Neuf ans après sa disparition, sort enfin un album posthume d’Alain Bashung. Contrairement à d’autres (suivez notre regard…), on ne pourra pas reprocher à ses ayant droits d’avoir cherché à exploiter son décès pour faire tourner leur Petite entreprise. Chloe Mons, la dernière compagne du chanteur et Edith Fambuena, qui avait travaillé sur Fantaisie Militaire (son chef d’oeuvre), ont attendu le temps qu’il fallait pour être certaines de ne pas trahir la postérité de Bashung. Fambuena s’est immergée dans les enregistrements inutilisés du dernier album de Bashung, Bleu Pétrole, pour en extraire ces 11 chansons, dont le chanteur avait enregistré les maquettes en guitare-voix. Elle s’est contentée de refaire les parties de guitare et d’y ajouter un habillement sonore assez léger. Un choix parfaitement honnête et, surtout, payant : l’album est magnifique ! On songe aux American Recordings de Johnny Cash, au Nebraska de Bruce Springsteen, aux premiers Leonard Cohen, à certains enregistrement d’Alan Vega… C’est de ce calibre. Signées Daniel Darc, Dominique A, Joseph D’Anvers, Arman Méliès, Raphaël ou Mickael Furnon, auxquels il les avait commandées par peur de manquer, ces chansons sonnent comme du pur Bashung. Est-ce le bonheur de réentendre sa voix, qui nous fait penser qu’on tient -là un de ses meilleurs disques ? On n’a pas fini, en tout cas, de l’écouter en boucle.
Alain Bashung
En Amont
(Warner)
Schlesser : Les Yeux de Mona
ça vient de sortir|
Par MAB
Au début tout est roman. Tout est écrit d’une façon très sentimentale: Mona, 10 ans, est atteinte d’une maladie qui risque de lui faire perdre la vue. Avant que cela n’arrive, son grand-père, veuf inconsolable, lui prodigue une thérapie plutôt singulière : il l’emmène tous les mercredi, dans les trois grands musées parisiens – d’abord le Louvre, puis Orsay et enfin Beaubourg – pour qu’elle observe longuement de ses propres yeux 52 chefs- d’œuvre, peinture, sculpture et photographie , depuis le 16 eme siècle jusqu’à aujourd’hui. Les dialogues, entre eux, sont un peu artificiels. Le ton de l’aïeul est très didactique. Mais petit à petit, le récit initiatique choisi par l’historien d’art Thomas Schlesser, fonctionne. On regarde les œuvres avec la fillette (elles sont d’ailleurs en couleurs à l’intérieur d’une jaquette qui se déplie ), on observe chaque détail à travers son regard et l’on écoute les commentaires éclairés qu’en fait son érudit et pédagogue de grand-père. Trois grandes parties, donc. Et autant de chapitres que d œuvres scrutées. Boticelli en ouverture et Soulages en final. :« Je souhaitais qu’il y ait une bonne alternance entre des artistes très iconiques comme Léonard de Vinci, Le Carravage, Courbet, Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat et d’autres beaucoup moins connus comme Julia Margaret Cameron,extraordinaire photographe du 19 eme siècle ou la plasticienne Hannah Hoch » précise Schlesser. Le résultat est franchement épatant. Comme un conte esthétique et philosophique qui fait du bien . Donnant avec simplicité et humilité une leçon de savoir voir les beautés du monde et donc de savoir vivre. À mettre entre toutes les mains et à lire et relire dans l’ordre et le désordre avant d’aller redécouvrir toutes ces œuvres.
Little Girl Blue
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Par Ph.D
Le pitch
À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter par le cinéma en rejouant sa vie…
Ce qu’on en pense
Comme Kaouther Ben Hania dans Les Filles d’Olfa, Mona Achache mélange fiction et documentaire dans ce film également présenté à Cannes. Ainsi Marion Cotillard, prend-t-elle devant la caméra, les traits et l’apparence de la mère de Mona, photographe et écrivaine à la vie tourmentée, dont le suicide est resté pour ses proches un mystère. En remontant le fil de sa vie et en reconstituant une époque, pourtant pas si lointaine, où les femmes n’avaient pas la voix au chapitre, sa fille – qui apparait également à l’écran-, cherche à comprendre son geste, mais n’oublie pas de s’interroger, en abime, sur le pouvoir du cinéma et sur le mêtier d’acteur. Le résultat est encore plus vertigineux que dans Les Filles d’Olfa, avec une Marion Cotillard au sommet de son art transformiste.
La Passion de Dodin Bouffant
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Par Ph.D
Le pitch
Eugénie (Juliette Binoche), cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin (Benoit Magimel). Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle…
Ce qu’on en pense
Repartie du Festival de Cannes avec le prix de la mise en scène et sélectionnée pour représenter la France à l’Oscar du film étranger, cette somptueuse adaptation du roman de Marcel Rouff, La Passion de Dodin Bouffant, se déguste comme un repas dans un restaurant étoilé. N’y allez pas le ventre vide : il n’est question que de manger ! Et beaucoup d’aimer aussi. Jadis en couple, Benoît Magimel et Juliette Binoche s’y retrouvent pour camper des passionnés de cuisine dont toute la vie tourne autour de la préparation de repas pantagruéliques. Tran Anh Hung (L’Odeur de la papaye verte) filme ces festins avec une telle gourmandise qu’on en salive sur son siège. Le jeu des acteurs a beau être trés théâtral, Magimel a une telle présence qu’il fait oublier les lourdeurs et l’esthétique un brin publicitaire de la réalisation. Le film brille par l’émotion qu’il procure et son approche formelle, lente mais ô combien appétissante.
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