Lou Reed : The Collection

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Lou Reed : The Collection

Par Philippe DUPUY

Trois ans déjà que Lou Reed s’en est allé, laissant derrière lui une œuvre aussi riche et variée que son ami et mentor David Bowie, qui l’a suivi de près au paradis des rockers. On redécouvre ce corpus d’œuvres disparates à l’occasion de la réédition, en coffret, des albums solos de l’ex-leader du Velvet Undergound, publiés chez RCA et Arista entre 1972 et 1986. Soit le meilleur et le pire du chantre noir de New York City, en dix-sept CD convenablement remastérisés et accompagnés d’un magnifique livret de 80 pages. Pas le plus mauvais des investissements, puisqu’y figurent une demi-douzaine de chefs-d’œuvre certifiés (Transformer, Berlin, Rock’n’Roll Animal, Coney Island Baby, Sally Can’t Dance…), un album à réévaluer (The Bells), une curiosité (l’inécoutable et bruitiste Metal Machine Music), un double live zarbi de 1978 (Take No Prisonner) et six albums de variétés jazz/disco/doo wop/n’importe quoi, mais contenant chacun au moins une ou deux bonnes chansons : Rock’n’Roll Heart (1976), Growing Up In Public (1980), The Blue Mask (1982), Legendary Hearts (1983), New Sensations (1984), Mistrial (1986). Le tout dressant le portrait d’un artiste versatile, capable du meilleur comme du pire, mais toujours intéressant à écouter, grâce notamment à cette voix glaçante qui aura marqué à vie tous ceux qui ont découvert les chansons du Velvet dans leur prime jeunesse (« Heroin », « Waiting For My Man », « Run Run Run », « Sister Ray ») et que Bob Ezrin a fixée pour l’éternité sur le terrifiant Berlin. Quiconque recevrait ce coffret en cadeau sans rien connaître de Lou Reed (ou seulement « Walk On The Wild Side« , son unique hit) devrait écouter en priorité Berlin et Rock’n’Roll Animal (sa version hard en live. Pour une raison inconnue, la deuxième partie du concert publiée sous le titre Lou Reed Live est absente du coffret). Puis enchaîner sur Transformer (manifeste glam supervisé par Bowie), Sally Can’t Dance (pendant soul-rock du Young American de Bowie) et Coney Island Baby , premier grand disque à la gloire de Big Apple (avant le bien nommé New York de la période suivante). Il faut bien reconnaître qu’après ce disque (daté de 1975), l’inspiration de Lou Reed est en berne. Seuls Street Hassle et The Bells méritent d’être écoutés en entier, même si ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Sur les autres, on se contentera de glaner quelques pépites comme « I Love You Suzan » (New Sensations) ou « Rock’n’Roll Heart » (sur l’album éponyme) qu’on dirait écrite pour (ou par) Jonathan Richman. Mieux vaut oublier le reste : remastérisé ou pas, c’est de la daube. Il faudra attendre New York (1989) et Ecstasy (2000) pour retrouver Lou Reed à son meilleur niveau. Hélas, comme celles de Dylan et de Leonard Cohen, sa voix avait mué et son chant n’avait plus le même attrait vénéneux. Il compensait par la puissance, qui culmine sur le monstrueux Lulu, enregistré en 2011 avec les hardeux de Metallica. Mais ceci est une autre histoire…

By |mars 3rd, 2017|Categories: ça vient de sortir|0 Comments

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