Avec ce 7 ème opus, le groupe niçois Nojazz poursuit l’exploration de l’électro jazz world, véritable marque de fabrique du groupe, tout en maintenant son cap soulful. Leur nouvelle voix hautement funky, apparue dans l’album précédent (Soul Stimulation), surfe sur des rythmiques percutantes, parfois même déroutantes, se glisse avec aisance entre les riffs de cuivre toujours si puissants et trouve parfaitement sa place au milieu d’arrangements débridés. Les NoJazz déploient ici plus que jamais leurs talents d’écoute et d’improvisation. Ils aiment surprendre autant qu’ils aiment être surpris. Chaque nouveau titre est pour eux l’occasion d’une plongée vers l’inconnu initiant sans peine de nouvelles collaborations à travers la planète. Le son très abouti et actuel de “Beautiful Life” en est une belle illustration.
NoJazz
Beautiful Life
(Pulp Music)
Sortie 15 novembre 2019
Diego Maradona
ça vient de sortir|
Le pitch
Le 5 juillet 1984, Diego Maradona débarque à Naples pour un montant qui établit un nouveau record du monde. Pendant sept ans, il enflamme les stades. Le footballeur le plus mythique de la planète a trouvé ses marques dans la ville la plus passionnée – mais aussi la plus dangereuse – d’Europe. Sur le terrain, Diego Maradona était un génie. En dehors, il était considéré comme un dieu. Cet Argentin charismatique a mené le SCC Napoli en tête du tableau pour la première fois de son histoire. Mais le prix à payer était élevé. Accointances avec la mafia, drogue, prostitution… Des heures sombres l’attendaient après ces années fastes…
Ce qu’on en pense
Réalisé à partir de plus de 500 heures d’images inédites, issues des archives personnelles du footballeur, par le documentariste anglais Asif Kapadia, auquel on doit deux très bons films sur Ayrton Senna et Amy Winehouse, Diego Maradona retrace la carrière et cerne la personnalité du pibe de oro mieux qu’aucun autre jusqu’ici (Kusturika s’y était essayé en 2008 avec son Maradona par Kusturica).Le film était en sélection officielle au dernier festival de Cannes, mais le footballeur, qui y était pourtant annoncé, a renoncé au dernier moment à assister à la projection, confirmant ainsi qu’il reste, malgré les années, les excès et les kilos en trop, le roi du contrepied.
Parasite
ça vient de sortir|
Le pitch
Toute la famille de Ki-taek (Song Kang-ho) est au chômage et vit d’expédients. Un jour, leur fils Ki-woo (Chon Woo-sik) réussit à̀se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez une riche famille. Il va se débrouiller pour faire embaucher les siens sous de fausses identités et de fausses qualifications.Quitte à se débarrasser des employés de maison pour prendre leur place…
Ce qu’on en pense
Après deux gros films «américains» (Snowpiercer et Okja), Bong Joon-ho revient au pays avec une«petite» comédie noire qui a fait grosse impression à Cannes. La forme est plus modeste, mais le réalisateur Coréen y déploie les talents de mise en scène déjà constatés dans The Host, Mother et leurs successeurs. Le début du film fait fortement songer à Une Affaire de famille, du japonais Hirokazu Kore-eda couronné d’une Palme d’or l’an dernier à Cannes. Parasite pourrait en être la version «sombre».Contrairement à ceux de Kore-eda, toujours pleins de bonté et d’humanité, les miséreux de Bong Joon-ho ont tous les défauts. Ils sentent «le vieux radis» ou le «torchon humide», n’ont aucun scrupule, boivent et mangent comme des porcs et sont prêts à tuer pour sortir de leur misérable condition. Les riches, au contraire, sont beaux, sentent bon, vivent dans des maisons d’architecte, ont des enfants surdoués, respectent les autres et sont aimables avec le petit personnel. Ils ne sont pas «riches mais gentils», comme le croit une employée, mais «gentils parce qu’ils sont riches». Sous-entendu : ils peuvent se le permettre. La famille Ki-taek, par contre, n’a pas le choix. Si elle veut se sortir du gourbi où elle survit de boulots sous-payés et de petites arnaques, il va falloir qu’elle écrase les autres sur son passage, comme les cafards qui infestent son appartement. Ce qu’elle va s’employer à faire avec un bel abattage… Pour dénoncer le délitement des valeurs et la fracture sociale dans son pays, le réalisateur coréen n’y va pas avec le dos de la cuillère. Quitte à forcer sur la métaphore et les effets comiques. Entamé comme une tragicomédie sociale à la Affreux, sales et méchants, le film vire à la farce macabre dans sa deuxième partie. Un mélange des genres qui a séduit le jury de Cannes. Deuxième favori de la critique, Bong Joon-ho y a obtenu la Palme d’or, comme Kore-eda l’année précédente. Une affaire de famille de cinéma, sans doute…
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