R.I.P Jacques Higelin (1940-2018)

//R.I.P Jacques Higelin (1940-2018)

R.I.P Jacques Higelin (1940-2018)

Sa mort fera moins de bruit que celle de Johnny. Pourtant, sa carrière fut aussi longue et riche. Et il incarnait, lui aussi, une certaine idée du rock à la française Jacques Higelin s’est éteint vendredi 6 avril  à son domicile parisien,  au terme d’une maladie qui le tenait éloigné de la scène et des médias depuis 2016. Lui qui aimait tant la scène, où il pouvait chanter plus de trois heures, n’avait pu y défendre son dernier album, Higelin 75, paru en 2015. Son fils Arthur H, auquel on demandait de ses nouvelles il y a quelques semaines, nous avait répondu qu’il se reposait, entouré de sa famille .On avait compris qu’on ne le reverrait sans doute pas chanter «Champagne!», «Tombé du ciel», «Pars» ou «Mona Lisa Klaxon» , comme il l’avait fait si souvent, sur toutes les scènes azuréennes. Provoquant parfois l’ire des voisins lorsque le concert se prolongeait au-delà des heures ouvrables. Il arriva même plusieurs fois, à Juan les Pins notamment, qu’on coupât la sono pour l’obliger à partir ! Peine perdue: il était capable de continuer à chanter sans micro pendant des heures, en s’accompagnant seul au piano.

Né le 18 octobre 1940 à Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne), au sein d’une famille modeste (père cheminot), le petit Jacques Higelin dévoile très tôt un tempérament artistique. À l’âge de 14 ans, il se présente à une audition du cabaret Les Trois Baudets. Il rêve de devenir Trenet, mais c’est au cinéma qu’il débute en 1959 dans Le bonheur est pour demain, d’Henri Fabiani. Sans avoir véritablement fait carrière à l’écran, on l’y verra souvent. La dernière fois en 2015, dans le rôle d’un éleveur de chevaux pour le Jappeloup de Christian Duguay. Mais la musique est la grande affaire de sa vie. En 1964, le producteur Jacques Canetti lui fait mettre en musique des poèmes de Boris Vian pour Serge Reggiani et Catherine Sauvage. L’année suivante, il rencontre Brigitte Fontaine et lui écrit «La Grippe», son premier tube. Beaucoup d’autres suivront dans la décennie 75-85. À partir de 1974, Higelin passe du cabaret jazz au glam rock et cartonne en 1975, avec Irradié, disque auquel collabore le jeune Louis Bertignac. Le suivant, Alertez les bébés! lui permet de décrocher son premier disque d’or.

Au fil des décennies, la carrière d’Higelin ne connaît pas la moindre éclipse, ses concerts, toujours aussi nombreux et généreux (son record: 7 heures!), suffisant à assurer le renouvellement continu de son public.Les dernières années, le public qui s’y pressait allait, comme celui des lecteurs de Tintin, de 7 à 77 ans. C’est à cet âge, plutôt précoce pour quelqu’un qui ne voulait jamais quitter la scène, qu’Higelin nous lâche. Sans avoir jamais abdiqué sa créativité (son dernier album est un de ses meilleurs), ni ses idées de gauche. On gardera le souvenir d’un baladin à la voix enfantine et à la tignasse en bataille, d’un poète à l’humilité touchante, d’un humaniste engagé et d’un showman l’infatigable générosité, capable de soulever les foules comme personne. Sa descendance artistique est assurée, avec un fils chanteur Arthur H, une fille actrice et chanteuse Izia, un autre fils réalisateur et acteur, Ken, et des émules talentueux comme Feu! Chatterton. Alors, on ravale ses larmes et on trinque à la postérité du Grand Jacques «Monté au ciel, à travers les nuages». Champagne!

By |avril 7th, 2018|Categories: Événement|0 Comments

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