Auvergnat, coeur fidèle. Et inspiration toujours au top ! Un peu plus d’un an après le splendide Il Francese dans lequel il se fantasmait en maréchal d’Empire gouverneur de Naples, Jean-Louis Murat revient avec un nouvel album enjoué et (presque) dansant, intitulé (en hommage aux Rubettes? ) Baby Love. Avec son désormais compagnon d’écriture Denis Clavaizolle, l’arverne bougon nous a cette fois concocté des chansons groove, soi-disant inspirées par Earth Wind & Fire (?!) avec des textes poétiques toujours un peu abscons (« Si j’ai bien deux ou trois Jean en moi/J’ai une armée de Louis/Deux ou trois cafards… ») et un titre dédié à feu Tony Joe White, en guise de conseil avisé aux jeunes générations : « Comme disait Tony Joe/Dans sa beautiful car/P’tit gars fais gaffe/À celle qui n’aime plus la guitare »…
Jean-Louis Murat
Baby Love
Sortie 6 mars 2020
(11 titres PIAS)
Une Vie heureuse
ça vient de sortir|
Par MAB
Ginette Kolinka n’est pas partie à la retraite à 62 ans. Encore moins à 64. A 98 ans, elle travaille encore. Son job ? « Passeuse de mémoire ». Comment ? En parcourant la France, depuis plus de vingt ans, à la rencontre de collégiens et lycéens pour livrer jusqu’au bout, son témoignage en tant qu’une des dernières survivantes de l’holocauste nazi. Pourtant, elle a très longtemps gardé le silence : « je n’avais rien raconté à mon mari, ni à mon fils (Le batteur de Téléphone, Richard Kolinka) ». Or désormais elle parle, elle dit, elle relate et voit même ses entretiens avec Marion Ruggieri publiés chez Grasset : « Retour a Birkenau » et « Une vie heureuse » . Elle y rapporte toute sa vie avant et après Auschwitz- Birkenau, le camp où sont morts son père et son jeune frère Gilbert et où elle croisa Simone Veil. « Attention, précise l’infatigable Ginette : « Une vie heureuse » c’est depuis le retour. On ne peut pas oublier. On n’efface pas. Mais l’on n’est pas obligé de vivre avec. » Pas de chronologie dans cette nouvelle conversation sans tabou, mais des souvenirs égrenés depuis l’appartement, au cœur de Paris, où elle vit depuis l’âge de 10 ans à l’exception de trois ans de 1942 à 1945. Il y a les portraits de ceux qui ne sont pas revenus. Les disques d’or de Richard. Les photos de ses cinq sœurs et même les meubles qu’ont laissé les « collabos ». Point fixe, d’où Ginette, dans son fauteuil, traverse une fois encore les années : Évoquant à nouveau, pour le lecteur, l’atelier de confection du père, l’horreur de la déportation, le retour à l’état de « quasi cadavre », son mariage avec un homme adoré et « rigolard », et les marchés faits ensemble jusqu’à un âge avancé. Travail qui selon elle, l’a sauvé.. « J’ai tout pour être heureuse » est sa conclusion. Si vous voulez une leçon de « résilience » écoutez la !
Un Petit frère
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Le pitch
Quand Rose (Annabelle Lengronne) arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours.
Ce qu’on en pense
Cinq ans après sa Caméra d’or pour l’ébouriffant Jeune femme, qui avait révélé Laetitia Dosch, Léonor Serraille était de retour sur la Croisette en mai dernier pour présenter en compétition officielle cette fois son deuxième long métrage. On se demande encore comment le jury a pu rester insensible à ce film et surtout à son interprête principale , la formidable Annabelle Lengronne à laquelle le prix d’içnterprétation féminine semblait promis. S’inspirant de l’histoire de sa belle famille, la réalisatrice tisse avec Un Petit frère une touchante saga familiale sur fond d’immigration africaine. Divisé en trois parties, correspondant à un moment clé de la vie de ses trois personnages principaux (Rose, Jean , Ernest), le film suit les périgrinations sociales et amoureuses de l’héroïne principale, une mère immigrée qui élève seule ses deux fils, entre Paris (où elle s’installe chez des cousins) et Rouen où l’amènera une de ses rencontres amoureuses. Mère de quatre enfants, dont les deux ainés sont restés au pays et femme de ménage pour survivre, Rose n’a renoncé ni à sa liberté, ni à sa vie de femme. Elle place tous ses espoirs dans Jean, brillant élève qui, en l’absence de père et de ses grands frères, assume bravement le rôle d’ainé et d’homme de la famille. Son petit frère Ernest a un tempérament plus doux et effacé. Leonor Serraille les filme avec la même attention et la même pudeur que sa Jeune Femme, semblant leur inventer un destin au fil des scènes, comme si rien n’était écrit d’avance. « Ce n’est pas rien un petit frère » est-il dit dans une dernière scène où Ahmed Sylla va vous tirer des larmes. On pourrait en dire autant du film, n’en déplaise au jury cannois.
The Stranger
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Le pitch
Deux inconnus se rencontrent dans un avion. L’un va entraîner l’autre dans une vaste et puissante organisation criminelle, lui offrant ainsi la possibilité de se racheter après un passé violent et de prendre un nouveau départ… Ou pas.
Ce qu’on en pense
Présenté au Certain Regard (la section des films « difficiles ») à Cannes 2022 , The Stranger a atteri sans crier gare en octobre sur Netflix, où on ne l’a découvert que plusieurs semaines après. On le doit à l’acteur australien Thomas M.Wright, qui passe à la réalisation avec ce polar atmosphérique au rythme lent, dont le noeud de l’intrigue n’est révélé que dans la dernière partie du film. Porté par le formidable duo d’acteurs formé par Joel Edgerton et Sean Harris, le film bénéficie d’une esthétique particulièrement léchée qui tranche avec l’atmosphère sombre et poisseuse qui s’en dégage. Dans le rôle du flic infiltré au bout du rouleau, Joel Edgerton est presqu’aussi inquiétant que « l’étranger » qu’il traite, joué par un Sean Harris barbu aux yeux illuminés. Le bush australien fournit un cadre idéalement poussiereux et rougeoyant à l’intrigue, inspirée d’une histoire vraie. A voir.
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