Une année qui commence par un grand disque d’Eminem ne peut pas être tout à fait catastrophique. Balancé par surprise sur les plateformes de streaming le 17 janvier, avant sa parution en physique le 31 (dont on se dépêchera de faire l’acquisition vu la beauté du visuel), Music to be murdered by n’est pas un album de plus d’Eminem. Cette fois, on sent qu’il y a vraiment mis ses tripes. Avec même un coté militant bienvenu, contre la vente libre des armes à feu (voir le clip de Darkness). Le titre et le visuel de l’album font référence à un album qu’Alfred Hitchcock avait enregistré en 1958 et on peut entendre la voix du maître du suspense sur deux interludes (Alfred). Comme d’habitude , la liste des featurings, d’Ed Sheeran à Q-Tip, est longue comme le bras. Mais ce qu’on retiendra surtout c’est que Dr Dre a produit tout l’album, et ça s’entend. Ce qui s’entend aussi, outre sa technique insurpassable, c’est la rage et le désespoir qui n’ont pas quitté le rappeur blanc depuis ses débuts, malgré le succès et l’embourgeoisement qui va forcément avec. Elles trouvent ici un parfait exhutoire.
Eminem
Music to be Murdered by
Sortie 31 janvier 2020
(Universal)
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Alors que la sélection du 78e Festival de Cannes vient d’être annoncée, le réalisateur, scénariste et écrivain Santiago Amigorena raconte les moments contrastés passés, depuis 1985, dans ce lieu d’illusions. Paraphrasant Proust jusque dans son style travaillé, il a intitulé ce troisième volume autobiographique « Le Festival de Cannes ou le temps perdu ». Une façon pour lui de raconter sa vie par le prisme grossissant et déformant de cette foire aux vanités. Rien d’original dans ce qu’il relate. Mais pour le lecteur, le plaisir d’entrer, à la fois de l’autre coté du miroir et dans l’intimité d’un faux « privilégié » un brin narcissique et passablement amer. D’abord, pour le parfait inconnu qu’il fut, les attentes interminables pour obtenir le carton d’une projection. Les hôtels miteux et les stratagèmes pour s’incruster dans les fêtes. Puis pour le co-scénariste débutant du « Péril Jeune » de Cédric Klapisch, les contacts en hausse. Les dîners qui se proposent. Le smoking pour les marches. Ensuite, l’évocation, pour le coup, très impudiques et larmoyantes des actrices aimées, supportées et desaimées: deux enfants avec Julie Gayet et deux ans de relation glamour avec la présidente du jury de cette 78 eme édition, Juliette Binoche. Au fil des lignes, Cannes devient alors autre chose qu’un lieu de cinéma mais celui des féroces mondanités. Surtout de tout ce que l’on se construit soi-même pour s’élever, souffrir et se tromper de vie. « Lorsque l’on atteint son but, la triste réalité de ce que l’on convoitait, s’offre à nous dans tout son terne éclat » conclut Santiago. Seul l’âge et l’écriture, permettent alors de se rendre compte de son erreur. Plus intéressant au final que l’on ne pensait en ouvrant l’ouvrage.
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