Subutex : Duris dit tout

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Subutex : Duris dit tout

 

S’il n’était pas mort à la fin du Péril Jeune, Tomasi aurait très bien pu devenir Vernon Subutex, le héros déchu de Virginie Despentes dont Canal + vient d’adapter les (mes) aventures en série. Même tignasse, même sourire carnassier, même charisme, même silhouette de danseur, même visage : celui de Romain Duris, qui renoue au passage avec un genre de personnage, plutôt rock’n’roll, qu’il n’avait plus tellement incarné, depuis. A l’occasion de la sortie de la série en dvd, Duris balance tout… 

Ça vous a frappé, vous aussi, la ressemblance entre Tomasi et Subutex ?

Pas à la lecture du scénario, en tout cas. Ce n’est qu’en voyant le premier épisode que j’y ai pensé. Effectivement, il y a quelque chose, mais je ne saurai pas trop dire quoi, exactement. Ce qui est drôle, c’est que le Péril Jeune, à la base, c’était aussi pour la télé.

Vous n’avez pas hésité à vous engager pour une série ?

Si, bien sûr. Mais pas parce que c’était pour la télévision. Je ne fais pas mes choix en fonction du support : je lis des scénarios avec des histoires, des personnages, un metteur en scène… Que ce soit un film, de cinéma, un téléfilm ou une série, finalement, je n’y accorde pas tellement d’importance. Ce qui me tracassait plus, c’était de savoir si on arriverait à être proche de l’authenticité du roman de Virginie Despentes et de son écriture très radicale, extrême et intègre. Les discussions que j’ai eues avec la réalisatrice m’ont rassuré.Le casting et la musique aussi. Il y avait une vraie envie d’être à la hauteur du bouquin.Même si, au bout du compte on en a fait autre chose…

Vous aviez lu le roman ?

Non. Ma sœur me l’avait pourtant donné en me disant que ça ferait un bon personnage pour moi. Mais je ne l’ai lu qu’après avoir reçu le scénario. Je me suis fait embarquer tout de suite. C’est effectivement très cinématographique…

Pourquoi une série plutôt qu’un film ?

L’avantage, c’est la durée. La saison entière dure 4 h 30. Il y a plein de moments qu’on aurait dû couper dans un film et qu’on a pu laisser ou même rajouter dans la série. Je ne me rendais pas compte à quel point c’est précieux pour le personnage. Ça permet de filmer de vrais moments de vie. Du coup, j’ai insisté pour qu’on rajoute des scènes d’errance qui font qu’on se rapproche de l’écriture du roman.

L’intrigue condense celle des deux premiers tomes.Y aura-t-il une deuxième saison ?

Pour l’instant, ce n’est pas prévu. Le 3e tome du roman est plus compliqué à mettre en images. Il faudrait vraiment trouver d’autres ressorts. Ce n’est pas l’envie qui manque, je le ferais volontiers. Mais il faudrait qu’il y ait quelque chose d’évident dans le scénario. Pas que ce soit juste pour faire une suite.

La chute du personnage est vertigineuse. Il devient SDF. Ça a été difficile à tourner ?

Non,  pas tant que ça. J’ai du pas mal maigrir,  mais ça n’a pas été très difficile.J’aurais plus de mal à beaucoup grossir,  je pense. En tout cas, j’hésiterai plus à le faire. Là, je me sentais plutôt bien dans la peau du personnage,  avec les cheveux longs et le même pull crasseux tous les jours (rires). En fait, j’ai même insisté pour qu’on fasse durer son chemin de croix. C’est là qu’on retrouve le plus l’esprit du bouquin, je pense.

Le tournage a été long ?

Quatre mois en tout.Trois en ce qui me concerne. Le temps d’un gros film confortable. Sauf que là le rythme était plus soutenu. Mais ça ne me dérange pas, au contraire. J’adore quand c’est speed. Quand le rythme est tenu, il faut faire des choix, prendre des risques. On ne s’endort pas. Finalement, le temps c’est une plaie au cinéma, notamment dans les films d’époque avec des décors des costumes, du maquillage… Il y a beaucoup de temps morts, c’est compliqué pour le jeu. Quand c’est plus speed, je préfère.

La B.O est très rock, vous y avez participé ?

Non,  mais c’était une de mes questions par rapport à l’adaptation : est-ce qu’on aurait les droits de toutes ces chansons ? C’était important parce que le personnage est disquaire et disc-jockey.La musique c’est toute sa vie.

Et pour vous ?

J’en écoute tout le temps, mais je suis beaucoup moins branché rock que lui.Plus jeune, j’étais batteur mais on faisait surtout du funk, c’est plus ma musique. Aujourd’hui, je suis abonné à une plateforme de streaming et j’écoute tout ce qui sort.

Le roman joue beaucoup sur la peur du déclassement. C’est quelque chose qui a pu vous tracasser à un moment ?

Je ne ramène pas tout à ma petite personne, mais effectivement l’exclusion, la précarité, ça fait peur, pour soi-même ou pour ses enfants. Vernon Subutex raconte une chute, mais avec une forme d’espoir au bout. Vernon ne se résigne pas à l’individualisme et à la perte de la solidarité.

Avez-vous pensé à ce que vous auriez fait si ça n’avait pas marché pour vous dans le cinéma ?

Je suis arrivé au cinéma par hasard. J’en ai d’ailleurs toujours gardé un sentiment d’imposture. Depuis le début, je me dis que ça peut s’arrêter demain. Je vis toujours avec cette notion-là. Avant de faire du cinéma,  je me préparais à faire carrière dans le dessin. J’ai toujours gardé le dessin comme plan B, en me disant que si demain ça ne marchait plus pour moi au cinéma, je ne serai pas sans rien faire. Aujourd’hui, c’est presque devenu un plan A puisque j’ai publié un bouquin et que j’en prépare un autre. J’aimerais bien faire une BD, mais c’est beaucoup de boulot.

 

 

By |mai 10th, 2019|Categories: ça vient de sortir|0 Comments

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