisme et je ne le comprendrai jamais. Cela ne devrait plus faire débat cette histoire et pourtant cela revient toujours. C’est un cauchemar !
2022 restera une très bonne année pour vous : un film en tant que réalisatrice, « Novembre» qui cartonne, cette comédie…
Je me suis accomplie en réalisant Une jeune fille qui va bien. Et j’ai eu du plaisir à constater l’estime de la critique et des spectateurs. Je réaliserai à nouveau, c’est certain. Mais j’aime jouer. Je fais le métier de comédienne pour le plaisir du jeu et pour découvrir quelque chose de moi et des autres dans chaque personnage interprété.
Les Lignes courbes de Dieu
Par Ph.D
Le pitch
En Espagne dans les années 70, Alice Gould (Barbara Lennie), une détective privée se fait interner dans un hôpital psychiatrique aux méthodes controversées, afin d’enquêter de l’intérieur sur la mort mystérieuse d’un jeune patient. Bientôt, c’est elle qui est en danger de mort et qui risque de rester enfermée longtemps…
Ce qu’on en pense
Gros succès sur Netflix, le nouveau film du réalisateur espagnol Oriol Paulo (Innocent, La Disparue, Contratiempo) met en scène l’excellente Barbara Lennie dans un rôle à double facette : enquêtrice ou malade mentale ? Le scénario ménage le suspens jusqu’à la dernière scène, ce qui permet de retenir le spectateur sur son canapé bien plus longtemps que nécessaire (2h30). La bonne idée est d’avoir situé l’action dans les années 70, avec une belle reconstitution d’époque pour les décors, les costumes et la psychiatrie carcérale à base de cellules vétustes et d’électro-chocs violents. On aurait même pu y voir une représentation de la schizophrénie de la société espagnole à la fin du franquisme (évoquée par le remplacement du portrait du dictateur par celui de Juan Carlos dans une brève scène de bureau), mais le réalisateur semble s’être désintéressé de la question, au profit d’une intrigue de polar paranoiaque à la Shutter Island. Le film de Martin Scorsese n’était visiblement pas la seule référence du réalisateur, qui pille allègrement Vol au dessus d’un nid de coucou, Hitchcock, David Lynch et Almodovar, dans un mix finalement assez impersonnel et bourratif.
Bardo
Par Ph.D
Le pitch
Silverio (Daniel Gimenez Cacho) journaliste et documentariste mexicain réputé vivant à Los Angeles, doit recevoir un prix international prestigieux dans son pays natal. Il rentre au pays sans savoir que ce simple voyage va le confronter à une terrible crise existentielle. Ses souvenirs et ses angoisses resurgissent à cette occasion jusqu’à l’obséder et à le plonger dans un état de confusion et d’émerveillement. Avec émotion et humour, Silverio affronte des questions à la fois universelles et intimes sur l’identité, la réussite, la mortalité, l’histoire du Mexique et les liens profonds qui le rattachent à sa femme et à ses enfants…
Ce qu’on en pense
Multi-oscarisé avec Birdman et The Revenant, Alejandro Gonzales Inarriru rejoint son compatriote mexicain Alfonso Cuaron parmi les grands auteurs débauchés par Netflix (Martin Scorsese, Jane Campion, les frères Safdie…). Une bonne nouvelle, dans la mesure où son nouveau film s’avère beaucoup plus digeste en streaming que si on avait dû le voir en salles. Visionné en plusieurs fois, comme une mini-série, ce pensum autobiographico-philosophique de près de trois heures, se révèle même assez épatant et attachant. L’image, signée Darius Kondji, est superbe, la réalisation sans cesse inventive, l’interprétation sans défaut (avec une révélation : Ximena Lamadrid qui joue la fille du héros), le scénario constamment déroutant et plusieurs scènes, d’un surréalisme proprement Fellinien (comme celle de Cortez discourant sur une montagne de cadavres ou celle d’ouverture ou celle d’ouverture en clin d’oeil à Huit et demi), impriment durablement la rétine. Entre trip égotique et délire mégalomaniaque assumé, Bardo, fausse chronique de quelques vérités n’en constitue pas moins une belle oeuvre de cinéma pour cinéphiles avertis.
Comme une pierre qui roule
Par Ph.D
Le pitch
Des musiciens s’assemblent dans un studio d’enregistrement. Certains ont déjà joué ensemble, d’autres pas. Il y en a même un qui s’incruste. Le guitariste est censé diriger la session. Le chanteur arrive : c’est Bob Dylan. Avec trés peu d’indications de sa part, il vont enregistrer sa dernière chanson : « Like a Rolling Stone« . Un chef d’oeuvre à la gestation chaotique…
Ce qu’on en pense
Les 15 et 16 juin 1965, Bob Dylan enregistre l’une de ses chansons les plus célèbres « Like a Rolling Stone« . Comment ce chef-d’œuvre est-il né ? Le rock critic Greil Marcus l’a raconté dans un livre (Like a Rolling Stone: Bob Dylan at the Crossroads) construit à partir d’interviews des musiciens qui ont participé aux séances ( Mike Bloomfield, Al Kooper, Paul Griffin au piano, Josef Mack à la basse et Bobby Gregg à la batterie.) et du producteur Tom Wilson. Sortie en 45 tours le 20 juillet 1965, la chanson déconcerte par sa longueur inhabituelle (plus de 6 minutes), mais atteint la deuxième place des charts américains. Elle y restera trois mois. Des années plus tard, le magazine Rolling Stone la classera « plus grande chanson de tous les temps« . À mi-chemin entre réalité et fiction, Sébastien Pouderoux (qui joue un Dylan au faux air de Matthieu Chedid) et Marie Rémond ont mis en scène cet événement fondateur dans une pièce jouée par des acteurs de la Comédie-Française (Sébastien Pouderoux, Gilles David, Christophe Montenez…). Julien Condemine en propose ici la re-création filmée. Le film adopte le point de vue d’Al Kooper (joué par Christophe Montenez), qui a raconté à Greil Marcus comment il s’était incrusté aux séances et avait improvisé à l’orgue le célèbre motif de la chanson. Ce haut fait lui valut de devenir un des collaborateurs réguliers de l’ombrageux Dylan, qui ne s’adressait aux autres musiciens que par l’intermédiaire de Mike Bloomfield… Entre docufiction, théâtre filmé et film musical, Comme une pierre qui roule (1965 en studio avec Bob Dylan) est une curiosité à visionner en streaming gratuit sur le site d’Arte.
Pinocchio
Par Philippe DUPUY
Le pitch
Durant la deuxième guerre mondiale, l’ébeniste Gepetto et son fils vivent heureux dans un petit village de la campagne italienne. Lorsque le petit garçon est tué par un bombardement, Gepetto sombre dans le désespoir et l’alcool. Une nuit d’ivresse, il sculpte un pantin de bois pour évacuer sa peine. Lorsqu’il se réveille le lendemain matin, la marionnette a pris vie…
Ce qu’on en pense
A chaque plateforme de streaming son Pinocchio. Quelques semaines après la version en live action de Robert Zemeckis pour Disney + et celle, plus ancienne, de Matteo Garrone pour Amazon Prime, voici celle de Guillermo del Toro, pour Netflix. Le réalisateur multi-oscarisé de La Forme de l’eau, a pris pas mal de libertés avec le conte de Carlo Collodi pour un résultat épatant, sur le fond comme sur la forme. Visuellement, l’animation en stop-motion est de toute beauté. Et situer l’action pendant la guerre, sous le régime fasciste de Mussolini, permet à Guillermo Del Toro d’aborder, tout en respectant la trame du conte et ses passages obligés ( le cirque, le camp pour enfants, la baleine…), des thèmes qui lui sont chers : la différence, le pouvoir, la guerre et surtout la mort, omniprésente dans le film. Ce faisant, il livre une version assez sombre du conte, qu’on déconseillera aux enfants en dessous de 7-8 ans. Pour autant le film n’est ni triste, ni lugubre et possède, comme l’histoire originale, de solides valeurs éducatives. On y apprendra, par exemple, que « la mort donne toute sa valeur à la vie« , qu’on peut (et doit) aimer indifféremment des enfants différents (Pinocchio est aussi turbulent et indiscipliné que le premier fils de Gepetto était sage et dévoué) et que « le mieux qu’on puisse faire, c’est de faire de son mieux« . Une maxime que Guillermo del Toro s’est visiblement appliqué à lui-même pour livrer un de ses plus beaux films. Sans surprise, son Pinocchio a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation.
Un Homme d’action
Par Ph.D
Le pitch
Emigré espagnol à Paris, Lucio Urtubia (Juan José Ballesta) intègre une cellule anarchiste et commence à braquer des banques pour financer la cause. Puis il se lance dans la fausse monnaie et se fait arrêter. Libéré, il met sur pied une vaste arnaque aux chèques de voyage qui lui vaut d’être dans le collimateur de la plus grande banque américaine…
Ce qu’on en pense
Librement inspiré de la vie de Lucio Urtubia, anarchiste espagnol auteur d’une escroquerie légendaire aux Traveller’s Chèques, ce film signé Javier Ruiz Caldera nous invite dans le Paris des années 60-70, reconstitué à grands renforts de couleurs délavées, de 2 cv, de dauphines et de chansons yéyés. Hélas, la réalisation est aussi vintage que les décors et l’intrigue avance à la vitesse d’une 2cv en côte.
Le Chat Potté 2
Par J.V
Le pitch
Le Chat Potté découvre que sa passion pour l’aventure et son mépris du danger ont fini par lui coûter cher : il a épuisé huit de ses neuf vies, et en a perdu le compte au passage. Afin de retomber sur ses pattes notre héros velu se lance littéralement dans la quête de sa vie. Il s’embarque dans une aventure épique aux confins de la Forêt Sombre afin de dénicher la mythique Etoile à vœu, seule susceptible de lui rendre ses vies perdues. Mais quand il ne vous en reste qu’une, il faut savoir faire profil bas, se montrer prudent et demander de l’aide. C’est ainsi qu’il se tourne vers son ancienne partenaire et meilleure ennemie de toujours : l’ensorcelante Kitty Pattes De Velours…
Ce qu’on en pense
Onze ans après sa première aventure en solo, le matou de Shrek revient en grande forme. Aux manettes de ce nouveau film d’animation, Januel P. Mercado et Joel Crawford s’en donnent à coeur joie pour dynamiter l’univers des contes, en multipliant les références et les rencontres avec des personnages célèbres. Tour à tour coloré et drôle ou sombre et inquiétant, ce Chat Potté 2 s’avère particulièrement divertissant, jusqu’au final qui appelle une suite, façon Marvel. Evitez quand même d’y amener les plus petits (en dessous de 7-8 ans): certaines séquences, comme celle du grand méchant loup, risquent de leur filer les chocottes.
Rencontre : Reda Kateb
Par MAB
Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, alors que les manifestations s’enchaînent contre la loi Devaquet, Malik Oussekine, jeune étudiant sortant d’une boite de jazz, est battu à mort par trois « voltigeurs » ces policiers à moto supposés entrer dans les manifs pour les disperser. Charles Pasqua, ministre de l’intérieur, veut étouffer l’affaire. D’autant que la même nuit, Abdel Benyahia, autre français d’origine algérienne, est, lui aussi, victime des forces de l’ordre… Rachid Bouchareb continue avec « Nos frangins» d’explorer les pages sombres de la France post coloniale. Reda Kateb, dans le rôle du frère de Malik, y prouve, une fois encore, son engagement et son humanisme. Voici ce qu’il nous disait du film à Cannes 2022, où il était montré hors compétition.
Vous interprétez le frère de Malik Oussekine, avez-vous rencontré sa famille ?
Je n’en ai pas eu l’occasion. Je crois que Rachid (Bouchareb, le réalisateur ) a parlé avec sa sœur. Je pense qu’il est inutile d’aller gratter une mémoire douloureuse. D’autant qu’il y a eu aussi une série sur ce sujet produite par « Disney+ ». Et beaucoup de commémorations…
Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
En tant qu’acteur d’origine algérienne j’ai la volonté de faire partie de tous les projets qui comblent les lacunes de notre histoire. Je me souviens très bien de cette bavure. J’avais neuf ans. Ma mère m’a entraîné à la marche blanche qui a suivi la mort de Malik. Au début, c’était digne et silencieux. Puis il y eut des heurts et des gaz lacrymogène, j’ai eu peur… Le projet Devaquet fut retiré le 8 décembre. Deux des trois policiers furent condamnés mais ne firent pas de prison ferme…
Pourquoi la mort de Malik fut- elle médiatisée et pas celle d’Abdel, tué lui aussi , la même nuit, par un policier en état d’ivresse… ?
La volonté de « Nos frangins » était justement de montrer que le destin de ces deux jeunes hommes fut le même. Mais que ni le gouvernement, ni la presse de l’époque ne leur donnèrent le même retentissement. Les polémiques autour de la mort d’Oussekine ayant effacé dans beaucoup de mémoire, la tragédie dont fut victime Abdel. (ndlr : il semblerait que la famille Benyahia ne se retrouve pas dans la vision soumise et silencieuse que Bouchareb donne d’elle )
Ce qui s’est passé en 1986, peut-il être transposé aujourd’hui ?
On retrouve toujours le même mécanisme qui consiste à faire passer des victimes pour des coupables. Robert Pandraud alors ministre chargé de la sécurité, disait à propos d’Oussekine souffrant d’insuffisance rénale « si j’avais un fils sous dialyse, je l’empecherais de faire le con dans la nuit ». Or on sait que la mort de Malik a été causée par un coup de matraque derrière la tête. Regardez ce qui s’est passé avec George Floyd aux États-Unis ! Dans le public parfois les spectateurs nous disent qu’ils ont peur d’aller manifester…
Quelques mots sur votre carrière. Pensez-vous faire un parcours cohérent.
Je m’y emploie ! Il n’y a pas de malentendu entre mes rôles et moi. Je ne tourne ni pour capitaliser ni pour m’occuper. Je cherche du sens à chacun de mes personnages. J’ai été longtemps intermittent. Je galérais. On ne me proposait que des rôles de dealer ou de braqueur très mal écrits. Je ne les acceptais pas. Après « Un prophète », j’ai peu à peu pu choisir. Mais je sais ce que sont les hauts et les bas de ce monde. Mon père était un comédien de théâtre talentueux et passionné. Il est mort dans une grande précarité. Cet été, j’ai tourné trois mois à Alger. On me parlait de mes films. Surtout «Django » et « Hors Normes ». J’ai reçu une telle bienveillance que tous mes complexes identitaires ont volé en éclat. En revanche, pendant quelques temps, je vais me consacrer à mon propre film sur « Le rire médecin », l’association dont je suis le parrain et qui propose des clowns au chevet des enfants malades. La fraternité, ce n’est pas compliqué !
L’Amant de Lady Chatterley
Par Ph.D
Le pitch
En épousant Sir Clifford Chatterley (Matthew Duckett) , Connie (Emma Corrin) est devenue Lady Chatterley, s’assurant par là une vie de privilèges et d’abondance. Mais cette union s’apparente bientôt à une prison quand Clifford revient paralysé de la Première Guerre mondiale. Délaissée par son mari, Connie tombe amoureuse d’ Oliver Mellors (Jack O’ Connel) , le garde-chasse du domaine. Les rencontres secrètes des deux amants vont être pour Connie l’occasion d’un éveil à la sensualité et à la sexualité. Mais quand leur liaison alimente les rumeurs dans le voisinage, la jeune femme doit prendre une décision difficile : suivre son cœur et tout abandonner , ou revenir à son mari et endurer ce que la société édouardienne attend d’elle…
Ce qu’on en pense
La réalisatrice française Laure De Clermont-Tonnerre (Nevada) signe cette énième adaptation US du célèbre roman de D.H. Lawrence, qui vaut surtout pour son casting et sa photographie, mais déçoit dans sa tentative de retrouver le côté sexuel et naturaliste de l’oeuvre originale. Emma Corrin, que l’on a découvert en jeune Lady Di dans The Crown, campe une Lady Chatterley résolument moderne (elle conduit, soutien la grève des mineurs et parle cru pendant l’amour), face à un Jack O’Connel peu convaincant. L’adaptation prend beaucoup de libertés avec le roman, mais c’est aussi bien vu qu’on commence à connaître l’histoire par coeur. Les scènes de sexe sont d’un érotisme mesuré et les thèmes sociaux sont survolés au profit de la romance. On n’aurait peut-être pas payé un ticket de cinéma, mais en streaming sur Netflix, cela se regarde tout de même gentiment.
Balle perdue
Par Ph. D
Le Pitch
Petit génie de la mécanique, Lino (Alban Lenoir) est réputé pour ses voitures-bélier. Jusqu’au jour où il se fait arrêter pour un braquage qui tourne mal. Repéré par le chef d’une unité de flics de choc, il se voit proposer un marché pour éviter la prison. 9 mois plus tard, Lino a largement fait ses preuves. Mais soudain accusé à tort de meurtre, il n’a d’autre choix que de retrouver l’unique preuve de son innocence : la balle du crime, coincée dans une voiture disparue…
Ce qu’on en pense
Fast & Furious frenchie, Balle Perdue connaît un succès international depuis son lancement en 2020 sur Netflix. Le premier film permettait de faire connaissance avec Lino, l’as du volant et de la castagne incarné par Alban Lenoir (loin des Crevettes Pailletées) et d’assister à son intégration dans une brigade d’intervention motorisée de la police, avant qu’il soit accusé du meurtre de son mentor. Pour la suite, on prend les mêmes et on recommence : Pascale Arbillot et Stefi Celma (échappée du standard de Dix pour cent) voient leur rôle s’étoffer, tandis que Nicolas Duvauchelle ne fait qu’une courte apparition (en attendant son grand retour dans le numéro 3). Rescapé du premier film, Lino-Lenoir apprend qu’on lui a caché des choses et se fâche tout rouge. S’en suivent une série de bastons et de courses poursuites toujours aussi spectaculaires sur les routes de l’Hérault, jusqu’à la frontière espagnole. La guerre des polices qui justifie cette vendetta n’est pas super crédible, mais c’est tellement fun et bien filmé (merci Guillaume Pierret) qu’on s’en fiche. Vivement Balle perdue 3 !
Une comédie romantique
Le pitch
Après avoir disparu du jour au lendemain, César (Alex Lutz) réapparaît dans la vie de Salomé (Golshifteh Farahani) et découvre qu’il est le père d’une petite fille de 3 ans. Cette fois, il va tout faire pour être à la hauteur de leur histoire…
Ce qu’on en pense
Allez savoir pourquoi, une love story entre Alex Lutz et la merveilleuse Golshifteh Farahani, sur le papier, on n’y croyait pas du tout. La faute à Catherine et Liliane, sans doute ! Force est pourtant de reconnaître que le couple existe à l’écran, dans ce film romantique qui n’est de comédie que par instants (très drôles cependant) mais qui séduit durablement. Ce qu’on appelle une (trés) bonne surprise.
Overdose
Par J.V
Le pitch
Sara (Sofia Essaïdi), cheffe de la brigade des stupéfiants de la police de Toulouse, enquête sur un go-fast entre l’Espagne et la France, au sein duquel son ancien amant, Raynal (Nicolas Cazalé), est infiltré. Elle découvre rapidement que son affaire est liée au meurtre de deux adolescents dans un hôpital Parisien, dont s’occupe Richard (Assaad Bouab), le chef de la police criminelle locale. Obligés de collaborer pour retrouver le meurtrier et arrêter le go-fast, Sara et Richard se retrouvent plongés dans une course contre la montre haletante sur les routes espagnoles et françaises alors que leur attirance l’un pour l’autre grandit.
Ce qu’on en pense
On a visiblement échappé de peu à une déclinaison française de la série Narcos signée Olivier Marchal. A défaut, l’ex-flic réalisateur de films sévèrement burnés (36 quai des orfèvres, Les Lyonnais, Bronx…), a réussi à fourguer à Amazon sa nouvelle livraison, sous la forme d’un (très) long film de go fast supposément haletant mais plutôt consternant. Ca commence au Maroc par une séance de torture bien gore (avec écrasement de crâne à la masse), ça continue en Espagne par un cadeau de sortie de prison très classe (deux putes à poil dans un van) et on arrive en France, où malgré l’assassinat sanglant de deux enfants à l’hôpital, la chef beurette de la police de Toulouse (Sofia Essaïdi, cheveux gras et mine défaite) travaillée du radada saute sur tout ce qui bouge (dont son adjoint Kool Shen et le patron de l’agence de Dix pour cent Assaad Bouab qui n’en demandaient pas tant). Bref, on est bien chez Olivier Marchal. Le film s’appelle Overdose et tout est dit dans le titre.