Julien Doré à Nice

//Julien Doré à Nice

Julien Doré à Nice

Julien Doré   était de retour le 7 décembre à  Nice  pour un nouveau concert enfiévré dont il a le secret. 6000 spectateurs , en majorité des spectatrices,  l’attendaient et lui ont fait un nouveau triomphe à Nikaia . Le chanteur a composé et enregistré les chansons de l’album, & (prononcer « Esperluette »), à Saint-Martin-Vésubie, où, enfant, il passait ses vacances dans le chalet de sa grand-mère. Il nous a raconté ce retour au(x) sommet(s)

Quelle est l’histoire de ce chalet de Saint-Martin-Vésubie ?
Mes grands parents sont d’origine italienne. Ils sont arrivés en France en passant par Gènes et se sont arrêtés dans les Alpes-Maritimes. Ce chalet, qui appartient à ma grand-mère paternelle, pas très loin de la frontière italienne, est un peu le symbole de leur passage en France. La famille des deux côtés des Alpes pouvait s’y retrouver pour les vacances. J’y suis venu hiver comme été pour les vacances scolaires, jusqu’à mon adolescence, puis plus du tout. Cela faisait une bonne quinzaine d’années que je n’y étais pas retourné. Le lac de la Madone, La Colmiane, la station de ski, la rivière, j’ai tout retrouvé intact. Sans nostalgie, mais avec le sentiment d’un point d’ancrage familial très fort.

Qu’est ce qui vous a donné envie d’y revenir ?
Quand elle passait me voir en concert, ma grand-mère me disait souvent que je devrais aller m’y reposer, que ce serait un bon endroit pour composer. Elle invitait aussi mes musiciens à y aller… Après la tournée de Love, je m’en suis souvenu et je me suis dit que ce serait une bonne idée de passer quelque temps là-bas. Quand une tournée s’arrête, c’est comme un gouffre qui s’ouvre devant vous. On vit tellement d’émotions pendant un an et demi avec ses musiciens, son équipe et le public chaque soir, que se retrouver soudain seul avec soi-même n’est pas forcément facile. J’avais un peu peur de me retrouver tout seul à Paris et je me disais que je pourrais y digérer tous ces jolis souvenirs d’une belle façon. Je ne savais pas que ça ferait aussi naître des chansons. Après les attentats de novembre à Paris, la lumière s’est éteinte. C’est devenu une évidence que c’était là que je la retrouverais.

Comment s’est effectué l’enregistrement?
J’ai commencé par monter un piano pour voir si ça m’inspirerait d’être entouré de ces montagnes et de cette nature.Comme ça venait bien, j’ai fait venir les musiciens. Finalement tout l’album a été composé et enregistré dans le chalet, sur presqu’un an, en différents séjours, suivant le cycle des saisons. C’était la première fois que je travaillais de cette manière. D’habitude, on s’enferme en studio pendant trois semaines.Là, j’avais un espace magique où je pouvais rester aussi longtemps que je voulais, tout était ouvert, il n’y avait rien d’aseptisé, c’était simple et ça me faisait du bien. En plus j’ai fait des rencontres formidables là-haut.

Les lieux semblent avoir une fonction importante dans votre inspiration.Après «Paris Seychelles», il y a sur l’album une chanson intitulée «Porto-Vecchio»
Oui et «Beyrouth Plage» aussi.La notion de voyage, quand on écrit une chanson, est essentielle. On pose une barque sur une rivière et on la laisse filer.On ne contrôle pas la destination, Dans les chansons que j’écris, il y a l’idée d’embarquer ensemble vers une destination que je ne fige pas pour laisser à celui qui les écoute la possibilité de se les approprier, d’en faire une chose à lui. J’ai découvert la Corse grâce au succès de l’album précédent et à la tournée qui a suivi.Je n’y avais jamais été et j’ai découvert un territoire magnifique, qui mêle mer et montagne, un équilibre entre la ville et la nature, une façon de préserver la nature, un accueil surtout… «Porto-Vecchio» vient de là.

Pourquoi ce titre: «&»?
Il se prononce «esperluette», je trouve le mot joli. Au-delà de ça, il permet de laisser les choses ouvertes.«&», c’est à la fois une ouverture et un lien. J’ai de plus en plus conscience d’un lien fort avec les gens qui aiment mes chansons.Et en même temps, je trouve très important de laisser les choses ouvertes. J’ai beaucoup de mal avec l’idée d’une proposition artistique figée, verrouillée. Le concept de la pochette suggère aussi une fenêtre sur un univers ouvert, avec des images qu’on peut changer en fonction de l’humeur du moment.

Cette ouverture passe aussi par le partage.Il y a encore un duo sur cet album…
Oui, avec Juliette Armanet sur «Corail».Je l’ai rencontrée sur ma précédente tournée, où elle faisait mes premières parties.Elle écrit de très belles chansons, qu’elle chante avec une voix intemporelle. C’est essentiel pour moi de garder la trace d’une rencontre importante avec un autre artiste.Il y en a dans chacun de mes disques: Arno sur le premier album, Françoise Hardy sur le second, Micky Green sur Love, Brigitte…

Et Pamela Anderson dans le clip du Lac!
Oui, c’est une autre forme de duo. Né d’une idée un peu folle.Pour ce clip, je voulais l’incarnation iconique du féminin.Je me suis demandé qu’elle était l’icône générationnelle qui pouvait toucher à la fois le charnel, le maternel et l’affectif.Pamela Anderson, c’est un symbole qui rejoint mon enfance (j’avais 8-9 ans quand elle jouait dans Alerte à Malibu) et aujourd’hui on la redécouvre dans le combat d’une femme de 40 ans, qui a pris un virage de vie absolument courageux. C’était une jolie idée de se rencontrer et de se dire qu’on partageait ça. Ça s’est fait très simplement.Elle a été merveilleuse…

Les événements dramatiques de l’année ne semblent pas avoir laissé de traces sur l’album. C’est voulu?
Chacun a sa manière de vivre avec ça. D’une manière générale, ce n’est pas l ‘actualité qui déclenche mon écriture et cet album n’est clairement pas un disque post-attentats.Je ne veux pas faire de mélanges ou jouer sur les bons sentiments.Mais bien sûr qu’en tant qu’homme je me suis posé la question de savoir si monter sur scène avait encore un sens après ça. Qu’on soit artiste ou pas, on doit vivre avec cette réalité.Ma réponse c’est que l’art, la littérature, le cinéma, la musique, c’est important. Ça nous aide à aspirer à mieux, au beau.Ce n’est pas rien. Quand je monte sur scène, des gens viennent me voir.C’est important de continuer, d’être là pour eux.

Comment vivez-vous le succès que vous a apporté Love et que ce nouvel album a encore multiplié ?
Comme une bénédiction et un encouragement à occuper pleinement la liberté qui m’est donnée de créer. Ma façon de ne pas me sentir assis et poussiéreux, c’est de faire de chaque album une nouvelle aventure créative.Le jour où ça ne sera plus vital à ce point pour moi, où j’aurais le sentiment de trahir le privilège qui m’est octroyé, je ferai autre chose. De la musique pour d’autres, des clips, du cinéma, ou totalement autre chose. J’achèterai une maison dans les Cévennes et je m’occuperai de mes enfants et des animaux. Pour cet album-là, je ne pouvais pas plus donner de ce que je suis et de ce que j’ai envie de partager.

By |décembre 8th, 2017|Categories: Événement|0 Comments

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