L’avantage du streaming sur abonnement, c’est qu’on n’a pas à se demander si c’est bien ou pas d’acheter le disque d’un gars qui a massacré sa nana à coups de poings. On peut juste l’écouter et se faire une idée sans avoir l’impression de le sponsoriser. On a trop aimé Noir Désir pour faire une croix définitive sur Bertrand Cantat, même si on préférerait, en ce qui nous concerne, qu’il continue à produire sous un nom de groupe plutôt que sous le sien. Question de décence et de respect pour ceux que la mort de Marie Trintignant a plongé dans l’affliction. Ok, et à part ça il est comment ce disque ? Meilleur que celui de Détroit, qui ne faisait que reprendre l’histoire au Noir Désir de Des Visages, des figures, en moins crucial. Les deux premiers titres « Ami Nuit » et « Amor Fati » ouvrent de nouvelles voies musicales, quelque part entre Ferré, Orelsan et Erik Truffaz (dont la trompette déchire le titre d’ouverture). Après ces deux titres géniaux (on pèse ses mots), le reste de l’album paraît évidemment plus faible, avec même des facilités un peu indignes côté textes (« Silicon Valley », « Les Pluies diluviennes »). Le premier single (« L’Angleterre ») n’est pas mauvais en soi, mais il sonne différent du reste du disque et contribue à le rendre bancal. Même s’il ressemble à un mix acoustique de « L’Homme pressé » et d’ « Un jour en France » (666.667 Club) , « Aujourd’hui » aurait fait un bien meilleur single. Et il reste encore assez de très bonnes chansons (« Excuse My French », « J’attendrai », « Anthracitéor » , « Aujourd’hui » , « Chuis con », « Maybe I ») pour situer l’album très au dessus de la moyenne de la production francophone du moment.
Amor Fati
Bertrand Cantat
(Barclay)
La chair des autres
ça vient de sortir|
Par MAB
La Frontière sauvage
ça vient de sortir|
Par MAB
Lost in Cannes
ça vient de sortir|
Par MAB
Alors que la sélection du 78e Festival de Cannes vient d’être annoncée, le réalisateur, scénariste et écrivain Santiago Amigorena raconte les moments contrastés passés, depuis 1985, dans ce lieu d’illusions. Paraphrasant Proust jusque dans son style travaillé, il a intitulé ce troisième volume autobiographique « Le Festival de Cannes ou le temps perdu ». Une façon pour lui de raconter sa vie par le prisme grossissant et déformant de cette foire aux vanités. Rien d’original dans ce qu’il relate. Mais pour le lecteur, le plaisir d’entrer, à la fois de l’autre coté du miroir et dans l’intimité d’un faux « privilégié » un brin narcissique et passablement amer. D’abord, pour le parfait inconnu qu’il fut, les attentes interminables pour obtenir le carton d’une projection. Les hôtels miteux et les stratagèmes pour s’incruster dans les fêtes. Puis pour le co-scénariste débutant du « Péril Jeune » de Cédric Klapisch, les contacts en hausse. Les dîners qui se proposent. Le smoking pour les marches. Ensuite, l’évocation, pour le coup, très impudiques et larmoyantes des actrices aimées, supportées et desaimées: deux enfants avec Julie Gayet et deux ans de relation glamour avec la présidente du jury de cette 78 eme édition, Juliette Binoche. Au fil des lignes, Cannes devient alors autre chose qu’un lieu de cinéma mais celui des féroces mondanités. Surtout de tout ce que l’on se construit soi-même pour s’élever, souffrir et se tromper de vie. « Lorsque l’on atteint son but, la triste réalité de ce que l’on convoitait, s’offre à nous dans tout son terne éclat » conclut Santiago. Seul l’âge et l’écriture, permettent alors de se rendre compte de son erreur. Plus intéressant au final que l’on ne pensait en ouvrant l’ouvrage.
Leave A Comment