Incarnation de la nouvelle chanson française qui carbure au hip hop, Eddy de Pretto a mis tout le monde à genou avec son premier EP (Kid) et ses deux titres phares, « Kid » et « Fête de trop« . Deux hits puissants et convulsifs, portés par des textes violemment introspectifs, des beats techno et un flow rap. Le premier album de ce gamin de Créteil à l’homosexualité affichée, déjà auréolé d’une Victoire de la musique (découverte scène), était le plus attendu de ce début d’année. Il est sorti le 3 mars et la première impression est mitigée. Il y a de bonnes chansons ( « Rue de Moscou », « Normal » , « Jimmy », « Genre »… ), mais rien d’aussi fort que les 4 titres de Kid, que l’on retrouve d’ailleurs in extenso sur le disque. A la première écoute, tout sonne un peu pareil (du Nougaro 3.0 ?). Seule « Mamère » accroche immédiatement l’oreille, comme un pendant féminin du « Papaouté » de Stromae. Difficile de dire si on fait juste la fine bouche, ou si on va se lasser très vite des chansons du gars Eddy. Les concerts d’été seront décisifs: il sera au Mas des Escaravatiers le 19 juillet et à Nice le 23 août pour le festival Crossover.
Eddy de Pretto
Cure
(Universal)
Hannelore Cayre : Les doigts coupés
ça vient de sortir|
Par MAB
Schlesser : Les Yeux de Mona
ça vient de sortir|
Par MAB
Au début tout est roman. Tout est écrit d’une façon très sentimentale: Mona, 10 ans, est atteinte d’une maladie qui risque de lui faire perdre la vue. Avant que cela n’arrive, son grand-père, veuf inconsolable, lui prodigue une thérapie plutôt singulière : il l’emmène tous les mercredi, dans les trois grands musées parisiens – d’abord le Louvre, puis Orsay et enfin Beaubourg – pour qu’elle observe longuement de ses propres yeux 52 chefs- d’œuvre, peinture, sculpture et photographie , depuis le 16 eme siècle jusqu’à aujourd’hui. Les dialogues, entre eux, sont un peu artificiels. Le ton de l’aïeul est très didactique. Mais petit à petit, le récit initiatique choisi par l’historien d’art Thomas Schlesser, fonctionne. On regarde les œuvres avec la fillette (elles sont d’ailleurs en couleurs à l’intérieur d’une jaquette qui se déplie ), on observe chaque détail à travers son regard et l’on écoute les commentaires éclairés qu’en fait son érudit et pédagogue de grand-père. Trois grandes parties, donc. Et autant de chapitres que d œuvres scrutées. Boticelli en ouverture et Soulages en final. :« Je souhaitais qu’il y ait une bonne alternance entre des artistes très iconiques comme Léonard de Vinci, Le Carravage, Courbet, Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat et d’autres beaucoup moins connus comme Julia Margaret Cameron,extraordinaire photographe du 19 eme siècle ou la plasticienne Hannah Hoch » précise Schlesser. Le résultat est franchement épatant. Comme un conte esthétique et philosophique qui fait du bien . Donnant avec simplicité et humilité une leçon de savoir voir les beautés du monde et donc de savoir vivre. À mettre entre toutes les mains et à lire et relire dans l’ordre et le désordre avant d’aller redécouvrir toutes ces œuvres.
Little Girl Blue
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Le pitch
À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter par le cinéma en rejouant sa vie…
Ce qu’on en pense
Comme Kaouther Ben Hania dans Les Filles d’Olfa, Mona Achache mélange fiction et documentaire dans ce film également présenté à Cannes. Ainsi Marion Cotillard, prend-t-elle devant la caméra, les traits et l’apparence de la mère de Mona, photographe et écrivaine à la vie tourmentée, dont le suicide est resté pour ses proches un mystère. En remontant le fil de sa vie et en reconstituant une époque, pourtant pas si lointaine, où les femmes n’avaient pas la voix au chapitre, sa fille – qui apparait également à l’écran-, cherche à comprendre son geste, mais n’oublie pas de s’interroger, en abime, sur le pouvoir du cinéma et sur le mêtier d’acteur. Le résultat est encore plus vertigineux que dans Les Filles d’Olfa, avec une Marion Cotillard au sommet de son art transformiste.
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