Au fil du temps, Paul McCartney a acquis un statut de génie chaleureux et sympathique qui en fait une sorte de grand père idéal. De sorte que ses disques sont attendus par tout le monde comme les nouvelles d’un ami très cher ou d’un oncle d’Amérique adoré. Même lorsqu’ils sont tout juste moyens, on les écoute avec plaisir et mansuétude. Qu’en est-il du dernier en date, Egypt Station ? Annoncé par trois singles accrocheurs, il est fidèle à l’image qu’on s’en faisait par avance. C’est un album de pop guilleret et coloré. Outre les 3 singles (« Come On To Me », « I Don’t Know » « Fuh You« ), plusieurs titres accrochent dès la première écoute comme « Happy With You« , ode acoustique au bonheur conjugal, « Who Cares » un rock qu’aurait pu signer Pete Townshend, le très Lennonien « People Want Peace », l’étonnant « Caesar Rock » (qu’on croirait chanté par Roger Daltrey), le mélancolique « Despite Repeated Warnings » ou la suite finale « Hunted You Down/Naked/C-Link » propulsée par un gros riff de guitare fuzz. En négatif, on note un trop plein de ballades acoustiques molles et la voix de Paul, qui a encore baissé d’un ton. Egypt Station n’est certainement pas le successeur espéré de Chaos and Creation in the Backyard, dernier chef d’oeuvre en date de l’ex-Beatles. Mais il nous fera de l’usage pour repeindre en pastel les grises journées d’automne et d’hiver…
Paul McCartney
Egypt Station
(Capitol)
Nathan Hill: Bien-être
ça vient de sortir|
Par MAB
Dans le Chicago bohème des années 1990, Elizabeth est étudiante en psychologie. Jack photographe et artiste. Ils sont voisins et d’une fenêtre à l’autre s’épient et fantasment, lassés tous deux de leur solitude. C’est la séquence d’ouverture. Elle est belle et le titre – Bien-être – accrocheur. Lorsqu’ils se rencontrent, quelques pages suivantes, c’est l’évidence. Ils sont faits l’un pour l’autre, se le disent et le vivent. Pour toute la vie? Nathan Hill est pessimiste (réaliste? ) sur la vie de couple. Il le démontre en pas moins de 700 pages construites en allers retours présent /passé/futur. Un futur où on les retrouvera très rapidement, vingt ans après les roucoulades de leur première année commune. Un passé qui remonte à l’enfance des protagonistes: elle vient d’un milieu urbain et mondain. Lui du Kansas rural. Ceci précisé, on pourrait préjuger de la banalité de cet ouvrage et penser que tout a déjà été écrit sur les désillusions amoureuses. Et bien pas comme le fait le journaliste et écrivain Nathan Hill, dans ce deuxième roman traduit de l’américain par Nathalie Bru. C’est drôle, grinçant, cruel et émouvant tour à tour ! Pour en revenir aux personnages, en 2010 environ, lui est prof et s’ennuie. Elle travaille avec succès dans une clinique du bien être. Leur fils est difficile à élever et comble de soucis et de situations conflictuelles, ils achètent un appartement sur plan en banlieue. Quant au désir, il est souvent à l’état de souvenir. Voilà : Hill est un entomologiste du sentiment amoureux. Il observe en même temps que le lecteur le comportement de ses personnages. Souligne peu à peu comment ils se sont fait des films avant de vivre la vraie vie et comment l’obsession de leur bien être individuel ruine leur quotidien. C’est un peu long, mais fourmillant de petits faits vrais. Car ce n’est pas uniquement l’histoire d’un couple qu’il nous raconte. Mais aussi celle d’une ville qui a peu à peu perdu son âme. Un roman ambitieux qui dit tellement de tout ce qui nous entoure que forcément il parlera à tout lecteur à un moment ou un autre du récit.
Les Fantômes
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Le Pitch
Hamid (Adam Bessa) est membre d’une organisation secrète qui traque les criminels de guerre syriens cachés en Europe. Sa quête le mène à Strasbourg sur la piste de son ancien bourreau…
Ce qu’on en pense
Découvert à Cannes 2024, en ouverture de la Semaine de la critique, ce premier long métrage de fiction signé Jonathan Millet, a été un de nos rares coups de coeur de l’édition. Un thriller d’espionnage très réaliste sur la traque de bourreaux syriens par leurs victimes à travers l’Europe, avec le Grassois Adam Bessa dans le rôle de l’infitré. Tenu de bout en bout, intelligent, réalisé au cordeau, le film confirme le talent prometteur de son réalisateur.
Thibault de Montaigu: Cœur
ça vient de sortir|
Par MAB
Le récit à la première personne d’un fils au chevet d’un père qu’il veut connaître avant que ce dandy déchu ne quitte le monde. Or, le patriarche, devenu aveugle et impotent après une vie flamboyante, suggère, à son écrivain de rejeton, le sujet de son prochain roman : l’histoire de Louis de Montaigu, l’arrière grand-père, mort un soir d’août 14, à la tête de son escadron. Un acte de bravoure insensé, un désir sublime et ridicule d’en découdre, qui cachaient bien des secrets. En les découvrant peu à peu, à travers archives et roman familial, l’auteur réalisera enfin qui était son père, qui il est lui-même et combien « les fils sont là pour continuer les pères ». Les allers retours passé- présent et la vivacité des dialogues donnent à cette narcissique et élitiste introspection un étonnant intérêt. Prix Interallié 2024.
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