Par Philippe DUPUY
Décidément, ce coronavirus (aka #Covid-19) a des effets inattendus. Après Bob Dylan, qui n’avait plus enregistré de chanson originale depuis 12 ans, c’est au tour des Rolling Stones de sortir du bois, 8 ans après leurs derniers efforts (les dispensables « Doom and Gloom » et « One More Shot » sur la compilation GRRR! ). Une semaine après leur live confiné de One World Together At Home (une chouette version acoustique de « You Can’t Always Get What You Want« ), le groupe a publié « Living in a Ghost Town« , une chanson au titre prémonitoire puisqu’écrit avant le confinement. Dans les vidéos postées sur les réseaux sociaux pour annoncer la mise en ligne, Mick Jagger et Keith Richards ont expliqué que la chanson avait été enregistrée il y a plusieurs mois à Los Angeles et produite par Don Was. Mick a récemment modifié les paroles pour les faire coller à la situation actuelle, avec notamment l’inclusion du mot « lockdown » (confinement) répété à plusieurs reprises. Le clip publié sur Youtube (voir ci dessous) compile avec facilité des images de capitales désertées pendant que Mick chante : « Life was so beautiful /Then we all got locked down » (« La vie était si belle/Et puis on a tous été confinés« ). De simple blues sur la solitude urbaine (« I’m a ghost living in a ghost town« ), la chanson est ainsi devenue un commentaire sur la pandémie de Covid-19 avec, en exergue, cette prière: « Please let this be over/ Not stuck in a world without end » (« Faites que ça se termine et qu’on ne soit pas coincés dans un mode sans fin« ). Côté musique, on est sur un mid tempo entre rythm’n’blues et reggae dub, avec guitares discrètes et solo d’harmonica. Cela sonne plus comme du Mick Jagger solo que comme un vrai morceau du groupe, mais c’est largement ce que les Stones ont sorti de meilleur depuis des lustres. Avec sa mélodie accrocheuse, « Living in a Ghost Town » s’inscrit dans la tradition des chansons « d’actualité » du groupe, ouverte avec « Street Fighting Man » (sur les émeutes de 1968 dans le monde) et poursuivie avec « Sweet Black Angel » (sur l’arrestation de l’activiste Angela Davis) « Highwire » (sur la guerre de golfe), « Sweet Neo Con » (sur la guerre d’Irak) et « England Lost » de Jagger en solo sur le Brexit. En attendant la toujours hypothétique sortie d’un nouvel album, les Stones font savoir qu’ils sont toujours en prise avec leur époque.
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