Alors qu’on se préparait à fêter le 40e anniversaire de la sortie de son premier album Look Sharp ! – ce qui ne nous rajeunit, certes pas- le bon Joe Jackson livre un 20e opus studio du meilleur cru. Huit titres envoyés sans barguigner, qui font justement le lien entre son premier manifeste pub rock et la veine post jazz de son chef d’oeuvre 80’s, Night and Day . Huit très bonnes chansons pour bien commencer l’année, en espérant que cette double actualité nous donne l’occasion de revoir Joe en live sur nos rivages. La dernière fois c’était à l’Opéra de Monte Carlo et ceux qui y étaient en gardent un souvenir ému.
Joe Jackson
Fool
Sortie : 18 janvier 2019
(Verycords)
La chair des autres
ça vient de sortir|
Par MAB
L’an dernier à Avignon, Claire Berest a suivi, pour Paris Match , les audiences du procès des viols de Mazan. De cette expérience et de son obsession du fait divers, elle a construit un témoignage remarquable qu’elle a intitulé « La Chair des autres ». Une œuvre sensible de véritable écrivaine et philosophe qui, prenant pour modèle « L’Adversaire » d Emmanuel Carrere ( sur le meurtrier Jean-Claude Romand ) se met à distance honnête du sujet. « Pour se donner le droit de parler de l’autre » précise-t-elle en préambule, «La politesse serait de dévoiler d’où l’on parle. De faire corps sans s’effacer ». D’où son choix de s’installer sous nos yeux sur les bancs de la presse pour nous raconter ce qui se passe et se dit dans le prétoire. On y entend les différents accusés tentant de souligner leur banalité, les interventions de Dominique Pelicot et de son avocate « du diable » Béatrice Zevarro. On perçoit le dégoût de l’assistance à la vue des vidéos. On saisit la personnalité du juge Arata qui aurait voulu le huis-clos. Et l’on comprend, enfin, l’attitude remarquablement combative de Gisèle Pelicot qui « a décidé que la dignité humaine ne se jouerait pas dans la pudeur mais dans la confrontation » . Il y a déjà eu des ouvrages sur Mazan et il y en aura d’autres. Celui-là, plus qu’un autre sans doute, plonge sans voyeurisme, dans les coulisses du mal, souligne le point de bascule de la normalité à la monstruosité, élargit l’introspection aux lectures et au vécu de la narratrice comme aux vécus des autres trop nombreuses femmes violées et de leurs bourreaux. Se faisant, il s’interroge aussi sur le bien et fait de Gisèle une victime debout, devenue icône de la cause des femmes. A lire, même si c’est le même magazine, pour qui Berest a couvert le procès, qui vole aujourd’hui des photos de Gisèle Pélicot tentant de se reconstruire!
La Frontière sauvage
ça vient de sortir|
Par MAB
Vous reconnaîtrez certainement l’influence de La Route de Cormac McCarty dans l’intrigue de « La frontière sauvage« . Influence, d’ailleurs, totalement assumée, puisque l’auteur, narrateur et personnage y fait référence dans ses pages. Nous sommes au Printemps 2020. Un diabolique virus a confiné la France. Eliott coule des jours tranquilles auprès de Florence à Bernay, son authentique bourgade natale de Normandie. Ils forment un couple d’aujourd’hui. Sans enfant. Mais avec un chat, Mathias, dont ils prennent soin avec amour. Tout va bien. Le confinement est une aubaine pour la paresse du graphiste. Or, brutalement, alors qu’il avait falsifié son bon de sortie, Eliott voit surgir d’un bois une bande de brutes se précipitant sur une jeune cycliste. Un premier choc annonciateur d’une barbarie de plus en plus insoutenable. Le couple doit quitter sa maison dévastée, prendre la route en compagnie de Mathias, traverser la campagne verdoyante des bocages normands et se confronter à une violence inouïe, entrecoupée par quelques moments d’accalmies, aussi pathétiques et prophétiques que drôles parfois . Des retournements et surprises qu’il ne faut surtout pas éventer. Évidemment, si l’avenir vous angoisse et si les descriptions macabres vous rebutent, passez votre chemin. En revanche si les dystopies les plus cyniques et leur humour grinçant sont pour vous des thérapies, cette « Frontière sauvage » vous fera passer un moment délirant. Outre Cormac McCarty, cité plus haut, on songe aussi au français Houellebecq par moment. En tout cas, on verrait bien – Gastines est aussi scénariste et réalisateur – une adaptation à l’écran.
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