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La Révolution

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Par Ph.D

Le Pitch

Royaume de France, 1787. Enquêtant sur une série de meurtres mystérieux, Joseph Guillotin (Amir El Kacem) – futur inventeur de la guillotine – découvre l’existence d’un nouveau virus : le sang bleu. La maladie  se propage au sein de l’aristocratie et pousse la noblesse à attaquer le peuple. C’est le début d’une révolte …

Ce qu’on en pense 

Une série d’épouvante située pendant la Révolution : quelle bonne idée ! Robespierre aurait approuvé. QAnon aussi.  On nous aurait donc menti sur les origines de la révolution? Bon sang (bleu), mais c’est bien sûr : c’est un virus zombie qui l’a provoquée !  Heureusement,  le  docteur Guillotin (Amir El Kacem décoratif) a découvert le pot aux roses. Dans la foulée, Pasteur et Pfizer n’étant pas encore de ce monde, il a inventé la guillotine. Comme remède pour éliminer les nobles infectés par le sang bleu, ça vaut tous les vaccins chinois ou russes !  Heureusement, toute ressemblance avec l’épidémie de Covid-19 est fortuite…  Par contre,  la série louche sur Le Pacte des loups côté visuel. Ça en jette !  Et apparemment, c’est suffisant : La Révolution  cartonne sur Netflix. Il faut pourtant être sacrément bien disposé pour se taper ces 8 heures de gloubiboulga  historico-fantastico-révisionniste aux dialogues ridicules, noyés sous des hectolitres d’hémoglobine. Au début, on se dit que ça ira, ça ira :  mais non,  rien ne va. En fait de Terreur, on finit atterré. 

The Head

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Par Ph.D

Le Pitch

L’hiver arrive au Pôle Sud. Le soleil disparaîtra bientôt pour six mois. Une équipe réduite va rester dans la station de recherche Antarctique Polaris VI pour poursuivre leurs recherches innovantes et déterminantes dans la lutte contre le changement climatique, sous la supervision du biologiste réputé Arthur Wilde (John Lynch). Mais quand le commandant Johan Berg (Alexandre Willaume Jantzen) arrive à la station au printemps pour prendre la relève, les membres de l’équipe sont soit morts soit portés disparus. Un tueur est en cavale et Annika (Laura Bach), la femme de Johan, a disparu. S’il veut la retrouver vivante, il devra faire confiance à Maggie (Katharine O’Donnely), une jeune docteure profondément bouleversée et à priori la seule survivante du groupe

Ce qu’on en pense 

Les amateurs de thrillers polaires et de huis clos horrifiques seront à la fête avec cette série espagnole découverte l’an dernier au MipTV de Cannes et acquise par Canal Plus. Si l’intrigue a des airs de déjà vu, on se laisse volontiers entraîner dans la partie Cluedo géant qu’elle propose. Qui a décapité un scientifique (d’où le titre) et tué tous ses collègues de la station Antarctique où ils étaient censés passer l’hiver ? Pourquoi la jeune Maggie s’en est-elle sortie ? Dit elle la vérité lorsqu’elle prétend ne pas se souvenir de tout ce qui s’est passé? Est-ce que la projection de The Thing a déclenché le massacre ? 6 épisodes glaçants concoctés par les frères David et Alex Pastor, spécialistes espagnols de l’horreur  (Infectés, Les Derniers jours, Renaissances) permettront sans doute de répondre à ces questions vitales.  Mais l’ibère est long en Antarctique

Le Jeu de la dame

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Par Philippe DUPUY

Le Pitch

Au début des années 60, Elisabeth (Anya Taylor-Joy),  jeune orpheline placée dans une institution après le décès de sa mère dans un accident de voiture,  se découvre un don phénoménal pour les échecs. Adoptée par un couple, elle se lance dans les tournois à fortes récompenses pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère adoptive (Marielle Heller), bientôt larguée par son mari. Mais pour devenir la plus grande joueuse d’échecs au monde, elle devra lutter contre ses multiples addictions.

Ce qu’on en pense 

Adapté d’un roman de Walter Tevis (L’Arnaqueur, La Couleur de l’argent) , Le jeu de la dame (The Queen’s Gambit en VO) était d’abord prévu pour le cinéma avant de devenir une mini série en 7 épisodes d’une heure, réalisée  par le Scott Franck, scénariste,entre autres, de Minority Report, Le Petit homme et Malice. Cela se sent pour le meilleur dans une  reconstitution d’époque digne des plus grands films hollywoodiens et, pour le moins bon, dans l’étirement du scénario jusqu’à ses extrêmes  limites.  Ce qui pouvait être dit en deux heures l’est en sept, mais ce n’est pas gênant tant les personnages sont attachants et tant on prend de plaisir à les retrouver d’un épisode à l’autre. A commencer par l’héroïne, Elisabeth Harmon, sorte de Lisbeth Salander des échecs, formidablement interprêtée par  Anya Taylor Joy. Découverte chez Night Shyamalan (Split, Glass) ,  il n’est pas difficile de lui prédire un bel avenir dans le cinéma fantastique,  avec son visage de siamoise et ses yeux si grands qu’ils paraissent n’avoir pas de paupière. Même quand elle dort, son personnage les garde grands ouverts pour se projeter des parties d’échec au plafond, bien aidée,  il est vrai,  par les doses de librium qu’elle s’envoie… On la découvre orpheline de neuf ans entrant dans l’institution où on régule les humeurs des demoiselles à coup d’anxiolitiques, on la suit à 13 se faisant adopter par un couple vite désuni, puis à 17 devenant une championne d’échecs quasi imbattable,  mais accro à tout ce qui lui tombe entre les mains comme médicaments, stupéfiants ou alcools. Il faut dire que sa mère adoptive, despererate housewife comme seules les années 60 ont pu en produire, biberonnait sec elle aussi. Heureusement,  elle avait d’autres qualités, bien mises en valeur par l’interprétation de Marielle Heller.  Il y a aussi Benny Watts (Thomas Brodie Sangster) , un autre prodige des échecs bien barré au look de Crocodile Dundee, qui deviendra son mentor. Et pleins d’autres seconds rôles intéressants que Beth tient à distance avec une morgue réjouissante. Sous ses dehors d’oie blanche tombée du nid, c’ est une vraie tueuse : Villanelle (Killing Eve) pourrait être sa cousine. On plaint d’avance les malheureux grands maîtres russes des échecs qu’elle doit affronter dans les derniers épisodes…

The Comey Rule

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Le Pitch

En 2013, sous la présidence de Barack Obama, James B. Comey, personnalité républicaine,  est nommé comme directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI). A partir de 2016, sous sa direction,  le FBI enquête sur les mails de la candidate démocrate favorite pour les prochaines élections américaines, Hillary Clinton. L’investigation affaiblit la candidature démocrate à l’élection présidentielle et aboutit à l’élection de Donald Trump. Confirmé à son poste par le nouveau président, Comey lance l’enquête sur l’ingérance Russe dans l’élection, qui met en cause des proches de Trump. En mai 2017, James Comey est licencié par le Président Donald Trump

Ce qu’on en pense 

Étonnant destin que celui de James Comey: nommé à la tête du FBI par un président démocrate alors qu’il est républicain, il décide, à quelques jours de l’élection de 2016, de relancer une enquête qui met en cause la candidate démocrate Hillary Clinton. Il est alors désigné, par le camp démocrate,  comme celui qui a fait élire Donald Trump…. Avant de devenir, pour les Républicains,  celui qui cherche à nuire au nouveau président en défendant l’enquête sur ses liens avec la Russie ! Basée sur les mémoires de l’ancien directeur du FBI, The Comey Rule, mini série en 4 épisodes diffusée par Canal +,  retrace ces moments clés de la campagne de 2016 et du début de la présidence Trump . Elle montre comment une institution aussi puissante que le FBI peut-être attaquée par un pouvoir autocratique et immerge le spectateur dans les premiers mois de la présidence la plus folle qu’aient connus les Etats-Unis. Dans le contexte d’une nouvelle élection, c’est évidemment passionnant. Surtout dans la deuxième partie, portée par la formidable interprétation de Brendan Gleeson en Donald Trump,  face à  un excellent Jeff Daniels dans le rôle de James Comey.

Possessions

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Le Pitch

Natalie (Nadia Tereszkiewicz), jeune française expatriée en Israël, est accusée d’avoir égorgé son mari le soir de ses noces. Karim (Reda Kateb), un diplomate français chargé d’apporter sur place son aide à des ressortissants en difficulté, essaie de comprendre ce qui s’est passé et tombe peu à peu sous le charme de Natalie…

Ce qu’on en pense 

Commande de Canal +, Possessions est une nouvelle preuve du savoir faire israélien en matière de séries. Le titre pourrait laisser penser à une série d’épouvante,  mais il n’en est rien. Même si l’intrigue a une connotation fantastique, il s’agit plus d’une série policière,  dont l’originalité tient surtout à la personnalité des deux enquêteurs, peu qualifiés pour le job : Esti (Noa Koler, excellente),  inspectrice chargée des affaires familiales,  se retrouve avec un crime sur les bras car c’est la seule du commissariat à parler français. Karim (Reda Kateb, parfait), fonctionnaire au consulat de France,  n’est en principe là que pour conseiller la famille de l’accusée, française récemment expatriée en Israël. Mais il se passionne pour l’enquête et n’est pas insensible au charme de la jeune mariée devenue veuve le soir de ses noces…  Dans le rôle de la veuve noire,  Nadia Tereszkiewicz (sacrée découverte !) rappellera aux fans de Tarantino la mariée sanglante de Kill Bill : sa ressemblance avec Uma Thurman est étonnante et très certainement intentionnelle. En plus du mystère, qui plane jusqu’au bout sur la nature du crime (pourtant perpétré devant une foule d’invités au moment de couper le gâteau des noces), la réalisation entretient le suspense sur les rapports entre les différents membres des deux familles : celle de l’accusée, d’origine tunisienne et fraîchement expatriée de France et celle du mari, composée de juifs profondément religieux.  Un cocktail passionnant de fantastique, de religion et de domination,  qui tient en haleine au long des six épisodes et offre aux seconds rôles français (Tcheky Karyo, Dominique Valadié, Judith Chemla, Ariane Ascaride, Aloïse Sauvage) des partitions de choix.  Après le formidable Our Boys, une nouvelle réussite franco-israélienne.

Lovecraft Country

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Par Phil Inout

Le Pitch

Dans l’Amérique raciste des années 1950, Atticus Black (Jonathan Majors), un jeune homme de 25 ans, embarque avec son amie Letitia (Jurnee Smolett-Bell) et son oncle George (Courtney B Vance) dans un road trip à la recherche de son père disparu. Sur la route, ils rencontrent des monstres fantastiques, ainsi que des monstres bien réels…

Ce qu’on en pense 

Entre Green Book, Us et Get Out, cette nouvelle série d’OCS produite par Jordan Peele (Get Out) et JJ Abrams (Lost),  mélange road movie, horreur, polar, commentaire politique et fond socialdans une reconstitution soignée de l’Amérique raciste et ségrégationniste des années 50. Adaptée du roman éponyme de Matt Ruff, publié en 2016, elle utilise la référence à Lovecraft pour assimiler les comportement racistes à l’oeuvre du démon. Gonflé dans le contexte actuel !  L’intrigue tire un peu à la ligne (10 épisodes d’une heure, c’est beaucoup) , mais la série réussit à captiver grâce à un casting de premier ordre et à une réalisation haut de gamme, à l’image du pilote signé par le français Yann Demange.

Le Mensonge

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Par Phil Inout

Le Pitch

Claude Arbonel (Daniel Auteuil) a tout réussi dans sa vie : son mariage, sa carrière… Maire de sa ville, Castel sur Mer, il se destine à devenir sénateur. Pour Lucas, son petit-fils adoré, la vie est bien moins souriante : à Melun où il vit, ses parents divorcent. Tout le monde se dispute sa garde.  Mal dans sa peau,  il accuse un jour son grand-père de viol

Ce qu’on en pense 

Les habitants de la Côte d’Azur seront certainement devant leur poste de télévision les 5 et 12 octobre, pour voir cette mini-série de France 2. Et pas seulement parce que Daniel Auteuil y fait ses grands débuts dans une série télé, ni parce qu’elle a été tournée dans la région (Nice et Villefranche sur mer). L’affaire Iacono, dont elle s’inspire, a,  en effet,  défrayé la chronique locale durant des années,  sans qu’on en comprenne toujours le tenants et les aboutissants. En 2000, alors qu’il s’apprêtait à briguer un poste de sénateur, le maire de Vence, Christian Iacono fut interpellé et placé en garde à vue pour le viol de son petit fils. Condamné aux assises puis en appel à 9 années de prison, il a toujours clamé son innocence. Jusqu’à ce qu’en 2011, son petit fils qui l’accusait d’attouchements sans en démordre  se rétracte et avoue qu’il avait menti depuis tout ce temps… Daniel Auteuil, campe avec le talent qu’on lui connaît ce notable déchu, qui trouvera pourtant la force de pardonner à son petit-fils ces années de purgatoire. Et c’est Vincent Garenq, auteur de Présumé Coupable sur l’affaire d’Outreau,  qui met en scène cette mini série en 4 épisodes. Les noms et les lieux ont été changés,  mais les faits tels qu’ils ont été établis par la justice sont respectés. La mécanique du mensonge puis du déni de mensonge est parfaitement expliquée dès le premier épisode et les trois autres décrivent en détail le calvaire judiciaire et familial qu’a dû subir l’ancien maire de Vence. Une réalisation solide qui  évite les clichés sudistes et les trémolos,  pose les bonnes questions et y apporte des réponses. Le casting autour de Daniel Auteuil est excellent et tout sonne juste. Du beau boulot.

The Outsider

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Le pitch

Le corps atrocement mutilé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans une petite ville de l’Oklahoma. Les empreintes digitales et l’ADN présents sur les lieux du crime désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland (Jason Bateman), l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball. L’affaire semble évidente à un détail près : Terry Maitland a un alibi en béton armé. Il était en effet à plusieurs centaines de kilomètres au moment où le meurtre a été commis. Le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn) , proche de Maitland, est chargé de faire la lumière sur cette affaire pour le moins étrange. Et son explication pourrait bien dépasser l’entendement…

Ce qu’on en pense

Après un passage réussi au cinéma (Love Stinks, Juno, Hancock) , Jason Bateman qui a débuté sa carrière sur le petit écran  (La Petite maison dans la prairie, Arrested Development) fait un retour gagnant dans l’univers des séries en produisant deux des fictions phares du moment,  dans lesquelles il joue également: Ozark (l’histoire d’un comptable contraint de blanchir les centaines de millions de dollars d’un cartel mexicain)  et The Outsider qui vient de débarquer en France sur OCS. Adapté d’un roman de Stephen King par Richard Price (The Wire, The Deuce) et Dennis Lehane, The Outsider débute comme une classique série policière par une enquête à la True Detective dans un bled rural de l’Oklahoma. Un jeune garçon a été violé et assassiné dans des conditions atroces et tout accuse Terry Maitland (Jason Bateman), un  père de famille bien sous tous rapports,  coach bénévole de baseball pour les enfants du patelin. Plusieurs témoins l’ont vu revenir de la forêt couvert de sang le jour du crime, les vidéos de surveillance prouvent leurs dires, ses empreintes et son ADN sont partout sur les lieux. Le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn, excellent) décide donc de l’interpeller sans même l’interroger,  pendant un match de l’équipe junior auquel assistent tous les parents. Mais l’avocat de Maitland aura tôt fait de prouver qu’à l’heure du meurtre son client assistait à une conférence publique à 100 kms de là.  Après une série de  réactions en chaîne dramatiques , qui vont endeuiller et traumatiser la communauté locale,  l’enquête prendra un tour surnaturel avec l’intervention d’un enquêtrice privée, férue d’esprits maléfiques et de doppelgangers, dans la pure tradition des romans de Stephen King. Une superbe adaptation qui réussit le tour de force de marier les univers du thriller et du fantastique, dans une ambiance poisseuse et angoissante à souhait. Bien qu’étirée sur dix épisodes d’une heure, l’histoire tient en haleine jusqu’à la révélation finale, en jouant avec les nerfs  du spectateur. Une des meilleures séries du moment. 

 

Big Little Lies

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Par Phil Inout

Le Pitch

Quand Madeline (Reese Witherspoon) , Jane (Shailene Woodley) et Celeste (Nicole Kidman) se lient d’amitié par l’intermédiaire de leurs enfants, elles ne se doutent pas qu’elles vont se retrouver, des mois plus tard, au centre d’un tragique accident, survenu à la fête de l’école. Qui est mort ? Qui est responsable ? Et pour quelle raison ? Secrets, rumeurs et mensonges ne faisant pas bon ménage, tout l’univers de la petite ville de Monterey va être secoué de violents soubresauts.

Ce qu’on en pense 

Après avoir fait le bonheur des abonnés OCS, Big Little Lies débarque sur TF1 à compter du 25 août. Les télespectateurs de la TNT vont donc enfin pouvoir faire connaissance avec ces nouvelles  » ménagères désespérées »,  incarnées par Reese Witherspoon, Shailene Woodley, Nicole Kidman, Laura Dern et Zoe Kravitz (rejointes  dans la deuxième saison par l’épatante Meryl Streep).  Outre son casting étoilé et ses personnages hauts en couleur, la série se distingue par une intrigue criminelle,  qui réussit l’exploit de tenir en haleine sans qu’on sache pendant très longtemps qui est mort, ni pourquoi. Remarquablement écrite, réalisée et interprêtée, Big Little Lies est la meilleure série féminine depuis Desperate Housewives.  

Moloch

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Par Phil Inout

Le Pitch

Dans une ville portuaire, industrielle et labyrinthique, des inconnus s’enflamment brutalement, sans raison. Suicides ? Meurtres ? Phénomènes surnaturels ? Pour le découvrir, Louise (Marina Vacth)  une jeune journaliste, Tom (Arnaud Valois) un inspecteur de police et Gabriel (Olivier Gourmet), un psychiatre, mènent l’enquête… 

Ce qu’on en pense 

Présentée à CanneSéries avant sa mise en ligne sur Arte +, Moloch débarque sur Arte pour deux soirées de trois épisodes. Superbement réalisée par Arnaud Malherbe (Chefs), c’est un thriller fantastique dans la lignée de Dark et de Il Miracolo, excellente série espagnole dans laquelle une statue de la vierge pleurait du sang. Ici, ce sont des inconnus qui prennent feu et se consument mystérieusement (effets spéciaux trés réussis). Le premier cas est découvert par une journaliste débutante (l’excellente Marina Vacth) qui, consciente de tenir le scoop de sa vie, va enquêter sur le phénomène,  au péril de sa vie et de sa santé mentale (déjà fragile). Elle fait équipe un moment avec le jeune inspecteur de police chargé de l’enquête (Arnaud Valois),  avant de jeter son dévolu sur un psychiatre (Olivier Gourmet) dont certains patients semblent avoir un lien avec l’épidémie d’auto combustions. Laquelle se propage rapidement dans la ville portuaire indéterminée où se situe l’action, ce qui nous vaut de beaux plans nocturnes de docks et diurnes sur l’immense plage battue par le vent, façon polars nordiques. Les deux premiers épisodes sont accrocheurs, avec une réalisation qui, par moments, pourrait faire penser à du Gaspar Noé, un très bon casting, une ambiance anxiogène et une bande son qui mixe electro et death metal. Hélas, comme souvent dans ce type de séries (Ad Vitam, Trepallum), le scénario ne tient pas la distance :  on achète difficilement le volet « contestation sociale » de l’affaire (n’est pas Joker qui veut) et les quatre derniers épisodes sont un long pensum boursouflé, dur à avaler. Le rythme est beaucoup trop lent, les dialogues frisent le ridicule, les clichés pullulent (spécialement dans la salle de rédaction du Télégraphe, le journal où travaille l’héroïne),  tout le monde tire la tronche et on patauge dans une ambiance mystico-traumatique malaisante. Jusqu’à un final diablement… décevant. 

  • Penny Dreadful

Penny Dreadful : City of Angels

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Par Phil Inout

Le pitch

En 1938, à une époque profondément imprégnée de tensions sociales et politiques, la ville de Los Angeles est bouleversée par un crime effroyable. Le détective Tiago Vega (Daniel Zovatto) et son partenaire Lewis Michener (Nathan Lane) s’embarquent dans une enquête épique. Très vite, Tiago et les siens doivent faire face à de puissantes forces maléfiques qui menacent de les déchirer…

Ce qu’on en pense

A chaque plateforme sa série sur le Los Angeles des années 40: Netflix a son Hollywood, OCS un reboot de Perry Mason et Canal+ ce spin off de Penny Dreadful. Une énième enquête policière sur fond de spéculation immobilière, de corruption politique, de sexe et  d’espionnage . Pas trés original  mais la reconstitution du Los Angeles d’avant guerre est si réussie qu’on s’embarque volontiers sur les basques des deux enquêteurs : un jeune inspecteur chicano qui ressemble à Patrick Cohen (Daniel Zovatto) et un vieux juif chevronné (joué par l’excellent Nathan Lane) qui doivent résoudre ce qui ressemble au meurtre rituel d’une famille entière.  Dès la première scène, John Logan (scénariste star d’Hollywood qui a notamment écrit les derniers James Bond) ajoute au tableau une composante fantastique, histoire de coller à la franchise Penny Dreadful, ouverte en 2014-2015 avec une première saison très réussie dont Eva Green était la vedette. L’enquête est donc parasitée par l’existence d’un démon (incarné par Natalie Dormer) qui cherche à faire basculer le monde dans l’apocalypse en utilisant les hommes (un conseiller municipal, le frère du héros, les nazis…) comme de simples pions. Tout cela fait un peu gloubiboulga (trop de personnages, trop d’intrigues parallèles, trop de genres qui ont du mal à cohabiter, trop d’épisodes inégaux), mais la réalisation rattrape toujours le spectateur par la manche pour lui faire avaler un épisode de plus. On arrive au bout des dix épisodes rincé, mais pas fâché. 

Unorthodox

Séries|

Par Phil Inout

Le Pitch

Esther Shapiro (Shira Haas),  jeune femme juive mariée contre son gré,  fuit  New York, son mari, sa famille et son groupe religieux ultra-orthodoxe pour vivre sa vie de femme libre à Berlin, où sa mère, avant elle, avait trouvé refuge. Mais sa communauté n’a pas l’intention de la laisser s’émanciper…

Ce qu’on en pense

Cette formidable mini-série allemande est basée sur une histoire vraie: celle d’une jeune femme qui a dû fuir une communauté religieuse de New York pour vivre librement sa vie de femme. Il faut dire que le quotidien des femmes juives hassidiques n’a pas beaucoup évolué depuis le moyen âge. Il consiste essentiellement  à faire des enfants et la popote pendant que les hommes discutent et prient. Evoquée en flashback, la vie d’Esther avant son départ est si différente de celle qu’elle découvre en arrivant à Berlin que le contraste est saisissant. La jeune femme a l’air d’ une extra terrestre tombée de sa soucoupe,  à côté des étudiants étrangers en musicologie qu’elle rencontre par hasard dans la capitale allemande et aux basques desquels elle s’accroche, comme à une bouée de sauvetage. Le physique singulier de Shira Haas, qui l’interprête,  renforce l’impression d’étrangeté qui se dégage de cette série, au traitement vraiment original et délicat. A la fois portrait de femme, immersion dans une communauté hassidique et thriller  conjugal (le mari et un acolyte sont envoyés à ses trousses pour la récupérer), Unorthodox est plus qu’une mini -série en quatre épisode:  c’est un véritable film de quatre heures. L’Allemande Anna Winger (Deutschland 83) signe avec elle l’une des meilleures productions Netflix, tous genres confondus.

The Eddy

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Par Phil Inout

Le pitch

Autrefois célèbre pianiste de jazz new-yorkais, Elliot Udo ( Andre Holland) est désormais le patron de The Eddy, club parisien ayant connu des jours meilleurs. Il y dirige un orchestre où se produit la chanteuse Maja  (Joanna Kulig) qui est aussi sa petite amie occasionnelle. Tandis qu’Elliott découvre que son associé Farid (Tahar Rahim) est sans doute impliqué dans une affaire douteuse, d’autres secrets éclatent au grand jour qu’Amira (Leila Bekhti)  , la propre épouse de Farid, ignorait. Et quand la fille d’Elliot, Julie (Amandla Stenberg), adolescente perturbée, débarque soudain à Paris pour vivre avec son père, l’univers personnel et professionnel de celui-ci s’effondre peu à peu. Car il doit affronter les fantômes du passé tout en se démenant pour sauver le club et protéger ceux qui lui sont chers…

Ce qu’on en pense

Très attendue,  la première série de Damien Chazelle (Whiplash, La La Land, First Man) pour Netflix déçoit. Comme son confrère Nicolas Winding Refn avec Too Old To Die Young sur Amazon Prime Video, le jeune prodige franco américain a cru pouvoir s’affranchir des normes de la série TV pour proposer quelque chose de totalement personnel et original. Restant dans un genre qu’il affectionne visiblement (le musical jazz déjà présent dans Whiplash et La La Land) , il s’est fait plaisir sur la réalisation. Les premiers épisodes ont été tournés en pellicule  (une première pour Netflix)  et multiplient les plans séquences. On est d’abord séduit par l’univers des clubs de jazz et la faune cosmopolite que filme très bien  le réalisateur de La La Land. Et puis… Patatras ! L’intrigue policière autour de la mort d’un des associés du club est balourde, aucun personnage n’émerge vraiment (celui de l’ado de service vire même à la caricature) , Tahar Rahim, Leïla Bekhti  et Benjamin Biolay ne sont là que pour jouer les utilités,  les épisodes s’étirent inutilement et on se lasse de cet univers misérabiliste de musiciens fauchés, de petits loubards, de coulisses  et  quartiers crades . Les scènes musicales sont chouettes,  mais ne suffisent pas à soutenir l’intérêt. On quitte le club sans regret et avec peu d’envie d’y revenir.

This Is Us

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Des années 70 à nos jours, la saga d’une famille (presque) ordinaire : celle de Jack et Rebecca Pearson (Milo Ventimiglia et Mandy Moore) et de leurs triplés Randall (Sterling K Brown), Kate (Chrissy Metz) et Kevin (Justin Hartley) entre la côte Est et la côte Ouest des Etats-Unis…

Ce qu’on en pense 

Alors que la diffusion des trois premières saisons s’achève sur M6 et que NBC a commencé celle de la saison 5 aux Etats-Unis , Amazon Prime vient de mettre en ligne la saison 4 de This Is Us, la  formidable série familiale de Dan Fogelman. En six saisons, This Is Us raconte la vie quasi quotidienne d’une famille de la classe moyenne américaine, avec ses grands bonheurs (la naissance de triplés), ses drames (la perte d’un bébé), ses résiliences (l’adoption d’un bébé abandonné, né le même jour), ses projets, ses victoires et ses échecs. Des pans de vie qui traversent cinq décennies de l’histoire contemporaine des Etats Unis. Une saga grandiose, portée par des acteurs formidables,  que l’on voit vieillir ou rajeunir au gré de constants aller-retours dans le temps. Impossible de ne pas s’attacher à cette famille, dont on découvre peu à peu les nombreux membres, leur personnalité et leurs choix de vie. Loin de l’univers caricatural des sagas familiales à la  Dallas ou  Dinasty, This Is Us touche par son réalisme, sa finesse, sa justesse de trait et sa profondeur.  Attention tout de même : c’est extrêmement addictif et on pleure autant qu’on rit. Préparez les mouchoirs !

Space Force

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Par Phil Inout

Le Pitch

Le 18 juin 2018, le gouvernement fédéral annonce la création d’une 6e Division au sein des forces armées américaines. L’objectif de cette nouvelle section : défendre les satellites contre des attaques et exécuter diverses missions liées aux opérations spatiales. Enfin, plus ou moins…

Ce qu’on en pense

Donald Trump et l’impérialisme américain en prennent pour leur grade dans cette série satyrique de Steve Carrel et Greg Daniels. Le duo, responsable de la version américaine de The Office, tire à boulets rouges sur les projets de conquête spatiale de Donald Trump, dans une veine pas trés éloignée de Dr Folamour. Sauf qu’ici les scientifiques sont plutôt raisonnables, à l’image du responsable du programme spatial, humaniste et zen,  incarné par John Malkovich, alors que les militaires enchainent les bourdes. Steve Carrel est , une fois de plus, parfait en général commandant la nouvelle Space Force et on découvre à chaque épisode des seconds rôles délirants.  Un renfort de choc pour le catalogue Netflix.