Les figures tutélaires de David Bowie et de Lou Reed hantent le nouvel album (on n’ose pas écrire le dernier) d’Iggy Pop, intitulé Free , probablement en référence aux éclairs jazz qui le traversent de part en part. Le trompettiste texan Leron Thomas et la guitariste Sarah Lipstate (alias Noveller) sont les invités vedettes de ce disque, qui tranche avec la production passée ou récente de l’Iguane, notamment l’antepénultième album, Post Pop Depression , produit et joué par Josh Homme des Queen of the Stone Age. La trompette jazz remplace la guitare fuzz sur la plupart des titres qui sonnent plus trip hop que rock. Les compos de la première partie de l’album (plages 1 à 6) sont superbes et la voix d’Iggy y fait merveille. Ça se gâte un peu par la suite, avec un final qui alterne instrumentaux jazz et spoken word à la manière des derniers Bowie (Dark Star) et Lou Reed. Iggy récite d’ailleurs un poème oublié du Lou (« We Are The People« ) pendant que Leron Thomas agonise à la trompette en fond sonore. La noirceur sépulcrale du dernier titre (ironiquement intitulé « The Dawn », l’aube) donne à l’ensemble un côté testamentaire de mauvais augure. Mais tout dans tout, Free est, sans conteste, l’un des meilleurs albums de la carrière d’Iggy en solo.
Iggy Pop
Free
Sortie 6 septembre 2019
(Caroline Records)
Zeniter : Frapper l’épopée
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Par MAB
Manu Chao : Viva Tu
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Par Ph.D
17 ans: c’est le temps qu’il aura fallu à Manu Chao pour accoucher d’un successeur à La Radiolina, son album précédent, dont on ne garde pas un souvenir marquant. Aucune nécessité particulière (financière, créative ou autre), ne semble avoir présidé à l’élaboration de ces 13 nouvelles chansons condensées en 38 minutes chrono. On retrouve Manu où on l’avait laissé, chantant ses petites contines dans un mélange d’anglais de français et d’espagnol, en s’accompagnant d’instruments acoustiques, avec des bruits de fréquences radio et des bouts de dialogues en espagnol collés par-ci par-là. C’est agréable à écouter, mais pas bouleversant. Rien de nouveau sous la soleil de Chao. On retient surtout les deux duos : une chouette chanson country avec le vétéran Willie Nelson (« Heaven’s Bad Day« ) et, tout de suite derrière, « Tu Te Vas » avec la rappeuse Laeti. La chanson ferait un bien meilleur single que « Viva Tu« , qui donne son titre à l’album et qu’on dirait écrite pour les Gipsy Kings. Pour finir, l’ex-chanteur de la Mano Negra plaque les accords de « Knoking On Heaven’s Door » , version reggae, sur le texte de « Tanta Tierras« . Tout le symbole d’un album qui ne refuse pas la facilité.
Dors ton sommeil de brute
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Par MAB
Aprés Le coeur cousu aux seize prix littéraires, aprés Du domaine des murmures prix Goncourt des lycéens en 2011, Dors ton sommeil de brute est le cinquième roman de la très atypique Carole Martinez. Son titre énigmatique est emprunté au Goût du néant de Charles Baudelaire. Véritable indice de la sourde angoisse métaphysique qui baignera un récit qui fuit régulièrement vers le rêve éveillé et le cauchemar collectif. Donner quelques informations sur le contenu est d’ailleurs difficile. Le réel côtoie l’onirique, le poétique et le surnaturel. Disons que nous sommes dans un futur proche où tous les enfants situés sur une même ligne traversant le monde ont les mêmes terreurs nocturnes au même moment et ne se souviennent de rien au petit matin. Au cœur de ce bouleversement pré apocalyptique , une narratrice, Eva qui a fui un mari brutal et s’est réfugiée dans les marais de Camargue avec sa fille de huit ans . Elle ne veut plus rien savoir des bruits du monde. Mais les actualités dramatiques la rattrapent avec Serge, un géant solitaire au passé obscur qui ne lache jamais sa petite radio portative. Le roman est dense, envoûtant et déroutant. Il baigne dans une atmosphère de récit biblique de dystopie et de messages prophétiques . Il est exigeant mais d’une grande force. Il est dans la première liste du Goncourt.
Quelques jours pas plus
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Par Ph.D
Le pitch
Arthur Berthier (Benjamin Biolay), critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde (Camille Cottin), la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours, croit-il, d’héberger Daoud (Amrullah Safi), un jeune Afghan…
Ce qu’on en pense
Directrice de casting réputée, Julie Navarro affirme avoir eu beaucoup de mal à trouver « son » Arthur Berthier. Benjamin Biolay pouvait pourtant sembler un choix évident pour incarner ce rock-critique à la coule, contraint à faire du journalisme social. Pour son premier vrai premier rôle, le chanteur de La Superbe est parfait face à l’expérimentée Camille Cottin en passionaria de l’humanitaire. Leur duo est l’atout principal de ce premier film prometteur, qui navigue avec aisance entre social, sentiments et humour. Sur à peu près le même canevas, on l’a préféré à Une année difficile de Nakache et Toledano.
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