Claire Denis est venue présenter à Nice son nouveau long métrage High Life .Un film de SF envoûtant et déroutant, avec Robert Pattinson et Juliette Binoche, qui sort enfin en DVD. La cinéaste, qui présidait le jury de la cinéfondation et des courts métrages cette année à Cannes, nous en a raconté les coulisses…
Date de sortie en dvd
24 avril 2019
De Claire Denis
Avec Robert Pattinson, Juliette Binoche, André Benjamin
Genre Science fiction
Nationalité Français
Durée 1h51
Bonus
Entretiens avec Robert Pattinson et Mia Goth
+ Aurelien Barrau, astrophysicien
Diego Maradona
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Le pitch
Le 5 juillet 1984, Diego Maradona débarque à Naples pour un montant qui établit un nouveau record du monde. Pendant sept ans, il enflamme les stades. Le footballeur le plus mythique de la planète a trouvé ses marques dans la ville la plus passionnée – mais aussi la plus dangereuse – d’Europe. Sur le terrain, Diego Maradona était un génie. En dehors, il était considéré comme un dieu. Cet Argentin charismatique a mené le SCC Napoli en tête du tableau pour la première fois de son histoire. Mais le prix à payer était élevé. Accointances avec la mafia, drogue, prostitution… Des heures sombres l’attendaient après ces années fastes…
Ce qu’on en pense
Réalisé à partir de plus de 500 heures d’images inédites, issues des archives personnelles du footballeur, par le documentariste anglais Asif Kapadia, auquel on doit deux très bons films sur Ayrton Senna et Amy Winehouse, Diego Maradona retrace la carrière et cerne la personnalité du pibe de oro mieux qu’aucun autre jusqu’ici (Kusturika s’y était essayé en 2008 avec son Maradona par Kusturica).Le film était en sélection officielle au dernier festival de Cannes, mais le footballeur, qui y était pourtant annoncé, a renoncé au dernier moment à assister à la projection, confirmant ainsi qu’il reste, malgré les années, les excès et les kilos en trop, le roi du contrepied.
Parasite
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Le pitch
Toute la famille de Ki-taek (Song Kang-ho) est au chômage et vit d’expédients. Un jour, leur fils Ki-woo (Chon Woo-sik) réussit à̀se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez une riche famille. Il va se débrouiller pour faire embaucher les siens sous de fausses identités et de fausses qualifications.Quitte à se débarrasser des employés de maison pour prendre leur place…
Ce qu’on en pense
Après deux gros films «américains» (Snowpiercer et Okja), Bong Joon-ho revient au pays avec une«petite» comédie noire qui a fait grosse impression à Cannes. La forme est plus modeste, mais le réalisateur Coréen y déploie les talents de mise en scène déjà constatés dans The Host, Mother et leurs successeurs. Le début du film fait fortement songer à Une Affaire de famille, du japonais Hirokazu Kore-eda couronné d’une Palme d’or l’an dernier à Cannes. Parasite pourrait en être la version «sombre».Contrairement à ceux de Kore-eda, toujours pleins de bonté et d’humanité, les miséreux de Bong Joon-ho ont tous les défauts. Ils sentent «le vieux radis» ou le «torchon humide», n’ont aucun scrupule, boivent et mangent comme des porcs et sont prêts à tuer pour sortir de leur misérable condition. Les riches, au contraire, sont beaux, sentent bon, vivent dans des maisons d’architecte, ont des enfants surdoués, respectent les autres et sont aimables avec le petit personnel. Ils ne sont pas «riches mais gentils», comme le croit une employée, mais «gentils parce qu’ils sont riches». Sous-entendu : ils peuvent se le permettre. La famille Ki-taek, par contre, n’a pas le choix. Si elle veut se sortir du gourbi où elle survit de boulots sous-payés et de petites arnaques, il va falloir qu’elle écrase les autres sur son passage, comme les cafards qui infestent son appartement. Ce qu’elle va s’employer à faire avec un bel abattage… Pour dénoncer le délitement des valeurs et la fracture sociale dans son pays, le réalisateur coréen n’y va pas avec le dos de la cuillère. Quitte à forcer sur la métaphore et les effets comiques. Entamé comme une tragicomédie sociale à la Affreux, sales et méchants, le film vire à la farce macabre dans sa deuxième partie. Un mélange des genres qui a séduit le jury de Cannes. Deuxième favori de la critique, Bong Joon-ho y a obtenu la Palme d’or, comme Kore-eda l’année précédente. Une affaire de famille de cinéma, sans doute…
NoJazz : Beautiful Life
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Avec ce 7 ème opus, le groupe niçois Nojazz poursuit l’exploration de l’électro jazz world, véritable marque de fabrique du groupe, tout en maintenant son cap soulful. Leur nouvelle voix hautement funky, apparue dans l’album précédent (Soul Stimulation), surfe sur des rythmiques percutantes, parfois même déroutantes, se glisse avec aisance entre les riffs de cuivre toujours si puissants et trouve parfaitement sa place au milieu d’arrangements débridés. Les NoJazz déploient ici plus que jamais leurs talents d’écoute et d’improvisation. Ils aiment surprendre autant qu’ils aiment être surpris. Chaque nouveau titre est pour eux l’occasion d’une plongée vers l’inconnu initiant sans peine de nouvelles collaborations à travers la planète. Le son très abouti et actuel de “Beautiful Life” en est une belle illustration.
Renaud : Les Mômes…
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Depuis qu’il est repassé à l’eau, Renaud a retrouvé son mojo. Cet album “pour enfants”, le prouve mieux encore que le précédent, qui était celui de sa résurrection et en portait encore les stigmates. Cette fois, Musiques et textes sont du niveau des meilleures années. Il n’y a que la voix qui n’est pas revenue, hélas, mais après quelques écoutes on n’y fait plus attention, tellement les chansons sont bonnes. Renaud y évoque l’enfance (l’école, la récré, les copains, les grandes espérances, les petites peurs, les sorties au parc…) avec la gouaille et l’humour de Titeuf… La nostalgie en plus. “Les Animals“, en single, donnent le ton, avec un texte malin et un refrain particulièrement entraînant. Le reste est du même tonneau : du grand Renaud.
Coldplay: Everyday Life
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A la première écoute, on se demande ce qu’on est en train d’écouter : un disque de démos world ? Un Christmas Album apocryphe ? La BO d’un film imaginaire ? Le Mystère des voix bulgares ? Mais non, c’est bien le nouveau Coldplay. Un album beaucoup plus aventureux que ses prédécesseurs, qui rompt avec les racines pop du groupe et l’envoie voyager aux lisières de la world music et du jazz oriental. PAS DE PANIQUE ! Le talent mélodique de Chris Martin est toujours là et il y a de très belles chansons (“Daddy”, “Arabesque”…). C’est un disque grave, profond et beau, ouvert sur le monde mais à écouter chez soi, pas dans les stades avec un bracelet fluo, des ballons et des confettis. Un disque pour “la vie de tous les jours”, comme le suggère son titre.
Le Roi lion
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Le pitch
Au fond de la savane africaine, tous les animaux célèbrent la naissance de Simba (voix de Rayane Bensetti), leur futur roi. Les mois passent. Simba idolâtre son père, le roi Mufasa (Jean Reno), qui prend à cœur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar (Michel Lerousseau), le frère de Mufasa, l’ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l’exil de Simba. Avec l’aide de deux nouveaux amis, Timon (Jamel Debbouze) et Pumbaa (Alban Ivanov), le jeune lion va devoir trouver comment grandir et reprendre ce qui lui revient de droit…
Ce qu’on en pense
Depuis que Disney a entrepris de filmer la version live de ses films d’animation classiques, Le Roi Lion était le plus attendu. Et aussi, sans doute, le plus piégeux à réaliser. Comment faire jouer à de vrais lions des scènes dramatiques ou comiques complexes ?Comment ne pas verser dans le vrai -faux documentaire Disney Nature ? Jon Favrau, qui avait déjà mis en scène l’honnête remake photoréaliste du Livre de la jungle s’est attelé à la tâche avec une armée de comédiens qui ont joué chaque rôle animal, bardés de capteurs, dans la fameuse boîte noire inventée par James Cameron pour Avatar, et d’animateurs qui ont recréé avec un moteur de jeu vidéo les personnages et l’environnement de savane africaine, inspiré du Masai Mara au Kenya. Le résultat est absolument bluffant ! Pour les animaux comme pour la végétation, il est presque impossible de faire la différence entre les images réelles et celles reconstituées par ordinateur. Rien que pour cette performance technique inouïe, le film mérite d’être vu. Sinon, le remake étant fidèle à l’original presque plan pour plan, les nostalgiques du dessin animé devraient s’y retrouver sans peine. Le côté réaliste du film rend, par contre, les naïvetés du scénario et l’omniprésence des chansons (dont la version française n’est toujours pas géniale) plus gênantes. Mais la dimension shakespearienne de l’histoire, même édulcorée, est aussi plus sensible… Résultat : plus encore que le dessin animé, le film peut être vu et apprécié par tous les publics. Pari gagné pour Disney.
Interview : Lofofora
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Après une «parenthèse acoustique» qui aura tout de même duré deux ans, Lofofora a rebranché les guitares pour Vanités, dixième album d’un groupe qui fête cette année ses 30 ans d’existence. Reuno, le charismatique chanteur des Lofo, qui a vécu à Cannes une partie de son adolescence, nous a raconté l’enregistrement…
Le nouvel album sonne plus électrique que jamais.Ça vous avait manqué ?
Deux ans à jouer acoustique pour des clowns électriques comme nous, c’était effectivement un peu long. On était heureux de retrouver la fée électricité et on a remis les watts !
Cette parenthèse acoustique a-t-elle apporté quelque chose au son du groupe ?
Le fait d’avoir été dépouillé des artifices de la distorsion nous a sans doute conduits à des compos plus aérées… Toutes proportions gardées, car ça reste du rock lourd.Disons qu’on a travaillé avec les amplis à 9 plutôt qu’à 11 (rires). Côté chant, j’ai aussi moins de complexes : je sais que je peux me permettre plus de choses sans que les fans du groupe se barrent en courant.
La longévité du groupe devrait vous rassurer : 30 ans d’existence pour un groupe de metal, c’est rare.Vous allez les fêter ?
On n’est pas trop pour les commémorations et les médailles.C’est un peu antinomique avec l’idée qu’on se fait du rock. On ne fête pas l’anniversaire du groupe, mais on célèbre la vie sur scène tous les soirs et le plaisir de jouer encore ensemble après tout ce temps.
Votre bio Wikipédia indique que vous vous êtes rencontrés à un concert d’Iggy Pop à Antibes, c’est vrai ?
Pas tout à fait.Phil Curty, notre bassiste, est originaire de Nice et moi j’ai vécu à Cannes de 16 à 23 ans. On s’est rencontrés au Fort Carré d’Antibes et on a commencé à se voir régulièrement.Lui jouait déjà dans un groupe punk. C’est après un concert d’Iggy au théâtre de verdure de Nice qu’on a effectivement décidé de faire de la musique ensemble.Il faut croire qu’il a été particulièrement convaincant ce soir-là (rires)
Quelle est la recette pour durer en tant que groupe de Metal ?
S’entourer des bonnes personnes et être sincère. Tant qu’on a toujours plus envie de tailler la route pour jouer ensemble que de partir en vacances et qu’on reste connecté au monde, on trouve toujours des raisons de s’énerver et d’écrire de bonnes chansons rock.
Inna de Yard
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Le pitch
Sur les hauteurs verdoyantes de Kingston, des légendes du Reggae se retrouvent pour enregistrer un disque. Inna de Yard raconte l’aventure humaine de ces chanteurs qui, en plus d’incarner un genre musical mythique et universel, font vibrer l’âme de la Jamaïque…
Ce qu’on en pense
Apprenant qu’une vingtaine de ses idoles jamaïcaines allaient se réunir pour enregistrer un nouvel album sous le nom collectif de Inna de Yard, l’Anglais Peter Webber (Men Only, Hannibal Lecter, The Medusa), fan absolu de reggae, a pris sa caméra, a sauté dans un avion et a filmé leurs retrouvailles et les séances d’enregistrement, sur la terrasse d’une « mansion on the hill » de Kingston. Avec le vent et les insectes en guest stars et assez de ganja pour assurer un haut niveau d’inspiration. Makin of de l’album sorti en avril, son film, qui a été présenté en avant-première mondiale au Midem, est au reggae ce que Buena Vista Social Club a été à la musique cubaine : un document testamentaire, une formidable galerie de portraits de musiciens et une preuve de la grande vitalité du genre musical dont il capture l’essence à la source.
Anna
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Le pitch
Les Matriochka sont des poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. Chaque poupée en cache une autre. Anna (Sasha Luss) est une jolie femme de 24 ans, mais qui est-elle vraiment et combien de femmes se cachent en elle ? Est-ce une simple vendeuse de poupées sur le marché de Moscou ? Un top model qui défile à Paris ? Une tueuse qui ensanglante Milan ? Un flic corrompu ? Un agent double ? Ou tout simplement une redoutable joueuse d’échecs ? Il faudra attendre la fin de la partie pour savoir qui est vraiment Anna et qui est “échec et mat”.
Ce qu’on en pense
Acculé à produire un succès vite fait, après l’échec commercial cruel de Valerian, Luc Besson nous refait le coup de Nikita. En version russe ! Anna, incarnée par l’atomique blonde Sasha Luss (rien que ce nom, déjà…), est tirée de la défonce par le KGB, qui en fait une machine à tuer. Son instructeur (Luke Evans) a de faux airs de Tchéky Karyo. Sa patronne, Olga la boiteuse (Helen Mirren), s’est fait le look de la couturière des Indestructibles (Edna Mode). Elle-même est un mix physique d’Anne Parillaud (Nikita) et de Milla Jovovich (Le 5e Élément). Bref, on est en terrain familier. Comme couverture, Anna joue les top modèles internationaux. Ça tombe bien : c’est le vrai métier de Sasha Luss (et ça se voit). A Paris, elle est accueillie par Alison Wheeler, qui en fait des tonnes dans le rôle de la directrice de casting hystérique (pléonasme ?). Anna s’en fiche : elle est là pour flinguer tout le monde. Ce à quoi elle s’emploie avec une belle énergie. Un officier de la CIA (Cillian Murphy) déjoue sa couverture : elle en tombe amoureuse et devient agent double. Ou triple ? On ne sait plus. Car non content de filmer les gunfights, les poursuites et les crashes de voitures, comme s’il avait un TGV à prendre, Besson triture la chronologie (“3 mois avant”, “6 mois plus tard”, “2 mois après”…) et empile les capitales : Paris, Milan, Moscou… On s’y perd ! C’est le but car, comme d’habitude, le scénario a été écrit sur un demi ticket de métro. Malgré tout, croyez-le ou non, on s’est bien amusé. Beaucoup plus qu’à Spider-Man : Far From Home, par exemple. Anna est le film d’action bourrin de l’été qu’on attendait. Et comme c’est du «Made in France », on peut s’y vautrer en toute bonne conscience. Cela sauvera même peut-être quelques emplois chez Europa Corp…
Yesterday
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Le Pitch
En dépit des encouragements d’Ellie (Lily James), sa meilleure amie qui n’a jamais cessé de croire en lui, Jack Malik (Himesh Patel), auteur-compositeur interprète sans talent, voit ses rêves de succès sombrer dans la mer qui borde le petit village où il habite en Angleterre. Après avoir percuté un bus à vélo lors d’une panne d’électricité géante, Jack se réveille dans un monde où les Beatles n’ont jamais existé… Cela va le mettre face à un sérieux cas de conscience : s’attribuer leurs chansons ou pas ?
Ce qu’on en pense
En attendant l’inévitable biopic des Beatles, Yesterday s’empare du mythe d’une manière originale : et si vous vous réveilliez un jour dans un monde sans Beatles ? Ne seriez-vous pas tenté de recréer les chansons qui trottent forcément dans votre tête (Yesterday, Hey Jude, Help, Penny Lane, All You Need is Love et tant d’autres) ? L’idée n’est pas nouvelle. Fabrice Lucchini l’exploitait à merveille avec Johnny Hallyday, dans Jean Philippe. À bien des égards, Yesterday ressemble à la version anglaise du film de Laurent Tuel. En bon « monsieur plus » du cinéma britannique, Danny Boyle (Transpotting, 127 heures, Slumdog Millionaire…) y ajoute quelques trouvailles de son cru. Comme une panne électrique mondiale, censée expliquer l’effacement des Beatles (et de quelques autres célébrités qu’on vous laisse découvrir) de la mémoire collective de l’humanité, un mentor en la personne d’ Ed Sheeran qui prend le héros sous son aile et une romance tout à fait dispensable. La comédie fonctionne plutôt bien par contre et on passe un moment agréable. Mais si on a vu Jean Philippe, on ne peut s’empêcher de faire la comparaison. Et c’est au détriment du film de Danny Boyle, dont on pouvait espérer mieux que cette petite comédie fantastique, réalisée à la va-vite et au casting vraiment pas terrible. On retient quand même une critique un peu acerbe de l’industrie musicale et une interrogation pertinente sur les mécanismes du succès. Les chansons des Beatles, chantées de nos jours par un loser replet au physique ingrat, susciteraient-elles le même engouement que par John, Paul, George et Ringo dans les années 60 ? Tout à la gloire des Beatles – intouchable trésor national britannique- le film n’ose pas s’aventurer trop loin dans cette voie. Dommage…
On n’avait pas fini le montage et les effets spéciaux n’étaient pas prêts. On a loupé Venise aussi à cause de ça. Du coup, c’est à Toronto qu’a eu lieu la première.
La première de gala a été étrange.Certains ont semble-t-il été choqués par la scène de la sex-box et plus encore par celle où Juliette Binoche recueille la «sainte semence» de Pattinson. Ça m’a surprise. Je ne pensais pas qu’une chose aussi enfantine et ironique puisse être prise au premier degré…
Un producteur est venu me proposer de faire un film en anglais.J’ai dit oui, à condition que ça se justifie d’une manière ou d’une autre.L’anglais, c’est la langue de l’espace en quelque sorte et j’ai toujours aimé la SF. J’avais cette première image en tête d’une serre de plantations dans un vaisseau spatial. Je suis partie de là.
Il est venu me voir, il y a cinq ans pour me proposer de travailler avec moi. Ça a totalement changé la perspective du film car j’avais imaginé un homme plus âgé pour le rôle principal. Au début, je le trouvais un peu trop iconique. J’avais aimé son travail dans Twilight et les films de Cronenberg, mais je n’aurais jamais pensé spontanément faire appel à lui pour un de mes films. On s’est vu assez souvent et un lien d’amitié s’est créé entre nous, Ça a évacué le problème. Avoir quelqu’un comme lui, tellement impliqué et désireux de faire le film, ça m’a donné beaucoup de force.
Juste mon équipe habituelle.J’aurais voulu impliquer plus le plasticien danois Olafur Eliasson, dont une des œuvres a inspiré l’image finale.Mais je me suis rendue compte qu’il n’y a rien de mieux que les gens de cinéma pour faire du cinéma.Pour le vaisseau, on a imaginé une sorte de prison spatiale. Et pour les costumes, on s’est largement inspiré des combinaisons des astronautes Russes. J’en avais marre du blanc qui est la couleur obligatoire depuis Star Wars…
Avec Solaris (Tarkovski) et 2001(L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick N.D.L.R), on peut déjà voyager assez loin. J’ai vu tous les Alien aussi.Mais je me suis interdit de revoir aucun film avant le tournage car je voulais rester avec mes images et mes couleurs.M’en tenir à la modestie de mon histoire. Je n’avais ni les moyens ni l’envie de faire autre chose de toute façon.Et surtout pas d’imposer à mes acteurs de jouer devant un fond vert en permanence…
Non. Il y en a très peu de toute façon et comme ils tardaient à arriver, j’en ai enlevé.La scène des corps qui flottent dans l’espace, par exemple, on l’a faite au ban de montage.
C’était compliqué parce qu’on avait un décor qui craquouillait de partout.L’ingénieur du son allemand était très malheureux.Mais on s’est débrouillés. C’est Stuart Staples des Tindersticks qui a fait tout le sound design du film…
Oui, c’est notre huitième film ensemble. J’étais allé les voir au Bataclan à l’époque de leur second album pour leur demander les droits de «My Sister» que je voulais pour Nenette et Boni.Ils m’ont dit qu’ils préféreraient faire toute la BO… Avec Stuart, qui est du Nord de l’Angleterre, on a du mal à communiquer en anglais.Mais on n’a pas besoin des mots pour se comprendre.
Il y a «high» pour l’espace là-haut et «life» pour la vie qu’on cherche à reproduire. Mais c’est surtout un mot qui renvoie à mon enfance en Afrique.«High Life», c’est comme ça que les Africains qualifiaient la vie des blancs..
Je ne me pose pas la question en ces termes.L’histoire passe avant le genre. Ce qui compte c’est ce qu’on veut raconter.La forme vient après. Comme je ne ressens pas le besoin de répondre à une demande et que je fais des films qui ne coûtent pas très cher, je me sens absolument libre d’aller où j’ai envie d’aller.